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Biseau cordial

Dimanche 27 décembre 2015

A la diagonale des talons
Le long des lents chemins de bois
L’absence fait mal.

Dans un trop-plein animal
De luxe, de sel et d’entre-soi
La peur arrache le cocon du banal :
Une mère, la raison et la torpeur de nuits
Où l’on voudrait recharger les poumons.

A la verticale du grand salon
La chaleur est artificielle
Et l’ardeur passe par un drôle de canal.

Au balcon d’une carte-postale
On parle et on se tait
Un seul a mal. Mais tous perdront pied
On mange et on s’affame
D’affection fondatrice
De pétales de beauté
Et de ressentiment-ballon.

A la doctorale du chevet
Le cerveau s’est coupé
Et le thorax enclave le son
Blessé au plus près de l’épine.

On n’en finit pas de quémander un bal
On débat, débarrasse et déballe
Une fête amoureuse de vie post-natale
Un fanion éclairé de mille nuances papillon.

Au balcon de ce qui fait mal
Le manque masque les déliés.
Et l’absence avance en talon normal
Vers la source qui boit la sève pâle.
Vers la table où nous mangeons trop salé.

L’hiver perd pied
Le bourgeon ne viendra pas
Et l’absence va basculer…
– Tu ne construiras pas
Sur les ruines du trop-plein
– Tu n’existeras pas
Après notre exaltation.

Dans les saisons bousculées
La survie est une longue patience
Aux pétales crépus d’absence
Et aux branches sacrifiées d’inaction.

Waterloo sonore

Mardi 24 novembre 2015

Des vallées de vapeurs plient en certitude
Il y a les heures grises et lentes où l’ici s’arrête.

Des volées de saveurs ploient les devantures
Où le vent n’est pas
Où Noël tarde
Où tout se replie sous le whisky froid.

Paris est grand, Paris ne se répète pas
Baroque sans matelas d’ordures
Vers un après qui s’entendra.
Cordes dramatiques d’être au mauvais endroit
Baltique à Rome, tardive à la Candelaria

Des versets d’écriture pallient à peine les cris de joie
Il y a le jeu, la joie, la certitude d’inventer sa cure.

Que les gisants cherchent à boire en moi
Que ça remue
Que tout exsude
Que tout prenne l’eau des voyages à deux voix.

Paris est grand, ses fêlures m’intriguent
Et ses cartons me perdent encore une fois
Dans ses rues exposées, sans tain et sans toiture
J’anone encore le dur désir de nouvelles lois

Lâcher le deuil, lâcher le mors
Quitter les chambres faussement pures
Où l’on peine et l’on porte son quant à soi.

Des geysers risquent le coup d’Etat
Quand s’offre l’armure du plus grand mal
Quand saignent les corps mûrs
Quand la blouse s’affranchit, brûlée en bas.

De fait : je retiens mon souffle
Je ne cambre, ni ne goûte, ni ne vois.
Parfaite, je ne cours même pas.

Ma nuque franchit la boucle
Qui se livre entre mes doigts
La musique me rend sure
Interdite, sauf au combat
C’est un livre, c’est un journal, c’est un poème
C’est nous réunir pour rien. Etre.
En terrasse, en parking ou plutôt au poste, prêts à l’envoi.

Où sont les heures grises et lentes ?
Où s’arrête la langue de bois.
L’ici dort quand il peut, pas quand il doit.

Trop peu de mots

Dimanche 15 février 2015

Trop peu de rouge pour arracher les grincements
Trop peu de temps pour que les clés bougent
La solitude est entrée en apnée, entre deux quintes ratées
Le beau se courbe, pendu par la durée
Ecroulé par le blues.

Trop de miles pour lisser l’étendue mauve
Trop d’envies fauves pour un feu de paille
Je veux le roc, la paix et la gouaille
Ou alors espacer toute l’intensité
Résilier la pluie des baumes.

Trop de ciel dénudé dans un Paris exposé
Trop de peur, de sang, d’impunité
Le bitume se dérobe en long gants noirs
Il faut que je reste encore, perchée à l’espoir
Sur la pointe des pieds.

