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Sortie Dvd : Plein Sud de Sébastien Lifshitz

Mardi 25 mai 2010

Road-Movie mettant en scène une jeunesse belle et désoeuvrée en route vers le Sud et la mer, “Plein Sud” de Sebastien Lifshitz (“Presque rien”, “la Treversée”, “Wilde Side”) évoque la mémoire meurtrie d’un jeune homme en flash backs poéstique. Le dvd est disponible chez Mk2. Avec la sensuelle Léa Seydoux, actuellement à l’écran dans le Robin des Bois de Ridley Scott.

Le beau Sam (Yannick Renier) a presque la trentaine. Au volant de sa Ford, il prend en stop une soeur (Léa Seydoux) et un frère (Théo Frilet). Le film débute sur un strip-tease ado et émouvant de la soeur, très interessée par les hommes et par Sam… Qui lui préfère son frère. Un quatrième compagnon (Pierre Perrier) les rejoint dans leur voyage. Sur la route, le quatuor ne roule pas toujours en harmonie et manque plusieurs fois de se séparer. Quant à Sam, il fait plusieurs arrêts dans ce pélerinage vers le Sud : pour voir son frère, et sa mère. Le road-movie prend alors des airs de réglement de compte familial…

Extrêmement lent, tout en frôlement de sensibilités et belles prises de vues  de jeunes et beaux jeunes gens tentant de s’oublier ou de se souvenir, “Plein Sud” est surtout réussi dans ses flash-backs. En grand-mère ersatz de repères, on retrouvera avec plaisir Micheline Presle, et en mère indigne l’élégante Nicole Garcia.

“Plein Sud”, de Sébastien Lifshitz, avec Léa Seydoux, Yannick Renier, Pierre Perrier, Nicole garcia et Micheline Presle, France, sortie en salle 30/12/2009, 1h30, sortie Dvd 20 mai 2010, Mk2 éditions, 19.90 euros.

Sortie Dvd : le jour où Dieu est parti en voyage

Mardi 25 mai 2010

Pour son premier passage derrière la caméra, le directeur de la photographie de films de Bruno Dumont et Claire Denis, Philippe Van Leeuw, a adapté une histoire vraie qui a eu lieu dans les premiers temps du génocide rwandais, en avril 1994. Prix du meilleur premier film du festival de San Sebastian, en 2009, “Le jour où Dieu est parti en voyage” est un film sobre, dur et silencieux sur l’impact immédiat d’une violence incompréhensible. Il est disponible en Dvd depuis le 7 avril chez MK2.

Avril 1994, dans un village non identifié du Rwanda. Alors que les Huttus commencent tout juste le génocide qui fera en 3 mois près de 800 000 victimes, en majorité Tutsies, une famille belge décide de partir encadrée par des policiers. Avant de quitter leur villa, ils obligent la nounou de leurs enfants, Jacqueline (bouleversante Ruth Nirere), tutsie sans nouvelles de sa propre famille à se cacher. 24 heures de planque dans l’obscurité d’un grenier secret lui permettent de survivre pendant que les Huttus pillent jusqu’au papier peint de la maison. Lorsqu’elle sort, Jacqueline se dirige immédiatement vers son village et y trouve ses deux enfants assassinés. Mais sa vie est en danger et elle ne peut  même pas  les enterrer; elle doit fuir dans la forêt. Mutique et perdue, elle n’est plus qu’instinct de survie. Elle sauve la vie d’un homme blessé (Afazali Dewaele), qui, une fois remis sur pieds, parle pour deux. Mais leur périple dans la forêt est très dangereux, et Jacqueline qui a entendu les massacres depuis sa cachette et ne peut pas se remettre de la mort de ses enfants, est très fragile…

