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Evidence

Mardi 13 décembre 2011

J’étais ce matin en salle des profs … (je consacrerai plus tard un billet à la salle des profs de sciences-po, parce que 1) bonne résolution 2012, je vais me remettre à écrire ici 2) C’est une scène de théâtre). N’arrivant toujours pas à avancer mon fameux “livre-issu-de-la-thèse-qui-serait-le-premier-et-peut-être-bien-le-dernier”, j’étudiais des vieux penseurs juifs-allemands et leur conception hantée du temps…

Quand, soudain, au milieu d’un essai sur Hans Jonas et Hannah Arendt, l’évidence m’est apparue : Arendt l’intuitive, n’a pas eu d’enfants (question de sous disait-elle). Ni Louise Weiss l’européenne, ni Edith Stein la sainte, ni Simone Weil l’engagée, et a priori pareil pour Rosa Luxemburg, le totem. Stupeur.

Parmi les autres grandes figures du 20 e siècle (20 e siècle!) qui m’ont construite Duras a eu un fils, de même que Julia Kristeva. Soulagement.

Brûlante pensée tout de même : si Dieu pardonne aux femmes leur imagination et leur érudition, les hommes (ou elles-mêmes? ) ne leur pardonnent pas de savoir penser.

Conclusion : constat d’incompatibilité entre philosophie et enfantement. Contre tout ce que Nancy Houston racontait dans son “Journal de la création”.  nudité triste d’une telle révélation qui me pendait au nez depuis environ 15 ans…

J’ai bientôt trente ans, je suis aussi née au 20 e siècle et il m’arrivait parfois de tenter de philosopher… Heureusement, c’est comme les malabars, le fanta et les hommes. J’ai arrêté.

Livre : Si la cour du mouton est sale, ce n’est pas au porc de le dire, de Florent Couao-Zotti

Vendredi 12 mars 2010

Après Le Cantique des cannibales (2004), Florent Couao-Zotti est de retour au Serpent à Plumes avec un roman inspiré par les ratés masculins et féminins de policiers, de prostituées et de gagnsters évoluant dans la région de Cotonou. Variations d’une cruauté vivante autour d’une petite malette de poudre blanche…

Au coeur du nouveau roman de Florent Couao-Zotti, il y a tout d’abord trois femmes : Saadath, l’ancienne reine de beauté déchue après la mort de son vieux caïd de mari, Sylvana l’aventurière féline et Rockyana, la femme “Fanta-Coca” (ie qui se déclore le visage, lui donnant une couleur orangée de Fanta, tout en conservant un corps couleur Coca). Leur point commun : elles vendent leur corps pour vivre. Mais monnaient leurs services fort cher, et n’hésitent pas à écraser la concurrence. Le sproblèmes arrivent après le meurtre de Saadath, qui a traffiqué de la drogue dans le sillage des anciens amis de son gangster de mari. Sylvana vole la malette de cocaïne que Saadath avait confiée à Rockyana pour tenter de la revendre aux anciens boss de Saadath. A la tête de cette pyramide de fabricants : Smaïn, alias “L’Arabe” qui après avoir perdu u bras par amour a décidé de devenir vraiment dur à cuir…

Révélant l’intriguepar fragments à la manière d’un tableau cubiste, Florent Couao-Zotti donne à chaque chapitre de son roman un titre en forme de proverbe béninois. Et tous sont aussi savoureux que le titre. Un glossaire en fin de texte vient renseigner le lecteur sur l’usage de mots locaux : l’on aporend avec intêrét qu’à Cotonou, le Gaou est le dindon de la farce, la Go une petite copine, et que tous les blans sont par extension “Lissa”, c’est-à-dire Albinos; sur fond de Magic System survolté, l’auteur nous traine dans un éboulement de métaphores dans des taxis défoncés, des bars mal famés, et des piaules de gangsters; il nous entraîen dans un monde où tous les coeurs sont frelatés, et où il n’y a pas vraiment de victime. Juste des gagnants et des perdants, des personnages nés beaux et dotés ou mal servis par la vie. Mais tous dégagent une folel énergie, cherchant sans scrupules à améliorer un quotidien frénétique. Une belle dose d’énergie pas très morale…

Florent Couao-Zotti, “Si la cour du mouton est sale, ce n’est pas au porc de le dire”, Le Serpent à Plumes, 208 p., 14 euros.

Elle ne regrettait nulelment d’avoir allongé le couteau dans le ventre de Mouf. Lui voulait se faire vent, épouser la courbe de l’horizon, cette nuit même, alors qu’elle souhaitait se faire éclater le corps des heures durant, toute la nuit, comme s’il ne restait que ec dernire festin à s’offrir. Oui, elle avait bien besoin des e donner de la jouissance, après l’exploit réalisé, en attendant de voir comment se lèverait le soleil. De toutes façons, le sort du jeune-homme était déjà scellé. Elle voulait l’utiliser juste pour l’opération, en soutirer du plaisir jusqu’à plus rassis, puis après, le jeter sur les décharges. “ p. 115

Livre : Beauté volées de Mara Lee, un thriller féminin dans le monde de l’art

Dimanche 7 mars 2010

Le premier roman de la poétesse Mara Lee a été salué par la critique suédoise. A raison. Cette histoire fascinante de vengeance entre femmes modèles, galeristes, poétesses et photographes entre Paris et Stockholm est désormais disponible chez Albin Michel.

