Articles taggés avec ‘bars’

Reprise israélienne

Lundi 2 août 2010

Le journal de la femme de cendres a un peu été laissé en friche ces dernières semaines. Pas le temps, et surtout pas le cœur à écrire, et pas même envie d’insérer mes articles de la boite à sorties. Enfin seule (avec un ou deux cafards et quelques moustiques, ces derniers magiquement tenus loin de ma peau bronzée par un bracelet rouge à plaquette de citronnelle horriblement efficace), je reprends peu à peu le fil des pattes de mouches dans mon adorable studio de la rue Lapin (hop! hop!) à Tel-Aviv. Après quelques jours à Saint-Tropez très actifs dans l’oisiveté (organiser trois merveilleux amis américains est un temps plein, malgré le programme léger des journées), et une arrivée au poil (plutôt à poil : ma valise avait disparu dans la bagarre, quelque part entre Rome et Tel-Aviv), je peux enfin fêter mes premières vraies longues et prometteuses vacances depuis 6 ans : pas de thèse sur les bras et décision irrévocable de louer la boîte à sorties à mes chères lieutenants. J’ai commencé hier soir, dans mes simples atours de voyage (la situation valise était encore en suspens) par un bar hopping de tous les diables, avec deux des trois américains tropéziens (notez par ailleurs qu’en n’écrivant pas à Saint-Tropez je vous ai évité la description annuelle du bling bling des plages à musique et prix forts et des boîtes locales). Munie d’une carte sim israélienne, je note consciencieusement sur mon “Foursquare” de geekette tous les restaurants et bars que nous essayons, déchiffrant pour cela l’hébreu des titres, ce qui n’est pas plus mal puisque je suis un peu venue ici pour progresser dans cette langue. J’ai enquillé une ballade solitaire le long de Schenkin, à faire du lèche-vitrine, une fois les magasins fermés, un peu de caviar d’aubergine et de viande fumée chez l’ami israélien où vivent mes deux amis new-yorkais, quelques bars pas assez veggan-friendly, un stop pour manger quelques tapas cacher dans le joli “Tapas 1”, et une soirée classique sur un toit local (le sublet, face à la mer). pas de grande activité le dimanche soir, qui est le premier jour de la semaine ici, mais assez cependant pour rencontrer un charmant jeune avocat avec qui je dois aller à la plage demain. Et de finir chez moi épuisée à 3 heures du matin à force de me perdre dans les rues. En termes de plage, pas grand chose, pour l’instant, mais j’ai eu l’impression de boire trop de soleil dans le Sud de la France. Devenue noire, j’ai donc décidé de réserver la pause plage à l’heure du coucher de soleil, joli cadeau à moi-même parfaitement réalisable parce que je réside exactement à 5 minutes à pied de la mer. Avant cela, la bonne surprise de la valise revenue comme par miracle, cours de gym en hébreu (hilarant!) dans la tour du Dizengoff center, brunch pas terrible rue George V, virée au Musée de Tel-Aviv – nous sommes restés à la porte (il ferme à 16h, eh oui, il y a pire que la France pour les horaires des musées), et petit tour le nez au vent dans le nouveau port dont les habitants de cette ville sont si fiers. Tel-Aviv m’énergise et tout m’émerveille, j’espère que le charme durera ces trois semaine de liberté formidable.

Routine d’une jeune femme gâtée

Lundi 23 mars 2009

Rien de notable dans les derniers jours, je retourne dans des bars que je connais et apprécie (le carlyle, le 10X44), j’ai vraiment laissé une valise au Met, mais Rusalka était décevante samedi, alors que j’avais déjà entendu Fleming dans le rôle à Paris et que c’était époustouflant. Mes convertis me tiennent compagnie et leur conversation est passionnante. Je me suis mise à les lire à Saint John the Divine pendant la messe, c’est peut-être un peu impie mais ça donne tout de suite le “la”.

Au rayon des amitiés, brunch ensoleillé hier, avant le yoga, puis café sympathique avec mon hollandais de Bagdad à qui j’ai promis de faire un grand ménage avant Pessah (techouvah est proche), et j’ai été pourrie gâtée par mes parents adoptifs qui m’ont offert un châle Hermes pour mon anniversaire.Par ailleurs, nous avons de longues conversations avec D. sur la crinière de Louis Garrel, que nous décrivons comme ébouriffée et légèrement ondulée. D pense que si on lui coupait les cheveux, notre jeune premier neo-nouvelle vague verrait sa carrière se finir. J’en suis moins sûre, la coupe n’étant qu’un des attributs de sa nonchalance. Afin d’arrêter d’écrire de très mauvais vers et de buter encore sur mes redondances solitaires arrosées de musique baroque et de choux de bruxelles, je vais me coucher avec “Dieu et la NRF”. Je sais ça fait beaucoup de monde dans le lit, mais bon c’est enfin le printemps!

Mes pas dans la neige suivent tes pas, Mon Dieu que n’ai-je?

Lundi 19 janvier 2009

Oui. Keren Ann, parfaitement, pour clôturer ce joyeux week-end de retour chez moi. Central Park est blanc un peu mimi-cracra et les adultes perdent des décennies en se jetant de la neige au visage. Mes jours sont studieux même s’ils commencent tard pour rattraper mes nuits houleuses.

Hier, première vraie scène italienne de ma vie, au milieu de Broadway. Des cris, des grands gestes, des mots d’une violence inattendue, incongrue, mortifiante.  Il manquait juste le linge suspendu aux fenêtres mais il fait trop froid. Je suis passée par le calme décidé, la colère, la rage, le désir, et la tendre empathie. Saisie par la souffrance qui irriguait cette réaction démesurée, je suis cependant restée spectatrice d’une pièce de théâtre:  paralysée par la parodie de ce qui est mort dans l’oeuf. “Always one foot on the ground”, je deviendrais presque froide, détachée, et même pire indifférente. Bref tout ce qui me fait peur.  J’ai aussi pour la première fois depuis des mois rencontré un ressentiment contre tout ce que je suis, socialement et de caractère. L’erreur est trop grande pour ne pas être intéressante.

Sur une note plus légère, après avoir retrouvé ma gym de chelsea, vendredi, je suis enfin allée voir de aronowsky sur le lutteur avec mickey rourke et n’ai pas été déçue avant de faire une tournée des boîtes gay de la ville : 12/20 au Chelsea Hotel, et un bon 15/20 pour le bar-boîte sympathique de Hellskitchen, Vlada.

Samedi, concert de Jazz au Cachaça avec un ami de Paris, et choc du retour vers le futur à une soirée de doctorants en littérature. Comme lors de mes 19 ans, ils sont déguisés et jouent les potaches au bal de prom en buvant des bières, un vin absolument impossible et truffent leurs pas de danse de références à des théoriciens. Suis-je fatiguée, rabat-joie,  ou ai-je passé l’âge?

Eve est de retour en ville et nous avons fêté ça comme il se doit (et avec beaucoup trop de BON vin)  chez Pastis, précédé du bar à vin cosi “the Turk and the frog”, et suivi de wagon de train art déco type orient express : “Employees only”.

Ces trois endroits chacun dans leur genre sont résolument ce que les new-Yorkais appellent des “scenes” du west-village, traduisez, “où ça se passe”. Je fonds quand, enthousiaste de Lisbonne et de ses belles personnes, mon cher ami Danny chuinte les S pour me dire que “We’ll take over the portuguezchhhee cheeeene in New-York”.

Il est temps d’aller me coucher après avoir bu jusqu’à la lie la prose violacée et qui se veut limite de Chloé Delaume.