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Avant un autre départ

Jeudi 5 février 2009

Me voici enfin studieuse dans la nuit à fouiller encore et toujours la vie de Max Jacob. Tendre poète qui m’inspire surtout par sa vie, ses lettres à ses nombreux amis où il distille un art poétique brut, un peu conservateur et très convainquant.
A méditer longuement par exemple, dans une lettre à Jabès : « Un poème est une orfèvrerie : la passion n’est pas le but, elle est un moyen ! Plus elle est contenue, plus elle anime »
Je suis très heureuse de parler de sa conversion vendredi à Orléans mais pas encore fin prête.
En même temps, ça y est, là je crois que j’ai couvert tout le matériel biographique possible, et une bonne partie de la correspondance.
Comme souvent chez mes chers juifs mystiques mort, Max n’avait ni conscience ni même bon sens politique. Je l’aime quand même. Sans lui je n’aurais pas écrit mon premier roman. Sans lui, je serais bien seule.

Dans la lucidité apaisée de février, mes amours tumultueuses se sont apaisées en de fortes camaraderies- venant irriguer le fleuves de mes grandes amitiés new-yorkaises. Du côté des femmes, elles sont d’une solidité nourrissante (aussi intellectuellement). Quelques ombres érotiques convulsent encore dans un dernier sursaut d’encre électronique. La douceur de cette érotisme libre de danger me permet enfin de re-manger presque normalement. Il était temps, je commence à sentir la dureté du sol sur les os de mes fesses, et franchement je commence à l’aimer mon corps voluptueux, je n’ai pas vraiment envie de le corseter maintenant qu’il me seconde enfin fidèlement – en vie et en plaisir.
Je me sens grandir, je me sens plus libre. Et cette ivresse douce ferait presque passer l’amère pilule de la solitude qui en découle. Peut-être ne suis-je pas vraiment une grande amoureuse parce-que, égoïstement, je suis trop occupée à me construire. Pour qui ou pour quoi tous ces efforts?

Cette humeur douce-amère me replonge dans l’excellente Elodie Fregé. Évidemment en illustration de mes choix si simples et si difficile à saisir, j’ai importé “Je te dis non” dirigé par Catherine Breillat. Quoi de mieux qu’une grande perche blonde dansant le tango avec raideur pour me libérer, encore et encore? Et oui, le mois de mon 27e anniversaire est habité par un moi féministe…

Cinéma : L’étrange cas de Benjamin Button, de David Fincher

Mardi 3 février 2009

Le réalisateur de « Seven » et« Fight club » s’inspire d’une nouvelle de Francis-Scott Fitzgérald et reconstitue le couple Brad Pitt/Cate Blanchett (Babel de Alejandro González Iñárritu ) dans un beau film de sensibilité légèrement surannée. Sortie ce mercredi

Dans la ville de la Nouvelle Orléans, où l’horloger construit la montre de la gare à l’envers pour que les morts à la guerre remontent le temps et reviennent voir leurs parents, Benjamin Button naît dans une famille aisée. Sa mère meurt en couches et son père prend peur en voyant la laideur du bébé. Il le pose sur les marches d’une vétuste maison de retraite où l’employée l’élève comme son fils. Il faut dire que Benjamin (Brad Pitt) est vraiment repoussant dans sa petite peau plissée de vieillard de 80 ans. Mais il s’entend assez bien avec les pensionnaires et plus il grandit et plus il récupère de la souplesse. La petite-fille d’une des retraitées, Daisy (Cate Blanchett) passe outre les apparences pour se lier d’amitié avec Benjamin. La rousse danseuse sera l’amour de la vie de Benjamin. Mais étant donné leurs cycles de vie opposés, l’un se dirigeant vers le berceau et l’autre vers la tombe, ils ne voleront que quelques années de vie commune, le temps d’avoir une fille.

Philosophique, magnifiquement filmé, porté par deux acteurs géniaux, et mis en scène dans un grand flash back qui actualise l’histoire Benjamin Button au temps de la menace de Katrina sur la Nouvelle-Orléans le dernier film de David Fincher est une réussite. L’émotion est solidement accrochée à l’effet des images et non à celui des mots, et la bonne vieille formule de l’amour impossible prend des résonances particulières dans le cadre d’un climat fantastique très XIX e siècle : l’inquiétante étrangeté d’un homme qui rajeunit. On ne voit pas les 2h35 du film passer. La nostalgie d’une Nouvelle Orléans engloutie apporte beaucoup au film qui semble détenir à la fois le secret d’un grand amour caché et celui de toute une page d’Histoire des Etats-Unis. A voir, de 7 à 77 ans, que vous vieillissiez ou perdiez vos rides.

« L’étrange cas de Benjamin Button », de David Fincher, avec Cate Blanchett, Brad Pitt, Julia Ormond, Tilda Swinton, 2008, USA, 2h35.