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Critique de la violence

Jeudi 17 décembre 2009

Il est six heures du matin et dans la semaine j’ai soutenu ma thèse, survécu, écrit deux chansons, corrigé 22 copies, emmené 10 bloggers écouter Juliette Greco à Versailles, enseigné Walter Benjamin, pris une bonne cuite, eu des entretiens de travail à 22h30 et assisté à une conf de presse de Rihanna…pas le temps d’écrire, pas le temps…

Mais il y a eu un choc de violence ce soir qui me laisse encore moins dormir que prévu : deux hommes se sont battus pour moi; deux personnes que j’apprécie et que je croyais civilisées. Loin d’être flattée ou amusée de la situation, je me suis sentie à la fois coupable (même si je sais que ce n’est pas ma faute) et victime de la rixe (j’étais au milieu à chopper quelques coup pour les séparer)et j’en ai profité pour perdre mon porte-monnaie). Surtout ce côté coq en poings, sentir cette violence masculine, m’a glacée, et laissée complétement sans voix. Et puis j’amenais un nouvel ami rencontrer un autre ami, sans que de ma part il y ait une quelconque séduction, mise en concours, ou malignité. Que mon nouvel ami ait été reçu par l’un des miens de cette manière est tout simplement intolérable. Bref, une belle soirée commencée dans les plaisirs apaisés du lounge qui se transforme en marée d’angoisse… La saynète qui pourrait paraître très parisienne, jeune et fraîche. Elle m’a semblé d’un glauque achevé. Un souffle non de bestialité, mais de mort.  I’ll get over it very quickly. Mais quand même, est-ce ainsi que les hommes vivent ? Et que devient le trophée entre un ivrogne violent et son adversaire an-empathique à l’oeil au beurre noir…

Intempéries insomniaques

Mardi 10 février 2009

Ce petit voyage de quatre jour à paris (et Orléans) ne se passe absolument pas comme prévu. Ayant mal réservé mon billet d’avion à l’aller, je me suis retrouvée à courir un marathon vendredo de New-York à l’université d’Orléans pour livrer ma communication sur la conversion de Max Jacob in extremis sans avoir dormi en terrible manque de sommeil (72 heures les paupières ouvertes). Et à l’heure actuelle, je devrais âtre dans l’avion du retour, mais une grosse tempête a annulé ce projet studieux. C’est donc dans un état d’extrême fatigue, mais de surexcitation (programme de ministre) que j’ai passé ces derniers jours à courir en taxi et à pied dans un Paris qui me semblait tout petit playmobil avec dans les oreilles la même musique de mon i-phone qui tournait à New-York. Impossible de se poser plus de trois heures (5-8 heures du matin, après être rentrée d’une fête tardive, avoir écrit des articles, et communiqué sur faceboook avec mes amis des Etats-Unis). Et physiquement à paris,  il y a tant à faire!  ne pas trop tomber malade malgré la fatigue et le forid, être avec mon père, qui a mal au dos et que j’ai plus vu  en quatre jours qu’en deux mois “normaux”.  Embrasser mes frères, échanger des livres avec ma grand-mère, appeler ma nounou que je n’ai pas pu voir. Prendre des cafés ensuite, ou un peu trop de bon chablis, avec les amis si proches et dont je suis si loin. Vérifier qu’ils vont bien, les encourager à se voir les uns les autres sans moi, et raconter trois semaines de vie new-yorkaise éprouvante.  Fêter mon anniversaire un peu en avance en mangeant des crêpes, éclaircir le pourquoi du comment du rapport obsessionnel d’un ami au judaisme de minuit à 3h du matin en buvant du whisky et fumant le cigare. Et bien sur récupérer livres et cds et voir quelques expos pour écrire dans en3mots. Retrouver la vie du bureau, la conférence de rédac et les succès de la com. Enfin, signer pour éditer une correspondance (3h chez une éditrice de droite charmante, place de l’odéon, en compagnie de la Présidente des amis de max Jacob). Après cela, il restait du temps pour une soirée hallucinante hier au baron où des amis les plus divers se se rejoints écouter du mauvais rock, en temps de tempête. Les voir jaloux, danser, trop boire de shots d’absinthe, et craquer les coutures de leur pantalon en bougeant trop fort, m’a donné envie de rire et courir, dans ma petite jupe noire qui ne me portait plus.

