Archive pour la catégorie ‘Non classé’

Magnifique aporie

Mercredi 26 décembre 2018

Le rocher s’avance au fil précis de l’envie
Dure partie pour une romance
Fards en l’air
Fers tamisés de près
… en salves d’arguties

Un voile vert nerveux s’épanche…
Aux chemins de travers
Aux loups perclus d’outrance
Aux cheminées crevées sans pré
Qui borborygment le bal des indécis

Soulier glissant de silence
Scission du soleil après la pluie
Un brun d’inaction plisse les dimanches
Une blouse verte couvre mon lit.
Je tache le possible d’indolence
Tu compasses les palais d’aujourd’hui
“Rendez vous plus tard, sans urgence”
La bûche tiède, jusqu’au creux du déni.

Et pourtant, ne rien brûler ?
Paix et goût de navet
Je suis épuisée de violence
Vide de competence
Passible de mercredi gras
Et de dentelles qui dansent
A pleines mains et sans merci
Saisie de carence j’exige
… beaucoup plus d’agonie !

Je veux les estomacs troués de gris
Les lettres déliées en absence
La fausse mort ici, variances,
Et l’envie de se blottir dans la nuit
Dans l’autre pétri de mille enfances
Coude et clavicule s’avancent
Collés à l’homme qui vole
Enserre de répit
On décoquille l’évidence
Qui se retourne encore sur le tapis

Mais la tradition hachure petit
Toutes ces innocences
Toutes ces privautés chéries
Boule de sens et sang de suif
L’ardoise s’efface devant la vie
La corde raide des bienveillances
Noeud toupie navette
-Rien ne suffit
Je crache ma moelle un peu bleuie.

Le passé me réussit.
Pour éclabousser les rubis
Et piétiner en silence trente –
six chandelles alanguies
D’oubli
De France
Qu’avec le jaune et la jeunesse
J’ai réparties :

Cendres est la tendresse
Aussi bien en ma présence,
Le sort déçoit les grands amis.

Retour à la Berlinale

Samedi 8 février 2014

C’est la troisième année que je couvre le festival du film de Berlin. Malgré un calendrier bien rempli par les projections, et la manière un peu déprimante dont la capitale vit comme si son festival planqué dans le fort froid de la potsdamer platz n’avait pas lieu, la ville résonne beaucoup en moi.

Par la langue d’abord, un gris prononcé bariolé de travaux où l’on se sent privilégié de se faire un petit nid chaud, même pour quelques jours. Et par sa taille démesurée qui met à mal mon ferme désir de rester non-conductrice.

Cette année, il fait particulièrement doux, ce qui encourage les errances et ravive les rêves de vivre ici, un temps ou longtemps, le temps de rêver en allemand et de connaître tous les frozen yoghurts et scènes de performance de la ville. Le temps de m’échapper un peu et de rêver un monde disparu; de me laisser blesser par un passé lourd, pesant le poids du plomb, lors des longes heures d’été que j’ai pu passer seule ici, à la fin de mon adolescence. Le temps de tomber amoureuse d’un poète mort, de vivre les nuits jusqu’aux aurores à refaire le monde avec les pieds ou avec des étrangers, le temps d’être libre.

Le canevas de cette couverture cinéphilique de 6 jours ne laisse pas ces marges, ni même l’espace de souhaiter ces échappée. Et pourtant, malgré les twitts, les reports, les conférences de presse et les projections qui préviennent les errances intempestives, il y a beaucoup de joie pour moi à être ici, à ne pas avoir froid, à être unie en un seul en endroit sans me sentir coupable de ne pas être ailleurs, et à me sentir prête à voler, baskets aux pieds, d’un film à un autre, comme si ces séances ne pouvaient m’être comptées ou déprises. Un sentiment de correspondance incompressible, comme celui que je sens à Cannes – mais moins les crises de nerfs d’épuisement- ou que je vis quand je suis seule à Tel-Aviv à butiner comme une abeille chaleur, extraits de vies étrangères et familiarité qu’on peut aussi mettre à distance.

Pas de chagrin d’amour, pas de souvenir douloureux personnels dans ces deux capitales. Seul le passé des autres les hantent, les habitent, dépassent l’espace imparti à l’imparfait, et cette démesure ne m’attaque qu’indirectement. L’oxygène circule et le corps s’allège. Un bon poulet rôti, une marche le long des tilleuls, une chambre à soi avec vu sur la Fernsehturm depuis une tour légo, et la paix monte, comme un répit volé à une vie où il y a trop à prouver et trop à porter.