Trop de soir sans chaleur dans un bruit agité
Trop de batailles emboîtées à tout heure
Il est temps de doucement s’allonger
Il est temps de rechercher : la beauté d’une âme sœur
La douceur de la sécurité.

Ailleurs, la vraie vie est muette de clarté.

Le verre et les cocotiers

Jeudi 14 août 2014

Le climat a soufflé directement à la gorge

La grâce s’est remise en place
Tirant la cloche pâle de la nouveauté
Au bon port d’une Thaïlande inespérée

Contre tout attente, le ventre lourd
Et le cœur incertain,
La page blanche est entrée en habituée
Contre toute détente
Et pas même piquée sous les pieds.

La fatigue fait sa moue insolente
Au toréador roumain d’un vertige illimité
Et j’entends les échasses privilégiées
D’un building pourtant malade comme les chiens,
D’un dancing serpentin, à peine revu et corrigé.

Il y a eu les temples, l’eau sale
Et la lumière de l’amitié
Il y a la chaleur moite
Le fantôme d’un été enfin habité
Et puis quelques bestioles dormantes
Contre la charpente éblouie du palais
Un château raisonné qui masque avec difficulté
De longs jours blancs
De courtes nuits et leurs virgules questionnées
Et de hauts murs en contrepoints jaunis d’inefficacité.

Entre deux tours et un cabaret
La tête éclate sous la peau trempée
Contre la pression vivante de masseurs discrets
La nuque craque de 10 à 35 degrés,
Tandis que les amis, vrais amoureux sans désir
Parlent et dansent et partagent leurs questions,
Limpides comme la pluie des 5 heures du soir.

Tout contre le train de la modernité
Les grands hôtels soupirent un luxe expatrié
Les thés et les sucreries déplacées,
Les petits pains simulacres en pire,
qui dictent – en trois temps – les lois du bonheur

On n’oublie pas l’excitante qualité
Et la chaleur si mouillée
De l’ambition avant l’herbe coupée
D’un état fort et jamais colonisé,
On n’oublie pas
La chaleur autoritaire de l’intégrité.

Tout contre une climatisation empoisonnée
Entre les montagnes et les cocotiers
Transparente comme les chutes du monde
Tout contre l’exotisme d’une capitale regagnée
Je n’oublie pas que j’ai aimé

Tout contre l’évanouissement des cheveux bouclés
Je le souviens malgré moi, en vieille continentale
Des vers riches qui n’ont pas été payés.

Pivot sans écharpe

Mardi 29 juillet 2014

Sur le flanc jaune écrasé

Sur la pointe des mots crachés

La moiteur a pris son pied levé

Sur le côté du volcan

L’œil, attentif, est fermé.

L’angle est fixé,

Et pourtant j’attends, pourtant j’entends

Le son remixé d’une mauvaise saccade,

Et j’étrangle l’air, à peine assagie

Ventre bombé d’indices, entre les dents.

L’immobilité a des ratés

De grands avions dans le soleil

Et des tunnels auxquels on évite de penser,

Paralysé par les visages des absents

Il y a des géographies d’humilité

Où la liberté garde son cil pendant

Où il est digne de quitter le français

Quitte à brosser le ciel en échappée,

Quitte à griffer d’astreintes le mécontentement.

La fermeté assignée sonne étourdiment

On crie quand l’étoile sort du casier

Et brise silencieusement la vitre du cabaret;

Les vieux automates se réveillent, rasés en biais

Et grincent tout près, tout doucement.

Fautive, il faut tourner le flanc

Au passé annoncé

Fabriquer le coffre du répit

Et verrouiller la fermeté.

Et pourtant, j’ai bien envie de rester,

Revenir fumer nue dans la pluie

Me glisser, chevillée aux plis rassurants

D’une nuit où il fait bon aimer à Paris.

Je voudrais frotter l’été adouci

Et supporter le flou de l’angoisse, précisément.

A force d’attendre, attentive

J’ai accueilli la peur, exactement.

Là où d’autres l’avaient laissée.

Forcée de penser comme avant

Je la retrouve à peine maquillée,

Comme une amie de soixante-dix ans.

