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The Limits of Control : le dernier Jarmusch livre l’image sans le code

Samedi 28 novembre 2009

Dans “The limits of conrol”, Jim Jarmusch retrouve Isaach de Bankole (“Ghost Dogs”, “Coffee and cigarettes”) et lui donne le rôle d’un tueur à gage entrain d’achever une mission en Espagne. Rythmes lents, jeux de miroirs, peu de dialogues et pas d’explications pour des images superbes, et quelques scènes cocasses, le tout est à réserver aux fans de Jarmusch. Les autres risquent de fort s’ennuyer…

Un homme mystérieux, habillé d’un costume bleu impeccable et buvant toujours son double expresso dans DEUX tasses est en mission en Espagne. On comprend à mi-mots lors des conversations laconiques qu’il a avec d’autres inconnus mystérieux (dont, excusez du peu, Jean-François Stévenin, Tilda Swinton, John Hurt, Bill Murray et Gabriel Garcia Barnal) qu’il a une mission à accomplir. Le soir, il se repose dans des chambres impeccables où l’attend une superbe bimbo brune à lunettes avec qui il ne fait que dormir. Il prend des trains, plie son costume et range sa mallette, et multiplie des conversations très elliptiques avec des informateurs sans nom.

Exercice de style porté par le regard déterminé et fixe de Isaach de Bankole, “The limits of control” joue avec les nerfs et l’ignorance du spectateur. La frustration ne rend l’image dorée au soleil d’Espagne par les soins de Christopher Doyle (chef opérateur qui a notamment travaillé avec Wong Kar Wai) que plus belles. Et la répétition hypnotique des plans et des situations transmue les personnages entrant et sortant du champ en purs archétypes. Si le film n’est à recommander chaudement qu’aux fans de Jarmusch et aux cinéphiles à la patience angélique, la scène où Bankole croise Tilda Swinton en blonde platine sous son chapeau de cow-boy est un moment de réflexion (et de dialogue!) jouissif sur la vraie nature du cinéma. Lorsque Jarmusch décrit son inspiration pour le film, il dit s’être demandé ce que donnerait un remake de “Point Blank”de John Boorman par Jacques Rivette ou du “Samouraï” de Melville par Marguerite Duras… A méditer.

“The limits of Control” de Jim Jarmusch, avec Jean-François Stévenin, Tilda Swinton, John Hurt, Bill Murray et Gabriel Garcia Barnal, USA, 2008, 1h56, Sortie le 2 décembre.

New-York sous la pluie

Jeudi 7 mai 2009

Retour à la vie tranquille de Manhattan après les folies françaises. Energisée par les amis et la famille, ainsi qu’un peu de bronzette sur le balcon du bureau, j’ai repris une vie studieuse mais non dénuée d’éclaircies culturelles. Aznavour sur scène, d’abord, le soir de mon arrivée (après m’être faite faire les ongles, il y a des urgences quand-même). 87 ans, 2h de chant non-stop, quelques pas de danse, et un public qui l’accueille debout avec applaudissements et youyous, le patriarche de la chanson française a encore de l’énergie à revendre. Et un joli brin de voix, malheureusement un peu étouffé par des orchestrations un peu has-been et saturées à la seventies. Bref, émotion. Petite expo au Met dimanche, qui essaie de recenser un nouveau mouvement artistique autour de cindy sherman, richard prince, laurie simmons, barbara kruger, john baldessari et james casebere. Des artistes qui comptent et qui auraient transmué le minimalisme et l’art abstrait d’où ils venaient sous l’influence du pop art pour revenir au cadre au début des années 1970. Puis le dernier jarmusch, qui ne sort pas en France avant décembre prochain, très esthétique, référentiel mais sans queue, ni tête, ni même colonne vertébrale malgré la structure répétitive et travaillée en longueurs. Lever tôt le matin, je noircis des pages et des pages de thèse enfin! et gym ou yoga presque tous les jours. Retour au tango aussi, avec une milonga où j’ai traîné quelques danois hier et mon cours ce soir avant de filer à l’opéra- seule- pour la dernière fois. le met ferme ses portes à la fin de la semaine, et j’ai clos ma série intensive de bel canto par une cenerentola de Rossini de très belle qualité. Pas de voisin sexy, mais une place assise offerte au 6e rang, et la découverte de la voix chaude et suave d’une extraordinaire mezzo lituanienne : eliana garancas. Deuxième visite à l’hôpital aujourd’hui, cette fois-ci pas pour moi, mais pour l’homme que j’ai adopté comme grand-père et qui ne le sais pas. On l’opère demain, anesthésie générale et j’ai mal au ventre d’angoisse. Lui était très en forme, m’a longuement parlé de kandinsky, de manet,et de “la femme du boulanger” et espère rentrer au plus tôt dans ses foyers pour finir son prochain livre. J’en suis à prier, tellement j’ai peur. Surtout que l’hôpital est une maison folle où les médecins se succèdent avec  des informations contradictoires, lui prenant sans cesse sa tension, le clou étant le jeune sous-anesthésiste venu lui poser des questions  dont la réponse figure dans le dossier et lui disant qu’à son âge une anesthésie générale laisse des traces parfois permanentes où les gens ne se reconnaissent plus et pensent plus lentement! Heureusement, à ses côté, il y a l’infirmière qui s’occupe de lui à la maison Ziny, fidèle au poste dès huit heures du matin. Elle l’aime vraiment et ça se voit et je l’admire et lui suis reconnaissante de s’occuper de lui de tout son coeur. Elle nous a laissés tous les deux, et est partie en rigolant serviette hygiénique à la main, nous expliquant qu’elle avait ses règles et qu’elle allait la changer! bedtime et debout 7 heures demain pour continuer cette maudite thèse…