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Douce France : L’Ordre Moral est de retour

Mercredi 14 décembre 2011

Ce soir, j’ai appris avec stupéfaction que le spectacle dont j’ai écrit une grande partie des textes avec le compositeur Laurent Couson a été censuré par une des plus grande université de France : Tours. Ce concert de chansons raconte en effet la vie d’un artiste qui aime les femmes et l’alcool. Et Laurent chante ses conquêtes et se moque un peu d’elles et de lui quand il dit qu’il aime “faire l’amour à une conne”, promettre qu’il reviendra quand ce n’est pas le cas, où s’oublier avec des beautés exotiques en bon “ethnocentrique”. La directrice de l’Université s’est procuré les textes avant le concert de demain et a expressément demandé que tout texte qui déviait d’une moralité irréprochable soir coupé. Officiellement, d’après elle le public n’a pas envie d’entendre ce genre de chansons… Officiellement, d’après moi, l’ordre moral qui a suivi la commune et auquel on doit l’affreux Sacré Cœur de Paris est de retour. Un ordre moral aux racines profondément catholiques et terriblement réactionnaire… Oyez bonnes gens, bientôt, on se passera les chansons de Jacques Brel en samizdat parce qu’il y est parfois questions de prostituées…

Depuis ce printemps, il se passe quelque chose. Ça a commencé sous un faux mode familier à Avignon, avec les manifestations contre le fameux “Piss Christ” de Serrano (et sa détérioration), ça a continué avec la querelle autour de la pièce de Castellucci (qui se dit lui-même chrétien convaincu) au Théâtre de la Ville. Puis enfin la semaine dernière avec non seulement le blocus de la première de Golgota Picnic au Théâtre du Rond Point (je me trouvais sortir de l’ambassade d’Israël deux heures avant le spectacle et tout le 8e était bloqué, c’était très impressionnant) et avec le faux apaisement demandé par l’archevêque de Paris, qui sous prétexte de ne pas attenter au bon déroulement de cette pièce, a réussi à réunir une force de 4 000 croyants catholiques pour prier pour nos âmes pécheresses à Notre-Dame.

Autant de réactions à des spectacles qui ne sont pas particulièrement anti-religieux mais qui jouent avec l’imagerie catholiques comme on le fait depuis près de deux siècles de Odilon Redon à Bettina Rheims, en passant par les folles années 1970.

Or, d’instinct, je n’ai pas l’impression qu’il s’agisse uniquement de catholiques extrémistes du type Civitas qui réagissent aussi violemment contre notre société moderne. La masse parle, et assez fort. Or, d’habitude, les catholiques français se lèvent en masses pour des grandes questions sociales (la fin des écoles privées dans les années 1980, le PACS et la question de l’institution du mariage dans les années 1990).

De mon côté,  à sciences-po même, je sens le vent tourner. Le cours de religions et sociétés que j’enseigne  depuis 3 ans commence à diffuser une atmosphère étrange. Certes,  cette année, je ne suis qu’assistante du cours. Je peux interagir avec les 150 étudiants qui le suivent et non plus avec seulement une  vingtaine  comme lorsque j’étais chargée d’une conférence. Peut-être que je vois moins profondément mais de manière plus panoramique leurs engagements. Mais tout de même, il y a deux ans,  et même l’an dernier, la classe écoutait avec attention et intérêt une jeune femme portant un hijab faire un exposé sur la deuxième sourate du Coran. Et les intérêts se répartissaient assez harmonieusement entre les trois montohéisme, l’hindouisme et le bouddhisme. Or, cet automne j’ai vu passer presque 30 propositions de travaux sur la “christianophobie” (sur 150 sujets au choix, touchant en général à “La religion”). Si ce sujet est important et certaines problématiques ont été intelligemment tournées, plusieurs de ces étudiants se positionnaient en “défenseurs des valeurs chrétiennes” et certains glissaient de manière dangereuse (et vraiment bête) vers l’islamophobie sous prétexte de défendre le christianisme. Enfin, parlant des “valeurs chrétiennes”, un séminaire “ouvert” de théorie politique au soit disant “ouvert” collège des Bernardins m’a complétement tétanisée : invitée un peu suprise et de dernière minute, j’ai cru rêver un vrai voyage dans le temps quand  les 3 exposants de la session ont chacun fait un plaidoyer anti-libéral de deux heures et demie. Estimant que seul le baptême donnaient un sens à l’engagement politique,et que seules les  valeurs chrétiennes étaient  démocratiques possibles (sans jamais se poser la question d’autres valeurs, religieuses ou humaines) ces trois éminents intellectuels prônaient un catholicisme de combat reprenant au nom du Seigneur les rênes du pouvoir en France.

