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Sortie dvd : Allemagne mère blafarde de Helma Sanders-Brahms

Dimanche 7 mars 2010

Le film culte de la réalisatrice de « Clara » (voir notre article) sur le parcours douloureux de sa mère pendant la Seconde Guerre mondiale est pour la première fois disponible en Dvd chez Carlotta films.

« …Ô Allemagne, mère blafarde!
Comment tes fils t’ont-ils traitée
Pour que tu deviennes la risée
ou l’épouvantail des autres peuples!.. »

Très allemande même si un peu brune, Lene(Eva Mattes) épouse Hans (Ernst Jacobi), qui refuse de rejoindre le parti nazi comme la plupart de ses amis. La guerre éclate et le couple se trouve séparé par l’envoi de Hans sur le front polonais. Lors d’une permission de Hans, Lene tombe enceinte. Anna naît et son père ne la voit pas grandir. Après la destruction de leur maison, Lene et Anna se retrouvent sur les routes d’une Allemagne en débâcle. La mère courage devient Trümmerfrau dans un Berlin dévasté. Ce que Lene a tant souhaité : la fin de la guerre et le retour de Hans s’avèrent être des épreuves insurmontable. Les violences de la guerre ont détruit la psychologie du sensible Hans, Anna vit très mal la fin de son idylle en tête à tête avec sa mère et Lene sombre dans la maladie et la dépression.

Reprenant un vers de Bertolt Brecht dans son titre, « Allemagne mère blafarde » montre la souffrance d’une allemande ordinaire prise dans la tourmente d’une guerre qui n’a pas épargné les civils. D’une violence psychologique inouïe, le film est si fort, qu’il est à la limite du supportable. D’autant plus quand on sait qu’Helma Sanders-Brahms y raconte l’histoire de sa propre mère, avec ses images nues et crues d’une femme qui marche de ruine en ruine, une valise avec leurs quelques biens sauvés à la main. Elle fait jouer son propre rôle à sa fille, Anna, et narre elle-même l’histoire en voix off. Un film qui a été très mal reçu en Allemagne et est a d’abord été reconnu partout ailleurs en Europe, avant de devenir culte dans le pays de Helma Sanders-Brahms. A voir ou à revoir absolument.

Dans les bonus du Dvd, ne manquez pas l’interview de la réalisatrice revenant sur son film trente ans après.
« Allemagne, mère blafarde », de Helma Sanders-Brahms, avec Eva Mattes, Ernst Jacobi, Anna Sanders, Elisabeth Stepane, Allemagne, 1980, 117 min, VOST, 19.99 euros. Sortie le 25 mars 2010.

Dvd : la triste histoire de Clara Schumann

Mercredi 25 novembre 2009

Changement de registre pour l’actrice allemande Martina Gedeck. Celle qu’on a vu recemment dans le rôle de  l’intello de la Rote Arme Fraktion, Ulrike Meinhof dans le film “La bande à Baader, de Bernd Eichinger, a aussi incarné la mythique Clara Schumann dans un film signé Helma Sanders-Brahms (“Allemagne, mère blafarde”). Vous pouvez désormais visionner cette version ciné des romances de Clara Schumann avec les compositeurs Robert Schumann et Brahms, chez vous grâce au Dvd Bodega films, sorti le 19 novembre.

En 1850, après des mois de tournée épuisants, Robert Schumann(Pascal Greggory)trouve enfin un poste fixe à Düsseldorf. Mais la fatigue des nerfs l’empêche de vraiment exercer cette fonction, si bien que c’est sa femme, Clara, qui en plus d’élever cinq enfants, a le culot de diriger un orchestre d’hommes pour les préparer à l’exécution du chef-d’oeuvre que son mari est entrain de composer : sa symphonie n°3, dite “rhénane”. Un jeune compositeur très prometteur, Johannes Brahms (Malek Zidi) arrive comme un ange à la rescousse du couple. S’occupant des enfants, et apportant une nouvelle énergie aux Schumann très préoccupés par les crises de Robert et son addiction au laudanum, il tombe amoureux de Clara, de quatorze ans son aîné.

Comme l’histoire d’Alma Mahler, de Lou Andreas-Salomé ou d’Anaïs Nin, la destinée de muse de plusieurs génies incarnée par Clara Schumann continue de fasciner. Le portrait de femme libre et forte,malgré les contraintes, qu’en fait Helma Sanders-Brahms est classique et surtout pudique. Mais le sur-jeu abominable de Pascal Greggory, la platitude des dialogues, et le côté viscontien des images amidonnées, plombent la subtilité des amours suggérées, l’érotisme parfaitement mature que dégage Martina Gedeck, et la fraîcheur sympathique d’un Malek Zidi à contre-emploi. A la décharge du film, enserrer un mythe dans des images et essayer de sortir une figure comme Clara Schumann de sa tragédie de femme qu’on s’imagine fatale n’est pas facile. De grands cinéastes se sont déjà cassés les dents sur de tels sujets, comme par exemple Liliana Cavani (“”Portier de nuit) dans l’évocation kitschissime des amours de Lou Andreas-Salomé (“Au-delà du bien et du mal”, 1977).


Clara – Bande Annonce FR
par _Caprice_

Clara, de Helma Sanders-Brahms , avec Pascal Greggory, Martina Geddeck, Malik Zidi, 2006, Bodega films, sortie du Dvd le 19 novembre 2009, 20 euros.