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Journée à l’envers

Mercredi 3 juin 2009

Il est minuit trente et une et j’ai enfin fini mes cinq pages de la journée, ayant pour la première fois réussi à travailler nuitamment sur ma thèse. Temps juif et chrétien tout en douceur avec Haydn que je découvre vraiment maintenant (Le troisième mouvement de la londonienne, 104, est simplement époustouflant). Le début de la journée a été assez culturel, puisque je suis allée voir (toute seule comme une grande) l’expo Frank Lloyd Wright au Guggenheim que le génie avait dessiné mais qu’il n’a jamais vu fini. Je connaissais bien les projets des années 30 de maisons usoniennes (unonian), et certains projets architecturaux liés à ma chère Chicago comme la Robie House (sur la 5è rue, donc directement adjacente au campus de U of C). Mais certains projets comme ses plans pour Bagdad dans les années 1950, et son plan de ville ENTIERE (Broadacre City) sont d’une mégalomanie absolument envoûtante. Le fait qu’il a reconstruit sa propre maison dans le Wisconsin deux fois (Taliesin) montre un peu la ténacité du bonhomme.
Cadeau du jour, FLW sur plateau de jeu télé!

Après l’effort de la rampe du Guggenheim, réconfort d’un coca-light (toujours toute seule comme une grande)devant “La Promesse” (1996), des frères Dardenne. Le Lincoln Center faisait une rétrospective cette semaine et un peu frileuse face aux films sociaux, je connais mal leur oeuvre. Ce film glauque sur l’exploitation des immigrés clandestins par des ouvriers pas tellement mieux dotés près de Liège est profond et fort. Olivier Gourmet visqueux à souhait et Jérémie Rénier, brillant de jeunesse déjà condamnée. Bref heureusement que je suis aux Etats-Unis pour visiter tout à toue Ramallah hier et les zones industrielles de la Belgique aujourd’hui via l’écran.
Car après la projection, un ami de la famille depuis de longue années (je suis à allée à l’opéra la première fois de ma vie avec sa grand-mère!) est venu me chercher pour une marche sous la pluie dans Central Park. Il revenait d’un tour du monde de 3 mois, et m’a donné envie de voyager tandis que nous évoquions des sujets lourds et importants, avec une profondeur que nous n’avions jamais effleurée, alors que nous avond tarvaillé dans le même bureau pendant deux ans.

Retour au campus, passage par la bibliothèque agréablement vide, où une ombre du passé lointain, un petit ami d’avant la douleur, est venu me saluer, poulet, et travail… Bref, on peut dire une riche journée.

Ps: Désolée si le menu de mes jours n’est pas fascinant, ce sont juste des souvenirs pour dans un mois quand j’aurais quitté NYC et ses taxis jaunes défoncés.

Contingences maternelles

Vendredi 16 janvier 2009

Home sweet home, me voici de retour à New-York qui ressemble au Tibettepisch de Else lasker-Schüler, baroquement grisonnant de neige moelleuse. C’est étrange de monter et descendre Broadway, de dîner en habituée chez Toast, et de retrouver mes petites habitudes de vieille fille. J’ai l’impression de pourvoir enfin me poser, même si ce n’est que pour trois semaines. Dame de pique appliquée, j’ai tenté de résoudre toutes les contingences maternelles ce matin, après une nuit de long sommeil à peine dérangée par un chaud bienvenue et un bouquet de fleur. Ma valise déjà défaite est dans le placard qui se remplit peu à peu de mes vêtements de coquette, les livres sont harmonieusement jonchés sur le sol, et les frigo est plein (pastrami, salade, frozen yogurt, coca lights et d’affreux bonbons sans sucre). Mais ma plus grande fierté est l’acquisition d’une grande couette blanche (qui se dit efficacement “comforter”) que j’ai mis vint bonnes minutes à faire entrer dans sa housse crème (ici on dit “off white”). Cet achat fait partie d’un très sérieux plan anti-froid initié dès mon arrivée à Paris. Il va de paire avec des collants woolford en cachemire, deux puls doubles de cette matière magique, la décision de plonger dans un bain brûlany au moindre frisson, et d’ingurgiter des litres de jus de fruits bourrés de vitamine C (en France on se contente d’orange, mais ici le must c’est l’acérola).

Du coup, boostée par cette nouvelle chaleur et un après-midi d’hibernation sous ladite couette à re-lire encore et encore Max Jacob, j’ai répondu oui avec enthousiasme pour dîner avec mon ami james et courir dans le lower east side assister au lancement du CD des asa ransom. Même si la découverte des coulisses de groupe (herbe, alcool, et encéphalogramme plat) avait un peu calmé mon enthousiasme originel, je dois dire que leur concert dans un lieu bien plus chic que prévu m’a encore bien fait danser. Article donc sur ces jeunes talentueux à venir pour en3mots. Vers la fin, il était six heures du matin et je me suis adonnée à mon vice préféré : lire en boîte. Et, comme une grande fille, je suis rentrée en métro, arrivant l’un dans l’autre à la page 108 de mon Makine et sans texto rassurant du genre “je suis saine et sauve à la maison” à envoyer. En amérique, on ne fait pas ces choses là. Bref, la liberté, si je ne m’étais pas faite chopper bêtement en écrivant ce texte qui a aussi ouvert mon msn et donc prévenu la moitié de Paris et un peu le campus de columbia que j’étais à la maison.

Demain sera studieux disons jusqu’à 20h : études, gym & Met (enfin on verra) puis après…