Ritournelle
Lundi 7 mai 2012Au coin du marché voisin
J’ai rencontré, menton embusqué
Dans un longiligne gilet citadin
Le fantôme français et endimanché
D’un chagrin passé : cicatrisé et mis en plis.
Ce n’était pas n’importe quel matin
Toute pimpante et de musique casquée
Je m’en allais voter, passeport en main
Marchant vers l’isoloir, éternelle minorité
J’allais sans minauderie, ni baguette de pain
Épisode d’une rassurante banalité
Avec la pluie et même sans Bastille
Il n’y avait rien de plus Parisien
Et pourtant des années après
J’étais loin, des élections, de loin
De la pharmacie à l’étal du boucher
Le fantôme vaquait à son quotidien
Il était connu, je l’ai reconnu, il m’a souri
Il était accompagné d’une longue moitié
Et cela m’a heurtée comme du parpaing
Et je me suis dit comme ça, pour rien
Que si j’avais été assez longue, assez jolie
Mon fantôme lointain, je l’aurai gardé
Si j’avais su être moitié plus, moitié moins
Je l’aurais peut être conquis, vingt sur vingt.