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Energie entre Luxembourg, Metz et Paris

Lundi 8 juillet 2013

Après 36 heures absolument revigorantes à Luxembourg (où j’ai dormi avec une vue sur le sublime bâtiment du Mudam et son parc vert, formule detox+++, surtout que le sauna était en face de ma chambre) et à Metz (Pompidou, plus conformiste, un peu décevant malgré le soleil), j’ai fait une folie après avoir chroniqué quelques livres hier : escaladé à à deux heures du matin les grilles du Palais Royal pour me poser sur une chaise verte en fer le long du bassin avec un ami. Deux heures de discussion privilégiée dans la chaleur d’un été qui est enfin arrivé. Après des mois de froid et de pluie nous n’en revenons pas de passer nos nuits d’été jambes nues et dans la douceur enveloppante des étoiles que l’on peut voir briller. Il fait encore que je décante la grande exposition du Mudam, l’excellente “image-papillon” qui questionne visuellement la mémoire à partir de l’œuvre littéraire de Sebald, mais j’ai bien avancé dans mon infini planning de fermer les tiroirs de la rédaction avant la rentrée. J’ai notamment retranscris aujourd’hui l’interview de Avi Mograbi (rencontre très décevante, il était à la limite de la politesse et de l’intéret, mais bon on ne peut pas plaire à tout le monde, ni même faire parler de soi tout le monde) et écrit sur l’expo du casino Luxembourg, passionnante sur l’univers visuel (et macabre) du heavy metal). Continent noir musical qui m’a fait penser à notre cher Eric et au sublime vernissage de l’expo “Europunk” à la Villa Medicis, il y a deux ans. Eric est parti vivre à Austin, donc pas possible d’en parler avec lui, probablement en amont de ce j’ai vu hier.
Mon escapade dans les jardins du palais royal m’a coûté beaucoup de sommeil (3h30 pas la nuit dernière) et la suspension matinale aux fils de TRX à la porte d’Auteuil m’a fatiguée, malgré un soleil matinal absolument galvanisant et une marche nocturne dans paris à une heure plus raisonnable ce soir.

Voyage à Metz et au Luxembourg

Lundi 30 juillet 2012

Si j’étais une héroïne d’opéra Romantique, quitte à aller à l’est j’irais à Reims. Mais nous sommes au 21ème siècle, je suis marquée au fer rouge par Toute La Culture et quand mes vacances tombent à l’eau, je pars sur un coup de tête à …Metz.

Accueillie avec une gentillesse et un cœur qui m’ont faite fondre par S & G dans leur superbe maison-usine qu’ils redécorent avec tant de goût et d’amour à eux seuls, j’ai été à la meilleure école messine possible : rencontre avec un échantillon du staff du Centre Pompidou dès mon arrivée et mise au parfum avec l’importance que la nuit blanche revêt dans la ville de Moselle, prospère grâce à sa centrale électrique privée mais moins intello que Nancy, étudiante. Surtout, aussi bien en design qu’en architecture, cela fuse de références et de passion, je prends note, pour étude plus tard et pourrais déjà passer aux travaux pratiques avec le bivouac des frères Bouroullec exposé et prolongé comme pour ma venue au Centre. Puis nuit calme éclairée par les grandes lucarnes resculptées par mes amis dans leurs façade dans des draps et sur un sol d’un blanc plâtre immaculé. Et… luxe plus grand que chez moi, la prise pour l’i-phone était à portée de main.

Le lendemain, départ sur les chapeaux de roues pour la gare et direction Luxembourg pour revoir le Mudam, sur invitation de son formidable et énergique directeur. Le musée m’avait agréablement marquée, lors d’un voyage presse, il y a deux ans et demie, mais je ne me rappelais pas le bâtiment de Pei aussi lumineux et beau. J’écrirai probablement sur l’exposition autour de la polémique Gelle Fra alias Rosa Luxembourg de la croate sanja ivekovic, que j’avais déjà vue au MOMA en février dernier. Même si je ne suis pas sûre de suivre ses performances politiques un peu faciles et que je préfère les années 1970 et sa video sur ses “personal cuts” qui m’avait déjà marquée à beaubourg aux promesses du passé.