Kreis en apnée

Jeudi 5 juin 2014

Le cercle annote
Un trapèze en chantier
Enchantement baroque
Des répétitions cassées
Des redites qui tassent
L’ivresse sous le fumier.

Je me prélasse
Prise par la corde à sauter
Les autres passent
A temps
Aux promesses
Aux prénoms
Aux propriétés
Les autres se dépassent
De responsabilité

Feu vert de notes brunes et grasses
Da capo orange des ramassées
L’oubli n’est qu’une menace
Dans les silences d’un juin tout mouillé
Parallèle des anneaux édités
La tradition trépasse et la nouveauté
Plisse sa carcasse,
Perce des poumons d’osier.

Je dis et je ressasse
Mes anciens exploits de guerriers
Les autres se passent
De grands combats à mener
Le présent suffit comme terrasse
Le courage, c’est planter un palmier
La force, c’est la vie qu’ils embrassent
A grands échos de promesse et de propriété

Je regarde les rendez-vous qui passent
Je ne sais même plus lesquels noyer
Dans l’océan des rayons cocasses
Dans les haillons d’une frêle légèreté
L’archet de l’actualité
Crochète une sécurité de surface
Et pose sur l’avenir une ombre d’exilé

L’impuissance est une malédiction sans sommelier
Je récite et je potasse
Mon lamento de la paupière à l’oreiller
Mon aria tellement tenace et pourtant si abstrait
Celui où les autres se regardent dans la glace
Pendant que je me cache dans le grenier
Le coupler où les doutes glacent
La rencontre, le soin et la sensualité.

Les déceptions s’entassent en chapelet
Rondo malin pour nos rejets
Le chagrin durcit en carapace
Chuintante de cent reproches et dix regrets
Coupable, je joue à pile ou face
L’avenir des possibles et des promesses
Le temps respiré des contrebasses
Et la confiance d’un torse où se poser
Des hauts, des bas, mais une seule classe
Pour restaurer l’envie et la sécurité.

L’enchantement baroque réitéré
Donnera-t-il une place ou un cercle ?
Une trace à la craie qui puisse enchâsser
Ces longues nuits, lasses et édentées.

Croisée

Mercredi 21 mai 2014

Nous nous sommes compris
D’avoir parlé en vieux latin
D’avoir modernisé les clichés de la courtoisie
Comme un paquet d’absence
Un non-dit qu’on expédie
Vers les horizons que l’on craint

Ne rien tenter,
Rien de tendre
Qui ne chante rien, lessive son chemin
En balais et crinolines d’attente

Le jour tombe sur d’épuisants lendemains
Où l’on sue l’encre non vernie
Où l’on grince et l’on retient
Le jour qui fonce, la nuit qui mange.

Nous nous sommes suivis
Pour attenter aux joies d’un jour sans pain
Paraffine éprouvante, la musique adoucit le train
Bruyante et sycophante,
L’âme qui veut et ne prend point
Étale en croix de carence
Une chasse faisandée de chagrin.

Comme si la vie était aux fers,
L’envie, à quatre pattes ou moins
Et le mouvement, à l’asphyxie
Je me plie, révoltée de brillance
Je me fie, ballottée de constance
A l’expectante baleine de l’indécis

Grenadine des heures violentes
Où l’amer est amande d’une nuit
Et la misère murit comme un fruit
Epatante descente aux hiers,
Répétition d’une chaîne de mépris,
Pavés des vergetures de l’envers.
L’enveloppe est touchante,
Avant la joie et le mépris. .

Il suffirait de presque rien
Choisir
/ Et en même temps,
Etre choisie
/ Enfin
Choisir mieux, méthodiquement
Et emballer les restes pour vivre autrement.

Yoyo (Ne plus jouer)

Mercredi 16 avril 2014

La marée démembre le cerveau
Coudées franches et mot à mot
L’émotion monte
La femme se tait
Et je retrouve les cendres

La langueur ramollit les lassos
Aux larges chanvres entrelacés.
Au pacte du violon et du pipo
L’indécis cisaille l’espoir dépenaillé

La monnaie a manqué le créneau
Battue au nombril des années
Un cercle d’affects noue la honte
Et l’attente hypo-fatiguée des textos

L’échangeur rouillé a déraillé
Le long des paquebots de muguet
Martelant l’or et coulant un sève à grelots
Le grillage zèbre en calques de craie
Une prison d’escargots.

