Archive pour la catégorie ‘Citations’

Slalolipser

Mardi 3 janvier 2012

La matinée aurait dû être tranquille. J’aurais dû pouvoir me concentrer tranquillement sur mon travail. Et bien PAS du tout, malheureusement mon interface facebook était ouverte. C’est important pour mon travail de journaliste de suivre le fil info, et puis plaisant aussi, parfois… Mais pas ce matin. Étrangement, le matin, ce ne sont pas vos amis étrangers qui vous parlent; non ce sont les amis parisiens qui s’ennuient au bureau et passent le temps en vous dring dring dring parlant. Dans le meilleur des cas ils font une réapparition tout à fait inopportune, mais aussi in-opportuniste. Ils disent juste coucou. Là cava, après tout si on ne s’est pas parlé depuis 3 mois c’est pas sur facebook qu’on va rattraper les infos perdues. Non, les pires sont ceux qui ne vous sonnent QUE pour vous demander quelque chose: un contact, une info administrative, un conseil de sortie théâtre, un plan logement etc… en général ils baignent cette demande pénible et injuste (pourquoi viennent ils vous embêter VOUS et maintenant, ils ne peuvent pas le trouver seul ce super contact à tel magazine? et s’ils sont sûr que vous l’avez, ils ne peuvent pas appeler? ) d’une logghorée moimoimoimesque sur ce qu’ils deviennent et leurs succès de génies géniaux. Ce n’est qu’à la huitième réponse fraîche et évasive qu’ils finissent par demander de manière aussi vague qu’insistante comment vous vous portez. Et là vous êtes tellement fatigué et énervé que vous n’avez même plus la présence d’esprit de répondre comme aux fâcheux qui trompent juste gentiment leur ennui :  “désolée, je ne peux pas trop parler, je suis au bureau”(oui oui je le formule toujours de manière aussi mièvre, ca passe mieux)…Donc on répond : chavachava (spéciale dédicace au Shaga de Marguerite Duras).

A défaut de pouvoir immédiatement appliquer le point 6 de mes bonnes résolutions de 2012, il va falloir que je ruse. Et que je mette un mot sur cette technique filandreuse qui consiste à botter en touche : ne pas répondre aux requêtes éhontées en temps et en patience des “amis facebook”, sans pour autant que d’un coup sorte une violent “oublie moi”, comme celui -bien mérité- que j’ai balancé ce matin (et complétement inefficace le fâcheux a quand même envoyé une réponse de 10 lignes)

Bref, après réflexion, je crois que j’ai trouvé un verbe pour décrire ce difficile art de passer entre les “chat” et de ne PAS répondre aux sollicitations facebook entre 9h et 18h… Quelque chose donc entre la politesse de l’ellipse et la technicité d’un slalom : Slalolipser. Dorénavant, je vais donc Slalolipser, et j’espère que cela aura un goût apaisant de fleur d’oranger et une efficacité quasi-homonyme.

ps: vous comprendrez qu’en écrivant ce billet ici, je fais le pari que dans leur moimoimoiisation éhontée, les fâcheux – et les fâcheuses-  ne viendront pas pêcher jusque dans le journal d’une autre de telles doléances. S’ils y parvenaient, et perçaient à jour mon merveilleux néologisme, je perdrais et ma botte secrète et mon pari : Retour à la case grossière du “va te XXX, oublie-moi!”.

Evidence

Mardi 13 décembre 2011

J’étais ce matin en salle des profs … (je consacrerai plus tard un billet à la salle des profs de sciences-po, parce que 1) bonne résolution 2012, je vais me remettre à écrire ici 2) C’est une scène de théâtre). N’arrivant toujours pas à avancer mon fameux “livre-issu-de-la-thèse-qui-serait-le-premier-et-peut-être-bien-le-dernier”, j’étudiais des vieux penseurs juifs-allemands et leur conception hantée du temps…

Quand, soudain, au milieu d’un essai sur Hans Jonas et Hannah Arendt, l’évidence m’est apparue : Arendt l’intuitive, n’a pas eu d’enfants (question de sous disait-elle). Ni Louise Weiss l’européenne, ni Edith Stein la sainte, ni Simone Weil l’engagée, et a priori pareil pour Rosa Luxemburg, le totem. Stupeur.

Parmi les autres grandes figures du 20 e siècle (20 e siècle!) qui m’ont construite Duras a eu un fils, de même que Julia Kristeva. Soulagement.

