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Lucian Freud, l’intérieur projeté au Centre Pompidou

Mercredi 10 mars 2010

Jusqu’au 19 juillet, le Centre Pompidou dédie une grande exposition au peintre anglais Lucian Freud. Agencé autour du thème de l’atelier, celui de Paddington, puis de Notting Hill, où Freud a concentré l’incarnation ses personnages depuis les années 1960, le parcours thématique proposé par Cécile Debray montre des grands intérieurs récents de l’artiste qui a aujourd’hui 88 ans.

Je veux que la peinture soit chair.” (Lucian Freud)

Alors que la dernière rétrospective française dédiée à Lucian Freud avait eu lieu en 1987 à Beaubourg, près d’un quart de siècle plus tard, le Centre recommence et offre à voir dans 900 m² les plus grandes toiles réalisées par l’artiste dans son atelier, des années 1960 à nos jours. S’ouvrant sur le surréaliste “Atelier du peintre” de 1944 l’exposition se décompose en thématiques simples (quoique pas toujours entièrement respectées…)

– “Intérieur/ Extérieur” montre les deux faces de l’atelier : l’intérieur où les personnages gisent, posent et savent parfois se tenir, et sont incarnés avec une crudité dont les fans de Lucian Freud apprécieront les multiples renouvellements. Certaines scènes d’extérieurs peuvent encore montrer sur le bitume des petites filles semi-nues, mais les végétariens apprécieront les herbes folles des “Jardins du Peintre”, et spécialement les eaux-fortes que ce jardin a inspiré au peintre. Et l’on découvre un Lucian Freud également génial dans l’art de la nature morte, et qui note avec précision et en couleurs les détails de son atelier, comme par exemple dans “Deux lutteurs japonais près d’un évier”.

– “Reflets” interroge l’art de l’autoportrait chez Lucian Freud. Le peintre n’a jamais cessé de peindre son reflet. Même après avoir atteint un grand âge. Certaines toiles comme “Painter Working” (1993) superposent des couches de peintures qui SONT les nerfs et les muscles du peintre. En effet, Freud refuse l’étiquette d’artiste expressionniste :

“La façon dont on se présente impose que l’on s’efforce de se peindre soi-même comme si on était une autre personne. Dans le cadre de l’autoportrait, la ‘ressemblance’ devient quelque chose de différent. Je dois faire ce que je ressens, sans être expressionniste”.

-“Reprise” montre un visage assez peu connu du peintre. Lui qui s’est longtemps enfermé dans son atelier et ses sensations pour créer, a aussi beaucoup copié les maîtres, comme Cézanne. Mais à contre-courant du parcours classique qui voudrait que la copie des grands appartienne aux années de formations, Freud s’y est beaucoup intéressé dans les années 1990. Et s’est lui-même copié, démultipliant certains de ses thèmes à plusieurs mois ou années d’intervalle.

-Enfin, “Comme la chair” explicite le rapport direct que Freud établit entre chair et peinture, notamment en montrant ses toiles très récentes (1990-2000) des corps énormes de “Big Sue” et ses escarres, de son chien “Eli”, mélangé aux corps des modèles, ainsi que de Leigh Bowery.

L’expo se termine par de superbes photos de l’atelier prises par David Dawson, l’assistant du peintre.

“Lucian Freud, l’Atelier”, jusqu’au 19 juillet, Centre Pompidou, niveau 6, de 11h00 – 21h00 jusqu’à 23 h le jeudi, fermé le mardi, et le 1er mai, Paris 4e, m° Rambuteau ou Hôtel de Ville, Tarif plein 12€ ou 10€ selon période / tarif réduit 9€ ou 8 € selon période.

crédits photos :

1) After Cézanne, 2000, National Gallery of Australia, Canberra

2) Working at night, 2005, David Dawson, courtesy of Hazlit Holland Hibbert, Londres

Livre : Beauté volées de Mara Lee, un thriller féminin dans le monde de l’art

Dimanche 7 mars 2010

Le premier roman de la poétesse Mara Lee a été salué par la critique suédoise. A raison. Cette histoire fascinante de vengeance entre femmes modèles, galeristes, poétesses et photographes entre Paris et Stockholm est désormais disponible chez Albin Michel.

