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Divinations

Samedi 9 mai 2009

Etrange vendredi, sous un soleil enfin venu sans apporter vraiment la joie. Je suis sortie d’une autre nuit russe -cette fois-ci au Tanjune, dans le Meatpacking et beaucoup de Vodka- avec une jolie gueule de bois, dûment soignée par une journée studieuse mais peu productive auprès de Raul Hilberg auquel on revient toujours. Petite pause Max Jacob efficace quand même … J’ai fait tout ce que j’avais à faire et me retrouve à nouveau seule face à ma thèse ce week-end.

Soirée plus légère en jolie robe dos nu avec le vernissage de Santiago Calatrava à l’Institut Espagnol. Tina, sa femme était resplendissante en petite robe Chanel, et le projet de Santiago pour Ground zero est sublime. Son travail anthropomorphique est toujours aussi lumineux, comme si l’architecture pouvait se faire os, et dents, et qu’il retournait notre intérieur pour nous porter ou nous couvrir. Après cela, j’ai enfin vu “Il divo” de Sorentini, qui ne m’a pas autant enchantée que je l’avais prévu… Le côté clip, fascinant d’abord, m’a un peu angoissée, malgré sa beauté. Une beauté menaçante d’oiseau mort, où les assassinats politiques deviennent des moments de grâce divine, mi-ironique, mi-dramatique. Et peut-être que je n’en connais pas assez sur l’histoire politique italienne des trente dernières années pour ingurgiter les soudaines tétées d’information débitées à toute berzingue par un journaliste ou défilant à plein tube sur l’écran? Je n’ai pas non plus compris l’intérêt du personnage de Fanny Ardant dont le visage vieilli et boursouflé m’a vraiment flippée. Dîner délicieux dans un restaurant italien avec l’insaisissable et génial A. où je suis encore tombée “par hasard” sur mon amie allemande à la porte des toilettes. Je pars à Boston dimanche et j’ai un peu peur. Mais ce n’est plus la même peur paralysante des débuts. Quelque chose meurt lentement, et je ne me débats ni dans un sens, ni dans l’autre. Je suis des instincts qui avortent sans vraiment contrer une fatalité avérée : je sais que je perds mon temps, que je me méprise: de ma passivité et du rôle secondaire et traitre que je joue. Et cependant, quelque chose refuse aussi d’en sortir comme j’ai pu le réaliser hier. Perversité. Le fait est que je frotte un peu de soie, fais la jeunette dans des bars où je me cogne la tête et dors parfois sagement aux côtés de la jeunesse, mais je crois que j’ai peur de ne pas revenir d’un rapport sain avec un corps sain et libre vers le lent érotisme vieillissant qui berce ma vie sans vraiment la combler depuis quelques mois. Peut-être est-ce le film de Frears qui m’a impressionnée au point d’éveiller ce soupçon?