Brûlante pensée tout de même : si Dieu pardonne aux femmes leur imagination et leur érudition, les hommes (ou elles-mêmes? ) ne leur pardonnent pas de savoir penser.

Conclusion : constat d’incompatibilité entre philosophie et enfantement. Contre tout ce que Nancy Houston racontait dans son “Journal de la création”.  nudité triste d’une telle révélation qui me pendait au nez depuis environ 15 ans…

J’ai bientôt trente ans, je suis aussi née au 20 e siècle et il m’arrivait parfois de tenter de philosopher… Heureusement, c’est comme les malabars, le fanta et les hommes. J’ai arrêté.

Les premières vidéos (amatrices) de Monsieur Luxure

Vendredi 29 octobre 2010

C’est la grande aventure de la semaine, première le 24 octobre le 24 octobre, et Showcase privé au Secret Square le 27…. Voici deux de mes chansons préférées, même si je les aime toutes.

Merci à toute l’équipe qui m’a entraîné dans son joyeux délire cette semaine!

J’aurais voulu

J’aurais voulu que tu me dises
Viens là, couvre-moi de saveurs
Retiens juste un temps, mon exquise
Le rouge touché de nos chaleurs

J’aurais voulu pouvoir te dire
Penche-toi, prend la tige-fleur
Et je te veux nue qui t’étires
Immobile objet du bonheur

J’aurais voulu que tu me dises
Je t’emmènerais avec lenteur
Au fond de ces folles églises
Où le plaisir fait un peu peur

J’aurais voulu pouvoir te dire
Qu’il est trop tard pour la pudeur
Je veux à peine que tu respires
Sous le brouillon de nos sueurs

J’aurais voulu que tu me dises
Tu es la seule, l’unique, ma sœur
Que notre étreinte s’éternise
Dans la poudre moite des valeurs

J’aurais voulu pour voir te dire
Je veux rester dans ta chaleur
Mais une fois que le souffle expire
Je ne suis qu’un joyeux chasseur

J’aurais voulu que tu me dises
Je ne suis pas comme ces voleurs

Qui se détournent de leur prise
Et veulent le corps, l’âme, tout, sur l’heure

J’aurais voulu pouvoir te dire
Que ce n’est pas ma faute, mon cœur
Mais je m’ennuie de tes soupirs
Il est temps d’aller voir ailleurs…

Il faut maintenant que je te dise
Merci d’épargner le malheur
D’une liaison un peu trop grise
Tuant l’entente et la grandeur

Mon ange, je dois bien te le dire
Combien notre choix est sauveur
De ne pas vivre le délire
D’un couple faisant le malheur

Il faut aussi que je te dise
Nous nous éloignons en vainqueurs
Notre rencontre était précise
Et nous vraiment à la hauteur

Oui chérie, laisse-moi te dire
Nous resterons proches et charmeurs
Et ne ferons rien pour le pire
Pour garder de nous le meilleur.

Tu me fais du bien

« Monsieur Luxure », de Laurent Couson, avec Laurent Couson, Romy Sublet, Siegfried Courteau, Raphaël Bancou et Eric Jacot, mise en scène : Jean-Luc Moreau, à partir du 24 octobre au Théâtre de la Gaité, 26 rue de la Gaité, Paris 14e, m° Gaité ou Montparnasse, 30 euros. Réservation ici.

L’été prématuré sur quelques notes jazz (New York en mille fois mieux)