La superbe trentenaire Léa dirige une galerie d’art à Stockholm. Elle partage avec sa meilleure amie, Mia le goût des hommes jeunes. La prochaine exposition de Léa doit être son coup de maître : la jeune-femme veut tendre un piège à une grande photographe qui l’a piégée et trahie. Or cette photographe voleuse de beauté, Siri alias Iris C., est aussi à l’origine de la paralysie de la meilleure amie de Mia, et de la décrépitude d’une poétesse misanthrope et vieillie avant l’âge : Laura. Pourquoi toutes ces jolies femmes tombent elles sous le charme de la fatale Siri ? Le goût de cette dernière pour la beauté justifie-t-il la manière dont elle manipule ses modèles –jusqu’à emporter leurs âmes.

Beauté volées est un portrait de Dorian Grey sans dandy, avec plusieurs clichés, beaucoup de femmes, et une structure temporelle magistralement complexe. En flash backs divers, l’auteure retrace les divers épisodes des trahisons de Siri pour les faire converger sur le vernissage de l’exposition organisée par Léa. Très juste sur le rapport réifiant des femmes à la beauté, le roman créé un parfum étouffant de rivalités féminines érotisées. Les hommes servent de sous-fifres ou d’étalons tandis-que les femmes se livrent des batailles sans merci- sauf lorsqu’elles se laissent hypnotiser par Siri. Les amours singulières sont aussi les plus cruelles, surtout s’il faut les subir en talons hauts dans une galerie ou devêtue face à l’objectif impitoyable de Siri…

Mara Lee, « Beautés Volées », trad. du suédois par Rémi Cassaigne, Albin Michel, 491 p., 21 euros, sortie le 8 avril 2010.

« Siri avait toujours son appareil photo sur elle. De temps en temps, elle le sortait et el braquait sur le visage gêné de Caro. Elle souriait parfois à contrecœur devant l’objectif, mais d’autres fois levait les mains en disant : « arrête ça !», et Siri cessait alors aussitôt. Mais lorsqu’elle montrait à Caro les tirages, Siri devinait dans ses yeux cette lueur, ce regard séduit qui avalait pour ainsi dire l’image, et elle savait qu’il suffisait de continuer. Il ne fallut pas longtemps pour que Caro ait envie de le faire – c’est elle-même qui finit par proposer une vraie séance de pose sérieuse, avec changement de vêtements, comme un vrai mannequin. Si possible quelque part où elles risqueraient d’être vues, c’était plus excitant » p. 250.

Les fantômes de l’art contemporain s’exposent à la Conciergerie

Jeudi 5 novembre 2009

Jusqu’au 12 décembre, la de la Conciergerie accueille en partenariat avec le nouveau festival du Centre Pompidou l’exposition “Le sort probable de l’homme qui avait avalé le fantôme”. Une invitation à jouer avec ses propres fantômes en compagnies de Maurizio Cattelan, Kiki Smith, Valérie Belin, Olaf Breuning, Merce Cunningham, Mario Garcia Torres, Xavier Veilhan et bien d’autres…

Olaf Breuning & Bernard Willhelm

Olaf Breuning & Bernard Willhelm

En collaboration avec Bernard Blistène, qui chapeaute le nouveau festival pompidolien, Christian Rizzo, l’homme orchestre de l’exposition a voulu mélanger les genres et les styles : chorégraphie, photographie, sculpture, et même art textiles sont mis au service d’une réflexion amorcée à partir du titre d’un recueil de nouvelles du XIX e siècle : “Laissez le choix au lecteur de décider du sort probable de l’homme qui avait avalé le fantôme”. Tout un programme de réflexion sur les hantises du corps et leur échos dans l’oeil et l’âme, à voir dans la beauté immuable de la Conciergerie.

Parmi les pièces de toutes tailles et de tous genres, un peu fêlées et très hantées, on notera tout particulièrement :
– les figurines immaculées de la plasticienne allemande Kiki Smith.

Kiki Smith, Tahitian girls with Feathers, 2005

Kiki Smith, Tahitian girls with Feathers, 2005

– le travail du verre du sculpteur israélien Izhar Patkin.