Sobre, dur et sans concessions, “Le Jour où Dieu est parti en voyage” suggère à travers quelques gestes simples, peu de mots, et l’écho des massacres la violence du génocide rwandais. Le retour à une nature hostile, où la seule civilisation qui émerge est celle des fusils, des machettes, et des injures de haine raciale, exprime un état de barbarie proprement insupportable. Et suivre Jacqueline, déchirée entre un instinct de survie bien humain, un deuil impossible, et l’hébétude face à l’explosion de violence, est une épreuve psychologique qui demande beaucoup d’attention. Tenu en haleine par les gestes de la survie, le spectateur se demande au fur et à mesure que le film progresse, si Jacqueline va pouvoir à nouveau parler. Et si oui, va-t-elle pouvoir évoquer la mort de ses enfants?
Film sur la mémoire immédiate, au moment où celle-ci est encore intriquée dans le temps du traumatisme, “Le jour où Dieu est parti en voyage” est une oeuvre importante. Pour tous.

“Le jour où Dieu est parti en voyage”, de Philippe Van Leeuw, avec Ruth Nirere et Afazali Dewaele, Belgique-France, 01h34min, sortie française 28 octobre 2009, sortie Dvd 7 avril 2010, Mk2 éditions, 19.99 euros.

Dvd : Hi, Mom! Brian de Palma psychédélique

Jeudi 15 avril 2010

Quatre ans avant le cultissime “Phantom of Paradise” (1974), De Palma retrouve Robert de Niro qu’il avait déjà fait jouer dans “Greetings” pour une fenêtre sur cour libertine et politiquement incorrecte. “Hi, Mom!” est disponible le 5 mai chez Carlotta Films.

Vétéran de la guerre du Viet-Nâm, John Rubin emménage dans un taudis d’une grande tour de Manhattan qu’il transforme en poste d’obsevation des ses charmantes voisines. Puis il se cherche un producteur de films pornographique pour financer son projet artistique : immortaliser les ébats vivants des voisines d’en face depuis sa “fenêtre sur rue”. Mais son programme de “rality porno” s’enroue quand la caméra bat de l’aile et fait capoter les prises de vues de ses performances avec la jolie fille intello et esseulée d’en face.

Libre, un peu fou, et fonctionnant par collage, “Hi, Mom” annonce déjà pour certains dans ses monologues hallucinés “Taxi Driver” (Paul Schrader avait proposé à De Palma d’écrire le scénario). psychédélique comme Phantom of Paradise sans en partager l’hystérie, ce film est peut-être un peu trop décousu, ce qui explqiue qu’il ne soit pas devenu “culte”. Mais tous retiendront la scène inattendue et totalement politiquement incorrecte “Be black Baby” où est exposé en spot de pub satirique l’agenda politique d’un groupe pro-noirs avec lequel le héros va travailler. cet agenda consiste simplement à demander à chaque américain de retrouver le sang noir au fond de soi… L’identité se déconstruit, les images aussi.

“Hi, Mum!” de Brian de Palma, avec Robert de Niro, Charles Durning, Jennifer Salt, Gerrit Graham, USA, 1970, 83 min, Carlotta Films 19.99 euros.
Le Dvd contient également la bande-annonce, une étude sur le voyeurisme, une préface de Samuel Blumenfeld et un bonus caché.

Les désemparés, un trésor de Max Ophuls avec James Mason enfin disponible en Dvd

Vendredi 12 mars 2010

Max Ophuls a passé peu de temps aux Etats-Unis, entre ses années allemandes et françaises. Le réalisateur de “La ronde” a réalisé 3 films pour Hollywood : Lettre d’une inconnue (1948), Caught (1949) et les désemparés (“The Reckless moments”, 1949). La copie restaurée de ce dernier film, à l’écran le 31 mars, et disponible en Dvd le 7 avril, fait mentir l’idée fixe que “Lettre d’une inconnue” est le chef d’oeuvre américain de max Ophuls. Film noir vantant l’amour maternel dans un village bourgeois de la côte ouest, les désemparés est une oeuvre un peu oubliée. Plus pour longtemps.

