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Le sérieux des nuages, de Denis Baldwin-Beneich

Mardi 5 janvier 2010

Co-auteur du thriller « Softwar » (R Laffont, 1984), l’écrivain français exilé aux Etats-Unis propose son sixième roman dans la série « rentrée littéraire de janvier » d’Actes Sud. Voyage dans le passé d’un homme au milieu de sa vie, le sérieux des nuages se demande avec ironie s’il est possible de revenir en arrière pour réparer ses erreurs…

serieuxMaxime Odradek a gentiment dépassé la cinquantaine et vit fort heureux et fort cultivé de son métier de professeur. Sa vie prend un nouveau tour le jour où une amie d’enfance, Diane, l’invite à une fête en l’honneur d’un professeur qui a marqué leurs jeunes années. Extrêmement huppée, Diane reçoit depuis toujours comme une grande dame tous ses amis au domaine de Valmondois. L’on y boit des grands crus et l’on y profite de la vie, le sexe étant une chose avérée, et l’amour un sentiment inconnu au bataillon depuis au moins 1968. Mais cette vie de château avait cessé pour Maxime, Diane et les autres, le jour où la plus sauvage et la plus nymphe d’entre eux s’était suicidée. Lorsque Maxime retourne à Valmondois, cela fait donc plus de 20 ans qu’il n’a pas vu ni Diane, ni ses amis de jeunesse. Ceux-ci ont vieilli, accepté des jobs ennuyeux, et ont raté avec passion leur vie de couple, mais dans le fond, ils n’ont pas vraiment changé, et cette petite soirée aurait mortellement ennuyé Maxime s’il n’y avait croisé une de ses anciennes étudiantes qu’il avait follement aimé, 17 ans auparavant pour la quitter sans explication… Entretemps, Marthe est devenue femme et artiste et est assez intimidante…

Un soupçon d’ironie et de satire sociale, un grande cuillerée d’autodérision et une pincée de surréalisme à la Alain Fournier font tout le sel de ce roman à l’intrigue et aux personnages somme toutes banals et qui tient en haleine par son atmosphère à la fois décadente et dérangeante.

« Le sérieux des nuages », de Denis Baldwin-Beneich, Actes Sud, 20 euros, sortie le 6 janvier.

« Les jolies filles, les femmes murissantes, les frissons, les souvenirs guets-apens, les Valmondois et les j’en passe, c’est compliqué, toujours. Sur le coup, on ne s’en sort pas. Après non plus, remarquez. Enfin, je ne crois pas. La faute à cet émoi global qui fait battre le cœur, brouille la vue et nous remet en selle, malades à crever, pour d’autres épreuves » p. 41

Livre : Pencher pour, de Cécile Reyboz

Mardi 5 janvier 2010

L’auteure de « Chansons pour bestioles » (Prix Lilas 2008), propose dans cette rentrée littéraire actes sud de janvier 2010 un conte contemporain machiste. Elle fait d’un cadre française moyen le héros de sa joyeuse satire sociale…

reybozLazor Hilaire est un homme de loi, dans la fleur de l’âge, et un bon français moyen avec parents pesants, fantasmes érotiques obsédants et volonté de s’imposer le minimum de contraintes… Un français moyen qui a les moyens, donc… Mais pas forcément ceux d’assister à l’euthanasie du chien familial ou de décrocher une relation durable (et loin de sa baie vitrée) avec la plus sexy des avocates qu’il connaît.

Moderne, voire postmoderne, et très drôle, le roman de Cécile Reyboz dresse en 5 jours et 6 nuits (le 7 e on se repose quand même) un portrait au vitriol de notre 21ème siècle allergique à tout ce qui n’est gain, ni plaisir. Et l’auteure relève d’un style fougueux et agréablement imagé cette satire sociale. Que l’alarme soit masquée par l’humour n’empêche pas de repérer où est la poignée de la sonnette qu’il faudrait tirer.