Vendredi 30 avril 2010

Photo de Claire Grivet

Jolie journée d’été fournaise dans un Paris vidé par les vacances malgré la fameuse “crise”. Après un petit passage par le mémorial de la Shoah toute “habillée de Vichy” m’a fait remarquer mon compagnon de ce soir (même pas vrai, c’est du pied de poule), et un fantastique après-midi à refaire le monde à travers le rôle des comédien avec ma très talentueuse amie Ambre, et après être passée à une présentation de livre un peu fastidieuse et assez rigolote (on retiendra le ton très sérieux “Pasolini est un de mes dieux”, ” je défends les outsiders parce que la littérature n’intéresse personne, tous les auteurs sont des outsiders” (ndlr parmi lesquels se tient un autre dieu inconnu : Bathes), et la modeste volonté “totalisante”, voire “totalitaire” de l’auteur qui estime vraiment c’est ne jamais se laisser aller à avoir un style, et fait dialoguer feu Guillaume Dustan mort à 39 ans, avec le bien portant Daniel Bell de 90 ans) – ouf désolée cette phrase est longue mais je suis hyperactive et hyper critique, que voulez-vous- bien donc je me suis retrouvée AU concert de l’année. Lundi dernier en allant écouter un chanteur français un peu minet au New Morning, j’ai vu que Ben Sidran y jouait ce soir. or son dernier album, “Dylan Different”, avait retenu mon attention dans le paquet de choses que je reçois. J’ai donc fait un caprice et malgré l’article un peu cruel que nous avons délivré au chanteur français, l’attaché de presse qui s’occupe aussi de Sidran m’a mis deux places de côté. J’avais un bon pressentiment. Mais en m’asseyant sur les marches de cette salle que j’adore avec mon verre de piquette rouge tellement bienvenue, j’ai su que ça allait dépasser toutes mes espérances… Sexy, parfaitement américain, Sidran s’est mis à faire un portrait chinois de Dylan tout en jouant avec ses deux complices du VRAI BON jazz comme j’en ai cherché pendant un an à New-York. Puis il a commencé en douceur, pour nous mettre à l’aise avec ses doigts agiles et sa voix de crooner de luxe. L’ovni fantastique, Rodolphe Burger, est ensuite arrivé avec son petit Bierbauch et sa furieuse guitare électrique. Une chanson plus tard, ils entonnaient “Blowin’ in the wind”, et là je me suis sentie écrasée par une hypnotique méduse( et bien oui j’ai décidé que j’allais arrêter de parler de “grâce” et faire plus imagé). Je n’ai pas eu le temps de me remettre de ce coup de notes dans le que Sidran annonçait à la trompette l’arrivée de… Erik Truffaz (qui est resté jusqu’au bout). Et c’était parti pour deux vrais sets avec une vraie pause comme dans mon smoke  natal mais en mille fois mieux. Mettant en valeur els deux petits jeunes à la basse et à la batterie et se renvoyant les solos comme des balles de ping-pong Sidran-Burger-Truffaz avaient l’air de se faire encore plus plaisir à eux à qu’à nous, et la tension n’a pas arrêté de grimper. Jusqu’au moment fatidique où Burger le rebella sorti la beat box qui a joué un peu à vide un air étrange très beatnik “Billy the Kid I love you”, avant que les instruments rugissant des compères ne couvrent le cri de la maman quasi-juive. Dans la salle, on n’entendait pas une mouche voler et comme par hasard pas le moindre téléphone vibrer. Nos voisins, des hommes de soixante-dix ans avec les options converses, i-phone, et lunettes 1970 d’origine contrôlée, buvaient du petit lait. J’ai continué au vin (je n’ai pas encore 70 ans), pour me réjouir de la double standing ovation (trop rare à Paris) tellement méritée, et me dire que ça y est : le moment que j’attendais sans vraiment y croire depuis 10 ans est arrivée : me voilà convertie au jazz (bon avec les textes de Dylan et la beat-box, c’est quand même mieux. Ah, et oui, conclusion nécessaire de la soirée : un délicieux indien du passage Brady, confidences, dédales de parkings et Paris la nuit comme si août avait frappé avril de foudre pour prendre toute la place.

Spécial dédicace: merci petit i-phone qui me fait le supplice chinois et crache un mauvais son : tu immortalises quand même!

copyright : Photo de Claire Grivet

Comme si de rien

Samedi 27 mars 2010

Dis moi ce que tu veux

Quand les volets ont roulé

Sur une longue natte de papiers

*

Dis moi ce que tu veux

Avant de le prendre,

-A moitié-

Et que tes tâtonnements si peu tendres

Me décrochent les paupières en “v”.

***

Je retire encore un triangle

A l’arche triste des vieux jouets

Dis moi ce que tu veux de mes cendres,

J’inventerais un peu de gaité.

***

J’ai envie de si peu :

Quelques océans dans mon ventre

Et tes amarres sous mes pieds

Le désir étranger fait peur

Mais deux bras peuvent aussi apaiser.

***

D’une lèvre rouge,

Espérante, j’avais apprêté ma main

Pour te caresser.

Mais la douceur est une sœur fuyante

Quand je crains mon allemand qui s’évente

Et tes silences si bien référencés.

***

Dis moi ce que tu veux

En l’absence de toute intimité.