Izhar Patkin, The Messiah's glass, 2003-2007

Izhar Patkin, The Messiah's glass, 2003-2007

– et les danseuses trop glamour et trop conformes de la photographe française Valérie Belin.

Valérie Belin, Ballroom Dancers, 2008

Valérie Belin, Ballroom Dancers, 2008

Jusqu’au 12 décembre, “Le sort probable de l’homme qui avait avalé le fantôme“, La Conciergerie, tljs 9h-17h,2 boulevard du Palais, Paris 1ier, m° Saint Michel, Châtelet, Cité,12,50 euros (TR 9 euros).

Le + : évidemment la visite de cette ancienne prison impressionnante qu’est la Conciergerie,et notamment de la cellule reconstituée de Marie-Antoinette.

Les galeries en Juillet

Lundi 6 juillet 2009

Sous le soleil de l’été les galeries du marais semblent partager une thématique sexe et pop tout à fait raccord avec les robes légères et probablement aussi le besoin de vendre en période de récession généralisée. Du figuratif, donc, et coloré à souhait.

On commence avec la galerie Daniel Templon, aux abords du centre Pompidou (30, rue de Beaubourg) qui propose les photos de « Bondages » de éternellement jeune Nobuyoshi Araki. Sexe, mort et ficelles, donc, avec ou sans poils, mais toujours les yeux fermés et les seins à l’air pour les beaux modèles nippons. Jusqu’au 25 juillet.

Côté 3e, la galerie Yvon Lambert (108, rue vielle du temple)se démarque, avec les réflexions sur le langage de l’immense Robert Barry et du jeune Sstefan Brüggeman, dont c’est la première exposition. Jusqu’au 18 juillet.

Dans la même cour, mais au 3 e étage, la galerie Serge le borgne expose les photos de jürgen Klauke, inspirées de l’actionnisme viennois en mode j’ai dévalisé tout le sex- shop et je ne fais que des bêtises quand eros et thanatos m’obsèdent. En noir et blanc, la série « Viva Espana » dégage une beauté vénéneuse. Jusqu’au 25 juillet.

viva-espagna

Viva España, 1976-1979/2009, tirage noir et blanc 200,5 x 125,5 cm

A côté, 7 rue Debelleyme, Thaddaeus Ropac expose les deux monuments de la photo anglaise, Gilbert and George, leurs figures déformées à la Bosch en grand format sur fond d’union jack. Jusqu’au 25 juillet.

Au n° 5, chez Karsten Greve, les sculptures recouvertes de soie de Liang Shaoji sont étrangement apaisantes. Jusqu’au 29 août.

Chez Eva Hober (16 rue Saint-Claude), Julien Sirjacq continue son enquête sur l’esthétique des espèces, mais fige ses chromes darwiniens dans des impressions sanglées par la technique de la Sérigraphie.

Les immenses sculptures pop aux visages ravagés de Duane Hanson remplissent la galerie Emmanuel Perrotin (76, rue de Turenne), et incarnent bien l’apathie triste de nos sociétés de consommation où l’on ne peut même plus consommer. Jusq’au 11 juillet.

Man on a Mower (Edition 2/3) 1995

Enfin, le panorama le plus intéressant de ce petit tour entre un brunch et un verre de blanc bien frais est l’exposition collective « Effet miroir » à la Galerie Michel Rein (42, rue de Turenne). Les photos reprises par Yaël Bartana à Leni et Herbert Sonnenfeld, présentent des portraits de juifs et palestiniens construisant en paix un kibboutz. Et la vidéo d’Artur Zmijewski sur une femme allemande persuadée d’être la réincarnation d’une jeune homme mort dans les camps de concentration est absolument fascinante. Jusqu’au 1ier août.

Soleil vidéo pour le couchant de la présidence française de l’UE

Dimanche 21 décembre 2008

Du 18 au 31 décembre, « Dans la nuit des images » vous invite à un voyage vidéo, tous les soirs de 17h à 1h du matin, pour fêter en feu d’artifice la fin de la présidence française de l’Union Européenne. Une expérience hypnotique.

Depuis le 18 décembre, le Grand Palais est devenu un support de projections vidéo. L’extérieur même du bâtiment est élégamment habillé de lettres projetées.

