Gens de Dublin, le dernier John Huston sur grand écran
Mercredi 16 décembre 2009Tiré d’une nouvelle de James Joyce, « Gens de Dublin » le dernier film de John Huston (1987) ressort en salles mercredi 16 décembre.
Inspiré par la nouvelle « The dead », de James Joyce, le testament du réalisateur du « Faucon Maltais », de la « Nuit de l’iguane » et de « L’homme qui voulut être roi » est un drame intimiste qui dépeint l’atmosphère d’un dîner de Noël mondain dans une famille éduquée tentant de sublimer ses moyens financiers limités dans des séances nostalgiques de piano, de chant et de discussions sur l’opéra. Derrière les bonnes manières, la misère matérielle et psychologique transparaît à travers un personnage d’ivrogne et les souvenirs personnels douloureux de deux figures féminines du film, dont Angelica Huston ( la fille du réalisateur), que la caméra de Huston poursuit loin du dîner jusque dans le cocon de son foyer pour qu’elle raconte la mort tragique d’un amour de jeunesse.
Filmant « Gens de Dublin » depuis un fauteuil roulant, Huston trouve encore la force de mettre son art au service de l’atmosphère. Dans le cocon un peu vieilli de couleurs et de matières couleur de rouille et d’automne, l’ennui désenchanté de cette ville de province européenne qu’est Dublin à la Belle époque imprègne et empèse chaque mouvement des personnages. Cette force du film, si fidèle au texte de Joyce, est aussi son talon d’Achille : au sens propre, dans « gens de Dublin », il ne se passe rien. Ni scandale, ni passion, ni meurtre. Seulement le long souffle glacé de l’hiver sur les cendres de vies qui nous sont, en fait, complètement indifférentes. Et sur grand écran, ce vide n’est pas forcément facile à suivre….
« Gens de Dublin » de John Huston, avec Angelica Huston, Donal McCann, Cathleen Delany, Helena Carroll, 1987, 84 minutes, (re)sortie en salle le 16 décembre.