J’ai aussi rencontré des gens nouveaux, des personnes qui pourraient devenir importantes. Et je tente de continuer à vivre cette vie trop active  comme un bon scnénario dont j’aimerais bien maîtriser toutes les ficelles. Qui sait, peut-être qu’avant demain matin j’aurais tordu en fil de soie l’ange de l’Histoire.

Avant un autre départ

Jeudi 5 février 2009

Me voici enfin studieuse dans la nuit à fouiller encore et toujours la vie de Max Jacob. Tendre poète qui m’inspire surtout par sa vie, ses lettres à ses nombreux amis où il distille un art poétique brut, un peu conservateur et très convainquant.
A méditer longuement par exemple, dans une lettre à Jabès : « Un poème est une orfèvrerie : la passion n’est pas le but, elle est un moyen ! Plus elle est contenue, plus elle anime »
Je suis très heureuse de parler de sa conversion vendredi à Orléans mais pas encore fin prête.
En même temps, ça y est, là je crois que j’ai couvert tout le matériel biographique possible, et une bonne partie de la correspondance.
Comme souvent chez mes chers juifs mystiques mort, Max n’avait ni conscience ni même bon sens politique. Je l’aime quand même. Sans lui je n’aurais pas écrit mon premier roman. Sans lui, je serais bien seule.

Dans la lucidité apaisée de février, mes amours tumultueuses se sont apaisées en de fortes camaraderies- venant irriguer le fleuves de mes grandes amitiés new-yorkaises. Du côté des femmes, elles sont d’une solidité nourrissante (aussi intellectuellement). Quelques ombres érotiques convulsent encore dans un dernier sursaut d’encre électronique. La douceur de cette érotisme libre de danger me permet enfin de re-manger presque normalement. Il était temps, je commence à sentir la dureté du sol sur les os de mes fesses, et franchement je commence à l’aimer mon corps voluptueux, je n’ai pas vraiment envie de le corseter maintenant qu’il me seconde enfin fidèlement – en vie et en plaisir.
Je me sens grandir, je me sens plus libre. Et cette ivresse douce ferait presque passer l’amère pilule de la solitude qui en découle. Peut-être ne suis-je pas vraiment une grande amoureuse parce-que, égoïstement, je suis trop occupée à me construire. Pour qui ou pour quoi tous ces efforts?

Cette humeur douce-amère me replonge dans l’excellente Elodie Fregé. Évidemment en illustration de mes choix si simples et si difficile à saisir, j’ai importé “Je te dis non” dirigé par Catherine Breillat. Quoi de mieux qu’une grande perche blonde dansant le tango avec raideur pour me libérer, encore et encore? Et oui, le mois de mon 27e anniversaire est habité par un moi féministe…