Alors que la plupart des maris américains sont revenus de la guerre, celui de Lucia Harper (Joan Benett) est reparti pour Berlin afin d’y superviser al construction de ponts. La jeune maman est donc seule dans sa jolie ùaison de Balboa (banlieue de LA) avec son beau-père, son fils un peu mécano et très débraillé, et sa fille Bea, 17 ans. Cette dernière, romaniques étudiante d’arts fréquente un jeune homme mal famé, Ted Derbyet Lucia tente de mettre fin à cette liaison. Or Derby est retrouvé mort. Un type étrange (James Mason) vient alors voir Lucia chez elle. Il est en possession de lettres d’amourde Bea à Derby et veut la faire chanter. Peu à peu la mère de famille et son maître chanteur développent une relation qui dépasse les simples affaires…

Film noir déjà infléchi par un certain retour au réalisme, “Les désemparés” place immédiatement ses spectateurs au coeur d’une bonne famille américaine d’après-guerre. Portée par la grâce de Jona Benett, qui était égalemnt la femme du producteur du film, Walter Wagner, et surtout par le génie élégant d’un James Mason ravi de travailler avec un cinéaste culte mais n’ayant pas encore trouvé son public à Hollywood, l’intrigue garde en haleine du début à la fin. A la direction de la photographie, Burnett Guffey sublime les deux personnages principaux, et transforme leurs brèves rencontres incohérentes des jeux d’ombres troublants.

“Les Désemparés”, de Max Ophuls, avec Joan Benett, James Mason, Geraldine Brooks, Henry O’Neill, USA, 1949, 79 min + 62 minutes de bonus, dvd master restauré HD, Carlotta films, 19.99 euros, sortie le 7 avril 2010.

Sortie en salle en copie restaurée le 31 mars.

Sortie dvd : Allemagne mère blafarde de Helma Sanders-Brahms

Dimanche 7 mars 2010

Le film culte de la réalisatrice de « Clara » (voir notre article) sur le parcours douloureux de sa mère pendant la Seconde Guerre mondiale est pour la première fois disponible en Dvd chez Carlotta films.

« …Ô Allemagne, mère blafarde!
Comment tes fils t’ont-ils traitée
Pour que tu deviennes la risée
ou l’épouvantail des autres peuples!.. »

Très allemande même si un peu brune, Lene(Eva Mattes) épouse Hans (Ernst Jacobi), qui refuse de rejoindre le parti nazi comme la plupart de ses amis. La guerre éclate et le couple se trouve séparé par l’envoi de Hans sur le front polonais. Lors d’une permission de Hans, Lene tombe enceinte. Anna naît et son père ne la voit pas grandir. Après la destruction de leur maison, Lene et Anna se retrouvent sur les routes d’une Allemagne en débâcle. La mère courage devient Trümmerfrau dans un Berlin dévasté. Ce que Lene a tant souhaité : la fin de la guerre et le retour de Hans s’avèrent être des épreuves insurmontable. Les violences de la guerre ont détruit la psychologie du sensible Hans, Anna vit très mal la fin de son idylle en tête à tête avec sa mère et Lene sombre dans la maladie et la dépression.

Reprenant un vers de Bertolt Brecht dans son titre, « Allemagne mère blafarde » montre la souffrance d’une allemande ordinaire prise dans la tourmente d’une guerre qui n’a pas épargné les civils. D’une violence psychologique inouïe, le film est si fort, qu’il est à la limite du supportable. D’autant plus quand on sait qu’Helma Sanders-Brahms y raconte l’histoire de sa propre mère, avec ses images nues et crues d’une femme qui marche de ruine en ruine, une valise avec leurs quelques biens sauvés à la main. Elle fait jouer son propre rôle à sa fille, Anna, et narre elle-même l’histoire en voix off. Un film qui a été très mal reçu en Allemagne et est a d’abord été reconnu partout ailleurs en Europe, avant de devenir culte dans le pays de Helma Sanders-Brahms. A voir ou à revoir absolument.

