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Road movie tendre à Ramallah

Lundi 20 juillet 2009

Le palestinien Rashid Masharawi, désormais connu pour ses documentaires, renoue avec son premier succès, la fiction « Couvre-feu » (Prix Unesco au festival de Cannes 1994) avec son nouveau film. L’ « anniversaire de Leila » une fable sur l’amour paternel en temps de tension politique. Il dépeint une journée particulière dans un Ramallah que le public a presque l’impression d’habiter.

Après avoir été un juge reconnu dans un autre pays arabe, Abu Leila est rentré en Palestine par amour de son pays. Il se rend chaque jour au ministère de la Justice pour savoir si on va lui accorder le droit d’exercer sa fonction de magistrat. En attendant, pour nourrir sa femme, et sa fille, Leila, il exerce le métier de chauffeur de taxi. Le film retrace la journée du 7 e anniversaire de Leila, à laquelle son papa a la mission de rapporter un gâteau et un cadeau avant 20h, malgré les fantaisies des clients qui entrent dans sa voiture, et le désordre -parfois sympathique, parfois effrayant- qui règne à Ramallah.

Le film repose sur l’immense Mohammed Bakri, comédien arabe-israélien, absolument irrésistible dans sa dignité d’homme de loi aux principes inadaptée au monde dans lequel il vit : un grand coeur d’onyx. D’autre part, les dialogues sont extrêmement drôles et pointus. Les images en tant que telles sont simples et désordonnées, mais  cela n’importe pas vraiment. Car voir l’ « anniversaire de Leila » c’est rentrer dans le quotidien de ce Ramallah que l’on a tant imaginé à travers des journaux trop sérieux. Sans effet de réel forcé mais sans fioritures non plus, Rashid Masharawi nous invite à suivre Mohammed Bakri dans une ville que l’on découvre avec surprise à mille lieuesd’un grand camp de réfugiés .  Ramallah est une ville lambda du Moyen-Orient, avec avec des vraies maisons, des appartements, des vies de quartiers, des gens qui s’aiment, et finalement un certain confort même pour une famille aussi modeste que celle du personnage principal. C’est aussi une ville en désordre et dangereuse ; on n’y est jamais à l’abri d’une bombe, et on devine la frontière qui se dessine à travers les check-points organisés par les Israéliens et où Abu Leila refuse de déposer ses clients. Mais finalement la vie à Ramallah ne semble pas tellement différente de la vie du côté de l’ “occupant”, de l’autre côté de la frontière : les gens sont chaleureux, brusques et directs, les hommes de bien voient leurs sentiments nationaux parfois remis en cause, et l’on vit intensément, dans la peur apprivoisée au quotidien de voir des membres des a famille disparaître dans un attentat.

L’humour du film, qui transforme le personnage du père aimant en un clown admirable ajoute une touche de distanciation au voyage. Un film riche donc, et précieux, et qui donne généreusement à voir et à réfléchir.

« L’anniversaire de Leila », de Rashid Masharawi, avec Mohammed Bakri, 2008, 1h11.

Back in NYC

Mardi 2 juin 2009

Quel bonheur de rentrer chez soi. New-York est chez moi maintenantn à un mois du départ, et après avoir écouté la sono du taxi à fond, j’ai ennfilé mes plus belles ballerines pour faire quelques achats nocturnes (ça va me manquer de pouvoir faire mes course au supermarché à une heure du matin). J’ai failli prendre un verre à l’underground lounge avec un souriant inconnu, puis je me suis dit non, que je devais travailler le lendemain et ai lu Rolling Stone et Time Out jusqu’à 4h du matin, jet lag oblige. Jolie journée de retour même si je suis restée enfermée jusqu’à 17h30 à écrire ma thèse. Gym, régime, lady gaga dans le métro (Nostalgie déjà) retour à la maison en express pour vérifier que je n’avais pas laissé le gaz allumé (hum, est-ce une phobie ashkénaze?). Douche, et puis dans ma robe de danseuse achetée à LA, j’ai réussi à réunir trois amis chers au MOMA pour un film risqué mais intéressant : “L’anniversaire de Layla”, par Rashid Masharaw. Malgré la piètre qualité de l’image et des acteurs (sauf le personnage principal : Mohammed Bakri qui joue un juge devenu taxi pour subvenir aux besoins de son foyer), l’impression d’avoir une tranche de vie non cliché de Ramallah (avec des appartements et non des tentes, un capharnaüm proche du cousin ennemi israélien et les bombes quand même) et la qualité des dialogues donnaient au faux reportage un peps sympathique. Puis verre dans un hôtel branché, un autre dans un vieux bar pourri et steack à la maison cuisiné comme un chef par un ami avec qui nous avons parlé aussi profond qu’en France. Je vais peut-être finir par rester, malgré certains souvenir si douloureux, que le mercure n’en finit pas de me transpercer.