Chapelet sans histoire
Lundi 6 avril 2009L’écrevisse vissée aux sels du devoir
Est pendue par les pieds
Et lacérée aux nageoires
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Branché au fil des continuités
L’écrou est un rutilant bavoir
Le courant est bien passé
Dans la cour carrée
Où les rois ont caressé l’ivoire
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Il faut que l’ouvrier ait cessé de croire
Qu’il croise l’impasse rapiécée
Des jetées sans miroir
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L’eau est rouge craché
Paralysez! Il n’y a rien à choir
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L’hameçon poinçonne
L’estomac sans lavoir
Le courant glace, empesé,
La nausée des yeux noirs
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Comment bien ranger
Des draps muets et sans gloire?
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La folie sans filets casse
Un coquillage giratoire
Extase sans après
Je voudrais bien vous y voir !
Frétiller n’est pas créer
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Crucifiés aux mémoires
Les morts sont encore frais
Et les vivants biens empressés
D’abandonner leurs douleurs dérisoires
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L’angoisse a encore sonné
Du matin jusques au soir
Un cri dans l’oreiller
Puis le retour au fossé
Où l’envie fait le trottoir
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Frémissement du laid
Mépris ostentatoire
Des quelques pages arrachées
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Faut-il une bonne fessée
Ou se remettre à boire
Le lait fané des balançoires?
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La trace de l’aube a crié
Un mot troué
Que rien ne laissait prévoir
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La naïade marche seule et de biais
Elle piétine pour mieux sauter
Antennes et torse liés
Par la vieille fée du désespoir
Elle boit l’amer à grandes goulées
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Jeune-fille dérangée
Je cherche un havre bon marché
Où les ordres s’armoirent
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Je cherche où aller
Pour conjurer la chute
D’une décharge évidée
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Je voudrais seulement un peu de paix
Pour enfin pouvoir m’asseoir
Enfiler les pages en collier
Autour de mon coupable sautoir
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Je cherche sans trouver
Ni génie, ni amusée
La meilleure échappatoire.