Dans les bonus du Dvd, ne manquez pas l’interview de la réalisatrice revenant sur son film trente ans après.
« Allemagne, mère blafarde », de Helma Sanders-Brahms, avec Eva Mattes, Ernst Jacobi, Anna Sanders, Elisabeth Stepane, Allemagne, 1980, 117 min, VOST, 19.99 euros. Sortie le 25 mars 2010.

Christian Boltanski : le DVD pour préparer Monumenta

Vendredi 8 janvier 2010

Note préliminaire : Longtemps, je n’ai pas su quoi penser de Boltanski. Ses oeuvres me parlaient, forcément, je restai pâmée benoîtement devant. Mais le jeu de caméléon et la réinvention de mythes concernant la Shoah chooquaient la petite vestale; Pouvait-on vraiment au nom de l’art faire passer les vessies pour des lanternes, et intervertir des suisses morts dans leur stübli à l’âge de 75 ans et des enfants gazés? Puis il y a eu la période où j’ai lu et écouté Boltanski. Sa pédanterie, sa philosophie à trois franc six sous. Ça m’a énervée forcément. Puis j’ai entendu parler le maître, le plasticien que je vénère encore plus que Christian et qui illustre le fronton de ce blog : il disait vraiment n’importe quoi. Alors, après une maturation encore plus lente j’ai fini par penser qu’il ne fallait pas écouter les artistes, peut-être encore moins que les comédiens. Et juste suivre de biais leur démarche et leur évolution. Or, la démarche de Boltanski est tellement austère qu’elle ne peut qu’être cachère (catholique aussi car la démesure), et puis son mouvement des morts vers les vivants et l’humanisme de son hommage à tout péquenaud ont fini de me convaincre. Je l’aime. D’un amour qui n’a plus besoin d’être conditionnel. Ouf, dix ans de réflexion obsessionnelle enfin apaisés…

En 2010 le plasticien Christian Boltanski est à l’honneur. Après Kiefer et Serrat, la nef du Grand Palais lui est réservée du 13 janvier au 21 février dans “Monumenta”. L’installation prévue pour l’évènement s’intitule comme Ulysse face au cyclope “Personne”. Et l’artiste y a composé un “hommage à la mémoire des personnes devenues anonymes, aux disparus sans nom, aux vivants non identifiés”. A cette occasion, Arte a pensé à un petit documentaire pour vous préparer au choc esthétique. “Les vies possibles de Christian Boltanski” passera sur la chaîne le 18 janvier. Le Dvd sera disponible le 6 février.


ITV Christian Boltanski
envoyé par monumenta. – Découvrez plus de vidéos créatives.

Pluralisant le titre de la série d’entretiens biographiques de Christian Boltanski avec Catherine Grenier,(Seuil),le réalisateur allemand Heinz Peter Schwerfel a intitulé son documentaire d’une heure sur le plasticien français “Les vies possibles de Christian Boltanski”. Rythmé par la voix implacable d’une horloge parlante, le filmprend la forme d’un long travelling suivant la promenade de l’imposante silhouette de l’artiste à travers toute son œuvre.

A l’origine, il y a l’Histoire, celle du père juif caché dans la cave de la maison familiale, la mère étant catholique. Ce n’est que pour déclarer la naissance du frère cadet, le 6 février 1944 que le père juif sort de l’ombre. (Le frère aîné, qui n’est autre que le sociologue du “Nouvel esprit du capitalisme, Luc Boltanski est né en 1940). C’est sur ces fondements modianesques que Christian Boltanski a bâti son œuvre. Se désignant comme un “minimaliste expressionniste”, le compagnon d’Annette Messager se définit surtout comme un créateur solitaire ; creusant son mythe non pas dans l’Histoire (pas de juif imaginaire ou de Mitteleuropa rêvé), mais dans un présent qui se définit  à partir de l’Histoire. Jouant toujours sur le lien entre l’individu et le nombre, Boltanski tente par ses accumulations, ses additions, et ses collections d’archives d’ériger un mausolée à toute vie, surtout la plus banale.