A l’intérieur, la nef est emplie de films d’art. Des écrans de toutes les tailles emplissent le grand espace au cœur duquel un « belvédère » a été construit de manière à donner une vue plongeante sur les œuvres présentées.

On y trouve des travaux de vidéastes de renom (Par exemple, les femmes dansante la mondialisation de Nam June-Paik, les elfes de Bill Viola, la main sanglante de Sarkis, la plage de Dominique Gonzales–Foerster, l’éclipse de Chris Marker…), ainsi que des films plus institutionnels (Une visite virtuelle du Grand Palais, et les flash-mobs de Orange).

Nous ont tapés dans l’œil : la galerie vidéo de portraits flamands d’Eléonore Saintagnan et le gigantesque « Naufrage » de Clorinde Durand (dont vous pouvez voir ci-dessous le making-off sur la belle musique de Saycet).

Une experience de sons et d’images émouvants et envahissant dans les ténèbres de décembre à ne rater sous aucun pretexte (même pas la longue queue à l’entrée : cela va vite, finalement !).


« La nuit des images », Grand Palais
, jusqu’au31 décembre , ouvert tous les jours de 17h à 1h (31 décembre jusqu’à 21h), M° Champs Elysées-Clémenceau, entrée libre.

Quelques galeries du Marais

Dimanche 21 décembre 2008

Entre deux courses de Noël, il est toujours bien agréable de se ressourcer dans une galerie. Voici un petit aperçu de ce que l’on peut voir en ce moment dans le Marais.

Les photographies urbaines de Patrick Mimran au Passage de Retz

Jusqu’au 4 janvier, les « Prélèvements urbains » de Patrick Mimran tiennent le haut de l’asphalte dans les salles de l’Hôtel de Retz. Quasi-dicumentaires, ces larges photographies de scènes urbaines dénuées de passants ou de vivants sont d’une beauté aussi minérale que moderne. On notera notamment les dramatiques tombées d’escaliers roulants, la série « Car Parks in New-York » (2006), et la série « Billboard project » qui réunit des clichés plus anciens (fin des années 1990), de plus petit format et plus ouvertement critiques sur notre « société du spectacle ».

Jusqu’au 4 janvier, Passage de Retz, mar-sam, 10h-19h, 9 rue Charlot, Paris 3e, M° Filles du Calvaire.

Les « feux de détresse » de Claure Fontaine chez Chantal Crousel

Réflexion joueuse mais néanmoins glaçante sur le bureau comme prison, les œuvres présentées à la galerie Chantal Crouzel sont de nature diverses. Au centre, une large installation en néon nous demande déjà de revenir : « Please come back ». Sur les côtés, des distributeurs d’eau comme on en trouve dans tous les lieux de travail sont emplis de whisky et de vodka. A l’arrière, un film dérangeant focalise sur un avant bras tatoué. Sur le côté, une des salles présente des sculptures coup de poing : une main de fist-fucking agréablement décorée d’une rolex, et des tasses emplies de crayons de travail mais marquetées aux insignes de la police. L’autre salle vous met sous d’aveuglants projecteurs, sensés être des lampes aux fréquences antidépressives en hiver.

Jusqu’au 14 février, Galerie Chantal Crousel, mar-sam, 10h-19h, 10 rue Charlot, Paris 3e, M° Filles du Calvaire.

Les Atlantides vidéo de Kirill Chellushkin à la galerie Rabouan-Moussion

« Flicker » est le titre de cette exposition. C’est aussi le nom de la pièce maîtresse et matrice du vidéaste moscovite. Un panorama de la ville est projeté sur une sculpture blanche à la base inversée. C’est à la fois très beau, presque apaisant et néanmoins cela donne à réfléchir. A côté de diverses sculptures de polystyrène sur lesquelles des images sont projetées, on trouve aussi des dessins largement expressionistes.

Jusqu’au 10 janvier, Galerie Rabouan-Moussion, mar-sam, 10h-19h, 121 rue Vieille du temple, Paris 3e, M° Filles du Calvaire.


Et aussi…

Les photographies monumentales de James Casebere chez Daniel Templon (30, rue Beaubourg, Paris 3e).

