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Cinq raisons de passer à côté de l’Obamamania

Mercredi 21 janvier 2009

Heureuse de participer à la liesse populaire du 4 novembre dernier, aujourd’hui je suis restée terrée chez moi, évitant inconsciemment la grosse bertha médiatique sur le campus de Columbia. J’ai fait une percée vers 14h pour aller chercher des livres et suivre un cours. Filé à la gym, où je n’ai pas pu éviter les grands écrans plats. Et ce soir, au lieu d’Obamadanser la sarabande, nous avons fini dans un bar lounge sympa du Lower east side. Conclusion : Pas de grand reportage photo sur les new-yorkais en goguette dans en3mots demain. Reste une question : Pourquoi ne pas me réjouir avec un peuple que j’aime ?

Raison psychologique : Je déteste les mouvements de foule. Du dehors, ils font plus que me dégoûter, ils me font peur. Surtout si c’est une foule qui jouit. Et à l’intérieur des masses festives, je pique généralement de monstrueuses crises d’angoisse. A cela s’ajoute une grosse flemme d’acclamer l’investiture dans des bars bondés où l’on joue du mauvais rock, ou de grimper jusqu’à Harlem.

Raison empathique : Tout ce bonheur est un peu un cautère sur une jambe de bois. Les jeux sans le pain me semblent tout juste cruels. Et je ne peux m’empêcher de penser aux gens seuls et à contre-courant au milieu de l’explosion populaire. Evidemment, la gare d’Orsay après la libération de Paris, mais aussi, moins dramatique, le héros du « Diable au corps » à l’heure de l’armistice.

Raison littéraire : La rhétorique d’Obama me crispe. Toutes ces grandes envolées larmoyantes, parsemées de références aux « Grands hommes » sur le courage de se battre contre l’adversité économique sont aussi vides que les promesses intenables de son programme. C’est pédant et démagogue à la fois.

Pour ma gouverne, je n’ai pas tout écouté aujourd’hui et peut-être aurais-je été agréablement surprise d’être émue. Mais je crois que mes dents grinçaient trop d’office pour me laisser emporter par les tremolos du bal.

Raison historique : Les commentaires des journalistes étaient évidemment encore plus horripilant. Qu’on ne me parle plus d’Histoire, de moment Historique, avec des « H » si majuscules qu’ils en deviennent dangereusement tranchants. Les quadragénaires ultratirées et brushinguées ne sont que des « senior » journalistes, pas des historiennes du présent. L’Histoire est probablement à venir dans ce que Obama va faire, impulser, changer, pas sa simple investiture.

Raison esthétique : Autant le nouveau président était élégant, et presque un peu moins effrayant de maigreur et de fatigue, autant Michelle Obama ne sait toujours pas s’habiller. Qui lui a conseillé cet ensemble jeune d’œuf sur poussin écrasé avec une patine brillante de coquille ? Cuicui.