Caméléon de l’auto-fiction plastique, il rédige sa biographie illustrée à partir des photos d’enfance… d’un camarade chrétien au nom très français. Et quand il illumine de lampion des photos de classe  assez vieilles pour que tous les élèves soient morts, il le fait à la manière du mémorial des enfants de Yad Vachem; mais il choisit ses sujets de nationalité suisses. Selon lui, il y a une part d’humour dans cette démarche : “Choisir des suisses morts a en effet comique, dérisoire parce-que les Suisses n’ont aucun motif historique de mourir”.

Mais qu’il s’agisse des vêtements entassés au sous-sol du Musée d’art moderne de Paris, des boîtes d’archives du conservatoire ou des casier remémorant les députés allemands depuis 1930 dans le Reichstag rénové, l’idée que chaque être humain ne peut être qu’une “pièce” (ein Stuck disait-on dans les camps, redistribuant les numéros des Häftlinge gazés) plane comme une ombre sur toute l’œuvre d’une vie impossible. Ombre que l’on retrouve dans les théâtres fantomatiques qu’il avait mis en scène au musée d’Orsay, il y a quelques années.

Et puis, il y a aussi le sérieux, le travail arachnéen d’archivage, de stockage, et de tri des données : qu’il s’agisse des annuaires du monde entier ou du bruit des battements de cœur du monde entier, l’exhaustivité de Boltanski étouffe. Pour mieux nous faire réfléchir? La voix, la démarche, les assertions philosophiques de l’artiste donnent une impression désagréable de pédanterie. Oui, Boltanski se prend au sérieux. Mais il a toutes les excuses. Non pas celle du génie – trop facile!- mais celle d’une quête harassante et impossible qui s’apparente, à sa manière métaphorique et mythique- aux travaux historiques titanesques d’un Raul Hillberg ou d’un Serge Klarsfeld. Quand Boltanski assène “Je crois que ce qui est important c’est la vie exemplaire ; un artiste doit être vertueux” , il est mortellement sérieux. Mais chez lui, le péremptoire a la grandeur de l’opiniâtreté. Petite lueur à l’horizon lourd de la vie possible de Christian Boltanski : il semble avoir cessé de tenter de nous remémorer des êtres morts pour honorer les vivants. Une percée à suivre à Monumenta.

“Les vies possibles de Christian Boltanski”, de Heinz Peter Schwerfel, documentaire Arte Vidéo, 52 min, diffusion le 18 janvier sur Arte, disponible le 6 février en DVD.

Sortie dvd : Etreintes brisées de Pedro Almodovar

Mercredi 16 décembre 2009

Dans son dernier film, présenté en compétition officielle à Cannes, en mai dernier, Pedro Almodovar retrouve la sensuelle Penelope Cruz (Volver, Tout sur ma mère) et lui fait jouer le rôle d’une … actrice amoureuse. Eros, Thanathos et aussi memnos sont au programme de ces “étreintes brisées”, disponibles en dvd chez Pathé dès le 16 décembre, afin que vous puissiez les glisser dans la hotte de Noël.

Mateo Blanco (Lluis Homar) a changé de nom quand il a perdu la vue. Il s’appelle désormais Harry Caine, est écrivain, et vit le plus souvent enfermé dans son appartement où sa fidèle amie, Judit (Blanca Portillo), et le fils de celle-ci, Diego (Tamar Novas), viennent lui tenir compagnie. Après qu’un mystérieux réalisateur a frappé à la porte de Harry pour lui demander de co-écrire un scénario, Judit est inquiète. Or, elle doit partir loin de Madrid pour affaires. Elle charge donc Diego de veiller sur Harry. Mais les rôles s’inversent quand Diego fait une légère overdose en boîte après avoir bu dans le verre d’un ami. Harry profite de sa convalescence pour lui avouer que quand ils s’appelait Mateo Blanco, il était réalisateur de cinéma, et que l’égérie de son dernier film, quinze ans auparavant, était son plus grand amour. Mais  Lena (Penelope Cruz) était également  la femme d’un très riche et très dangereux homme d’affaires, et l’aventure du réalisateur et de sa muse a eu une fin tragique…