Les chimères de Bharti Kher et le mobilier coloré du producteur de musique Pharell Williams chez Emmanuel Perrotin (76, rue de Turenne et 10 impasse St-Claude, Paris 3e).

En décembre, Miami vibre au rythme de l’Art

Lundi 8 décembre 2008

Petite sœur de la très chic Foire d’art Contemporain de Bâle qui a lieu chaque année au mois de juin en Suisse, Art Basel Miami transforme la cité paradisiaque de Floride en Capitale mondiale du marché de l’art chaque mois de décembre. Cette année, malgré la crise, les plus grandes galeries du monde se sont donné rendez-vous à Miami du 4 au 7 décembre (VIP les 2&3 décembre). En3mots y était et vous rapporte ses impressions en rayon de soleil.

miami 250 galeries venues de 33 pays s’étaient donné rendez-vous du 4 au 7 décembre au Convention center de Miami Beach pour la 7 e édition de Art Basel Miami.

Alors qu’en Juin à Bâle, le premier étage est réservé aux galeries très contemporaines et le rez-de-chaussée montre de véritables pièces de musée, à Miami, tous les halls menant vers le même immense espace d’exposition, elles étaient toutes entremêlées, nationalités et périodes de prédilection confondues.

La taille des galeries permettait d’exposer de belles pièces d’art vidéo. Certaines étaient signées Bill Viola (chez Kukje) ou Gary Hill (chez Yang). Art Kabinett a pu livrer un mur entier à Jesús-Rafael Soto. Et Robert Miller a consacré un grand pan de mur à Lee Krasner.

Malgré des temps difficiles, à la fin de la semaine, les points rouges étaient nombreux près des œuvres, et les ventes avaient l’air d’être bonnes. Par 25 ° et dans une ambiance de vacances, l’ambiance était résolument placée sous le signe du « Pop Art ».

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On pouvait notamment voir de très nombreux Warhol (par exemple, chez Chantal Crouzel), des Baldessari (chez Marianne Goodman), des Wesselmann (chez L&M, Thaddeus Ropac etYvon Lambert), et des Picabia dernière époque chez Haas & Fuchs. Enfin, les affiches de Barbara Kruger flashaient en rouge et noir chez Jablonski (voir photo ci-dessus, Untitled).

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Dès l’entrée, chez Deitch, de très beaux portraits très figuratifs de Divas dans leurs rôles d’opéra par Fransisco Clemente donnaient le ton élégant mais festif de la foire (Ci-dessus : Nathalie Dessay en Amina). De nombreuses œuvres de Botéro parsemaient le parcours donnant à Art Basel un style replet exotique.

Kammel Mennour a mis en valeur les installations surprenantes de Shen Yuan (dont le poikilothème ci-dessous).

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La galerie berlinoise Contemporary fine arts exposait de bons Jonathan Meese et Gagosian des clichés moins connus et plus caravaggiens de l’artiste iranienne Shirin Neshat.

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Perrotin était un peu le roi de la foire et a mis à l’honneur l’artiste japonaise Aoshima avec ses sculptures de femmes mangas mutines.

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Thaddeus Ropac avait parmi ses pièces un très beau Baselitz de 2003. Kewenig a fait venir ses Boltanski et Kounellis déjà vus à la Fiac, et Lelong a connu son succès habituel avec ses sculptures de Jaume Plensa.

Nos trois traditionnelles trouvailles d’en3mots sont :

– des photos des années 1960 très violentes de Larry Clark chez Luhring Augustine

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– la politique et ludique installation dédiée à la chute de Lehman Brothers chez Vitamin

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– Et plus classiques, les personnages fuyants de l’espagnol Juan Genoves chez Malborough.

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A l’occasion de l’évènement Art Basel, Miami Beach était jonchée de tentes où de nombreuses foires off permettaient à de plus petites galeries ou à des galeries spécialisées de se faire connaître. Autour du convention center et près de la plage, « INK » présentait uniquement des œuvres sur papier. Parmi lesquelles on pouvait noter de très beaux Manolo Valdès chez Malborough graphics, et des papiers colorés de Damian Hirst chez Dranoff fine arts.

