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Turner inspiré au Grand Palais

Vendredi 26 février 2010

Depuis le 24 février, l’exposition “Turner et ses peintres” met en lumière les grands inspirateurs -maîtres et contemporains- du grand paysagiste anglais. L’ étape française de cette grande exposition démarrée cet hiver à la Tate met en valeur l’impact des collections du Louvre sur l’art de Turner après sa visite de 1802 et notamment sa passion pour Claude Lorrain.

“Étudiez la nature attentivement mais toujours en compagnie [des] grands maîtres. Considérez-les comme des modèles à imiter et comme des rivaux à combattre.” Sir Joshua Reynolds, Discours sur l’Art, 1779.

Né dans une famille modeste de Londres, William Yurner est un pur produit de la Royal Academy of Arts où les artistes apprenaient en copiant les grands maîtres. L’exposition “Turner et ses peintres” montre de quelles sources l’artiste s’est inspiré en donnant à voir ses copies et sublimations à côté des tableaux de maîtres classiques  ou de ceux de ses contemporains qu’il a su surpasser. Puis en évoquant la “Turner Gallery”, salle où Turner reconnu exposait ses peintres préférés souligne, les commissaires de l’exposition montrent la fidélité de la reconnaissance et de l’admiration de William Turner pour ses maîtres. Vu sous ce jour nouveau, le sublime des paysages turneriens prennent de nouveaux reliefs, et l’on découvre également certains portraits ou scènes mythologiques inspirés au peintre par Raphaël ou Titien. Plus qu’une simple rétrospective ou exhibition des trésors de la Tate (comme avait pu l’être par exemple l’exposition Turner du Metropolitan Museum de New-York à l’automne 2008), “Turner et ses peintres” est une réflexion sur les engendrements et les influences en peinture.

Intitulée “Un apprentissage britannique”, la première salle découvre un jeune Turner connu pour ses talents d’aquarelliste, et sa préoccupation, ainsi que sa capacité, à s’inspirer de certains de ses pairs, comme son ami Thomas Girtin, pour les surpasser. La deuxième salle commence avec la consécration : l’élection comme membre associé à la Royal Academy en 1899, ainsi que l’impact de la première visite de Turner au Louvre en 1802, sur son œuvre. Le carnet de dessins pris par Turner dans les galeries du Louvres est particulièrement touchant. On comprend combien Poussin, Savator Rossa,  et surtout le Lorrain qui lui arrache des larmes, ont modifié la manière de peindre des paysages de l ‘aquarelliste passés à l’huile.

Adaptant  la mode vaporeuse anglaise le classicisme français, Turner adapte par exemple en 1805 “L’hiver ou le déluge” de Nicolas Poussin (1660-1664) et il modifie à peine dans “Appulia à la recherche d’Appulus” (1814) le “Paysage avec Jacob,Laban et ses filles” du Lorrain (1654). Enfin, inspirés du Titien, la “Sainte famille” ou “Venus et Adonis”, deux toiles très éloignées des paysages classiques de Turner montrent des visages  éblouissants. Il n’y a pas que le Louvre qui fait de l’effet à Turner lors de son premier voyage à Paris, et la troisième salle de l’exposition montre comment le “salon de 1802” a nourri la réflexion de Turner sur la perspective.

C’est seulement à la quatrième section de l’exposition “Les ressources du Nord” qu’apparaît le thème canonique de l’œuvre de Turner : la question de la lumière à travers sa passion pour Rembrandt (ne manquez pas la Jessica plus rembrandtienne que Shakespearienne peinte par Turner en 1830).

Dans la salle suivante “Le culte de l’artiste”, les influences d’artistes aussi divers que Watteau, Raphaël, Canaletto, et Ruysdae! sont évoquées. A tous ces inspirateurs, Turner a rendu hommage dans la galerie qui jouxtait son atelier de la 64 Harley Street et où il exposait ses toiles. Celle-ci et sa lumière venue du plafond sont partiellement reconstituées au sein du Grand Palais. La sixième salle “L’inspiration sublime” évoque  la poursuite du “sublime” par les artistes de la génération de Turner. Bien avant Kant, cette notion de sublime avait été conceptualisée par Edmund Burke en 1757 en opposition à l’harmonie du beau. Ainsi, Turner imprime sur ses paysages blancs et gris d’avalanches toute l’émotion de la catastrophe.