Entouré de SES acteurs (Blanca Portilla, Penelope Cruz, Rossy de Palma pour une brève apparition et l’excellent Lluis Homar, homme de théâtre qu’Amodolvar était déjà allé chercher pour “la mauvaise éducation”), Almodovar signe avec “Etreintes brisées” une jolie réflexion sur le cinéma, dont la conclusion est “Il faut toujours finir un film, même aveugle”. Flash backs de 2008 à 1994, tournage du film dans le film, générique tourné en DV, et jeux de rôles de la piquante Penelope Cruz qui enfile la perruque de Marilyn ou la petite frange de Audrey Hepburn, sont autant de déclarations d’amour de Pedro Almodovar au 7 e art. Mettant en scène une Penelope Cruz résolument fatale, et mêlant amour et mort avec un talent très classique, Almodovar continue de séduire le spectateur. Mais, si la maîtrise technique et psychologique est indéniable,  la folie qui faisait le charme du maître de la movida s’estompe, de film en film, pour laisser place à une gravité un peu nostalgique, et un sérieux qu’il avait si bien su éviter jusqu’à “Tout sur ma mère”.

Dans les bonus du dvd édité par Pathé, ne manquez pas les scènes inédites, le documentaire sur la manière dont Almodovar dirige ses actrices, et l’interview de Penelope Cruz par Laurent Weil.

“Etreintes brisées” (Los abrazos rotos), de Pedro Almodovar, avec Blanca Portilla, Penelope Cruz, Lluis Homar, Tamar Novas, Jose Lluis Gomez, Espagne, 2008, Dvd et blue ray, la jaquette existe en 4 couleurs pop, en hommage à Andy Wharol, Pathé, 19,99 euros.

Pathé propose  également un coffret Almodovar avec “Etreintes brisées”, “Tout sur ma mère”, “Volver”, “La mauvaise éducation” et “Parle avec elle”, 49,99 euros.

Dvd : Douglas Sirk, les années allemandes

Dimanche 29 novembre 2009

Carlotta propose un premier coffret de films réalisés par Douglas Sirk (Demain est un autre jour, Mirage de la vie…) au temps où il travaillait pour la UFA et signait encore ses films Detlef Sierck. L’occasion également de redécouvrir les débuts de la superstar du cinéma nazi, Zarah Leander.

En 3 Dvds et 4 films, c’est le cœur de la période allemande du réalisateur Douglas Sirk que vous pouvez redécouvrir. Réalisateur d’origine danoise, venu de la mise en scène de théâtre, Douglas Sirk a travaillé pour le grand studio allemand, la UFA, pour laquelle il a découvert la superstar d’origine suédoise et à la voix grave inoubliable, Zarah Leander.

Les deux premiers films concentrés sur le premier Dvd sont des adaptations. “La fille des marais” (1935) est tirée d’une nouvelle de Selma Lagerlöf et montre sur un mode naturaliste la séduction troublante d’Helga, fille-mère un peu sorcière, venue d’une ferme perdue dans les marais de la campagne suédoise. “Les piliers de la société” (1935) est un film sur les dessous de l’ascension sociale, inspiré d’une pièce du norvégien Henrik Ibsen, dont la structure est revue pour l’écran. Avec l’acteur nazi  Heinrich George (“Metropolis”, “Le juif Süss”…) qui a été déporté par les soviétiques, après la guerre.