Slalolipser

Mardi 3 janvier 2012

La matinée aurait dû être tranquille. J’aurais dû pouvoir me concentrer tranquillement sur mon travail. Et bien PAS du tout, malheureusement mon interface facebook était ouverte. C’est important pour mon travail de journaliste de suivre le fil info, et puis plaisant aussi, parfois… Mais pas ce matin. Étrangement, le matin, ce ne sont pas vos amis étrangers qui vous parlent; non ce sont les amis parisiens qui s’ennuient au bureau et passent le temps en vous dring dring dring parlant. Dans le meilleur des cas ils font une réapparition tout à fait inopportune, mais aussi in-opportuniste. Ils disent juste coucou. Là cava, après tout si on ne s’est pas parlé depuis 3 mois c’est pas sur facebook qu’on va rattraper les infos perdues. Non, les pires sont ceux qui ne vous sonnent QUE pour vous demander quelque chose: un contact, une info administrative, un conseil de sortie théâtre, un plan logement etc… en général ils baignent cette demande pénible et injuste (pourquoi viennent ils vous embêter VOUS et maintenant, ils ne peuvent pas le trouver seul ce super contact à tel magazine? et s’ils sont sûr que vous l’avez, ils ne peuvent pas appeler? ) d’une logghorée moimoimoimesque sur ce qu’ils deviennent et leurs succès de génies géniaux. Ce n’est qu’à la huitième réponse fraîche et évasive qu’ils finissent par demander de manière aussi vague qu’insistante comment vous vous portez. Et là vous êtes tellement fatigué et énervé que vous n’avez même plus la présence d’esprit de répondre comme aux fâcheux qui trompent juste gentiment leur ennui :  “désolée, je ne peux pas trop parler, je suis au bureau”(oui oui je le formule toujours de manière aussi mièvre, ca passe mieux)…Donc on répond : chavachava (spéciale dédicace au Shaga de Marguerite Duras).

A défaut de pouvoir immédiatement appliquer le point 6 de mes bonnes résolutions de 2012, il va falloir que je ruse. Et que je mette un mot sur cette technique filandreuse qui consiste à botter en touche : ne pas répondre aux requêtes éhontées en temps et en patience des “amis facebook”, sans pour autant que d’un coup sorte une violent “oublie moi”, comme celui -bien mérité- que j’ai balancé ce matin (et complétement inefficace le fâcheux a quand même envoyé une réponse de 10 lignes)

Bref, après réflexion, je crois que j’ai trouvé un verbe pour décrire ce difficile art de passer entre les “chat” et de ne PAS répondre aux sollicitations facebook entre 9h et 18h… Quelque chose donc entre la politesse de l’ellipse et la technicité d’un slalom : Slalolipser. Dorénavant, je vais donc Slalolipser, et j’espère que cela aura un goût apaisant de fleur d’oranger et une efficacité quasi-homonyme.

ps: vous comprendrez qu’en écrivant ce billet ici, je fais le pari que dans leur moimoimoiisation éhontée, les fâcheux – et les fâcheuses-  ne viendront pas pêcher jusque dans le journal d’une autre de telles doléances. S’ils y parvenaient, et perçaient à jour mon merveilleux néologisme, je perdrais et ma botte secrète et mon pari : Retour à la case grossière du “va te XXX, oublie-moi!”.

Playlist début 2012

Mardi 3 janvier 2012

Evidence

Mardi 13 décembre 2011

J’étais ce matin en salle des profs … (je consacrerai plus tard un billet à la salle des profs de sciences-po, parce que 1) bonne résolution 2012, je vais me remettre à écrire ici 2) C’est une scène de théâtre). N’arrivant toujours pas à avancer mon fameux “livre-issu-de-la-thèse-qui-serait-le-premier-et-peut-être-bien-le-dernier”, j’étudiais des vieux penseurs juifs-allemands et leur conception hantée du temps…

Quand, soudain, au milieu d’un essai sur Hans Jonas et Hannah Arendt, l’évidence m’est apparue : Arendt l’intuitive, n’a pas eu d’enfants (question de sous disait-elle). Ni Louise Weiss l’européenne, ni Edith Stein la sainte, ni Simone Weil l’engagée, et a priori pareil pour Rosa Luxemburg, le totem. Stupeur.

Parmi les autres grandes figures du 20 e siècle (20 e siècle!) qui m’ont construite Duras a eu un fils, de même que Julia Kristeva. Soulagement.

Brûlante pensée tout de même : si Dieu pardonne aux femmes leur imagination et leur érudition, les hommes (ou elles-mêmes? ) ne leur pardonnent pas de savoir penser.

Conclusion : constat d’incompatibilité entre philosophie et enfantement. Contre tout ce que Nancy Houston racontait dans son “Journal de la création”.  nudité triste d’une telle révélation qui me pendait au nez depuis environ 15 ans…

J’ai bientôt trente ans, je suis aussi née au 20 e siècle et il m’arrivait parfois de tenter de philosopher… Heureusement, c’est comme les malabars, le fanta et les hommes. J’ai arrêté.