Bref, c’est un retour à l’ordre moral que je vois se profiler sans vraiment comprendre : Pourquoi maintenant? Je vois pour l’instant une seule réponse qui me fait peur dans son essentialisme brut : la France demeure et reste “la fille aînée de l’Eglise”, refusant de voir que désormais près d’un quart de sa population est de foi musulmane. Les fameux débats sur la laïcité risquent fort de bientôt tomber à l’eau et ceux du parlement  débuter par une messe comme au cœur le plus tendre des années 1870.

One week in Paris

Dimanche 5 juillet 2009

Burning sun over the parisian terrasses this week, a good change from New-York’s raindrops and I am tanned just by drinking white whine outdoors. A little fairy gave me my old life back. Monday, I had a nice drink with a classic dutchman at “Le Fumoir” before meeting a friend for the press projection of an Israeli movie. A late dinner at a nice restaurant near Bastille brought us an amazing conversation with our neighbours. We stayed late. It is too warm to sleep at night, the appartments keeping the heat of the day, while a fresh breeze makes you want to wander forever in the streets. Tuesday, after the new Martin parr exhibit, we went with my mother and my grandma to a beautiful production of “carmen” at the Opéra comique. Gardiner – who is known to be an amazing baroque conductor- was leading the orchestra. It is strange how Marc Minkowski initiated with his taste for offenbach a fashion  : replacing the interest for XVIIth and XVIIIth century music by a new crush for XIXth century french opera. Wednesday I finally entered the trendiest club in town : “Le Montana”, but the best part of the evening was after, while waiting for a cab on the bd Saint-Germain, we met a famous french “jeune premier”, riding his bike with a friend. It was two in the morning; he stopped, we started talking for one good hour, new people joining the circle to broaden it to a very cool and cozy discussion group of ten. Thursday was the opening of “Paris Cinema”, so after the screening of a french movie gathering all our best actors, we were invited to drink rivers of champagne in the beautiful reception rooms of the “Hôtel de ville”. I met a couple of interesting people and, as I was a member of one of the juries of this festival, three years ago, I bumped into old friends. After that, I did not feel like sleeping so we met at the “Flore” (which is the cornerstone of my life here) with my brother and did some club-hopping in the 8th (Bonheur des dames, néo, baron). Yestrday, I wanted to take a night of to sleep a little, but a friend called me from the garden which is at the feet of my appartment: they were having a picnic in the Champ de Mars, so I joined, and we ended up with this friend – who is a composer- listening to some music while drinking very good whisky at home. He left at 4, after delivering a beautiful subject for my next book : his roomate is just the perfect character, I have to meet this man. The story of my next hero actually made me laugh to tears, for the first time in months. It is good to laugh, I almost forgot what it is like. Tonight, after having my little tour of the galeries of the marais, I joined my brothers for a barbecue on their balcony. Nice and juicy meat, burgers to honour the 4th of july, and then the whole group of 12 went to Bagatelle, a beautiful disco with nonetheless beautiful people in the boid de Boulogne.

I am working and feeding myself with all the culture I like, I could even sing Jacques Brel and Edith Piaf with some dear friends, but I feel so sad, I want to become a stone. An amethyst would be good, I always thought its looked as if it were crying a little every day. Time is supposed to bring me back to life; that is what they say. I am starting to doubt it very calmly.