Partant du postulat que pour un contemporain de Turner, voir son tableau exposé à côté d’une œuvre du peintre “est aussi préjudiciable que le voisinage d’une fenêtre ouverte”, la section 7 “Expositions et compétitions”  montre la férocité de la concurrence, Turner n’hésitant pas à faire son cabot en “finissant” ses toiles en public sur le lieu de l’exposition. Enfin, la dernière grande salle “Turner et la postérité de sa peinture” prouve la durée de l’impact du Lorrain sur un Turner vieillissant et endeuillé. La section comprend des grandes toiles magistrales de Turner, comme le déclin de l’Empire Carthaginois, ainsi que les dernières toiles brouillées de soleils couchants et délicieusement inachevées  (“Solitude”, “Paysage avec une rivière”.

Turner repose dans la cathédrale St-Paul de Londres et si ses plus grands chefs d’œuvres sont répartis entre la National Gallery et la Tate,  l’exposition “Turner et ses maîtres” prouve bien qu’au Louvre aussi on détient certaines clé pour comprendre la magie de ses toiles.

La programmation culturelle autour de l’exposition”Turner et ses maîtres” prévoit des visites, des conférences, des concerts et aussi des projections de films inspirés par Turner comme “meurtre dans un jardin anglais” de Peter Greenaway. Pour en savoir plus, cliquez ici.

Pour en savoir plus sur Turner, lire notre critique du documentaire d’Alain Jaubert.

“Turner et ses maîtres” jusqu’au 24 mai 2010, Grand Palais, 3, av. du Général Eisenhower, Paris 8e (entrée square Jean Perrin), m° Champs Elysées Clemenceau, ven-lun 9h-22h, mar 9h-14h, mer 10h-22h, jeu 10h-20h, 11 euros (TR 8 euros).

Crédits : Rmn & Tate Photography

Art en Capital au Grand Palais

Jeudi 5 novembre 2009

Jusqu’au 9 novembre, Art en Capital relaie la FIAC sous la verrière du Grand Palais. Un rassemblement d’artistes contemporains qui ne font pas toujours de l’art contemporain…

Art en Capital tapis, ambiance, photo exclusive

Parmi les 4 sections d’artistes contemporains réunies dans cette exposition, aux côtés des artistes français, des Comparaisons, et des dessins  figure le célèbre Salon des indépendants, qui existe depuis 1848 et qui a permis à d’immenses maîtres de Van Gogh à , où les impressionnistes se sont illustrés dans les années 1880 et où le critique Louis de Vauxcelles a donné leur nom aux “fauvistes” (Matisse, Vlaminck, Van Dongen Marquet) en 1905.

Art en Capital 2009 Grand palais photo exclusive

Et pourtant au dessus de morceaux de tapis aux couleurs flashantes et discordantes, entassés sur des panneaux très resserrées, les oeuvres (presque toutes des peintures et des dessins) données à voir sont plutôt décevantes.

On ira donc plutôt voir du côté des pavillons internationaux, les dessins du japonais Solère.

Paris Art en Capital Solère Japon

Et du côté des artistes français les peintures très “garoustiennes” et primées par la médaille d’or d’honneur 2008 de la peinture de Yves Degorre.

Art en Capital paris Grand Palais photo exclusive Yves Degorre

Mais cet Art en Capital 2009 est bien décevant, et ne dégage aucune énergie, ni aucune créativité. Si vous cherchez du nouveau, en cette fin de semaine à Paris, allez plutôt voir du côté du 104 et de la “Jeune création”.

Art en Capital, jusqu’au 9 novembre, Grand Palais, 11h-19h30, nocturne jusqu’à 22h jeudi 5, et fermeture à 16h lundi 9, 10 euros (TR. 6 euros).