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Le long de Collins avenue, plusieurs hôtels étaient transformés en halls d’expositions. Le souriant (en rose et blanc) hôtel Catalina avait donné à chaque exposant de « Bridge » une chambre, avec un numéro, une porte, une clé et un lit autour duquel on pouvait voir les œuvres.

En face, « Art now » ne prenait qu’un seul et long couloir qui s’ouvrait en fanfare sur des photos impressionnantes de Stasys (Thomas Masters Gallery, voir ci-dessous). On pouvait aussi noter chez Soma New Art les photos nangoldiennes de Maxi Cohen, qui a surpris l’intimité de femmes dans des toilettes de lieux publics du monde entier.

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Plus triste et encaissée, « Art fair » ressemblait à une exposition de galeries locales dans un hôtel vieilli de station de ski en plein mois de juillet.

A quelques dizaines de rues plus au Nord, un tout nouveau quartier est en plein boom. Il s’étend de la 29e à la 36e rue et est connu sous le nom de « Midtown » car il s’étend le long de Midtown Boulevard.

C’est là que de nombreuses tentes ont planté leurs piquets pour abriter d’autres foires d’art contemporain au moment de Art Basel. Art Miami est la plus importante, avec de grandes galeries et des œuvres résolument contemporaines. Adam Baumgold exposait ses grands Axel Katz, et Caren Golden Fine art présentait une installation de Devorah Sperber : des bobines de fils suspendues au mur se répercutaient dans une boule de verre pour copier exactement un autoportrait de Van Gogh (voir ci-dessous, la Joconde, exxposée au Musée du design de New-York).

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En face, la Scope art fair, malgré son abord obamamanique tenait plus du pastiche (achetez une œuvre « à la manière de » pour pas trop cher) que de la création. Mais ses ailes, Art Asia et photomiami étaient très intéressantes.

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Le provoquant artiste chinois Zhang Peng a créé la stupéfaction avec ses photos ultra-violentes d’enfants chinois. En noir et blanc avec des armes ou des petites filles au visage d’ange plongées dans des baignoires de sang.

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Sur la route d’une autre foire moins intéressante, la « Red dot Fair », le Ginza tropicalia ouvrait un grand espace urbain aux skateboarders. La piste était jonchée d’œuvre d’art et l’on pouvait y déguster des sushis. Et un grand immeuble a été transformé en squat ou des œuvres et des installations s’étendent sur quatre étages.

A proximité, entre la 32 e et la 34 e rue, le centre commercial du quartier exposait les œuvres « corporate » de Britto qui a revu la décoration de l’Audi RS4.

Puis, en traversant vers le quartier du design, on trouvait sous l’autoroute, dans l’espace en plein air IM Fashion Photo, de grandes photos de mode et toute une galerie dédiée à la top model Naomi Campbell.

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Le quartier du design de Miami est autour de la 39e rue et regorge de boutiques de meubles et de décoration d’intérieur. Au coeur du quartier, Miami design regroupait des galeries du monde entier, dont Jousse entreprise pour la France. La pièce la plus convoitée était le Light Blub Chandelier de l’artiste néerlandaise Pieke Bergmans chez PriveeKollektie.

Si vous allez à Miami cet hiver, ne ratez pas la visite du Bass Museum (Dans l’escalier trône un joyau issu d’une coopération entre Botticelli et Ghirlandaio, et les deux expositions temporaires étaient très soignées : une rétrospective de l’artiste Pedro Reyes, qui joue avec la narrativité et les fins possibles d’une histoire, et une expo thématique très réussie sur des artistes contemporains russes, où l’on retrouve le collectif AES F et découvre le très poétique Leonid Tishkov qui a peint un poème pictural en photos sur une homme qui a trouvé la lune (en néon) et ne l’a plus quittés), l’exposition de photos christiques de David Lachapelle, « Jesus is my homeboy » chez Wolfgang Roth

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et les photos de Maxi Cohen chez Daniel Azoulay.

