Jerusalem
Mardi 17 août 2010Après une folle nuit de danse au “Galina”, où j’ai retrouvé mes 17 ans à transpirer sur de très mauvaises musiques dans l’air du temps, sur le port et un retour surexcité dans les rues de Tel-Aviv, le réveil a été difficile hier matin pour mon petite voyage à Jérusalem. Et malgré le temps que j’ai pu y passer (1 mois et demie l’été d’après le bac, tout de même), les 7 collines de cette ville continent à me perdre. Mais à grands renforts de demande de renseignements, de bus et de taxis, j’ai fini par trouver la Bibliothèque Nationale sur le campus de la Hebrew University à Givat Ram pour rencontrer un professeur dont le cours – suivi à Chicago, il y a huit ans- a vraiment changé ma vie. Non seulement parce que j’y ai rencontré mon premier amour, trouvé les prémisses de mon sujet de thèse et connu une amie fantastique, mais aussi parce que pour la première fois de ma vie, je n’avais plus en face de moi “qu’un” professeur, mais un “Mensch”. Toujours aussi brillant, plein d’attention et généreux, il n’avait pas changé, dans les jardins fleurissants de Givat ram, me montrant les collections de livres de Gerschom Scholem conservés à la Bibliothèque, aussi bien que les arbres plantés aux alentours, me posant mille questions sur mon travail, ma famille, me présentant un délicieux politiste et s’émerveillant des jeunes karatékas venus se disputer le titre du mondial de leur discipline dans le gymnase de la Hebrew U. Remise avec soin dans un taxi, après un délicieux gaspacho à l’israélienne, je suis partie pour le quartier de l’ONU y rencontrer l’amie dune amie, palestinienne, travaillant à la com de la grande maison. Il était déjà 18h quand je suis arrivée aux portes de la vieille ville, par le côté du souk arabes, aux marchands harassés de jeune et de chaleur. Après la joie de retrouver ce site irradiant, toujours la même impression contrastée de beauté impériale et de tension maladive. Autant je suis “chez moi” à Tel-Aviv, autant Jérusalem me laisse hors de moi, flottant au dessus de mon propre corps pour mieux percevoir les humeurs, les croyances, et les doutes; et l’atmosphère mystique m’empêche de dormir la nuit, si bien qu’au bout de trois jours, je suis un Zombie. A 18h30, ayant salué en reculant avec respect le Kotel cogné de soleil et toujours aussi bruissant de juifs du monde entier, j’avais plus ou moins dépassé les limites de la fatigue, qu’une petite marche d’une heure dans le souk et vers la rue Ben Yehuda, m’ont finalement fait oublier. Frozen Yoghurt, lèche-vitrine et papotage dans le shirout du retour, Y. flamboyante en orange fleuri, et moi-même, dans ma seule robe décente, n’avons pas eu le temps de nous doucher avant de filer à Florentin, le marais de Tel-Aviv, pour une soirée sur le toit d’un appartement magnifique. Et avec une foule d’amis brillants, engagés, et généreux. Probablement une des plus jolies soirées ici, où tout jusqu’à la vaisselle ensemble m’a rappelé … ma vie et mes amis à Paris.
Un peu déconnectée des médias, je viens d’apprendre la mort de Tony Judt. Tristesse, peut-être pas à cause de l’intérêt intellectuel que je porte à l’écrivain. L’article de Pierre Assouline sur son blog est, comme bien souvent, un modèle du genre.