Comme un garçon

Mercredi 4 février 2009

A la fois grisant et un peu dangereux à mon âge, c’est arrivé. Tellement libérateur que j’aurais presque envie de l’écrire froidement en Anglais. For the first time I behave like a man, through and through. And I feel I am finally through.  With daddy, with my doubts, and with being picked instead of chosen anew. My admiration with brain vanished, with all the maiden’s fantasies you have been carrying with you. From the body plane boredom can come – better than pleasure- and liberating laughter too. The desire is dead, long live my everlasting roumanian pout. A romanesque freedom after a good movie, an uncanny conversation in a taxi and an invitation sent with guts and taste are tout à fait à mon goût. Sitting on my firm floor withour a panty and smoking my cigare, I pierced an old fantasy. Content like a boyscout, I feel whole and sexy. It was indeed cold and foreign, but it was very funny. Je tiens enfin seule et debout. I move to a rising power that could also translate in German and Hebrew.  Ich stehe, nicht still aber mit lustiger Lust. He will of course remain my friend for giving me so much relief and the perfect key. Cute and clumsy, there was nothing to grasp. A peine son maigre cou. His fingers barely touched my firm tights, pendant que je jouais dans sa tignasse de cupidon roux. He barely gave me -without anxiety- a weak mew. But I displayed it like a smile, as superficial as I could. I was finally a femme, not even fatale, and that is much more than I usually do. Chasing the genius-jew helped me burry my fears, go out in the living city, where I can physically mesure all my value. Now, I know that if Salomé were a man, she would have survived her monstruous desire, and escaped with grace in the early dew. I am going to follow the princess, and get for myself jewels and soft skins, even better than I used to. I grew suddenly, it is almost too much height in my solitary view. But I feel good and I’ll stick to the joy, going in peace to bed, dreaming of gratitude, before writing without effort in the brightness of a snowing light : another intellectual review.

Mes pas dans la neige suivent tes pas, Mon Dieu que n’ai-je?

Lundi 19 janvier 2009

Oui. Keren Ann, parfaitement, pour clôturer ce joyeux week-end de retour chez moi. Central Park est blanc un peu mimi-cracra et les adultes perdent des décennies en se jetant de la neige au visage. Mes jours sont studieux même s’ils commencent tard pour rattraper mes nuits houleuses.

Hier, première vraie scène italienne de ma vie, au milieu de Broadway. Des cris, des grands gestes, des mots d’une violence inattendue, incongrue, mortifiante.  Il manquait juste le linge suspendu aux fenêtres mais il fait trop froid. Je suis passée par le calme décidé, la colère, la rage, le désir, et la tendre empathie. Saisie par la souffrance qui irriguait cette réaction démesurée, je suis cependant restée spectatrice d’une pièce de théâtre:  paralysée par la parodie de ce qui est mort dans l’oeuf. “Always one foot on the ground”, je deviendrais presque froide, détachée, et même pire indifférente. Bref tout ce qui me fait peur.  J’ai aussi pour la première fois depuis des mois rencontré un ressentiment contre tout ce que je suis, socialement et de caractère. L’erreur est trop grande pour ne pas être intéressante.

Sur une note plus légère, après avoir retrouvé ma gym de chelsea, vendredi, je suis enfin allée voir de aronowsky sur le lutteur avec mickey rourke et n’ai pas été déçue avant de faire une tournée des boîtes gay de la ville : 12/20 au Chelsea Hotel, et un bon 15/20 pour le bar-boîte sympathique de Hellskitchen, Vlada.

Samedi, concert de Jazz au Cachaça avec un ami de Paris, et choc du retour vers le futur à une soirée de doctorants en littérature. Comme lors de mes 19 ans, ils sont déguisés et jouent les potaches au bal de prom en buvant des bières, un vin absolument impossible et truffent leurs pas de danse de références à des théoriciens. Suis-je fatiguée, rabat-joie,  ou ai-je passé l’âge?

Eve est de retour en ville et nous avons fêté ça comme il se doit (et avec beaucoup trop de BON vin)  chez Pastis, précédé du bar à vin cosi “the Turk and the frog”, et suivi de wagon de train art déco type orient express : “Employees only”.

Ces trois endroits chacun dans leur genre sont résolument ce que les new-Yorkais appellent des “scenes” du west-village, traduisez, “où ça se passe”. Je fonds quand, enthousiaste de Lisbonne et de ses belles personnes, mon cher ami Danny chuinte les S pour me dire que “We’ll take over the portuguezchhhee cheeeene in New-York”.

Il est temps d’aller me coucher après avoir bu jusqu’à la lie la prose violacée et qui se veut limite de Chloé Delaume.