Moi, je sais :

Patiente, l’œil fermé

Je guette la douleur toujours ramifiée

Des ombres brinquebalantes

Et je veux que ce soit terminé.

***

Tout ce que j’ai coupé et qui manque,

Tes mots maladroits s’en sont rappelés.

J’attends encore un peu

Il faut que je te mente

T’envoie vers un repos qui m’est refusé.

La tempe sur le sol frisé, je  veux

Un brun lâcher de rides emprises

Et les grandes chevauchées de passé.

J’appelle la venue d’une fin blanche,

Et le début du secret pour m’effondrer.

***

Je ne veux plus être rassurante,

Je veux continuer de briser

Chaque os de tristesse

Et les dents abimées de penser.

***

Je sais qu’il faut cesser

De vouloir retrouver la pente

De l’empathie sur sommier

Je suis marquée, grinçante,

En mon sein tiraille un ogre blessé,

Un monstre sans enfant à couver.

Morceau de journal

Mardi 16 février 2010

Plus le temps… entre les trois cours à préparer chaque semaine, les articles des autres à relire, les concours à organiser, mon corps qui fout le camp par manque de sommeil et les amis, je n’écris plus. Ou presque. Pas même la force de mettre en ligne mes articles qui paraissent sur notre tout nouveau tout superbe site de la boite à sorties; et puis en fait dans cette vie de travail, pas grand chose à noter, je deviens un peu dure, les choses et les gens ne m’entament plus. Je me surprends d’indifférence. Parfois je regrette la solitude réflexive de Manhattan où je retourne mercredi pour quelques jours. Excitée sans appréhension et prête à affronter le froid.

Encore un cours à préparer avant demain soir… temps d’aller lire quelques lignes et au lit.

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Découvrez la playlist Février 2010 avec Yeasayer

Les baies liées de l’avant

Jeudi 4 février 2010

Les ficelles tressent à l’envers

Une voix salée pour demain.

Les dents brossées de verre

Grincent sur de vieux parchemins.

***

La peur est un fruit toujours vert

Qui plante futilement ses pépins

Dans l’écriture qui rouille des sept fers

Vieillie par le sang de l’ange malsain.

***

C’est après-guerre que je serre

Le corps ployant la mort du lien

Soulagée, je place dans mes vers

Une tendresse conjuguée aux sucs de la fin.

***

Puisqu’il n’y a plus rien à faire

Reste à savourer l’antédiluvien

Et c’est bien après le dessert

Que je serre mes points de cumin.

***

Plus d’encre-glace, plus de mystère

Quelques espaces pour passer le chagrin

La déception est le plus haut conifère

Quand on s’est niché au sommet du sapin.

***

Le crachoir des rejets est un cancer

Et la solitude, un collier de chien

La guêpe s’affole quand elle s’avant-terre

Son bélier collera toujours aux fours anciens.

***

Derrière le rogue d’une agitation de serre

Pousse un coquelicot levantin

Son cœur noir bride tout somnifère

Et c’est rouge qu’il bannit l’en-sain.

***

Toi qui peut-être parrain-flaire

La détresse au-delà du venin

Je voudrais te dire mes vrais adultères :

Je crève la nuit de longs jours trop certains.

***

Je voudrais mourir, mais la dernière

Après avoir assez tendu la main

Quand je serai sûre que l’enfer

Est l’œil sourd de celui qui étreint.

One month in Paris

Mardi 28 juillet 2009

Not much to write about this first month back to my old-new life. Lots of sadness, I guess, despite the friends I could see again, the culture much more accessible in this playmobil town than in NYC and the hanging out with my beloved and charismatic brothers. I am not working hard enough, doubting the quality of my work and the purpose of writing something which is by now so clear to me and that no one is going to read thoroughly.

I fall asleep, when I can, every night squeezing my pillow and dreaming like a littel girl it is the torso of my beloved one. I know nevertheless that my charming prince is far away, geographically and in his weak mind, with which, he was so afraid I would mess up. I know in my mind that he is an old selfish man, who never made me feel loved, whether I was just an angel or a sextoy to him. The soul and the body will take a little longer to process what I know from the beginning.

After two weeks of heaviness, crying, puking and not even being able to mourn this imaginary relationship, I finally had a peaceful wonderful evening tonight. It is strange how the past can help… I had dinner with an old flame. Funny how I forgot how much I suffered, then. Not as much as now, but it seemed unfair all the same. No pain tonight, just a wonderful conversation, too much wine, and the good sense that I know why I was so fund of him, and also why it would never have worked. Travelling the spiritualities of the world in Saint-Germain des Près with him, I remembered how he used to make me dream, and although I am too broken to dream or write, I got the sense that it happened and that it might be happening again in the future, when I am healed.