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Long week-end sous le soleil de Miami (Art Basel)

Lundi 8 décembre 2008

Attrapant mon avion comme un bus à Lagardia (en traversant d’ailleurs le foisonnant Harlem en transports en commun), jeudi, je suis arrivée vers 19h à l’aéroport de Miami. Rangement rapide du manteau en fourrure dans la valise : il fait 25 °. Rien que le fait de pouvoir se déshabiller sans claquer des dents est un luxe inespéré. Conduite prestement par un taxi haïtien qui m’a entretenue en Français et tutoyée, j’ai fini par trouver l’entrée dramatique (calèche blanche et design modern branché) de notre hôtel au nom hollandais (décidément je suis maudite) : le Gansevoort. Douche rapide, robe noire et c’était parti pour un dîner 100 % Miami dans un restaurant Français mi-marocain, mi cuisine française, avec BO sortie d’une barmitsvah safarade parisienne des années 1990 (Albina, cette année là, aicha, I will survive et j’en passe et des meilleures…). La nourriture était – il faut le reconnaître- bonne, le luxe un peu lourd de l’endroit m’a caressée dans la bon sens du poil, et le chablis était bienvenu après une journée à courir les interviews et les transports. On a tous beaucoup dansé, avec des gens que nous ne connaissions pas et légèrement ivres. Et puis nous avons décidé d’arrêter le fil de la nuit et d’aller dormir. Claquage de grosses bises au propriétaire du restaurant, conseil de guerre dans l’a chambre d’un de mes deux amis et puis nous sommes allés dormir.

Au matin, mon ami, Danny, devait travailler, donc réveil à 7h30. Petit déjeuner paradisiaque sous le soleil près de la piscine avec vue sur mer. J’ai été profondément séduite par le plaisir simple de sentir un soleil fort sur ma peau. Si bien que j’ai décidé de repousser ma visite des galeries et de Art Basel à 11h pour m’allonger en maillot de bain près de la piscine. En plus, j’ai bien fait car aucune des foires n’ouvrait avant midi. Autour de la piscine avec vue sur la mer, il y avait beaucoup de belles plantes et de gars basanés qui parlaient français. Lisant et changeant régulièrement d’angle pour bien absorber les rayons, je n’ai eu que peu de temps pour observer la compétition de lunettes chanel et de bikinis griffés. Après un bain, c’est en baskets que je me suis lancée à l’assaut de la ville. La foire Artbasel a lieu au convention center qui était à distance humaine de notre tout nouvel hôtel au clinquant symapthique mais vraiment sans qualités. L’expo était encore fermée quand je suis arrivée après avoir marché sur le bord de Collins avenue (qui ressemble à une autoroute) sous un soleil de plomb. J’ai donc commencé par les galeries de traverses qui étaient nombreuses.

J’ai bien vite compris qu’à Miami, tout est une question de quantité. Par exemple, un marchand d’art est important quand il a « le plus grand nombre de Picasso au monde ». Contrairement à Art Basel en Suisse, qui a ses off, mais est assez concentrée, l’opulence à Miami vous pousse à vous éparpiller. Et c’est avec plaisir que vous vous laissez épuiser par la profusion, car dans la masse, il y a indéniablement des œuvres de grande qualité. Cela m’a aussi permis de découvrir des galeries d’Arizona ou du Brésil dont je ne connaissais pas même l’existence.

Le nombre de foires « off » est hallucinant. Il y a deux locations principales : à Midtown, nouvelle aire en plein développement – projet dont d’ailleurs l’ami avec qui j’étais s’occupe- où les œuvres sont entreposées dans des « salons » sous des tentes. Et près de la mer, dans de vieux hôtels qui ont du être chics dans les années 1980, et les galeries s’installent littéralement dans une chambre, les hôtes vous recevant sur un lit où sont éparpillées les toiles. En plus ils vous reçoivent bien, avec le sourire, heureux que vous vous penchiez sur leurs artistes, et désespérés de vendre quoi que ce soit où malgré le grand train de vie, les collectionneurs réfléchissent à deux fois avant d’investir des dizaines de milliers de dollars. A la Bridge, côté mer, j’ai poussé la porte d’un galeriste-artiste, apparemment l’ancien amant de Pierre Restany, qui a organisé in situ des lancers de femmes nues couvertes de peintures en hommage à Yves Klein, s’est vanté d’être extrêmement prolifique et a son immense studio au Texas. Plus chic avec son patio aux palmiers, INK se concentrait sur les œuvres sur papiers. J’ai été très impressionnée par de récents Manolo Valdès (d’après les Ménines de Velázquez) et les derniers papillons de Damian Hirst. Comme mon ami travaillait toujours, j’en ai profité pour visiter le « Bass museum ». dans l’escalier trône un joyau issu d’une coopération entre Botticelli et Ghirlandaio, et les deux expositions temporaires étaient très soignées  : une rétrospective de l’artiste Pedro Reyes, qui joue avec la narrativité et les fins possibles d’une histoire, et une expo thématique très réussie sur des artistes contemporains russes, où j’ai retrouvé le collectif AES+F et découvert le très poétique Leonid Tishkov qui a peint un poème pictural en photos sur une homme qui a trouvé la lune (en néon) et ne l’a plus quittés.