Milosz encore

Jeudi 19 mai 2011

Tandis que je prépare ma double conférence pour Prague, la semaine prochaine, je me replonge dans l’écriture de mon poète polonais favori.

Voici, sans conteste, son poème le plus habile.

RIEN DE PLUS

Il faudrait que je dise un jour
Comment j’ai changé d’opinion sur la poésie
Et pourquoi je me considère à présent
Pareil à l’un de ces artisans du Japon impérial
Qui composaient des vers sur les cerisiers en fleur,
Les chrysanthèmes et la pleine lune.

Si j’avais pu décrire comment les courtisanes vénitiennes
Avec un roseau taquinent un paon dans la cour
Et du brocart mordoré, des perles de leur ceinture,
Délivrent leurs seins lourds, si j’avais pu dépeindre
La trace rouge de la fermeture de la robe sur leur ventre
Tels que les voyait le timonier de la galère
Débarqué au matin avec son chargement d’or,
Et si, en même temps, j’avais pu trouver pour leurs os,
Au cimetière dont la mer huileuse lèche les portes,
Un mot les préservant mieux que l’unique peigne
Qui, dans la cendre sous une dalle, attend la lumière,

Alors je n’aurais jamais douté. De la matière friable
Que peut-on retenir ? Rien, si ce n’est la beauté.
Aussi doivent nous suffire les fleurs des cerisiers
Et les chrysanthèmes et la pleine lune.

L’esprit de Noël

Vendredi 24 décembre 2010

Je commence tout juste à réaliser pourquoi l’odeur de sapin dans le hall de mon immeuble et la crèche phosphorescente me dépriment fortement. Noël quand on n’est pas chrétien, c’est en fait assez triste. Je rentre tout juste d’Israël ouùNoël est un non-évènement, et Hanouka que nous avons à peine marqué dans ma famille était déjà passé. Pour survivre à ce transit de 24 degrés à -5, je me blottis contre le chauffage et lis un peu et rêvasse… Un de mes frères est à Lausanne, l’autre à l’île Maurice, mes deux parents sont en vadrouille dans le Sud, ma nounou à Grenoble et ma grand-mère chez des amis. Les miens d’amis sont tous en famille. Je me retrouve donc seule dans le grand appartement avec vue sur le Champ de Mars enneigé, pas mal de nouvelles grisonnantes, les notes de mes étudiants à établir, le site à surveiller, mais sa thématique super-princesse jure un peu avec la morosité de ce 24 décembre. Heureusement, ce jour est sain: gym, sauna, perrier, du poulet et des légumes verts… Parfois le téléphone sonne, ma meilleure amie ou l’un des mes frères, pour m’embrasser. Parfois un mail arrive avec des nouvelles d’un autre coin du monde. Mais Paris entier semble s’être arrêté de respirer pour chanter une messe qui me laisse bien rêveuse. J’irai donc, à cette messe, incognito derrière mes lunettes rondes et rouges pour entendre quelque chose de beau au Val de Grâce…Joyeux Noël, Yaël.

Coup de coeur nocturne

Vendredi 5 novembre 2010

En même temps si le baroque rencontre Keren Ann à Reykjavik, c’était un peu joué d’avance. Le plus drôle est qu’elle est suisse. Article à 4 heures du mat’, après première épreuve blanche d’agreg + prix de Flore + diner out + rattrapage de mail (j’ai compté dix heures sans lire mes mails et il m’en faut deux pour trier).


Olivia Pedroli The Day
envoyé par Discograph. – Regardez d’autres vidéos de musique.

Les premières vidéos (amatrices) de Monsieur Luxure

Vendredi 29 octobre 2010

C’est la grande aventure de la semaine, première le 24 octobre le 24 octobre, et Showcase privé au Secret Square le 27…. Voici deux de mes chansons préférées, même si je les aime toutes.

Merci à toute l’équipe qui m’a entraîné dans son joyeux délire cette semaine!

J’aurais voulu

J’aurais voulu que tu me dises
Viens là, couvre-moi de saveurs
Retiens juste un temps, mon exquise
Le rouge touché de nos chaleurs

J’aurais voulu pouvoir te dire
Penche-toi, prend la tige-fleur
Et je te veux nue qui t’étires
Immobile objet du bonheur

J’aurais voulu que tu me dises
Je t’emmènerais avec lenteur
Au fond de ces folles églises
Où le plaisir fait un peu peur

J’aurais voulu pouvoir te dire
Qu’il est trop tard pour la pudeur
Je veux à peine que tu respires
Sous le brouillon de nos sueurs

J’aurais voulu que tu me dises
Tu es la seule, l’unique, ma sœur
Que notre étreinte s’éternise
Dans la poudre moite des valeurs