Restaurés avec habileté, ces deux films témoignent des débuts talentueux de Sirk avec la caméra. Sirk disait que la lumière et l’angle représentaient la philosophie du cinéma…

Le deux films suivants sont issus de la rencontre entre Douglas Sirk et l’égérie suédoise Zarah Leander. Après le départ de Marlene Dietrich pour les Etats-Unis et face au refus de Greta Garbo de tourner dans un film allemand, la UFA avait besoin d’une nouvelle star allemande. Que Douglas Sirk est allé chercher sur une scène de théâtre à Vienne. Avant même la sortie du superbe “Paramatta, bagne de femmes” (1937, le titre en allemand est littéralement “Vers de nouveaux rivages”), Zarah Leander était déjà une star en Allemagne. Dans le film, elle interprète le rôle d’une chanteuse londonienne qui, pour sauver son amant, endosse le crime d’un faux qu’il a signé et se retrouve au bagne de Paramatta en Australie. Les chansons du films (“Ich steh im Regen”, “Yes sir”, “Ein Paar Tränen werd’ ich weinen um Dich”) appartiennent désormais au Panthéon de la chanson allemande. L’année d’après Sirk et Leander reprennent leur collaboration pour un film qui sera un succès mondial : “La habanera”. L’histoire est celle d’une jeune suédoise partie en voyage à Porto-Rico avec sa tante, et qui décide au dernier moment de rester sur l’île, pour y épouser l’élégant et dangereux Don Pedro de Avila. Dix ans plus tard, alors qu’elle se sent prisonnière sur l’île, a le mal du pays et se replie  sur son rôle de maman, l’héroïne retrouve un amour suédois de jeunesse, venu enquêter sur une fièvre contagieuse que les autorités de l’île, dont Don Pedro, tentent de dissimuler. La chanson éponyme du film est un autre tube allemand des années 1930.

Malgré certaines lourdeurs due aux conditions de production du film (propagande nazie un peu lourde sur le manque d’efficacité des américains, populations noires immédiatement liées au dévergondage dans les cabarets et casinos…) “Paramatta” et la “Habanera” témoignent de l’intérêt de Sirk pour les grands horizons (Australie, Porto-Rico) et la critique sociale. Derrière l’image lisse et maîtrisées, on peut même percevoir des fortes influences brechtiennes (Sirk avait lui-même mis en scène l’Opéra de Quat’sous) chez  le réalisateur qui a fui l’Allemagne pour retrouver sa femme juive et a eu aux Etats-Unis la carrière que l’on connaît.

Dans les bonus, ne manquez pas l’interview sans tabous de Douglas Sirk sur sa rencontre avec Zarah Leander. Vous y apprendrez que la diva avait les hanches larges, que les réalisateurs de l’époque appelaient le visage plein et placide de Leander, Garbo, ou Ingrid Bergman un “visage de vache”, et comment, déjà en 1937, on pouvait  créer de toutes pièces une nouvelle star.

Coffret Douglas Sirk, partie 1, “La fille du marais” (1935-78 min), “Les piliers de la société” (1935- 78 min), “Paramatta, bagne de femmes (1937-98 min), et “La Habanera” (1937-98 min). Films en noir et blanc et parlants, 3 dvd, VOST, 39, 90 euros. Sortie le 3 décembre 2009.

Dvd : la triste histoire de Clara Schumann

Mercredi 25 novembre 2009

Changement de registre pour l’actrice allemande Martina Gedeck. Celle qu’on a vu recemment dans le rôle de  l’intello de la Rote Arme Fraktion, Ulrike Meinhof dans le film “La bande à Baader, de Bernd Eichinger, a aussi incarné la mythique Clara Schumann dans un film signé Helma Sanders-Brahms (“Allemagne, mère blafarde”). Vous pouvez désormais visionner cette version ciné des romances de Clara Schumann avec les compositeurs Robert Schumann et Brahms, chez vous grâce au Dvd Bodega films, sorti le 19 novembre.

En 1850, après des mois de tournée épuisants, Robert Schumann(Pascal Greggory)trouve enfin un poste fixe à Düsseldorf. Mais la fatigue des nerfs l’empêche de vraiment exercer cette fonction, si bien que c’est sa femme, Clara, qui en plus d’élever cinq enfants, a le culot de diriger un orchestre d’hommes pour les préparer à l’exécution du chef-d’oeuvre que son mari est entrain de composer : sa symphonie n°3, dite “rhénane”. Un jeune compositeur très prometteur, Johannes Brahms (Malek Zidi) arrive comme un ange à la rescousse du couple. S’occupant des enfants, et apportant une nouvelle énergie aux Schumann très préoccupés par les crises de Robert et son addiction au laudanum, il tombe amoureux de Clara, de quatorze ans son aîné.