Renoir ou l’inventivité des dernières années au Grand Palais

Mardi 22 septembre 2009

Commençant au moment de la consécration de Pierre Auguste Renoir lors de la rétrospective que lui consacre la galerie Paul Durand-Ruel en 1892, l’exposition que le Grand Palais consacre au maître du nu interroge la manière dont celui-ci a continué de se renouveler dans les trente dernières années de sa vie. Son secret de jeunesse : ne abandonner l’idée que « la peinture est faite pour embellir ».

Nu sur les coussins (1907) Rmn/ Hervé Lewandowski

Nu sur les coussins (1907) Rmn/ Hervé Lewandowsky

« Je commence à savoir peindre », s’exclame en 1913, à l’âge de 72 ans, Pierre Auguste Renoir.

Picasso, La grande baigneuse (1921)

Baigneuse assise dans un paysage, dite Eurydice (1883)
Baigneuse assise dans un paysage, dite Eurydice (1883)« Je commence à savoir peindre », s’exclame en 1913, à l’âge de 72 ans, Pierre Auguste Renoir. Le propos de « Renoir au

Picasso, La grande baigneuse (1921)

Le propos de « Renoir au XX e siècle » est de montrer qu’au-delà des combats impressionnistes, le Renoir des dernières années est une figure clé du XX e siècle. A travers des œuvres venues du musée d’Orsay, de l’Orangerie, du musée Picasso, mais également de musées américains moins connus et de collections privées, la commissaire de l’exposition, Sylvie Paty, propose un parcours thématique en 15 salles.

Et elle démontre que Renoir est un maillon indispensable entre les maîtres classiques, Raphaël, van Eyck, Le Titien, et Boucher, et les artistes les plus inventifs du XXe siècle. Les dernières œuvres de Renoir sont fort bien comparées à certains tableaux du Picasso des années 1920. On nous rappelle, à raison, que ce dernier avait lui-même fait l’acquisition de toiles de Renoir, comme la Baigneuse assise dans un paysage, dite Eurydice (1883) qui l’a inspiré pour sa Grande baigneuse (1921). Bonnard est bien sûr évoqué.

Le concert (1919) Art Gallery of Ontario

Le concert (1919) Art Gallery of Ontario

Mais aussi Matisse, puisque comme le peintre des odalisques, Renoir a voyagé en Algérie dans les années 1880. Tous deux capables de se renouveler complètement dans leurs dernières années, malgré des handicaps physiques (maladie articulaire pour Renoir, vue pour Matisse), Renoir et Matisse ont également tous deux réinventé l’orientalisme depuis leur atelier. La méthode, mise au point par Renoir, consistait à étendre des brocarts colorés derrière le modèle pour alimenter l’inspiration. Et il existe des correspondances entre Le Concert de Renoir (1919) et les Deux modèles en repos (1928) de Matisse que l’exposition montre côte à côte. Riche de renseignements sur la vie de Renoir dans ses ateliers des Collettes et de Cagnes, « Renoir au XX e siècle » affiche des photos rares où l’on voit Renoir aux côtés de sa famille, de ses amis (Mallarmé) et des marchands d’art (Antoine Vollard) qui l’ont suivi.

Les baigneuses (1918-1919)
Les baigneuses (1918-1919) Rmn/ Hervé Lewandowski

Rmn/ Hervé Lewandowski

Surtout, l’exposition permet de percer le charme des nus de Renoir pour y voir la force de la volonté de l’artiste. Celui-ci s’est de plus en plus éloigné du réel au fur et à mesure qu’il perfectionnait son art pour embellir ses modèles. Quitte à déformer les corps des femmes qu’il peignait pour les rendre plus Diane, plus lianes et à poudrer leur teint pour les rendre plus diaphanes. Même la Première Guerre mondiale ne détourne pas Renoir de sa quête du beau à tout prix. Et sa dernière grande œuvre Les baigneuses de 1919 impose la chair opale de corps ondulants dans un décor champêtre étouffé par la grâce. Ce testament porte un message : même dans de sombres temps, la peinture selon Renoir est faite pour embellir.


Une superbe exposition, extrêmement bien construite, qui convaincra même les plus sceptiques de l’immense influence de Renoir sur l’avant-garde du XX e siècle.