The man I love, still now, never made me dream. He once told me that reality was made of fruitless miracles, a conclusion he came to only recently with wisdom and age. And I was so blind that I thought I could breathe a miracle for both of us, with my youth and the strengh I found for him. His fear, and his selfishness turned  our encounter into the most banal miscarriage. So, even if I saved him in some ways, I had to take reality seriously and that killed the poetry in me. Can I ever forgive him and myself for throwing poetry out of my life for so long? Anyways, good or bad, I wrote a poem last week, and I know I don’t want to give up on magic, writing, and acknowledging the beauty around me. I don’t want to live in fear, and even  after this big earthquake of the last months, I won’t change this strong decision of mine.  I hope… I hope one day soon, I ‘ll be able to live by this principle again, instead of hiding at home, staying with memories that are too meager for my young longings, and even somewhat shameful.

Don’t get me wrong, I am human, as my father told me before leaving for St Tropez. I miss him so much that it hurts each and every minute. I miss his strange and long way of making love to me, and I don’t even see the point of making love to a man for whom I don’t feel as strongly. I miss his wits (cause he had some, even if he was so clumsy that he could hurt me with banal thoughts of his, so not understanding me). I miss our crooked conversations, even if so many other things were floating in my head. I could see that while reading some of his messages, recognizing some familiar ways of writing. Maybe there should not be more mails, and I should bravely cut off with this everlasting succession of disappointements. But I am not ready. And I have been brave and elegant enough in the last months to cover up for the next decade. I am too proud to write, but for the first time in my life, too weak to break all communication. I am so weak, and everyone is so used to think I am strong, that they don’t see it. Something is not over, something is growing in my head and my heart. Something bitter and smelling like rotten flesh. Some days, if a magic fairy could even give me one hour at his side, I would swallow my pride and my reason and take the first plane.

I know it is not him I am idealizing- I felt I knew him so well- maybe I am idealizing my own feelings, but they were so strong, fighting each and every minute with my good sense and my reason, even then, and still now. That is exactly why I should follow my pride, as I did for the last three months, finally : The man did not treat me right and I could accept that from a good lover about whom I don’t care, I can’t take it from the man I love and still would like to be with… for one year, one month, eight days or one hour (we are back to Edith Piaf’s heartbreaking song), but thoroughly.

I don’t want to get over that rare longing artificially. I want it to die by itself. Even if, by know, I can’t picture how it could die, and I know that pain is useless, that nothing come out of it. But if I give up on that, I will belong to the sad club of the people who think that miracles can be fruitless, I’ll abide by reality and not by what I feel. And this is something unbearable, this would mean breaking up with who I am. So, part of me wants to resist, wants these feelings to last as long as I live and part of me cannot believe these feelings are still there after so many vexations, and disappointements. I don’t see the answer, I don’t see hope, I have no more dreams, but I still challenge life to show me the way out. Until then, I’ll live sadly outside of life, in a world of duty and sorrow. The endless sorrow of a little girl left behind at the supermarket, and cannot even cry for help, because she has the feeling she should not be alive anyways…

Does sex translate? / On ne badine pas avec le sexe

Mercredi 15 avril 2009

Billet frais pour ce soir, que j’ai en tête depuis un bout de temps mais que je trouvais un peu racoleur. Pourtant l’inquiétante étrangeté des mots intimes en anglais m’interpelle. Il est temps de faire un petit point. Bien sûr largement inspiré d’un travail théorique d’enquête : cosmopolitan, glamour et discussions avec des amis. Toute remarque qui semblerait puiser dans ma vie sentimentale n’est qu’une coïncidence fâcheusement trompeuse. Comme toujours dans ce blog.

Je n’ai pas cité des sources aussi pures que Cosmopolitan ou Glamour à la légère. Ici, les magazines féminins donnent le ton. Leurs rubriques “sexe” foisonnantes et répétitives font assez peur. Toute la joyeuse saisie des corps est expliquée pas à pas, un peu comme dans un manuel de machine à laver. Avec en sus (si je puis me permettre) l’idée très progressive qu’il faut faire plaisir à son homme et qu’un mâle bien baisé et bien nourri est affectueux comme un animal domestique. Je passe sur la page des confessions coquines- qui n’est pas mieux en VF- ou une série de clichés monstrueux et terriblement mal écrits sont précipités, souvent sur le mode de “je me suis tapé l’affiche”, histoire que les lectrices n’aient pas honte de s’être elles aussi faites prendre entrain de faire l’amour avec leur petit copain par les parents du dit fiancé.