A 13h30, enfin, nous poussions la porte de Art Basel. Après une légère et nécessaire collation, nous avons commencé notre tour méthodique, mon ami me coupant dans mes couplets sur Kiki Smith ou Christian Boltanski, et cherchant de quoi décorer son appartement. Avec bon goût, ou en tout cas un flair sûr puisqu’il s’est arrêté chez Malborough pour les personnages fuyants de Juan Genoves et chez Perrotin pour les petites femmes de Aoshima. A 16h30 nous avons sautés dans un taxi pour nous retrouver à Midtown et voir la Scope –où tout n’est que pastiche de grands maîtres contemporains – à Art Miami, très inégale, mais où nous avons revu une des œuvres de fil de Devorah Sperber.

Notre petit tour s’est fini par un vernissage dans un mall à la californienne, où un artiste du nom de Britto devenait « corporate » pour des voitures. Le temps d’un macaron Paul et puis nous sommes rentrés à l’hôtel pour faires les prières du shabbat dans la chambre, prendre une douche et être à l’heure au 28 étage d’un très bel immeuble avec vue sur tout Miami à 21h. De verre de champagne en verre de champagne, j’ai rencontré des gens très chics et nombreux dans l’immobilier ou l’organisation de soirées. Nous avons fini la nuit comme il se doit dans une villa au luxe agressif de « Star Island » où des gens de tout âge buvaient comme dans un Fellini dans un jardin très travaillés avec sculptures et miroirs.

Après une grasse matinée bien méritée, nous sommes sortis pour le petit déjeuner le lendemain et sommes allés au magnifique hôtel Seitan (leading hotel of the world) au charme zen, et raffiné. Chaque orange au centre des tables créait une harmonie avec le bassin miroir du centre de la cour où était servi le repas. La transition vers le toit de notre hôtel qui reproduisait le Nikki Beach en hauteur a été difficile mais amusante. J’ai même étonné tout le monde en nageant dans la piscine (bien plus propre que celle du Nikki Beach). Dans l’après-midi nous avons fini notre tour de Midtown et plongé dans le quartier design de Miami où j’ai dégusté le meilleur repas italien du nouveau monde avant de suivre mon ami dans sa quête d’architecture d’intérieur. Puis nous sommes allés à la Gym, qui est la même que la mienne à New-York en encore plus dramatique (3 étages, miroirs aux décorations mauves et chaînes sur le bord des marches de l’escalier) et gay (David Barton).

Mais samedi soir à 19h, elle était surtout très vide. Pas de sauna, je me suis contentée d’un hammam après le sport. Le temps d’une douche, de manger des céréales bio dans du lait de riz et c’était reparti pour un retaurant pseudo-asiatique qui vient d’ouvrir Philippe et la grande soirée su magazine chic local : Ocean Drive au clinquant club du clinquant hôtel Fontainbleau. Trop de faux seins, trop de Vuitton, trop de Paméla Anedrson posant avec le patron du magazine dans une salle qui ressemblait comme une goutte d’eau au Bobino. Au bout de dix minutes j’ai piqué une grosse crise d’angoisse, alors nous sommes allés manger une glace sur Lincoln Road, sorte de centre commercial et bon enfant (Aix en moins chic) de la ville. Après un dernier brunch au Seitan et un empaquetage rondement mené, nous avions rendez-vous à 12h30 pour prendre un avion privé vers New-York. Et me voici de retour dans un froid polaire, heureuse de retrouver l’architecture vivante de Manhattan.