« Renoir au XXe siècle », Jusqu’au 4 janvier, Grand Palais, M° Champs-Elysées Clémenceau. Tous les jours de 10h à 20h, sauf le mercredi jusqu’à 22h, fermé le mardi et le 1er mai 2009. Tarifs: 11 euros / 8 euros.

Mariage à Quimper

Lundi 27 avril 2009

5 heures de train aller, 5 heures retour, et il est trois heures du matin et il est grand temps que je quitte mes collants filés sur mes ongles parfaitement rouges. Arrivée en retard hier sous un soleil qui jouait à cache cache avec les nuages sur les vieilles pierres et l’eau de Quimper, j’ai trouvé la voie vers l’hôtel au bord d’un parking de supermarché, et puis celle du glorieux Château de Lanniron où ma meilleure amie de collège épousait l’homme qui la rend heureuse depuis maintenant deux ans.

Scène inaugurale impressioniste dans le jardin éclairé par un soleil baissant, dans une compétition joyeuse de convives élégants -nombreux venus des quatre coins du monde – de champagne, de grands chapeaux, et de chaussures hautes s’enfonçant dans une pelouse encore rehaussée par le miroir d’une rivière.  Adolescentes, L et moi étions indiscernables, lisant les mêmes livres côte à côte et écoutant un Nirvana qu’elle m’imposait. Nos voies ont bien divergé, même si je l’ai reconnue  dans les énormes bocaux de bonbons ornant l’apéritif, les noms musicaux des tables, et une danse commune sur un tube que nous adorions dans les années 1990 : “Freed from desire” de Gala. Après l’essec, L est devenue une talentueuse financière et a beaucoup d’amis dans le même cas. Si bien que je ne connaissais personne à la superbe fête de mariage dans le fief breton de son mari.

Personne sauf sa maman, une des plus belles personnes que je connaisse, iranienne politiquement engagée, que je me rappelle toujours étudiant le droit  dans un nuage de fumée de cigarette et les effluves capiteuses de “Femme” de Rochas. Retournée vivre en Iran où elle “continue le combat” comme elle dit -cette fois-ci pour la cause des femmes-, cette maman modèle n’a pas changé d’un iota. Son discours, qu’elle m’a soumis avant de le prononcer (j’étais très honorée) m’a beaucoup touchée. Court, incisif, poétique et plein d’amour et d’espoir ferme sur le futur. En un mot, parfait. J’ai aussi été très émue de voir le père de mon amie ouvrir le bal en dansant la valse avec elle, si gracieuse sous ses soyeux cheveux noirs en chignon. Ce père est une figure mythique de mon enfance où je ne l’ai pas croisé puisque, opposant politique majeur du régime, il ne pouvait sortir d’Iran.

Le Persan est aussi un souvenir d’enfance et après quelques discussions très sympathiques avec les amis traders et publicitaires qui étaient à ma table, j’ai passé le reste de la nuit à  danser et parler en anglais avec l’un des cousin iranien de mon amie. Nous sommes mêmes rentrés à pied à l’hôtel dans une jolie expédition nocturne d’un kilomètre sous une pluie battante et très couleur locale, moi souffrant du froid dans mon dos nu et des talons estivaux perçant la plante de mes pieds. Heureusement, les gens de Quimper sont adorables et deux petits gars croisés sous un pont d’autoroute ont joué les anges gardiens et nous ont ramené au bord de notre parking du  carrefour, vers l’hôtel.

Réveillée tôt, j’ai apprivoisé par les pieds la ville natale de Max Jacob. Jolie fanfare devant la cathédrale, à l’intérieur, messe d’une piété désormais rare en France et à côté le joli musée dédiait toute une salle à Max. Et montrait une très belle toile de Gauguin, désormais à Edimbourg, et jusque là inconnu de moi : la vision de femmes bretonnes lors du prêche sur la lutte de Jacob avec l’ange. Après une salade au café de la gare, j’ai sauté dans un train pour retrouver mon cher paris. Mais même “en province”, les plus petits détails m’enchantent : le petit cahoua sur le pouce, l’odeur des tilleuls en fleur, les pavés inégaux sous les pattes, Philippe Katerine ou Olivia Ruiz au bal ou au supermarché et le visage changeant du ciel printanier. Que toutes ces choses m’aient manqué montre bien à quel point je suis par chaque pore de ma peau et pas seulement de ma langue, une femme française.