Je tiens aussi à signaler que ne comprenant rien au rituel du date (baiser au premier rendez-vous, sexe au troisième et pas de sexe oral le premier soir m’a-t-on assuré, + droit de voir d’autres dates pendant les trois premiers rendez-vous), je ne suis peut-être pas bien placée pour faire une analyse sociologique des relations intimes à l’américaine.

Question ambiance générale, je ne sais pas si ce que vais décrire est lié au puritanisme – et plus ingénue libertine que fille spirituelle de max weber pour ce soir,  je m’en fous. Il semble qu’en parallèle, la tension du coeur balance entre le “nous ne nous devons rien” et l’engagement dur comme fer tandis que la tension sexuelle oscille entre le cru clinique et le non-dit. Il y a une étiquette supposée pour toute sortes de relations. Quand je dis en Français, “c’est mon amant”, en anglais, il faut que je précise : it is a one night stand, it is my bootie call (ie pas souvent et par texto,  si possible), we are fuckbuddies (on se voit sporadiquement juste pour “ça”), “friends plus bonuses” (j’adore celle-là: des vrais amis qui occasionnellement et quand ils sont tous deux libres couchent ensemble), ou he is “my date”,”my boyfriend”, “my fiancé”, “my husband” (par ordre d’apparition au générique).  Bref, autant dire qu’il n’y a aucune place pour l’ambiguité, et d’ailleurs on n’en parle pas, on fait. Pas de longues négociations à la Crébillon; finalement peu de libertinage, et donc zéro place pour l’érotisme tel qu’on le conçoit en France; dois-je avouer que c’est un peu frustrant? En revanche, le contrat qu’il soit d’une nuit ou d’une vie (supposément) est clair (enfin pour ceux et celles qui maîtrisent les codes mieux que moi). Socialement, on est censé savoir à quoi s’attendre (il va rappeler ou pas).  Et à l’horizontale, il va de soi que chacun a  droit au moins un à orgasme. C’est toujours ça de pris, me direz-vous. Et l’on se prive aisément des fantasmes les plus fous quand on tient bien droit dans ses griffes celui de la maîtrise : l’on sait ce que l’autre veut (jouir, nécessairement; comment, on ne pose la question que pour aller plus directement au but), on demande à sa douce moitié comment atteindre cet objectif et l’on y parvient.

Passons au  vocabulaire. Il semble que les mots du sexe soient cantonnés au lit. On parle rarement “cul” (tiens encore une étoile manquante) entre potes, comme on peut le faire au delaville café de Paris en intégrant la serveuse à notre passionnant débat. On peut peut-être évoquer certaines choses en tête à tête, pudiquement avec une copine, et de manière plus graphique (ah voilà ce qui manque en français, l’adjectif graphic, même si on “fait des dessins”) avec un ami gay. Mais on ne badine pas avec le sexe, pas de grands dialogues philosophico-sexo- loufoques à la desplechins.

Au lit, en revanche, à deux, on aborde toutes les questions ouvertement. Le phrasé d’avant le coït est souvent hygiénique et utile. Comme on parle ouvertement d’argent à l’extérieur, on parle ouvertement de son état de santé à l’intérieur. (“Are you clean down there?” étant pour l’instant la façon la plus directe et non-sexy dont on m’a dit que la question a pu être posée). Bref, il y a quelque chose de très frais à appeler un chat un chat mais le courant d’air peu vite glacer.

Dans les mots charnels, notre bon vieux “baiser”, à la fois vulgaire et adorable, complice et cru me manque beaucoup. “To have sex” est encore et toujours clinique. “To fuck”, excitant, mais à la manière trop franche d’une virile saillie. A moins de le traduire en simultané par “foutre”, ce qui aide un peu en faisant rêver au XVIII e siècle littéraire. Et je passe vite – mais très vite!- sur “To get laid”,  qui hésite très peu langoureusement entre le trash, le besoin animal de s’envoyer en l’air (encore une expression mi-mignonne, mi-ironique, qui manque cruellement à l’expatrié(e))  et le régressif mimi-cracra des teen movies. Quant à “faire l’amour” il se traduit mot à mot, mais qui dit encore ça en Français? et en Anglais on passe la barrière de chamallow de l’ultra-romantique.

