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Gay Tel Aviv (la tirade de la fille)

Jeudi 5 août 2010

J’ai entendu assez de Lady Gaga pour les trois prochaines années de ma vie, ces trois derniers jours. Dans la voiture, dans les clubs, à la gym, et bien évidemment également toutes les sonneries de portables des amis de mes amis entonnent “Alejandro” ou “Just danse”. L’autre icône gay est Beth Ditto, mais seule Lady Gaga alimente des conversations passionnée où l’on dirait que chacun parle du poète de ses premiers émois adolescents. Je suis donc devenue une grande adepte du Tel Aviv Gay  : les plages (Hilton), les brunchs (Neve Tsedek), même certains aspects politiques, par l’ami d’un ami, et bien sûr les clubs. J’aime beaucoup l’ambiance de ces clubs, ici, mi-rétro, mi-ici et maintenant, ouverts à tous (je ne me sens pas coupable d’être une femme, comme à NYC par exemple), et où je peux librement parler à tous et les ramener vers mes amis – quand ils trouvent le nouveau venu assez mignon. J’ai même traîné un de mes amis plutôt religieux et très hétérosexuel à rejoindre la joyeuse troupe au “Lima Lima”, joli club bondé de la rue Lilienblum (à deux pas de l’ancien bar georgien Nanotchka, où je dansais sur les tables il y a 5 ans, et qui est malheureusement devenu un lounge comme les autres). Nous nous sommes perchés sur des tables en hauteur dans la cour fumeurs de la discothèque pour observer. Avec une bienveillance toute extérieure. Avant-hier, nous avons enchaîné sur “Evita” où de plantureux travestis donnaient un show sous le portrait de Mme Peron, avant d’enchainer sur “Vice” en face de la tour de la paix, qui a le même bar central et carré que tous les bars sympas ici et  une cour remplie elle aussi de beaux éphèbes. Le tour ne serait pas complet, si je ne mentionnais pas les brunchs à 15H – notamment au port de Tel Aviv-où les langues se délient, et le shopping assez délirant, surtout quand l’un des membres du groupe s’occupe lui-même d’importer des pantalons vert fluo et bleu pétrole griffés par des designers scandinaves. Je sens que cette partie disco-flash du voyage s’arrête aujourd’hui et qu’elle va un peu me manquer…

Cinéma : Harvey Milk, de Gus Van Sant

Mardi 3 février 2009

En lice pour l’oscar du meilleur acteur principal masculin 2009, Sean Penn repasse devant la caméra dans un biopic sur le premier homme politique ouvertement gay et défendant les droits des homosexuels élu.

Qui eut-dit que Gus Van Sant, le réalisateur griffé « indé » et fasciné par l’adolescence trouble (« Elephant », « Paranoid Park ») avait en tête depuis près de vingt ans le projet de tourner un film biographique sur le leader et « martyre » gay Harvey Milk ?

Délaissant les tons bleus glacés qui étaient son image de marque, le réalisateur plonge dans la minutie de l’exactitude historique d’un film long (plus de deux heures) et au budget de 15 millions de dollars. Retraçant chronologiquement la vie de l’homme politique, Van Sant le suit à la trace de sa vie d’homosexuel caché à New-York à son meurtre en passant par la libération du déménagement à San Fransisco, l’engagement politique, la difficulté des campagnes, et le triomphe de l’élection.L’objectif du film est presque documentaire, et « Harvey Milk » ressuscite avec une minutie parfois un peu étouffante chaque détail vestimentaire, psychologique et de comportement du candidat gay.

L’excellent Sean Penn se prête au jeu avec passion et semble complètement habité par son rôle, pour lequel il est encore une fois, totalement oscarisable. Grâce à un casting plus que parfait (notamment Emile Hirsch en directeur de campagne, le touchant Josh Brolin dans le rôle de l’assassin, Dan White, et Alison Pill en touche de féminité impertinente dans un film terriblement masculin), Gus Van Sant à éviter l’hagiographie pesante. Du moins jusqu’aux inévitables dix dernière minutes d’indignation populaire. Les nombreuses questions politiques de savoir s’il est possible de bâtir un programme de campagne sur les droits des minorités, et l’enchevêtrement de la vie privée et public du personnage historique sauvent l’œuvre du piège d’un maniérisme trop prononcé.

Le résultat est une fresque aux images chaudes, et peut-être encore plus profitable à un public non-américain puisqu’on y apprend beaucoup sur le climat politique du San Francisco des années 1970.

“Harvey Milk” de Gus Van Sant, avec Sean Penn, avec Sean Penn, Josh Brolin, Emile Hirsch, Alison Pill, USA, 2008, 2h07.