Mon amie R est venue me chercher à la gare Montparnasse et nous sommes parties en virée de filles dans un Paris un peu endormi en ce dernier jour de vacances. Nous avons tellement discuté par téléphone entre New-York et Paris que nous avions l’impression de nous être quittées la veille. Nous avons cheminé sous la nef du Grand Palais, pour l’exposition triennale “la force de l’art” qui fait le point sur la création française contemporaine. Même si les artistes (Philippe Mayaux, Frabrice Hyber, Mircea  Cantor…) sont déjà quasiment “académique”, j’ai trouvé admirable ces commandes d’Etat d’installations et de projections simplement invendables, surtout en temps de crise. Enthouiasmée, au delà de l’aspect ludique, par la réflexion sur l’histoire que ces oeuvres opérent, j’ai enfin bien voulu croire que l’on continue de créer malgré tout, et que les images pops d’obama post-warholiennes disposées à qui mieux mieux dans les foires d’art où les galeries comptent vendre (aussi bien à la fiac qu’a l’armory) ne sont que la surface vaseuse d’un lac de recherche riche et vif. Reprenant la petite voitue rouge à l’envi, nous avons atterri à l’hôtel amour près de Montmartre, où R. a rencontré un fantôme (barbu) de son passé.

Dîner chez mes parents que j’ai enfin vus, avec ma grand-mère et c’était joyeux, animé et agréable. Ils sont ravis que j’aie maigri et s’inquiètent avec amour pour ma thèse. Passage au “cinquième” où mes frères plus petites amies et potes sushisaient devant une série; puis, enfin, verre de vin blanc sympathique place de la contre-escarpe avec un ami compositeur et extrêmement talentueux et une de ses amies cinéphile, belle, pleine de vie. En France, je retrouve mes repères, mon énergie, mon envie de faire d’écrire et de connaitre – plus les gens vivants et créatifs, que les vieux juifs morts ou les épais bouquins de philo sur la sécularisation. Et ça fait vraiment beaucoup, beaucoup de bien

gauguin

gauguin

Heureuse qui comme Yaël…

Samedi 25 avril 2009

Grande appréhension pour ce retour à Paris après trois mois d’absence. Et si l’on my avait complétement oubliée? Mes parents, déjà, avaient préféré Bruxelles à ma venue. Et mes amis, allais-je les retrouver ? Ou l’angoisse qui me tient les côtes depuis des semaines allait-elle aussi me séparer d’eux. Pour la faire descendre autour des hanches dans un tour rusé de houla-houp, j’ai donc pris un petit cachet magique qui m’a fait dormir sinon du sommeil du juste, du moins de celui de l’oubli provoqué pendant les 9 heures de vol. Sommeil, qui vu l’heure tardive de mon retour au bercail ce soir, me sera bien utile…

Un coup de fil incertain à mon frère a vite corrigé mes doutes. Il m’attendait au 5 e étage avec un sandwich baguette (yes!) de poulet. A peine débarquée du taxi avec mes cent kilos de livres, j’ai retrouvé toute la rédac, gazouillant et pour les nouveaux venus, contemplant une espèce de mythe que mes frères ont fait de moi. Le mythe aux yeux bouffis cachés derrière des lunettes  noires a alors souri, babillé et décidé de retouver ses bonnes vieilles habitudes.

Energisée par le soleil radieux, mes quais adorés et la pile de livres à chroniquer qui m’attendait, j’ai lavé mes peurs dans un grand bain rapide avant de m’élancer à la conquête de toutes ces merveilleuses nouvelles expositions commencées en mon absence. Cuisses nues (j’ai acheté des collants en route), j’ai pris le premier métro pour Beaubourg, où l’immense exposition Kandinsky m’a éblouie.  Par miracle, il y avait peu de monde vers 16h, et j’ai découvert sa période sombre et russe- celle de la rupture avec Gabrielle Munter et celle probablement d’un désenchantement politique. Enfin, redevenue moi-même, j’ai pêché en  chemin un adorable scientifique suisse que j’ai convaincu de venir voir tout Paris du haut du centre Pompidou et de se laisser noyer dans les fleuves de couleurs de Kandinsky.