Back in NYC

Mardi 2 juin 2009

Quel bonheur de rentrer chez soi. New-York est chez moi maintenantn à un mois du départ, et après avoir écouté la sono du taxi à fond, j’ai ennfilé mes plus belles ballerines pour faire quelques achats nocturnes (ça va me manquer de pouvoir faire mes course au supermarché à une heure du matin). J’ai failli prendre un verre à l’underground lounge avec un souriant inconnu, puis je me suis dit non, que je devais travailler le lendemain et ai lu Rolling Stone et Time Out jusqu’à 4h du matin, jet lag oblige. Jolie journée de retour même si je suis restée enfermée jusqu’à 17h30 à écrire ma thèse. Gym, régime, lady gaga dans le métro (Nostalgie déjà) retour à la maison en express pour vérifier que je n’avais pas laissé le gaz allumé (hum, est-ce une phobie ashkénaze?). Douche, et puis dans ma robe de danseuse achetée à LA, j’ai réussi à réunir trois amis chers au MOMA pour un film risqué mais intéressant : “L’anniversaire de Layla”, par Rashid Masharaw. Malgré la piètre qualité de l’image et des acteurs (sauf le personnage principal : Mohammed Bakri qui joue un juge devenu taxi pour subvenir aux besoins de son foyer), l’impression d’avoir une tranche de vie non cliché de Ramallah (avec des appartements et non des tentes, un capharnaüm proche du cousin ennemi israélien et les bombes quand même) et la qualité des dialogues donnaient au faux reportage un peps sympathique. Puis verre dans un hôtel branché, un autre dans un vieux bar pourri et steack à la maison cuisiné comme un chef par un ami avec qui nous avons parlé aussi profond qu’en France. Je vais peut-être finir par rester, malgré certains souvenir si douloureux, que le mercure n’en finit pas de me transpercer.

