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Documentaire : Le Coran, aux origines du Livre

Mardi 2 mars 2010

Paru aux éditions Arte vidéo, le documentaire de Bruno Ulmer montre croyants musulmans et chercheurs orientalistes travaillant main dans la main à la recherche des origines du Coran. Alors que l’Ancien et le Nouveau Testaments ont été mis par écrit à diverses époques et dans plusieurs langues, tous les musulmans du monde récitent les versets d’une même édition des révélations faites à Mahomet. Cette édition date du Calife Uthman, au VII e siècle de notre ère, soit à peine un demi-siècle  après la mort du prophète. Les chercheurs contemporains se penchent actuellement sur les fragments les plus anciens du Coran pour dérouler l’histoire du Livre Saint. Une aventure passionnante, réalisée entre Damas, La Mecque, Paris et Berlin.

Le Coran (“Lecture” ou “récitation” en Arabe) est la somme des vérités révélées au prophète Mahomet à la Mecque et à Médine de 610 à 632, date de sa mort. Jusqu’à aujourd’hui les versets du Coran sont appris par cœur et récités par les croyants. Mais très vite des supports à la récitation sont calligraphiés, et à mesure que le territoire de l’Islam s’est étendu, une volonté d’homogénéisation s’est imposée. C’est le 3e calife, Huthman qui a fait établir la version canonique du Coran, vers l’an 650. Les 6 copies que le calife a fait faire classaient déjà les 114 sourates non par ordre de révélation mais par taille : de la plus longue à la plus courte (sauf la première). Après la décapitation d’Hussein, le fils d’Ali, à la bataille de Kerbala en 680, les chiites ont également adopté cette version  canonique du Coran, même si elle a été établie par le calife descendant d’Abou Bakr et donc de la branche sunnite de l’Islam. Puis ,alors que Damas et non plus Médine est devenue la capitale de Islam sous les Ommeyyades (661-750), le grand Abd Al Malik (647-705) a fait ajouter les consonnes et la ponctuation dans cette “vulgate d’Huthman” et comme Huthman, il fait envoyer cette version du Coran aux quatre coins de l’Empire. Depuis, c’est cette version du Coran que tous les musulmans du monde récitent. Cependant l’existence de vieux manuscrits, comme le manuscrit arabe 328 conservé à la BNF à Paris ou la redécouverte  en 2007 des quelque 9 000 photographies de très anciennes versions du Coran prises par un orientaliste allemand en 1934 (on les croyait détruites pendant la guerre avec l’Académie des Sciences bavaroises mais elles ont été retrouvées et sont désormais étudiées par un groupe de recherche berlinois : le Corpus Coranicum) montrent que les premières versions du Coran différaient de la vulgate d’Huthman, et que comme les autres textes saints, le Coran a une histoire. Ce sont les indices de cette histoire que le documentaire de Bruno Ullmer tente de transmettre, par l’intermédiaire des connaissances de jeunes croyants musulmans et de chercheurs européens chevronnés travaillant ensemble pour percer les mystères de l’origine du Coran.

“Le Coran, aux origines du Livre”, documentaire de Bruno Ulmer, avec Angelika Neuwirth, Ferid Herder, François Déroche, 52 min + compléments, Arte vidéo, sortie le 11 mars 2010, 20 euros. Diffusion le 13 mars à 21h30 sur arte.

Dans la même collection à paraître en avril : “La voie du Tao”.

Valérie Mréjen filme l’hôpital psychiatrique de Valvert

Vendredi 26 février 2010

La plasticienne, auteure, et réalisatrice de “Pork and Milk” (2006) a accepté un film de commande  : filmer un hôpital psychiatrique de Marseille datant des années 1970 et dont le fonctionnement repose sur la libre circulation des patients et leur interaction avec avec tout le personnel soignant ou administratif de l’institution. Un film réalistee t humain, qui fait figure d’anti-“Shutter Island”, et où Mréjen a glissé toute la poésie de son oeil mélancolique.

Né de la psychothérapie institutionnelle qui prône une psychiatrie ouverte et reposant sur le dialogue et le contact aux patients, l’hôpital de Valvert a ouvert ses portes dans les années 1970. Depuis les principes d’organisation sont demeurés inchangés : les patients (même ceux qui y restent des années) circulent librement dans les jardins et à la cafétéria de l’hôpital et l’accent est mis sur leur contact aux infirmiers, aux médecins, mais aussi aux employés de l’administration comme la directrice du centre de documentation. Toutes les portes sont ouvertes à Valvert, situant l’institution aux antipodes de l’atmosphère asilaire de surveillance panoptique des patients.Mais les fonds s’amenuisent et donc  l’hôpital n’est plus en mesure de proposer à ses patients des vrais emplois rémunérés, et donc un travail salutaire, même si pas toujours efficace, ceux-ci continuent de se promener et de s’exprimer librement. sans parti pris, et parfaitement en accord avec le principe de dialogue qui définit Valvert, avec sa caméra souple et poétique, Mréjean est allée rencontrer infirmiers, administratifs et patients. Et ces derniers sont traités avec une humanité quiconsiste à écouter avec attention ce qu’ils ont à dire, et qui si on se concentre, semble toujours assez cohérent dans le film de Mréjen. Alors que les plans fixes des interview évoquent cette attention aux mots, les longs travelling dans les couloirs de Valvert, où le visage muettement  endeuillé de la réalisatrice fait par deux fois apparition évoque tout un monde lointain : ces contrées milles fois explorées et jamais totalement balisées de l’esprit humain.

Entre réalisme et humanisme, Valvert est un petit bijou à découvrir en salles le 10 mars.

Valvert, de Valérie Mréjean, France, 2008, 52 min.