Il faut fuir Matelot,
Mâchoire vissée, cuisse à l’eau
Fermer les écoutilles, serrer les sangles
Et verrouiller tes inexcusables hublots
Sensibles.

Il faut fuir vers le sable chaud
Extrader la nuit d’anneaux gelés
Chercher l’exotisme facile
Bonus à la curiosité!

Le front en avant, la pensée à flot,
Il faut retrouver le sens du contrôle
Des levers de sourcils sur table
Et la magie de vertige, tout là-haut

Il faut détruire,
– Effacer l’attente, le souvenir
et leur tableau –
Pour se blottir au pli du mois d’avril
Là où l’oubli rend le jour audible
Où la maturité berce un baril flamboyant
De mélodrames banals
Et de coupures de peaux.

Soie de Mai

Samedi 5 avril 2014

Sous ses cheveux noirs, les corbeaux mentent
De coca-light en balançoire, les diables s’inventent
Des missions en Espagne, des wagons enfuis
Et des permis prétentieux.

Talentueuse séductrice des années quarante,
La fièvre délie, litote et contente
Tous thermomètres de la pluie.
L’aurore s’approche, étonnante,
Mesurant les sels d’affect et les crins chéris

La bute cascade en chutes lentes,
Cambrant l’étui et ses gants de fantômes galeux
Les auréoles sont purulentes
Quand l’esprit s’esquive à qui le dit.

On allie poignets et eaux dormantes,
Les Cous entrechoqués en pleine poitrine d’envie
On se repose à peine, on se retire
Et l’on s’étreint, cheville ancrés de pays

On se jette encore au corps, au ventre
Bouche ouverte, dévotante
Et front sur pilotis.
On se frotte à la poussière
On lance poings et vertèbres
En bouquet de mésentente
Et l’on se sert, violente
D’un autre corps au tapis.

La symétrie des morsures lentes
Evide l’empathie du ciel bas et soyeux –
Les cigales et les chasseurs ne peuvent s’étendre
Qu’au gibet juteux des appétits,
Là où Bruxelles chante le temps des vieux

Mais la vie statique, bien trop décente
Monte une charge à contre-feu
Pas d’impériale, ni de sang d’encre
Les feu-follets décapitent l’attente
Les fantaisies promènent leur cœur dans Varsovie

La léthargie est bienveillante
Quand l’aspérule s’épanouit
Mais revient, presque joyeux
La légèreté croque justement les mains glaçantes

La brune brocante pousse la balle
A la place d’un texte rebondi…
La belle librairie s’évente
Et tombe gracieusement dans l’oubli.

Desocupada

Lundi 17 mars 2014

Sur l’arrête précise du train
L’errance est coriace
Je ne sais plus si je pars ou reviens
Ni si je dois trouver quelqu’un

Les panthères râpées de ma vie en gradins
Patinent fougueusement vers une vérité
Diffuse, foireuse ou à prouver
C’est l’idéal dans les bottes du gondolier.

Grisant les nuits de colorant esseulé
Je coule en vain le long des tapis salés
Variété de Catin, sans blues à rafler
Satiété des muscles sains
Paire et dite, la main se pose sur le sommier

J’ai moisi, j’ai lutté,
J’ai pâli et comprimé
C’est fini
Les inspecteurs des travaux libres, en attente dans mon lit
C’est fini
Les corps passifs des dessins sertis de certitude blanche
Fini.

Je cherche mille perles pour l’anti-laisse
Et cent vins pour sortir des planches pourries
Je choisis quinze requins trop occupés pour mordre…

Je les aime maladroits, affairés, graphomanes, affolés
Je les aime bleus et tendres, dans la nudité du vent qui passe

Je me mords la langue
Pour retenir la liberté qui valse
Je me pince le nez
Pour respirer mon propre venin…
J’épate l’infini de l’espace
Avec la joie volée,
Certaine de la gravité de mes seins.