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Cabaret Terezin : encore deux représentations exceptionnelles au Théâtre Marigny

Vendredi 26 février 2010

Pour la première fois en France, un spectacle nous livre dans notre langue les trésors du cabaret composés dans le camp de Theresienstadt, où ont d”abord été envoyés la plupart des grands artistes juifs européens déportés. Des trésors inestimables que Sergueï Dreznin, Isabelle Georges, David Krüger et Olivier Ruidavet font revivre pour un public volontiers composé de collégiens.

Ouvert pour les juifs les plus renommés ou les plus âgés après la conférence de Wannsee, le camp de Theresienstadt a servi de vitrine ou de camp-modèle aux nazis pendant la guerre. la Croix Rouge est même venue le visiter au début de l’année 1945 alors qu’il avait été soigneusement transformé en camp idéal. Le spectacle écrit par Josette Milgram n’oublie jamais de rappeler que l’on mourait de faim et de fatigue à Terezin et que les convois pour Auswchitz y étaient réguliers. Le spectacle suit le fil rouge de l’histoire d’Alexander Waechter ouvrant une valise longtemps restée dans le grenier afin de retracer la vie de son grand oncle Raimund mort dans le camp où il avait été déporté pour avoir épousé une juive. Peu de textes et beaucoup de chansons, constituent ce “Cabaret Terezin”. Parmi les numéros, les airs qui sont restés du camp  comme “Une valise raconte” (Ilse Weber), “La marche de Terezin” (Karl Svenk), “Le fond  reste musical”  (Fred Raymond) ou “Ce bon vieux cabaret” (Frida Rosental).  A un moment, l’on entend même le “St Louis blues” interdit partout en territoire nazi comme “art nègre” mais joué à Terezin.

Tous les textes sont traduits de l’allemand en français sauf deux (on peut entendre un morceau en tchèque et un autre en allemand, mais rien en yiddish), si bien que le public comprend immédiatement à quel point, alors même que rôde une mort souvent  évoquée, l’humour et le désir de vivre ont continué à irriguer la formidable création artistique qui a eu lieu dans le camp (une centaine de spectacles et conférences en trois ans).  A l’image de l’empereur d’Atlantis de l’opéra de Viktor Ullmann composé  dans le camp, c’est en chantant que les juifs de Thersienstadt exprimaient leur “refus de mourir”.  La charge émotionnelle d’interpréter des œuvres composées par des auteurs qui se savaient condamnés est parfaitement portée avec leur étoile jaune a veston par les quatre immenses interprètes du spectacles. Chanteurs hors pairs, danseurs,  et acteurs, Isabelle Georges, David Krüger et Olivier Ruidavet nous  font parfois rêver que l’on n’est plus à Theresienstadt mais à Broadway. Seul instrument pour les soutenir, le piano de Sergueï Dreznin est tout simplement magique.

“Cabaret Terezin” se donne encore deux fois pour le grand public au Théatre Marigny : le 8 mars et le 10 mai à 20h30.

Les collégiens et lycéens  peuvent assister à des séances spéciales les mardi 16 février à 15h, jeudi 18 février à 15h, lundi 8 mars à 15h et lundi 10 mai à 15h. Pour réserver pour  votre classe : cabaret.terezin@gmail.com.

“Cabaret Terezin”, dialogues Josette Milgram, oeuvres de Ilse Weber, Léo Straus, Frida Rosental, Karel Svenk, Walter Lindenbaum, Kopper… , piano et arrangements : Sergueï Dreznin, avec  Isabelle Georges, David Krüger et Olivier Ruidavet, Théâtre Marigny, le 8 mars et le 10 mai à 20h30, Carré Marigny Paris 8e, m° Franklin Roosevelt,  18-40 euros ( pour mes représentations jeunes : 5 euros) infos et réservations : cabaret.terezin@gmail.com.

Facebook de l’évènement ici.

Disque de Diamant et fin de la Tournée « Kabaret » pour Patricia Kaas

Mercredi 13 janvier 2010

A l’affiche du Casino de Paris ce week-end, la chanteuse de l’est la plus populaire de France a reçu un disque de diamant pour plus de 800 000 ventes de son album « Kabaret » dans le monde (dont 150 000 en France qui lui valent aussi un disque d’or). Spectacle inspiré des années trente, sa tournée se termine en février par deux concerts à Athènes et à Minsk.

patricia-kaas-et Jacques Antoine Granjeon

En janvier dernier, Patricia Kaas avait fait le choix avant-gardiste et surprenant de vendre son disque « Kabaret » sur le site ventesprivées.com. Pendant un mois, les internautes ont pu commander le CD et le payer à prix coûtant (6 euros). L’objectif était pour la chanteuse populaire de proposer à son public ce bel objet pour un prix modeste. Ce qui n’a pas empêché « Kabaret » d’être aussi diffusé dans des bacs plus traditionnels. Grâce à cet évènement, le PDG de Vente Privée.com, Jacques-Antoine Granjeon , a reçu lui aussi un disque d’or, pour la distribution de « Kabaret ».