Les Américains  un peu globe-trotters se plaignent souvent que l’expression “joie de vivre” n’existe pas chez eux. “Be happy” est plutôt un impératif ici; il m’est d’ailleurs sympathique et me va bien. En revanche que le verbe “jouir” n’existe pas me désole. Je placerais “To come” entre le descriptif quasi-scientifique et la venue du messie. Encore une fois, le manuel de la machine à laver ou l’épiphanie, et zéro entre-deux. En revanche, “To take” semble familier et traduit directement l’idée française.  A l’impératif, il passe plutôt bien, et on peu faire révérence (take a bow) devant son honnêteté. Je dois aussi dire que “To sleep”  rend bien la neutralité plan plan de notre “coucher”

Sans entrer trop dans les détails (Je nous épargnerai les positions une à une), je suis peut-être partiale, mais notre “pipe” des grands-pères me semble plus bon enfant que le “blow job” (argh ces sonorités) local. “To get down (on a woman)” pourrait passer pour évasif est plutôt tendre, mais ses vertus ne pâlissent-elles pas devant notre écumant “lécher”?

Je continue à être partiale, mais désigner des endroits du corps en anglais est compliqué. Le claquant “cul” deviant le fadasse “ass”. “Behind”, comme “derrière” fait un peu précieux, mais c’est pas mal. Pussy serait proche de “chatte”, mais très dévalorisé par le R’n’B. Pour le sexe masculin, les sonorités agressives sont assez explicites : dick, cock etc… “Boobs” ou “Breast”, est très enfantin n’a pas le caractère transgressif de “sein”/ saint. “Tighs” est bien plus fin que “Cuisses” mais trop peu usité.

Tout ça pour dire qu’il n’est pas si facile de changer de langue pour baiser. Peut-être est-ce le côté transgressif de faire ça dans la langue maternelle, peut-être est-ce une question d’habitude, ou peut-être lié à la terra incognita de nouveaux codes sociaux, mais s’étreindre dans des mots étrangers -surtout quand ils n’arrivent pas  avant qu’on soit déjà déshabillé(e)- brise l’immédiateté et bien souvent l’élan en entier.

Renaissance

Jeudi 5 mars 2009

Finalement, revenir est la vie est une formule toute simple : l’odeur d’un homme qui vous désire très fort sous les ongles, marcher un peu  fourbue le long de Central Park dans le soleil faible et conciliant de l’hiver,  musique au poing et sourire dans les yeux puisque la bouche chantonne. Et surtout se remettre à écrire sur un sujet que je porte dans la peau plus profondément que tous mes amants réunis.  5 ans d’obsession. 5 ans de gestation et je me demande d’accoucher. Bloquée, contractée et angoissée, j’ai traversé l’enfer ces trois dernières semaines en fixant mon plafond. Par delà la culpabilité, un vide aveuglant. Et pas de distractions possibles. Impérieux, ils exigeaient :  les convertis m’ont mordue, marquée, transformée, passionnée et envahie. J’avais si peur de les décevoir, morts ou vivants, que j’étais coincée devant mon écran vide. Fallait-il ce calvaire pour être plus proche d’eux? Et ce soulagement de la poitrine, est-ce la gratitude ou la grâce? A qui l’adresser? Dans quelle Eglise qui remplacerait mon Val-de-Grâce parisien? Eurydice heureuse, j’entends à nouveau la lyre, le fil ténu et sonore de la vie qui coule, presque naturellement. Un dernier whisky comme Léthé et je suis revenue à moi-même. Utile enfin, dans la réalisation de cet objectif très égoïste que je me suis fixé : écrire MA thèse. L’encre du plaisir coule sur un jour nouveau. C’est une renaissance après la petite mort venue providentiellement de l’extérieur de cette histoire de naufragés et de rescapés. Champagne et délicieux restaurant (44,X) pour fêter cela, et puis une louche de culture américaine avec un musical à la hauteur de ma légèreté : “Guys and  Dolls” au bien nommé Nederlander Theater. Suite du programme : je mettrais peut-être la préface de la thèse sur le site, demain armory show et vendredi direction Washington pour de nouvelles aventures.