J’aurais voulu pour voir te dire
Je veux rester dans ta chaleur
Mais une fois que le souffle expire
Je ne suis qu’un joyeux chasseur

J’aurais voulu que tu me dises
Je ne suis pas comme ces voleurs

Qui se détournent de leur prise
Et veulent le corps, l’âme, tout, sur l’heure

J’aurais voulu pouvoir te dire
Que ce n’est pas ma faute, mon cœur
Mais je m’ennuie de tes soupirs
Il est temps d’aller voir ailleurs…

Il faut maintenant que je te dise
Merci d’épargner le malheur
D’une liaison un peu trop grise
Tuant l’entente et la grandeur

Mon ange, je dois bien te le dire
Combien notre choix est sauveur
De ne pas vivre le délire
D’un couple faisant le malheur

Il faut aussi que je te dise
Nous nous éloignons en vainqueurs
Notre rencontre était précise
Et nous vraiment à la hauteur

Oui chérie, laisse-moi te dire
Nous resterons proches et charmeurs
Et ne ferons rien pour le pire
Pour garder de nous le meilleur.

Tu me fais du bien

« Monsieur Luxure », de Laurent Couson, avec Laurent Couson, Romy Sublet, Siegfried Courteau, Raphaël Bancou et Eric Jacot, mise en scène : Jean-Luc Moreau, à partir du 24 octobre au Théâtre de la Gaité, 26 rue de la Gaité, Paris 14e, m° Gaité ou Montparnasse, 30 euros. Réservation ici.

Reprise israélienne

Lundi 2 août 2010

Le journal de la femme de cendres a un peu été laissé en friche ces dernières semaines. Pas le temps, et surtout pas le cœur à écrire, et pas même envie d’insérer mes articles de la boite à sorties. Enfin seule (avec un ou deux cafards et quelques moustiques, ces derniers magiquement tenus loin de ma peau bronzée par un bracelet rouge à plaquette de citronnelle horriblement efficace), je reprends peu à peu le fil des pattes de mouches dans mon adorable studio de la rue Lapin (hop! hop!) à Tel-Aviv. Après quelques jours à Saint-Tropez très actifs dans l’oisiveté (organiser trois merveilleux amis américains est un temps plein, malgré le programme léger des journées), et une arrivée au poil (plutôt à poil : ma valise avait disparu dans la bagarre, quelque part entre Rome et Tel-Aviv), je peux enfin fêter mes premières vraies longues et prometteuses vacances depuis 6 ans : pas de thèse sur les bras et décision irrévocable de louer la boîte à sorties à mes chères lieutenants. J’ai commencé hier soir, dans mes simples atours de voyage (la situation valise était encore en suspens) par un bar hopping de tous les diables, avec deux des trois américains tropéziens (notez par ailleurs qu’en n’écrivant pas à Saint-Tropez je vous ai évité la description annuelle du bling bling des plages à musique et prix forts et des boîtes locales). Munie d’une carte sim israélienne, je note consciencieusement sur mon “Foursquare” de geekette tous les restaurants et bars que nous essayons, déchiffrant pour cela l’hébreu des titres, ce qui n’est pas plus mal puisque je suis un peu venue ici pour progresser dans cette langue. J’ai enquillé une ballade solitaire le long de Schenkin, à faire du lèche-vitrine, une fois les magasins fermés, un peu de caviar d’aubergine et de viande fumée chez l’ami israélien où vivent mes deux amis new-yorkais, quelques bars pas assez veggan-friendly, un stop pour manger quelques tapas cacher dans le joli “Tapas 1”, et une soirée classique sur un toit local (le sublet, face à la mer). pas de grande activité le dimanche soir, qui est le premier jour de la semaine ici, mais assez cependant pour rencontrer un charmant jeune avocat avec qui je dois aller à la plage demain. Et de finir chez moi épuisée à 3 heures du matin à force de me perdre dans les rues. En termes de plage, pas grand chose, pour l’instant, mais j’ai eu l’impression de boire trop de soleil dans le Sud de la France. Devenue noire, j’ai donc décidé de réserver la pause plage à l’heure du coucher de soleil, joli cadeau à moi-même parfaitement réalisable parce que je réside exactement à 5 minutes à pied de la mer. Avant cela, la bonne surprise de la valise revenue comme par miracle, cours de gym en hébreu (hilarant!) dans la tour du Dizengoff center, brunch pas terrible rue George V, virée au Musée de Tel-Aviv – nous sommes restés à la porte (il ferme à 16h, eh oui, il y a pire que la France pour les horaires des musées), et petit tour le nez au vent dans le nouveau port dont les habitants de cette ville sont si fiers. Tel-Aviv m’énergise et tout m’émerveille, j’espère que le charme durera ces trois semaine de liberté formidable.