Au-delà de la grande rétrospective Ivekovic, et de ses collections réarrangées en fonction de la question de l’abstraction, le Mudam mettait à l’honneur 4 autres artistes contemporains. Dont les véhicules fous de Steven C. Harvey et surtout les vidéos réflechissant sur le passé récent du Portugal de Filipa César. Et le vrai moment de grâce de ce voyage a été de “surprendre” tout au fond de l’exposition, alors que défilaient les images d’un projet architectural de logement à loyer modéré dans un quartier de Porto, le gardien qui a vécu la fin de Salazar expliquer l’œuvre de Filipa César à deux messieurs belges d’un certain âge qui se trouvaient au Congo et donc non loin de l’Angola au moment de la guerre de décolonisation (qui a quand même duré 13 ans). Un moment suspendu dans le temps où ce gardien merveilleux remettait les oeuvre dans le contexte historique, mais avait TOUT appris également de l’artiste pour mêler l’histoire, sa biographie à lui au projet jamais dévoyé de celle qu’il commentait. Tout juste magique et interrompu par l’arrivée souriante du directeur du musée qui m’a littéralement promenée tout l’après-midi au Mudam même puis au musée des 3 glands au casino et dans Luxembourg. J’ai appris en quelques heures une bonne partie de l’histoire si complexe de ce petit pays. Au Casino, qui est un lieu important ans un livre écrit par mon cicérone, je me suis risquée jusque dans les combles. Un brillant architecte vivant à New-York nous a accompagnés une partie du chemin. Quand mon amie S, toujours aussi prévenante, est venue me chercher en voiture de Metz, nous avons tous bu à des terrasses et marché à travers la verdure et les ministères de la vivante et très chic ville de Luxembourg. Soirée plus calme à Metz avec un presque monopoly et un passage nocturne mais pas noctambule par deux bars messins.

Le lendemain, avant d’attraper mon train, j’ai eu l’occasion d’enfin visiter de Centre Pompidou. Qui est à la hauteur de sa réputation : l’architecture est sublime : Le directeur brièvement croisé avec S semble absolument brillant, et l’exposition 1917 est formidable. Même si j’ai dû un peu m’endurcir pour ne pas me laisser toucher comme c’est toujours le cas par les gueules cassées, la mémoire de la fraternité du front et même si certains effets de la révolution russe et certaines sources littéraires ou cinématographiques avaient été sciemment mises de côté. Un petit tour en ville, centre commercial, boutique médiocres et plus classe ainsi que tour chez Damart compris. Un yaourt au soja, passage par le FRAC Lorraine et une installation végétale dans une église où je me suis transformée en inclusion de noël et il était temps de rentrer. Épuisée (comme d’hab’) mais bien plus riche…

Le meilleur des mondes : A la découverte des collections du Mudam

Mardi 16 février 2010

Jusqu’au 23 mai, le Mudam (Musée d’Art Moderne Grand Duc Jean) montre une partie de son impressionnante collection d’art contemporain sous forme d’interrogation. Le meilleur des mondes dépeint par Huxley est-il le nôtre ? Les 90 artistes contemporains de l’exposition méritent un petit voyage dans la ville de Luxembourg. Surtout qu’au même moment le casino montre lui aussi une vingtaine de plasticiens contemporains autour du thème original et percutant de nos vies quotidiennes dans son exposition « everyday(s) ».

I. M. Pei Architect Design © Photo : Christian Aschman, 2009

Niché dans le parc des « Trois glands » et bâti en continuité avec les vestiges d’une forteresse du XVIII è siècle, le Mudam est l’un des trois musées d’Europe (avec la pyramide du Louvre et le Deutsches Historisches Museum de Berlin) à avoir été construit par l’immense Ieoh Ming Pei. En Pierre de bourgogne et avec d’immenses espaces en verre laissant filtrer des tombereaux de lumière, il est un écrin parfait pour les 423 œuvres de la collection réunie depuis 1996 au sein du Fonds Culturel National, devenu la Fondation Mudam. Le nouveau directeur du Mudam, Enrico Lunghi, qui a pris le relais de Marie-Claude Beaud en janvier dernier, a décidé de montrer dans l’exposition « le meilleur des mondes » comment la collection du Mudam est « une collection engagée dans le monde ». Suivant le fil rouge de l’illustre distopie écrite par Aldous Huxley en 1932, il propose une sélection de110 œuvres (90 artistes)selon 4 thèmes différents et qui racontent 4 histoires totalement ouvertes à l’interprétation du visiteur. Celui-ci est cependant guidé dans chaque thème par une phrase d’exergue, tirée du livre de Huxley.

A l’entrée du musée, le prologue illuminé de Sylvie Blocher doit mettre en parallèle ce chant politique qu’est l’Internationale et ce chant supposément ludique qu’est le cri des 7 nains de Disney (Hey ho hey ho).

Sylvie Blocher, Men in Pink, 2001, © Photogramme : Sylvie Blocher

« De nos territoires » présente à travers le regard de divers artistes nos contrées imaginaires. Certaines sont de violents champs de batailles (superbe plateau de Jan Fabre), des contrées interdites (les dessins de lieux interdits à la photographie d’Alexandra Croitoru), des interrogations sur la langue comme lieu des images (installation de Pierre Bismuth autour du Livre de la Jungle), ou des labyrinthes interdits (salle dans le noir où des fils barrant le passage sont visibles aux rayons ultraviolets de Claude Levêque).