Comme l’histoire d’Alma Mahler, de Lou Andreas-Salomé ou d’Anaïs Nin, la destinée de muse de plusieurs génies incarnée par Clara Schumann continue de fasciner. Le portrait de femme libre et forte,malgré les contraintes, qu’en fait Helma Sanders-Brahms est classique et surtout pudique. Mais le sur-jeu abominable de Pascal Greggory, la platitude des dialogues, et le côté viscontien des images amidonnées, plombent la subtilité des amours suggérées, l’érotisme parfaitement mature que dégage Martina Gedeck, et la fraîcheur sympathique d’un Malek Zidi à contre-emploi. A la décharge du film, enserrer un mythe dans des images et essayer de sortir une figure comme Clara Schumann de sa tragédie de femme qu’on s’imagine fatale n’est pas facile. De grands cinéastes se sont déjà cassés les dents sur de tels sujets, comme par exemple Liliana Cavani (“”Portier de nuit) dans l’évocation kitschissime des amours de Lou Andreas-Salomé (“Au-delà du bien et du mal”, 1977).


Clara – Bande Annonce FR
par _Caprice_

Clara, de Helma Sanders-Brahms , avec Pascal Greggory, Martina Geddeck, Malik Zidi, 2006, Bodega films, sortie du Dvd le 19 novembre 2009, 20 euros.

Jeudi 12 novembre 2009

Sur les conseils de mon amie R.T. j’ai commandé un film sur un sujet qui ne m’intéresse pas du tout : l’adolescence (comme vous l’aurez compris, je préfère les auteures polonaises qui parlent des mourants). Et j’ai reçu le premier dvd customisé à mon nom (sympa!). A part ça, bonne ambiance dans le film, découverte de Riad Sattouf et de l’adolescence que je n’ai pas eu (pas super intéressée par les garçons à 14 ans, les livres me parlaient plus… et mieux).

Le Dvd du film de Riad Sattouf et tiré de sa célèbre chronique dans Charlie Hebdo, “La vie secrète des jeunes”, sort en Dvd chez Pathé. L’occasion de se plonger dans le quotidien drolatique et pas toujours facile d’adolescents d’aujourd’hui.

Hervé (Vincent Lacoste) a 14 ans, n’est pas forcément un Apollon, ni même un Einstein, et s’ennuie ferme, avec son meilleur ami Camel, dans leur collège Breton. En plus, sa mère (géniale Noémie Lvovsky) est en pleine dépression et se montre très indiscrète. Quand une des plus jolies et bourgeoises filles de la classe, Aurore, s’intéresse à lui, il n’en croit pas sa chance. Au point de la manquer…

A mille lieues des ados lisses généralement représentés dans le cinéma français (LOL, ou même La belle personne, de Christophe Honoré), la joyeuse troupe d’ados boutonneux croqués puis filmés par Riad Sattouf est d’un réalisme réjouissant. Le tableau plein d’humour et de tendresse, servi par des comédiens irrésistibles, permet de se replonger dans les premiers émois d’une conversation dans le bus avec une fille qui vous plait, des heures à espionner la voisine d’en face pour saisir le moment où elle se déshabille, et des moments passés entre potes à se vanter et à tirer des coups sur la comète.


Les Beaux gosses – Bande Annonce du Film –
envoyé par LE-PETIT-BULLETIN. – Regardez des web séries et des films.

Les beaux gosses, de Riad Sattouf, avec Emmanuelle Devos, Noémie Lvovsky,Valeria Golino, Irène Jacob, Vincent Lacoste, Anthony Sonigo, et Alice Trémolière, 1h30, 2008, France, 20 euros. Dvd (existe en Blu-ray) sortie le 12 novembre.