Cécile Reyboz, « Pencher pour », Actes Sud, 18 euros, sortie le 6 janvier.

« Le clic de fin de communication sonne comme un soupir de débarras. Lazor estime qu’il a reçu une confirmation : il n’est que le type qui tient sa place. Même s’il rencontre beaucoup de difficultés à tenir cette position indescriptible, mal localisée, à l’utilité discutable, chacun sait qu’on peut le trouver là et personne ne l’imagine s’en écarter, pas d’un seul mètre. C’est même tout ce qu’on peut dire de lui » p. 30

Petits bobos de vacances

Jeudi 20 août 2009

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L’auteur de « Rade Terminus » et de « Beau Rôle » (P.O.L.) rapatrie avec un sourire grimaçant ses personnages de Français bobos vers le continent. Après le jeune cabotin parisien Antoine Mac Pola, c’est au tour du demi-américain d’âge mur et normand pas tout à fait local, John Bennett d’être le faux mec détendu de l’histoire. Avec « Le Roman de l’été », Nicolas Fargues perfectionne son art de la satire « cool », et nous fait sourire d’un très beau jaune.

Fils d’un artiste local d’origine américaine, divorcé et père un peu léger, John Bennett décide de s’installer dans sa résidence secondaire de Normandie, à Vatenville, pour se mettre à écrire. Mais entre les voisins du cru qui souhaitent le convaincre de percer un mur de son jardin pour avoir vue sur la mer, sa fille Mary qui débarque avec son faux rocker de petit copain et une amie italienne diablement sensuelle, et les évènements politiques de Vatenville qui accueille, le temps d’une signature par un reporter un peu bidon, le Président le plus bling bling d’Histoire de France, il est bien difficile de commencer sa propre recherche du temps tué.

Au fil des romans, Nicolas Fargues progresse dans la satire du bobo sous toutes ses formes. Les caricatures se suivent sans se ressembler et sans épargner personne : le beauf local et sa femme, le faux rocker fils à papa, la jeune fille curieuse enfermée dans le rôle de belle plante sympathique (ça c’est un classique chez Fargues), le type des médias qui fait écrire ses livres par d’autres et ampoule les phrases pour marquer le vide de sa pensée, et enfin, le président Sarkozy lui-même, que Fargues n’épargne pas. La grande force de Fargues est que derrière la vacherie facile de la satire, ces archétypes de Français sont aussi émouvants. Les anti-héros sont sympathiques et l’on peut s’identifier à leurs doutes, à leurs affirmations-boucliers, et à leur manière médiocre mais si proche de la notre de vivre. Derrière la frange de cheveux blonds et les lunettes de soleil, Nicolas Fargues sait faire preuve d’une certaine empathie, qui rend ses références incessantes à notre pop-culture, et son sacre de l’instant social, un peu plus durable qu’il n’y paraît. De là à dire que l’écrivain est entrain de produire, volume après volume, la comédie humaine de ce début du XX e siècle, il n’y a qu’un pari à assumer… En tous les cas pris isolément, « le Roman de l’été » coule, fait grimacer délicieusement, et peut aussi se lire aussi légèrement que nécessaire.

Nicolas Fargues, Le roman de l’été, P.O.L., 19,50 euros.

Pour lire les premières pages du roman, cliquez ici.


“Hubert: son mètre quatre-vingt douze, son beau prénom idéalement suranné, sa voix grave, ses longues mains, ses cheveux, sa permanente barbe d’une semaine, son jean slim et ses converses pâles sales. Hubert le beau ténébreux aux poses hautaines éthérées, se rêvant Kurt Cobain, Pete Doherty ou Julien Casablancas […] Hubert qui pour le bus sussurait présent d’un air pénétré de mâle meurtri : “They all let me down/ In this town/ And now/ I know/ i’m alone/ On my own/ With that bone/ I’m alone/ On my own/ my own hound/ grown/ From the underground” p. 44