Paris-Orléans-Paris
Jeudi 30 avril 2009Sept jours en France, dont deux à Quimper et un à Orléans. Ceci veut dire : pas beaucoup de sommeil. Lundi matin, j’ai pu aller faire les boutiques, histoire d’avoir quelque chose à me mettre sur le dos dans le printemps new-yorkais. J’ai passé un joli moment avec ma maman, à essayer le nouveau Coste de Saint-Germain des près ; ambiance empire guindée et un peu triste à mille lieues du tartare ensoleillé des Deux magots voisins. Puis j’ai circulé dans un Paris légoland pour voir deux très proches amies et me retrouver plongée à Goncourt dans l’ambiance feutrée d’un salon de musique contemporain tenu par un amateur de belles notes que je voulais rencontrer depuis quelques mois. Entre Kurt Weill et Pierre-Yves Macé, le son m’a donné des ailes et donné l’envie de faire ma Rahel Varnhagen dans ce lieu atypique. Je pense bien que j’y serai souvent à mon retour : voici la programmation. La journée s’est close par un fort beau bal masqué en famille dans mon cher opéra Bastille, où –il est vrai- le son est moins pur qu’au met’, mais les voix étaient fantastiques et la mise en scène épurée marchait parfaitement. Ma grand-mère était radieuse, toute de noire vêtue, et mon voisin était absolument adorable, Allemand, avec son papa mélomane à ses côtés. Le monde du net parisien étant petit, nous nous sommes trouvés en deux changements de décor et deux mails, pas mal d’intêrets communs. La nuit a été un peu écourtée par un ami qui demandait l’asyle politique sous mon toit.
Hier fut une journée ensoleillée et à tonalité en3mots. J’adore retrouver l’ambiance du bureau, la réunion de la rédaction de la semaine me manque avec son florilège d’idées boomerangs. La préparer fébrilement à la recherche d’idées entre Voici, les blogs littéraires et les prochains concerts aussi. Et la com’ commence à décoller grâce au grand talent de mon frère que j’ai adoré voir épaulé par notre cousine pour discuter d’un projet passionnant : un vrai blog d’information enthousiaste sur l’Amérique d’Obama. www.Obamazoom.com. Ayant déjeuné (avec ma nounou) et dîné (avec une très proche amie) à ma cantine du quartier, j’ai aimé me laisser emporter par l’adaptation british d’un de mes romans français préférés : « Chéri » de Colette. Frears a un talent excentrique pour faire valser la belle époque, aussi bien qu’il avait retrouvé le soyeux mordant du XVIII e siècle dans ses « Liaisons dangereuses ». Pfeiffer était parfaite et en mère de chéri replète Kathy Bates (oui oui la tortionnaire de « Misery ») était délicieusement extravagante. Rideau tardif après un verre trop sonore aux vieux « Sir Winston » où j’ai sagement pris un coca (pourtant leur liste de whiskys vaut le détour) avec un collègue thésard suisse, bien plus avancé que moi dans l’écriture de sa thèse, mais qui comprenait au quart de tour les affres de mes derniers mois. Dans la nuit, j’ai du finir la lecture des 200 pages comprenant les 141 lettres écrites par Max Jacob à Maurice Sachs entre 1926 et 1930 que la femme efficace avec qui je travaille à l’édition de cette correspondance avait déjà saisie.
Coucher 4h, réveil, 7, et arrivée en fanfare à la gare d’Orléans à 9h du matin. Journée studieuse à reprendre le contenu merveilleux de ces lettres depuis les manuscrits conservés à la médiathèque d’Orléans ; il y a tout dedans : l’amour, l’amitié, la foi, la jalousie, le judaïsme, les leçons de Max sur l’Art poétique, ses calembours et ses blagues, ses mots de vipère, l’homosexualité, des voyages, des croquis de Max, et même un peu de politique. Bref un bon scénar pour un blockbuster américain.
J’écris depuis le vieux teuf teuf qui me ramène vers Paris, à temps pour passer une soirée avec mon modèle : ma chère grand-mère, son accent russe, son élégance et sa curiosité énergiquement intacte, dîner gourmet chez Senderens, et une pièce de ma chère Marguerite Duras à la Madeleine.