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Escapade londonienne

Jeudi 18 décembre 2008

Tirant un peu la langue mardi après une longue journée en3mots, je suis allée chercher mon billet pour Londres. Eh oui, joli pied de nez à mon chez Paris, j’avais(déjà) besoin d’une pause loin de mes proches. Eurostar donc, by myself, où j’ai enfin eu l’occasion d’ouvrir un livre et de le terminer. L. nous avait concocté un après-midi marathon de Musicals. J’ai donc préféré courir à la Tate et la Tate Modern plutôt que de déjeuner avant lui, avant le premier spectacle de 14h00.

A la Tate, l’expo Bacon était à la hauteur de sa réputation. Des tableaux venus de collections privées, et de grands musées partout dans le monde, des George Dyer réunis de toute la planète, une organisation à mi-chemin entre le chronologique et le thématique pas inintéressante, et des toiles que je n’avais jamais vues, notamment celles inspirées de Van Gogh. Ajoutez à cela une honnête salle d’archives avec vues toujours impressionnantes du studio de l’artiste, et tout ceci était fort réconfortant après avoir filé vers Pimlico sous un soleil bien plus présent à Londres qu’à Paris. En revanche, je vous passe la sélection du prix Turner qui m’a semblée insipide, calée par médium (photo, archi, film et scuplture), et assez vide.

Du côté de la Tate modern, Rothko m’a aussi peu touchée que je m’y attendais (mais comme dit mon père quand les généraux sont habillés, il faut faire la guerre et si déjà j’étais à Londres, pourquoi pas encore Rothko?). Le dernier Rothko à des couleurs sombres à déprimer un bataillon de clowns et en fait out tourne autour d’une série de toiles destinées de toutes façons à décorer une grande salle de la Tate. En revanche, l’autre expo temporaire est absolument fascinante. Elle regroupe de nombreuses oeuvres de l’artiste brézilien Cildo Meireles. Celui-ci a notamment beaucoup travaillé sur la notion du relativisme de la taille des objets ainsi que de leur circulation économique. Mais ce que j’ai trouvé le plus intéressant – et disons-le, jouissif- dans son travail, c’est la relation joueuse à l’interdit. Ainsi, dans une des installation -par ailleurs féérique, en verre et métal- le visiteur est invité à entrer dans un espace bardé de barrières. Rien de très original, sauf que le sol est dans un verre qui se brise au fur et à mesure que vous avancez. Et crac! Abîmez donc l’oeuvre dont vous êtes le héros.
Et prenez le risque de vous esquinter les pieds sur le verre que vous avez vous-même brisé en enlevant chaussures et chaussettes pour entrer dans la dernière installation : une marche apesantie vers la lumière dans l’obscurité volatile d’un grand manteau de talc.  Bref, chaudement recommandé.

Les deux Musicals étaient aux antipodes l’un de l’autre : Sunset Boulevard était une oeuvre à taille humaine et à talent surhumain où les comédiens étaient aussi chanteurs et musiciens. L. qui a entrepris de me convertir à la comédie musicale a bien joué son coup avec Wilder et Andrew Lloyd Webber. Kathryn Evans m’a mesmerisée en Norma Desmond, et les mouvements des solistes faisaient les arrangements parfaits de la musique entrainante. Je garde la phrase de l’actrice muette fossilisée : “I am big. It’s the pictures that got small”. A côté, la superproduction de Oliver Twist avec décor gigantesque, orchestre symphonique et Mr Bean faisait très grosse caisse bavaroise et j’ai copieusement dormi.  Dîner et Favela chic dans un ancien quartier ouvrier de l’est en pleine “gentrification” que L. a décidé d’appeler “Shortdick”. Puis petits pas de danse dans un bar gay aux allures de néo où ils passent le son et les images de Rihanna et de Britney. La soirée fut très masculine, et entourée de trois hommes à la langue bien pendue, j’ai senti mon taux de testostérone grimper en  flèche. Après deux heures de sommeils et de chastes confidences sur l’oreiller, j’étais mure pour encore un musée ; la maison de Sir John Sloane et un peu de shopping chez Topshop quand même. Vive Londres! C’est étrange, chacune de mes visites dans la capitale britannique est unique et différente, si bien que je n’ai jamais vraiment de points de repères entre les amitiés du nord de la ville, les thématiques opéra avec ma grand mère, la virée de mon adolsecence avec ma meilleure amie et son appareil photo, mes séjours linguistiques mortellement ennuyeux et ce Mec Musical d’hier et aujourd’hui.