La superbe trentenaire Léa dirige une galerie d’art à Stockholm. Elle partage avec sa meilleure amie, Mia le goût des hommes jeunes. La prochaine exposition de Léa doit être son coup de maître : la jeune-femme veut tendre un piège à une grande photographe qui l’a piégée et trahie. Or cette photographe voleuse de beauté, Siri alias Iris C., est aussi à l’origine de la paralysie de la meilleure amie de Mia, et de la décrépitude d’une poétesse misanthrope et vieillie avant l’âge : Laura. Pourquoi toutes ces jolies femmes tombent elles sous le charme de la fatale Siri ? Le goût de cette dernière pour la beauté justifie-t-il la manière dont elle manipule ses modèles –jusqu’à emporter leurs âmes.

Beauté volées est un portrait de Dorian Grey sans dandy, avec plusieurs clichés, beaucoup de femmes, et une structure temporelle magistralement complexe. En flash backs divers, l’auteure retrace les divers épisodes des trahisons de Siri pour les faire converger sur le vernissage de l’exposition organisée par Léa. Très juste sur le rapport réifiant des femmes à la beauté, le roman créé un parfum étouffant de rivalités féminines érotisées. Les hommes servent de sous-fifres ou d’étalons tandis-que les femmes se livrent des batailles sans merci- sauf lorsqu’elles se laissent hypnotiser par Siri. Les amours singulières sont aussi les plus cruelles, surtout s’il faut les subir en talons hauts dans une galerie ou devêtue face à l’objectif impitoyable de Siri…

Mara Lee, « Beautés Volées », trad. du suédois par Rémi Cassaigne, Albin Michel, 491 p., 21 euros, sortie le 8 avril 2010.

« Siri avait toujours son appareil photo sur elle. De temps en temps, elle le sortait et el braquait sur le visage gêné de Caro. Elle souriait parfois à contrecœur devant l’objectif, mais d’autres fois levait les mains en disant : « arrête ça !», et Siri cessait alors aussitôt. Mais lorsqu’elle montrait à Caro les tirages, Siri devinait dans ses yeux cette lueur, ce regard séduit qui avalait pour ainsi dire l’image, et elle savait qu’il suffisait de continuer. Il ne fallut pas longtemps pour que Caro ait envie de le faire – c’est elle-même qui finit par proposer une vraie séance de pose sérieuse, avec changement de vêtements, comme un vrai mannequin. Si possible quelque part où elles risqueraient d’être vues, c’était plus excitant » p. 250.

Looking for a husband

Vendredi 17 avril 2009

Soirée assez cocasse avec quatre jeunes femmes russes, deux la trentaine bien entamée  une amie de mon âge, et une passé quarante ans et déjà mariée.  Nous étions toutes juives. Le rendez-vous était fixé à 17h30 au bar du four seasons, apparemment le meilleur endroit pour pêcher un mari bien loti. Chevelures impeccables, ongles faits, chaussures prada à talons sans fin, et jupe courte (bon j’avais la jupe courte et les ongles faits, c’est déjà pas si mal, non?),  accrochées au bar nous étions fin prêtes à opérer. Conversation brume d’ennui sur les mérites comparés de Cannes et Marbella, et sur Dubaï qui n’est plus ce qu’il était. A grand renfort de cocktails et de noix de cajou (généreusement offerts par nos nouveaux amis de la finance et de l’immobilier), nous avons bien tenu deux heures et demie, malgré le peu d’hommes intéressants. Un  adorable indien financier, un danois américain noir assez lourd, et à côté un grand ambitieux qui se prenait pour Obama. Plus quelques adipeux un peu édentés. Un d’entre eux a bien failli nous suivre pour le dîner mais cinq femmes pour un grand maigre un peu mou et passablement âgé,  c’était beaucoup, il s’est donc désisté. Et là miracle à  la table du restaurant italien : les conversation n’étaient  pas si légère que ça. La politique et l’histoire faisaient belle figure. Et même les anecdotes sur les dates et autres amours ainsi que les conseils pour attraper un mari ne manquaient pas d’humour. Une des russes un peu plus âgée, superbe, sachant faire ce que j’appelle “les yeux russes” (brumeux, séducteurs) et qui me rappellent ma grand-mère quand elle veut quelque chose (ça marche aussi pour une table dans un café), nous a fait hurler de rire avec une anecdote d’un date arrangé en présence de sa tante qui lui tenait fermement le bras en intimant : “Don’t let him go”. Him étant arrivé une heure en retard et puant la transpiration sur la piste de danse.

Studieuse, J’ai appris que pour trouver un mari, il faut:

1) Balayer  balivernes et sentiments

2) Se définir des objectifs : une d’entre-nous annonçait clairement que tout ce qui l’intéressait était le portefeuille, deux étaient encore dans le vague, et notre leader mariée nous vantait les mérites de son mari irlandais (effectivement charmant, beau, et attentionné, je l’ai rencontré après).

3) Mais ne pas être trop franche, après tout la séduction est un jeu, et dire directement je vais vieillir avec toi pour ton compte en banque ne marche pas, paraît-il…

Bref, je ne suis pas encore mûre pour la chasse au mari; mais il n’empêche que pour les prétendants au poste d’amant j’ai obtenu la palme ce soir avec un charmant juif du montenegro, notre voisin de table qui semblait absolument balayé par un coup de foudre rugissant. Il était peut-être un peu ivre, j’ai donc poliment parlé, me suis assise à sa table très urbainement puis me suis éclipsée en lui laissant quand même mon numéro : Il avait peu de conversation, des amis assez lourds, mais une regard insistant et une moue des balkans qui me rappellent mon grand père et qui peuvent me faire fondre…