Articles taggés avec ‘Lily Allen’

Glory Lily

Mardi 21 avril 2009

Temps de chien sur New-York, des cadavres de parapluies gisent sur les trottoires où grimaçent quelques passants déjà nostalgiques d’un printemps qui ne vient pas. Les shows ont continué avec T. Avec notablement un anniversaire dans une boîte gay hier : le greenhouse. Numéro notable de strip-tease d’une femme grimmée en nazi et se déshabillant sur “sex-bomb” de Tom Jones. Le fait que nous ayions choisi ce “hit” pour préparer un spectacle à la bar-mitzvah de mon petit-frère et que nous ayions préparé ce show sur les tables de notre hypokhâgne avec T. rendait le grotesque (ou burlesque “comme ils disent”) de ce fascinant fascisme encore plus déroutant. Deux pages de thèse, quelques centaines de pages de George Eliot, une expérience kafkaïenne à la poste et une pause cliché dans un bureau de Columbia plus tard, j’ai rejoint T sous des trombes d’eau devant la Public Library et l’ai emmené dîner chez Katz. Ecrasé par NYC, T est rentré écrire à la maison, pendant que je me rendais à un concert assez attendu : Lily Allen. Mon coup de sang pour “It is not you, it’s me” était déjà un peu passé. Mais j’avais hâte de voir la starlette qui a une double page dans le new-yorker (à égalité avec beyoncé) à l’oeuvre. Grosse encore, mal fringuée (pull à capuche et tunique sur mini-short moulant h&m ont valsé, pour laisser place à un petit top transparent qui laissait voir les plis du ventre et les tétons), Lily a commencé doucement pour monter en puissance dans ce dernier concert américain. C’est l’occasion pour moi d’annoncer que je suis CONTRE le bob comme coupe de cheveux. Ok si posh spice décide de faire sa fashionista, mais ça ne va pas au visage commun de Lily qui était mieux cachée derrière sa frange de paf. Commune (et bien entamée) est le mot pour Lily, qui tentait de toutes les forces et via un grand nombre d’injures de réveiller une salle de gens de mon âge et aussi éveillés que s’ils assistaient au “quatuor pour la fin des temps”. Un peu sursaturée au début (l’accordéon sur synthé, c’est pas terrible), le son est devenu meilleur en accoustique dans le Roseland Ballroom. Et malgré ses excuses pour sa voix un peu éraillée par la pluie et les clopes qu’elle fume sur scène, Lily a une voix magique, qui est la seule raison de ne pas s’en tenir  au CD. La chanson sur son père était vraiment sublime, même si la Allen avait gardé ses deux tubes “It’s not fair” et “Fuck you” ainsi que le premier single de son dernier album pour la fin. Pour le reste, l’autodépréciation et les gros mots avec l’accent anglais ne remplaçent pas le charisme. Et la première partie était si catastrophique (des rockers grossiers de seattle) que j’ai bien avancé de deux-cents pages dans Middle-Marche. En rentrant, papote avec T. Nous préparons la révolution… à échelle humaine.

Lily

Lundi 23 mars 2009

Bon, cette chanson me fait sourire et j’aime les chanteuses vulgaires et qui s’en sortent.

Princeton

Vendredi 13 février 2009

Ma calme vie new-yorkaise a commencé comme il se doit par un yoga à la sortie de l’avion hier. Ce matin, dans les rues du upper east-side, cela sentait tellement le printemps, que j’ai été prise d’une fièvre acheteuse. Nouveaux vêtements donc, et sac très chic H&M pour sauter dans le train qui me menait à Princeton. J’allais y écouter la classieuse Martha Nussbaum sur le mariage gay. Blonde, maigre, élégamment liftée, avec un débit de mitraillette de la guerre froide, le professeur Nussbaum est à la hauteur de sa réputation. Sa démonstration a été efficace : aucun des arguments contre le mariage gay ne tient si ce n’est un vieux fantasme de contamination basé sur le sentiment de dégoût, pareil à celui que provoquait un couple d’ethnies mixtes dans les années 1950. L’amie qui m’a conduite à cette conférence fait son M2 sur le sujet et a retrouvé sur place trois camarades normaliens. La discussion à table dans une pizzeria classique du New-Jersey m’a ramenée huit ans en arrière. Agrégés et à l’étranger, ces jeunes esprits surdoués n’ont pas changé depuis mon expérience de l’hypokhâgne : des ayatollah de la philosophie. Il y a ce qui est intéressant et ce qui est “nul”. L’intéressant est parfaitement partagé entre des agencements glacés de pensées froides et fortes et des blagues de potaches. Le reste – dont le dialogue même -n’est “que” littérature. Et donc méprisable. Et c’est toujours aussi frustrant de rencontrer tant d’intelligence concentrée sous de si métalliques œillères. De mon côté, j’ai enfin un peu grandi et ne me sens pas forcément conne sous prétexte que je n’appartiens pas à leur monde. Je n’ai même pas tenté ce concours des grands dieux et je crois que, finalement, j’en suis remise, même si pendant longtemps passer devant le 45 rue d’Ulm me glaçait le coeur. Mais je suis toujours surprise et peinée de me heurter à un tel manque de générosité intellectuelle et de ne pouvoir vraiment entrer en conversation avec des gens brillants. Qui plus est Princeton m’a aussi rappelé une autre couche de mon passé, puisque c’est Théo qui avait été mon Cicerone sur le campus lors de ma première visite et de nos premières retrouvailles après 3 ans de rupture. Mais la pizza était délicieuse, le fond de l’air frais et campagnard, et j’étais bien contente de rentrer avec mon gros Gallimard dans le train en écoutant l’excellent dernier album de Lily Allen. A 23 ans, la petite a tout compris, et c’est un bonheur que de l’entendre avec son accent vulgaire et british raconter comment elle méprise un ami raciste (“Fuck you”), comment elle quitte un homme qu’elle ne veut plus revoir (“Never gonna happen”) et surtout comment elle découvre que les hommes de 30 ans peuvent être de très mauvais coups (“It’s not fair”). Il y a là-dedans une vitalité et une envie de bonheur simple qui me ravissent. J’ai du interrompre le fil sur le quai du métro qui ne vient jamais après 10 heures du soir pour engager une conversation passionnante avec un jeune-homme qui a pris le même train que moi et qui enseigne l'”écriture” à Princeton. Dans un premier temps, j’ai demandé à le lire; ensuite, je compte bien lui demander comment on peut enseigner « l’écriture créative”.