Heureuse qui comme Yaël…
Samedi 25 avril 2009Grande appréhension pour ce retour à Paris après trois mois d’absence. Et si l’on my avait complétement oubliée? Mes parents, déjà, avaient préféré Bruxelles à ma venue. Et mes amis, allais-je les retrouver ? Ou l’angoisse qui me tient les côtes depuis des semaines allait-elle aussi me séparer d’eux. Pour la faire descendre autour des hanches dans un tour rusé de houla-houp, j’ai donc pris un petit cachet magique qui m’a fait dormir sinon du sommeil du juste, du moins de celui de l’oubli provoqué pendant les 9 heures de vol. Sommeil, qui vu l’heure tardive de mon retour au bercail ce soir, me sera bien utile…
Un coup de fil incertain à mon frère a vite corrigé mes doutes. Il m’attendait au 5 e étage avec un sandwich baguette (yes!) de poulet. A peine débarquée du taxi avec mes cent kilos de livres, j’ai retrouvé toute la rédac, gazouillant et pour les nouveaux venus, contemplant une espèce de mythe que mes frères ont fait de moi. Le mythe aux yeux bouffis cachés derrière des lunettes noires a alors souri, babillé et décidé de retouver ses bonnes vieilles habitudes.
Energisée par le soleil radieux, mes quais adorés et la pile de livres à chroniquer qui m’attendait, j’ai lavé mes peurs dans un grand bain rapide avant de m’élancer à la conquête de toutes ces merveilleuses nouvelles expositions commencées en mon absence. Cuisses nues (j’ai acheté des collants en route), j’ai pris le premier métro pour Beaubourg, où l’immense exposition Kandinsky m’a éblouie. Par miracle, il y avait peu de monde vers 16h, et j’ai découvert sa période sombre et russe- celle de la rupture avec Gabrielle Munter et celle probablement d’un désenchantement politique. Enfin, redevenue moi-même, j’ai pêché en chemin un adorable scientifique suisse que j’ai convaincu de venir voir tout Paris du haut du centre Pompidou et de se laisser noyer dans les fleuves de couleurs de Kandinsky.
Après, j’ai retrouvé L. Pour fêter cela : café dans le marais (hmm enfin un sancerre buvable), et deux très belles galeries : Mircea Eliade et ses jeux de dimensions chez Yvon Lambert, et l’audacieuse Marina Abramovic immobilisée dans ses performances seule ou avec Jan Fabre chez Serge le Borgne. Un film la montrait à l’oeuvre, avalant méthodiquement l’amertume d’un oignon avec la peau, sur un texte où j’ai pu me reconnaitre : ” Je suis fatiguée de changer d’avions si souvent, d’attendre dans les salles d’attente, les arrêts d’autobus, les gares, les aéroports… je voudrais être vieille, vraiment vieille, de manière à ce que tout m’indiffère”. Usant encore une fois de ma force de conviction malicieuse, je l’ai traîné dans un ciné des halles voir le dernier Bertrand Tavernier du Bayou avec un Tommy Lee Jones irréprochable : “Dans la brume électrique”. Délicieux malgré les inévitables travers de l’adaptation littéraire réflexive. Malheureusement le film n’est pas sorti sur grand écran aux US.
Après un bateau japonais rue St Anne, nous avons rejoint mes deux frères, mon grand frère adopté et pas mal d’amis à un anniversaire dans le Grand Palais même. Ambiace electro-basquiar dans une salle nouvelle ouverte pour la collection de tags du père d’un ami et dont l’expo a reçu en un mois 75000 visiteurs grâce aux bons soins de com de notre société en3mots. J’ai adoré la visite guidée par mon frère Michaël, excité comme une puce par ce très beau projet. Grand, agréable, de jolis gens et champagne, voilà qui réjouit un coeur, même perforé de doutes.
La soirée s’est fini comme elle se soit à St-Germain des Près (Palette + Echelle de Jacob) avec mes deux frères, la petite amie de l’un d’entre-eux et une autre amie devenue très proche. Vers trois heures la fatigue s’est faite sentir et il est temps de dormir enfin dans mon lit… 2h de repos, avant de partir pour un mariage en Bretagne demain par le premier train… Je n’ai rien à me mettre mais qu’importe, une petite robe bustier rouge pour la mairie et une noire à trous pour la soirée avec une vieille paire de sandale très haute feront l’affaire.