Le revenant a encore un visage

Jeudi 12 mars 2009

Dans les couloirs de l’hôpital, je voulais te voir. Te voir avant que tu meures. Ils m’empêchaient tous. Ils avaient l’air de s’en moquer. Ne pas voir mon angoisse. Ne pas savoir que tu vas partir. Cela fait plus de treize ans que tu m’as laissée. Pourquoi est-ce que je cours encore la nuit? Pourquoi ai-je encore peur que tu disparaisses? Le pire est arrivé, je devrais pouvoir dormir tranquille, tu ne crois pas? Le pire est arrivé comme toujours, paisiblement. Un voyage en voiture, le calme feutré de l’Hôpital américain, et toi, en repos. Après des mois de dialyse et de fatigue. Mais dans le lever d’une paupière, tu nous as reconnus. A l’époque, nous étions trois, soudés. Plus tard, quand les parents ont arrêté la voiture au Ranelagh pour nous dire que tu allais partir, que c’était la dernière fois, nous ne pouvions simplement pas y croire. Pareil au cimetière malgré le joli discours du rabbin Williams pour le Juif «tout à fait sans Dieu» auquel de nombreux amis offraient une mine ravagée. Enfin, je crois que mes frères pensaient comme moi. Nous n’en avons jamais reparlé vraiment. On ne parle plus beaucoup de toi. A l’époque nous étions trois. Nous sommes encore associés, mais discutons plutôt travail. Un peu famille aussi, mais de fait tu n’en fais plus vraiment partie. Enfin je veux dire, comme on ne peut plus s’inquiéter pour toi et que personne ne peut m’appeler à New-York pour me dire «Appelle ton grand-père, il ne va pas très bien», et jouer le joli air de culpabilité dont nous enserrons l’amour chez les Hirsch, et bien on ne ma parle plus de toi. De toute façon tu t’étais arrangé pour toujours aller bien. Les racines coupées et les ailes protégeant tes proches. Ca aussi, cette image d’Epinal de toi sachant profiter de la vie, ils l’évoquent de moins en moins. Ou alors ils n’en parlent pas devant moi, parce qu’ils savent que je pleure. Systématiquement. Pleure de ne pas avoir eu plus de temps, «un jour, deux jours, trois jours, laissez le moi…». Et je ne chante pas ça en pensant à toi, même si je crois en Dieu. Mais je ne sais pas si je crois que je vais te revoir. J’ai beaucoup de certitudes, il paraît. Sur ce qu’est un roman, sur ce que c’est d’être une femme moderne, sur la politique. Mais ça je ne sais pas. Je n’arrive même pas à y réfléchir. Ca m’a fait tellement mal de rêver que tu pouvais être pas loin et encore vivant que je ne sais même pas si je voudrais te revoir. Et maintenant je transpire seule, en ayant peur que tu sentes la fumée sur mes vêtements. Et que tu me grondes, pour la deuxième fois de ta vie. Mais c’est absurde, tu n’es plus là. Parti, il y a longtemps. Depuis si longtemps. J’étais encore une petite fille et tu m’as abandonnée. Je te tenais la main dans la rue, tu te souviens? Je marchais lentement à ton pas, comme je sais encore si bien le faire avec plein d’inconnus. Tu avais toujours ce chapeau si chic et le grand manteau de drap que porte maintenant Théo. Moi j’étais là, j’avais la chemise jaune que m’a donnée Yvette, les cheveux courts, au carré. J’étais bronzée. C’était presque l’été. Et j’ai voulu une dernière photo. Un autre souvenir avec toi. J’en ai entassé des souvenirs, même quand tu allais bien, bien avant, quand j’avais huit ans, j’avais si peur. J’avais trop lu sur la mort, sans comprendre vraiment. Je savais juste qu’elle séparait. Tous ces témoignages qui traînaient partout, tout ce deuil sans fin et dont tu étais l’antidote solaire. Juste ta voix me rassurait. Je savais qu’il y avait toi, pour moi, juste pour moi. Si j’avais un chagrin d’enfant je t’appelais sur le téléphone brun aux gros boutons verts, et simplement t’entendre me consolait. Maintenant, j’ai une tristesse que plus personne ne console. Alors que vraiment, je veux vivre. Même je dois vivre : d’autres fantômes, bien plus morts que toi et sans visage l’exigent. Alors, de l’extérieur j’ai une vie trépidante. Je n’en voudrais pas d’autre. Je suis «pleine de vie» comme ils disent. Je pense et parle toujours à deux cents à l’heure et trompe avec la même soif l’ennui dans de gros romans. J’aime beaucoup de choses, tu sais. J’en écris aussi. Des textes absurdes qui ne t’auraient même pas intéressé. Sur tout ce que tu as évité et laissé derrière toi en fuyant vers la Palestine et en t’installant dans le 7 e arrondissement. J’ai même essayé un peu d’apprendre ta langue, si belle et si inutile. Sans succès, sur ma petite bicyclette du Club Med Gym. Parce qu’il faut être en forme tu sais? Ici de ma vie à New-York qu’est ce que tu aimerais? Probablement les cornichons des délis, certains musicals, les grands department stores, comme maman, et oui, certains opéras, pas mes préférés. Comme Le Trouvère que je vais entendre vendredi. Ca tu aurais aimé. Mais je ne te connais plus, je t’oublie. J’ai perdu de déménagement en déménagement les petits objets que tu m’avais achetés et qui me servaient de porte-bonheurs. Je ne crois plus au bonheur, j’arrache un peu de joie. Les photos de toi sont dans ma chambre d’adolescente à Paris, avec les bijoux que tu m’as offerts. C’est Papa qui m’offre des bijoux maintenant, presque chaque année pour mon anniversaire. Je les ai aussi oubliés en France. Les hommes m’offrent des livres, c’est plus facile à égarer. Détachée de tout objet, accrochée à une musique bien meilleure que le mauvais CD de Céline Dion que j’ai écouté en boucle le jour de ta mort, je vis dans une chambre confortable mais sans aucune décoration. Loin de Paris, des sabliers dans l’appartement de mamie, de la grande angoisse apaisée de papa, j’allais peut-être oublier. Et puis tu es revenu cette nuit et la douleur est la même. Et tu me rappelles que c’est juste après ton départ que j’ai commencé à écrire. Gribouiller ça fait un peu illusion, ça semble mettre les idées en ordre et surtout ça gigote dans un vide effondrant. C’est aussi un cordon de continuité. Tu te rappelles ce que tu me souhaitais chaque année pour mon anniversaire? Que je reste toujours la même, tellement tu me trouvais parfaite. Tellement ton amour était inconditionnel. Mais j’ai changé, papy, je suis une femme maintenant. Enfin, je suis censée l’être. Et quand je me sens trop coupable d’avoir changé je me transforme en petite fille triste. Je redeviens cette petite fille triste et j’écris, et je sens que je suis vraiment la même. Sans toujours penser à toi, d’ailleurs. Mais ça ne sert à rien: il n’y a plus personne pour me dire que c’est bien et qui lance sa main mouchetée au ciel pour m’offrir la lune.

