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Slalolipser

Mardi 3 janvier 2012

La matinée aurait dû être tranquille. J’aurais dû pouvoir me concentrer tranquillement sur mon travail. Et bien PAS du tout, malheureusement mon interface facebook était ouverte. C’est important pour mon travail de journaliste de suivre le fil info, et puis plaisant aussi, parfois… Mais pas ce matin. Étrangement, le matin, ce ne sont pas vos amis étrangers qui vous parlent; non ce sont les amis parisiens qui s’ennuient au bureau et passent le temps en vous dring dring dring parlant. Dans le meilleur des cas ils font une réapparition tout à fait inopportune, mais aussi in-opportuniste. Ils disent juste coucou. Là cava, après tout si on ne s’est pas parlé depuis 3 mois c’est pas sur facebook qu’on va rattraper les infos perdues. Non, les pires sont ceux qui ne vous sonnent QUE pour vous demander quelque chose: un contact, une info administrative, un conseil de sortie théâtre, un plan logement etc… en général ils baignent cette demande pénible et injuste (pourquoi viennent ils vous embêter VOUS et maintenant, ils ne peuvent pas le trouver seul ce super contact à tel magazine? et s’ils sont sûr que vous l’avez, ils ne peuvent pas appeler? ) d’une logghorée moimoimoimesque sur ce qu’ils deviennent et leurs succès de génies géniaux. Ce n’est qu’à la huitième réponse fraîche et évasive qu’ils finissent par demander de manière aussi vague qu’insistante comment vous vous portez. Et là vous êtes tellement fatigué et énervé que vous n’avez même plus la présence d’esprit de répondre comme aux fâcheux qui trompent juste gentiment leur ennui :  “désolée, je ne peux pas trop parler, je suis au bureau”(oui oui je le formule toujours de manière aussi mièvre, ca passe mieux)…Donc on répond : chavachava (spéciale dédicace au Shaga de Marguerite Duras).

A défaut de pouvoir immédiatement appliquer le point 6 de mes bonnes résolutions de 2012, il va falloir que je ruse. Et que je mette un mot sur cette technique filandreuse qui consiste à botter en touche : ne pas répondre aux requêtes éhontées en temps et en patience des “amis facebook”, sans pour autant que d’un coup sorte une violent “oublie moi”, comme celui -bien mérité- que j’ai balancé ce matin (et complétement inefficace le fâcheux a quand même envoyé une réponse de 10 lignes)

Bref, après réflexion, je crois que j’ai trouvé un verbe pour décrire ce difficile art de passer entre les “chat” et de ne PAS répondre aux sollicitations facebook entre 9h et 18h… Quelque chose donc entre la politesse de l’ellipse et la technicité d’un slalom : Slalolipser. Dorénavant, je vais donc Slalolipser, et j’espère que cela aura un goût apaisant de fleur d’oranger et une efficacité quasi-homonyme.

ps: vous comprendrez qu’en écrivant ce billet ici, je fais le pari que dans leur moimoimoiisation éhontée, les fâcheux – et les fâcheuses-  ne viendront pas pêcher jusque dans le journal d’une autre de telles doléances. S’ils y parvenaient, et perçaient à jour mon merveilleux néologisme, je perdrais et ma botte secrète et mon pari : Retour à la case grossière du “va te XXX, oublie-moi!”.

Frédéric Vignale, moraliste 2.0

Mardi 2 mars 2010

Le rédacteur en chef du Mague est l’un des rares “amis” que l’on aime suivre sur facebook. A mille lieues des soporifiques “X s’est fait cuire des pâtes” et “Y est fatigué”, les statuts de ce moraliste qui sait vivre dans l’époque qu’il critique sont des petites perles de pensées qui provoquent de jolies étincelles. En témoignent les multiples commentaires que les pensées existentielles et  lettrées de Vignale suscitent en direct sur son “wall” et pour la première fois, un petit livre qui recueille les plus fins de statuts de l’automne dernier. “Frédéric Vignale trouve que Louis XIV était vraiment un bon président de la République” (éditions Biliki) est un témoignage de sagesse et de délicieuse déraison à offrir sans modération à tout ami qui sait de près ou de loin ce qu’est l’ironie.

Les vrais écrivains ne se risquent plus à publier des romans sur papier, ils postent des statuts sur facebook, c’est bien moins ringard” (p. 33)

La renommée des status facebook de Frédéric dépasse désormais le cadre feutré de ses 1700 amis. “Frédéric Vignale trouve que Louis XIV était vraiment un bon président de la République” retrace les aphorismes web 2.0 d’une de nos très belles plumes. Jeux de mots, pensées qui fusent autour de l’actualité mais aussi de la condition de l’homme moderne sont concentrés dans cet assortiment d’humeurs-humour en quelques lignes. Et l’éphémère de la saison dernière est désormais imprimé noir sur blanc sur papier glacé. Si le coup de barre physique de Johnny ou l’élection de Miss France nourrissent l’état psychique quotidien d’un Vignale très “Net and the City”, des prises de positions plus politiques sont aussi de mise. Notamment autour du débat sur l’identité nationale : “FV a échangé sa carte d’identité contre un abonnement d’un an à Pif gadget. A bien meilleure conscience”. Mais c’est sans se prendre au sérieux que Vignale proteste délicieusement sur sa page facebook contre le blingbling sarkozien qu’il décrit comme quasi-monarchique : “Fv fait fi des saisons et a créé sa propre météo intérieure. Mine de rien c’est un véritable acte politique” (p. 30).

Puisque selon Vignale, “Toutes mes vérités sont bonnes à dire” (p. 51), certaines sont strictement conjoncturelles, et pourtant bien agréables à lire. Ni macho, ni intello, juste garçon sensible, intelligent et amoureux de sa talentueuse fiancée, Vignale irradie depuis Tchernobyl jusqu’à l’orée de 2010. A l’image du titre, ses bonnes phrases sont toujours à lire au dixième degré, et en disent long sur nos contemporains doublement branchés. Frédéric Vignale est donc un moraliste classique à la La Rochefoucault qui propose sous une forme discontinue un tableau des moeurs de son époque. Le paradoxe est que  cette forme est bien ancrée dans cette époque, et qu’en grand esprit qui buzze, Vignale a poussé la blague distanciée jusqu’à l’imprimer pour que vous puissiez l’offrir en bouquet. Chers amis lecteurs, à la fois “hype” et critiques, nous vous souhaitons une bonne lecture et de délicieux fous rires à la lecture de ce petit recueil d’aphorismes facebookiens.

“Frédéric Vignale trouve que Louis XIV était vraiment un bon président de la République”, éditions Biliki, 5 euros.

Comment 1 : Le livre de Frédéric Vignaleest le premier volume d’une collection entière nommée “ lu sur facebook” dont deux autres titres sont déjà disponibles  aux éditions Biliki.

Comment 2 : Vous pouvez le suivre chaque jour sur facebook (s’il vous accepte comme ami) et sur le mague et bientôt voir ses superbes photos sensuelles et chics de Catwoman.