Après l’émouvante remise des récompenses au bar du casino de Paris, Kaas a enchaîné sur le premier de ses trois concerts dans cette chaleureuse salle. Inspiré du cabaret des années trente, mais poli et lissé par des instruments symphoniques et une sensualité épurée, « Kabaret » est un grand spectacle. En compagnie de ses musiciens et d’une danseuse, Patricia Kass y interprète tous ses tubes (à commencer par « Mon mec à moi » qui inaugure le concert)et certaines nouvelles chansons (« Et s’il fallait le faire » …). Ayant conservé la même puissance rauque dans la voix  à travers les années, Mademoiselle chante le blues avec plus d’émotion que jamais. Et joue la comédie, fait des moues, se change quatre fois, danse et remet en scène ses origines (« D’Allemagne », « Une fille de l’est »), ses désirs d’amour (« Les hommes qui passent »), et surtout son amour pour le public. Fidèle et chaleureux, ce public, reprend en chœur tous les refrains, est souvent venu voir le spectacle plusieurs fois, et a salué sa diva en une standing ovation après son troisième bis fait de medley des tubes. Très populaire également à l’étranger, Patricia Kass termine sa tournée à Athènes et à Minsk en février.


Patricia KAAS – “KABARET” video clip

PATRICIA KAAS | MySpace Music Videos

Pour ceux et celles qui ont raté Kabaret et veulent voir Patricia Kaas, rendez-vous sur le plateau de Michel Drucker, le 17 janvier, dans « Vivement Dimanche ».

Et pour en savoir plus sur 19, sa dernière compilation, allez lire notre article.

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La grâce d’Ute Lemper

Dimanche 22 février 2009

Ciel bas et lourd et grand froid à New-York, malgré un très beau concert de blues hier soir. Baptême américain en Nouvelle Orléans avec le Dr John et les traditionnels et funk Neville Brothers au Terminal five. Ce matin, réveillée à l’aube (6h40) par mon matinal et jetlagged ami universitaire, je me suis adonnée à 7 heures pétantes à un cours subtil sur pièce sans mannequin d’ouverture de soutien-gorge. Après un déjeuner exotique confectionné par mes soins (tartare de saumon et kasha), c’est l’un et l’autre l’estomac serré d’une angoisse inexplicable que nous avons arpenté les collections permanentes du MOMA. J’ai salué les 100 ans du manifeste du futurisme d’une grande révérence devant un joli Balla que j’avais auparavant zappé. Le soir, alors que nous devions juste dîner dans un excellent restaurant grec, l’attachée de presse de Ute Lemper a envoyé un mail d’invitation à mon père adoptif pour un concert de la chanteuse allemande à mon bar préféré de New-York. Légèrement ivre de cabernet grec, c’est en sautillant et très excitée que j’ai suivi mes amis sur le chemin du concert. J’avais en même temps un peu peur de trouver Ute vieillie et de la voir pour la première fois sur scène après avoir écouté avec passion ses cds, notamment moins connus comme ses interprétations des poèmes de Paul Celan mis en musique par Michael Nyman. Aux premières loges et en tout petit comité, nous avons bu les mots en quatre langues et les histoires nostalgiques de Berlin, Paris, Buenos-Aires et New-York que la diva mettait en scène entre son pianiste et son accordéoniste. La cinquantaine passée, elle conserve néanmoins la paire de jambes la plus hallucinante que je n’ai jamais vue, une grâce un peu ployante d’oiseau blond et un charisme qui m’a fait penser que les cds ne lui rendent vraiment pas justice. J’ai littéralement été transportée pendant plus d’une heure, dans l’oblivion de Piazzola, l’opéra de quatre sous revu à la sauce Madoff de Weil, Bilbao et les feuilles mortes auf Französich largement inspirées de Montand et qui m’ont faite trembler.  En chaque idiome, les mots résonnaient fort, et juste et l’on pouvait tout comprendre. Et boire le lait gris de la nostalgie.  Je crois que même Hannah Schygulla ou Ingrid Caven ne m’avaient pas fait autant d’effet. Il faut dire que ce monde des exilés juifs berlinois entre Paris, Los Angeles et Buenos Aires est ma vraie patrie et que, le coeur serré je me demandais qui reprendrait le flambeau de cette tradition qui a été si vivante et qui s’est un peu amidonnée dans le folklore du “bon vieux temps” où l’underground regorgeait de putes joyeuses et de whiskys interdits. A la fin, cerise sur le gâteau, nous sommes allés saluer Ute Lemper, qui nous a parlé poliment en Français. Après deux concerts d’affilée, elle était vraiment épuisée.

Or la salle était quasi-vide, faute de publicité, ce qui est UN CRIME.

A tout hazard : Ute Lemper se donne au bar du Carlyle jusqu’au 7 mars, mar-jeu 20h45, ven et sam 20h45 et 22h45. Courez-y, l’entrée ne coûte que le prix de votre consommation.

De mon côté je compte bien y retourner, car les mots des chansons coulent juste là où l’angoisse me fait mal et viennent la dorer comme une carresse. C’est moins efficace que du bon savon, mais c’est bien meilleur.