Jan Fabre, Strategieveld (de Slag bij Gulliver), 1998, © Photo : Christian Mosar

Ne manquez surtout pas la poétique fontaine baroque d’encre chinoise imaginée par Su Mai Tse pour lier des époques  et des contrées que tout éloigne.

« De nos visages » présente une image humaine étrangement inquiétante. Dans « Beijing Holiday », Edgar Honetschläger ballade une poupée de Madame Tchang Kaï-Check en reprenant plan par plan le film Vacances romaines de William Wyler. Quelques clichés récents de Cindy Sherman font grimacer de fascination tandis-que les portraits glacés des femmes vues par Katrin Freisäger semblent désincarnées. D’autres grands noms de la photo sont présents dans cette galerie de portraits distordus, parmi lesquels Thomas Struth, Nan Goldin et Gilbert & George. La thématique se clôture par une série de portraits vidéo de Marina Abramovic.

Cindy Sherman, Untitled # 318 (Mask), 1996, © Photo : Christof Weber

« De nos artifices » interroge notre rapport à la nature. Une grande installation de Kim Sooja fait voler la soie délicate de tissus de Corée. Des photos de Gusrky, Günter Förg, et Thomas Ruff dépeignent nos architectures et nos créations en astres ou désastres, tandis que Bruno Baltzer montre un fête foraine fantôme dans la ville de Luxembourg. La thématique se ferme sur une analogie toute baudrillardienne de Claude Levêque entre Auschwitz et Disneyland.

Enfin, au sous-sol, « De nos vies intérieures, de nos rêves, et de nos cauchemars » ouvre la porte vers un univers neo-surréaliste absolument stupéfiant. La traversée de ce sous-sol se fait comme dans un rêve et on laisse lentement son inconscient entrer en résonance avec la gigantesque sculpture de Tony Craigg, avec les Polders de Tatiana Trouvé et sous forme de rire un peu jaune,  avec les poèmes criant leur inanité en néons de Maurizio Nannucci, avec le faux film gore sur le monde l’art du luxembourgeois Antoine Plum (réalisé pour la biennale de Venise en 2005).

Maurizio Nannucci,The Missing Poem is the Poem, 1969, © Photo : Roman Mensing / www.artdoc.de

Pour ceux et celles qui ne connaissent pas encore le Mudam, l’exposition « le meilleur des mondes » est l’occasion d’aller découvrir le bâtiment de Pei, sa lumière, et aussi les pièces permanentes du musée : la chapelle pas très orthodoxe et totalement neo gothique de Wim Delvoye, ainsi que le portrait du Grand Duc du Luxembourg par Stephan Balkenhol.

Le Mudam propose également des projections sur grand écran d’artistes des collections dans le cadre du cinémudam.

Et 6 artistes viendront parler dans l’enceinte du musée ce printemps (KimSooja, jan fabre, Chad McCail, Gusrky et Ruff & Becher). Plus d’infos ici.

Danica Phelps

Enfin, en ville, le Casino de Luxembourg est un forum d’art qui vernit en même temps que le Mudam et son exposition « everyday(s) » permet de découvrir – en pleine réflexion sur le quotidien -une vingtaine de jeunes artistes. Parmi eux : Valerie Mrejen que nous ne présentons plus au public français, les vidéastes David Bestué & Marc Vives, qui déforment avec humour tous les gestes du quotidien dans leur appartement de Barcelone, Bruno Baltzer (aussi présent au Mudam) qui photographie avec une violence toute œdipienne son père debout dans une piscine vide et qui se remplit au fur et à mesure que les clichés sont pris, et enfin Danica Phelps dont le journal intime explose en esquisses reproduites après ventes et qui interpelle sur l’intime, la reproduction, et l’argent.

« Le meilleur des mondes. Du point de vue de la collection Mudam », jusqu’au 3 mai 2010, Mudam (Musée du Luxembourg, Musée d’Art Moderne Grand Duc Jean , 3 Park Draï Eechelen, L-99, Luxembourg, TGV gare du Nord-Luxembourg (un peu plus de deux heures), mer-ven, 11h-20h, sa-lun 11h-18h, fermé le mardi,5 euros (TR 3 euros), infos : +352 45 37 85-960.

« Everyday(s) », jusqu’au 11 avril 2010, Casino Luxembourg, 41, rue Notre Dame, L-2015, Lun, mer, ven, 11 h 00 – 19 h 00, Jeu, 11 h 00 – 20 h 00, Sam-dim, 11 h 00 – 18 h 00, 4 euros (TR 3 euros), infos : +352 22 50-455.