Contingences maternelles

Vendredi 16 janvier 2009

Home sweet home, me voici de retour à New-York qui ressemble au Tibettepisch de Else lasker-Schüler, baroquement grisonnant de neige moelleuse. C’est étrange de monter et descendre Broadway, de dîner en habituée chez Toast, et de retrouver mes petites habitudes de vieille fille. J’ai l’impression de pourvoir enfin me poser, même si ce n’est que pour trois semaines. Dame de pique appliquée, j’ai tenté de résoudre toutes les contingences maternelles ce matin, après une nuit de long sommeil à peine dérangée par un chaud bienvenue et un bouquet de fleur. Ma valise déjà défaite est dans le placard qui se remplit peu à peu de mes vêtements de coquette, les livres sont harmonieusement jonchés sur le sol, et les frigo est plein (pastrami, salade, frozen yogurt, coca lights et d’affreux bonbons sans sucre). Mais ma plus grande fierté est l’acquisition d’une grande couette blanche (qui se dit efficacement “comforter”) que j’ai mis vint bonnes minutes à faire entrer dans sa housse crème (ici on dit “off white”). Cet achat fait partie d’un très sérieux plan anti-froid initié dès mon arrivée à Paris. Il va de paire avec des collants woolford en cachemire, deux puls doubles de cette matière magique, la décision de plonger dans un bain brûlany au moindre frisson, et d’ingurgiter des litres de jus de fruits bourrés de vitamine C (en France on se contente d’orange, mais ici le must c’est l’acérola).

Du coup, boostée par cette nouvelle chaleur et un après-midi d’hibernation sous ladite couette à re-lire encore et encore Max Jacob, j’ai répondu oui avec enthousiasme pour dîner avec mon ami james et courir dans le lower east side assister au lancement du CD des asa ransom. Même si la découverte des coulisses de groupe (herbe, alcool, et encéphalogramme plat) avait un peu calmé mon enthousiasme originel, je dois dire que leur concert dans un lieu bien plus chic que prévu m’a encore bien fait danser. Article donc sur ces jeunes talentueux à venir pour en3mots. Vers la fin, il était six heures du matin et je me suis adonnée à mon vice préféré : lire en boîte. Et, comme une grande fille, je suis rentrée en métro, arrivant l’un dans l’autre à la page 108 de mon Makine et sans texto rassurant du genre “je suis saine et sauve à la maison” à envoyer. En amérique, on ne fait pas ces choses là. Bref, la liberté, si je ne m’étais pas faite chopper bêtement en écrivant ce texte qui a aussi ouvert mon msn et donc prévenu la moitié de Paris et un peu le campus de columbia que j’étais à la maison.

Demain sera studieux disons jusqu’à 20h : études, gym & Met (enfin on verra) puis après…

Retour au bercail

Mardi 16 décembre 2008

72 heures sans dormir, joli record accompli ce week-end et qui m’a coûté une chute ridiculement tragique sur les marches de l’église où se mariait ma meilleure amie. La fatigue, la pluie, les talons sous des jambes tremblantes de froid, le riz et les pétales de rose aidant, j’ai bien dévalé l’escalier, cogné mes deux genoux, saigné comme une enfant qui tombe de vélo et continué à courir après avoir enlevé mes bats déchirés, jambes nues et meurtries dans les rues de mon Paris.