Après, j’ai retrouvé L. Pour fêter cela : café dans le marais (hmm enfin un sancerre buvable), et deux très belles galeries : Mircea Eliade et ses jeux de dimensions chez Yvon Lambert, et l’audacieuse Marina Abramovic immobilisée dans ses performances seule ou avec Jan Fabre chez Serge le Borgne. Un film la montrait à l’oeuvre, avalant méthodiquement l’amertume d’un oignon avec la peau, sur un texte où j’ai pu me reconnaitre : ” Je suis fatiguée de changer d’avions si souvent, d’attendre dans les salles d’attente, les arrêts d’autobus, les gares, les aéroports… je voudrais être vieille, vraiment vieille, de manière à ce que tout m’indiffère”. Usant encore une fois de ma force de conviction malicieuse, je l’ai traîné dans un ciné des halles voir le dernier Bertrand Tavernier du Bayou avec un Tommy Lee Jones irréprochable :  “Dans la brume électrique”. Délicieux malgré les inévitables travers de l’adaptation littéraire réflexive. Malheureusement le film n’est pas sorti sur grand écran aux US.

Après un bateau japonais rue St Anne, nous avons rejoint mes deux frères, mon grand frère adopté et pas mal d’amis à un anniversaire dans le Grand Palais même.  Ambiace electro-basquiar dans une salle nouvelle ouverte pour la collection de tags du père d’un ami et dont l’expo a reçu en un mois 75000 visiteurs grâce aux bons soins de com de notre société en3mots. J’ai adoré la visite guidée par mon frère Michaël, excité comme une puce par ce très beau projet. Grand, agréable, de jolis gens et champagne, voilà qui réjouit un coeur, même perforé de doutes.

La soirée s’est fini comme elle se soit à St-Germain des Près (Palette + Echelle de Jacob) avec mes deux frères, la petite amie de l’un d’entre-eux et une autre amie devenue très proche. Vers trois heures la fatigue s’est faite sentir et il est temps de dormir enfin dans mon lit… 2h de repos, avant de partir pour un mariage en Bretagne demain par le premier train… Je n’ai rien à me mettre mais qu’importe, une petite robe bustier rouge pour la mairie et une noire à trous pour la soirée avec une vieille paire de sandale très haute feront l’affaire.

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Soleil vidéo pour le couchant de la présidence française de l’UE

Dimanche 21 décembre 2008

Du 18 au 31 décembre, « Dans la nuit des images » vous invite à un voyage vidéo, tous les soirs de 17h à 1h du matin, pour fêter en feu d’artifice la fin de la présidence française de l’Union Européenne. Une expérience hypnotique.

Depuis le 18 décembre, le Grand Palais est devenu un support de projections vidéo. L’extérieur même du bâtiment est élégamment habillé de lettres projetées.

A l’intérieur, la nef est emplie de films d’art. Des écrans de toutes les tailles emplissent le grand espace au cœur duquel un « belvédère » a été construit de manière à donner une vue plongeante sur les œuvres présentées.

On y trouve des travaux de vidéastes de renom (Par exemple, les femmes dansante la mondialisation de Nam June-Paik, les elfes de Bill Viola, la main sanglante de Sarkis, la plage de Dominique Gonzales–Foerster, l’éclipse de Chris Marker…), ainsi que des films plus institutionnels (Une visite virtuelle du Grand Palais, et les flash-mobs de Orange).

Nous ont tapés dans l’œil : la galerie vidéo de portraits flamands d’Eléonore Saintagnan et le gigantesque « Naufrage » de Clorinde Durand (dont vous pouvez voir ci-dessous le making-off sur la belle musique de Saycet).

Une experience de sons et d’images émouvants et envahissant dans les ténèbres de décembre à ne rater sous aucun pretexte (même pas la longue queue à l’entrée : cela va vite, finalement !).


« La nuit des images », Grand Palais
, jusqu’au31 décembre , ouvert tous les jours de 17h à 1h (31 décembre jusqu’à 21h), M° Champs Elysées-Clémenceau, entrée libre.