Le retour est toujours une experience d’inquiétante étrangeté : le chemin familier de l’école sur le pont d’Iena, mais avec les étoiles de la présidence française de l’Europe en collier au ciu de la Tour Eiffel. L’odéon cliqnuant d’affiches de cinéma, mais vide un dimanche soir, ou encore le trajet mille fois répété de  chez moi au Tourville, à l’école militaire, en passant par le Franprix, mais mes pas mesurés à l’aune de la distance 103e st/ Broadway jusqu’à 106 et West-end. Et les hommes parisiens, quand même, parlent plus à mon imagination  que les new-yorkais : nostalgie du proche.

Le mariage jeudi était si beau, si raffiné et élégant que je me suis sentie lavée des vulgarités de Miami. Beaucoup de têtes blondes à l’église orthodoxe de la rue georges bizet, et des couple jeunes, grands, beaux et tous nobles. Des litres de sang bleu dans de parfaites veines parisiennes. Le dîner a eu lieu dans un charmant hôtel particulier de la rue Jacob. Pas plus d’une soixantaine de convives. Discours parfaits des pères, celui du marié émaillant ses mots de ceux de Mauriac, Bernanos et des évangiles. Décoration de Noël épurée en blanc et argent, chaque assiette peinte à la main par la mère de la mariée. Cordy est ma plus vieille amie, je la connais depuis que j’ai un an. J’ai raté son premier mariage qui avait lieu à l’île moustique, un mois avant mon bac. Mais ai tenté de me rattraper huit ans plus tard. Son mari a l’air d’un homme fort, posé. J’ai beaucoup échangé avec certains de ses amis. Musique live, mais pas trop, histoire de laisser le temps et le son aux discussions. Foie gras bien sûr avec du château Yquem, un régal. Un peu de danse, beaucoup de bon champagne. La plus belle fête que j’ai vue depuis trois ou quatre ans, et j’étais très émue. J’ai aussi retrouvé des amies de primaire, folles, impeccablement mises, et fortes en gueule. Agréable. Et fait une très jolie rencontre.

Du coup, pas de sommeil dans la nuit de samedi et arrivée toujours en robe de soirée à mon brunch dimanche avec mes deux meilleurs amis et une proches. Ils sont tous enseignants d’Histoire et ça m’a fait beaucoup de bien de retrouver les rumeurs des couloirs d’école, la foi dans l’éducation, l’engagement et aussi les courses de Noël, les angoisses sur l’avancée de la thèse, et les projets de bourses diverses.

L’après-midi, juste de temps de prendre un bain et un ami compositeur m’ a apporté une vidéo musique classique pour en3mots. Et fait écouter sa BO pour un grand film français dont le tournage est prévu pour mai-juin. Totalité de ce CD, qui brassait aussi bien des thèmes romantiques rachmaninoviens que des chansons de rues 1940 ou des variations de jazz. J’ai été très impressionnée. Puis cinéma, décevant, j’ai dormi, et dîner dans un petit restaurant italien du quartier latin et verre avec un autre ami à la maison. Sa dépression chronique me bouleverse moins : je ne peux rien à faire, c’est à lui de se bouger. La tournée des popotes a continué lundi : café matinal avec ma petite soeur d’adoption, midi à deux agréable avec un ami journaliste, dîner chez mon père, visite à ma grand-mère et thé chez un proche ami avec discussion sur arendt, le rock indé et le symbolisme.

Evidemment j’ai repris en3mots, travaillé mon plan de thèse. Je vais au bureau demain, puis théâtre et baron pour un concert.

Mercredi et jeudi, ce sera Londres. Du 1ier au 4, Lisbonne et du 7 au 12 St Moritz en famille. Tout est réservé. Il ne me reste plus qu’à planifier le 31.