Archive pour la catégorie ‘Bons plans’

#Ledébat

Jeudi 3 mai 2012

La première fois que j’ai tenu un journal, j’ai écrit au dessus de mon texte de pré-ado l’évènement politique marquant du jour. C’était l’élection de Bill Clinton. J’avais donc 10 ans. Toute mon adolescence, même dans les pires affres ou mes échauffements de jeune-fille, comme disent si joliment les allemands, j’ai toujours noté en haut à côté de la date le fait politique à retenir. Souligné deux fois. Et puis contre toute attente je suis entrée à sciences-po… et j’ai détesté devoir me pendre à la prière des news quotidiennes. Rejet, littérature, poésie, effets de langue fleuris. J’ai gardé pas mal de ça jusqu’à la fin du doctorat. Les gens qui parlaient de politique me faisaient l’effet de petits garçons plantant leurs drapeaux et alignant leurs soldats sur une mappemonde décharnée et approximative.

Mais ce soir après 2h45 de débat dense, un moment de concentration- sans pubs, sans pause pipi, sans clope, sans check d’e-mail, sans coup de fil- comme les Français ne sont plus habitués à en avoir depuis des lustres, j’ai envie d’écrire en surligné en hashtag (parce que je suis une grande fille qui tweet tweet) #ledébat2012. Ça aurait pu être le 11 septembre (je prenais l’avion pour Chicago le 12 septembre 2012), 2002, l’élection d’Obama que j’ai pourtant suivie sur place de A à Z. Eh non, c’est Hollande/Sarkozy. Finalement très frenchy, au moment où il faudrait faire les valises…

Smokey Landing

Vendredi 2 mars 2012

Ces jours-ci, j’ai envie de gris. Retomber dans mes travers à la quête amollie de cheveux rassurants. Et puis : le vernis opaque sans écaillement. La fenêtre du soir, avec quelques volutes, mais une fois la laque sèche, la chaleur du lit, et les genoux sans chien, ni calmant . Platement passive, se tenir arrondie devant un bol de riz gluant, un verre d’eau de radis et tout poser en plis de contentement. Cultiver aussi les cernes qui prouvent que les nuits sont mises à profit, sans paupières lourdes et sans emportement. Ces temps-ci, J’ai envie de demie-teinte, de rien de trop vivant. Rien qu’il faudrait payer cher après, en grimaces et en tiraillements. Beaucoup de travail, c’est admis, mais seulement si je peux perdre mon temps. J’ai envie de souffler un peu, lentement; de transpirer, mais sans éreintement. J’ai envie du béton sale mais élégant des immeubles haussmanniens et des chaussées vides par mauvais temps. Le gris, ça marche aussi pour les amis : on se parle poliment, j’écoute avec esprit, je raconte la Nouvelle Orléans. On note comme tout mûrit, à table, dans un bon restaurant. Mais pas de grand récit, plus jamais de débraillement ; pas de portrait nu précis, pas d’analyse nourrie d’alcool et de retournements. Le pantalon reste seyant, et les souliers vernis. Une fois que c’est fini, après pas trop longtemps, vers dix heures et demie, j’entame une longues marche dans Paris. Mais seule, talons plats pour le tapis et en harmonie avec mes gants. Ces jours-ci, j’ai envie de gris, plus que des grands feux grisants que j’avais nourris à l’artifice et au renoncement.

Et comme je suis tellement calme et cool, voici le titre de l’illustration : “Paris la nuit”, de Nicolas de Staël, 1954.

Nouveau coup de coeur

Mardi 18 janvier 2011

Bleu Venise de Daphné tient ses promesse, presque aussi joli que “Mourir d’un oeil”, voici Portrait d’un vertige. Et elle est à croquer!

Burlesque…

Mardi 5 octobre 2010

Routine and busy days in Paris. Can’t write, can’t travel, can’t even get rest even when I take time off. I am always thinking of the articles I should be writing, about the agregation I should be preparing, about the classes I have to give. And also about my new research project.

I decided nevertheless to try and have fun, and mostly to learn from all the various people I see during my non-stop working hours. Last week-end was quite interesting… It started with a girl’s  evening out, picking a “Marilyn”Sweather I won for blogging at the store Gérard Darel in saint Germain des Près, eating fish with E. and dragging her to a first party in the 8th and then to a burlesque show at the cabaret “La Nouvelle Eve”. Being with Eve at “La Nouvelle Eve” was a delight and we actually enjoyed very much seeing plump and appetizing girls undressing and dansing naked with feathers for more than two hours. The Burlesque crowd is vintage, elegant, and because it is all about part-playing, they are really open minded. Off course when we left at 2 am (“early to be able to work on saturday”), no cabs. We walked from Pigalle to Montorgueil where Eve lives and I took an awful vélib’ from there to home : real danger, real sports, and alone on the champs elysées biking at 3 am, I really felt special… and maybe more “Burlesque” than ever with my miniskirt so not Dita Von Teese, but still getting very short…

Saturday I attended the rehearsal of a Musical Play I wrote some lyrics for : “Monsieur Luxure“. the show is really going to be fun, and I really enjoy participating also to the very professional staging. Theater people seem more open than the editing circles… saturday night was a Chicken + Mad Men + home night. My columbian sister shared the chicken with me and Eve showed up later with a very interseting friends : she had lost hers keys. She stayed over and woke up very early on sunday because she had organized the 30th bday of the bombing of the synagogue rue Copernic. Before attending the beautiful ceremony, where the French Prime ministre, François Fillon, made  a beautiful speech, I had lunch at l’atelier with my brother and my grandma. An always amazing restaurant. I also went to the Garouste decoration of a building, rue de l’Université, and had dinner after with L., very adorable. I went back home early for another night with Eve. I have never ever slept so little alone in my life : girlfriends and friends from all over the world seem to have spread the news that my appartment was cosi and crash on my bed (no more coach, because I had to add some shelves).

Anyways, work today, the website is changing name and toutelaculture IS ocking! Tonight , I attended an amazing party for the launching of the trendy “next” webzine, by Libération. And now the sad news of Lefort’s death. No master left (well Rosanvallon and Gauchet… no way!). Is it possible to think without any master? I wonder, sometimes. I’ll get the answer at the end…

The funniest is that even my students and my readers tell me to go to bed,…it is 2:30 now and I still have some work…

Tout faux

Dimanche 7 mars 2010

Depuis cette longue marche dans le parc ( ou était-ce avant?) tout sonne faux. Mon cœur battait un air de tête ou de peau d’amoureuse adolescente, j’avais à nouveau 19 ans, les bottes dans la neige, les ombres neo-gothiques des bâtiments. J’étais triomphante, à la fois libérée et attachée. Mais à l’autre bout de la chaîne, un mauvais jeton, faux déjà, et je le savais. Depuis, donc, plus de musique, plus de poésie; parfois de longues heures de travail, parfois la chaleur d’une rencontre. Un ami abrité, une copine attentive. Mais succès en demi-teinte ou échec fantasmé, tout sonne faux. Même le temps qui passe sur des jours à la fois pleins et vides. La machine à sentir s’est grippée ; écharpe au collet elle n’enregistre plus qu’une grande lassitude. Que des moments de joie un peu artificielle rendent supportable. Ces moments là masquent comme l’aspirine une fièvre sans fond. Une dette que je bois plus vite que le mauvais vin percé d’un tonneau trop profond pour moi. Alors, je les rejette. Alors il n’y a rien d’autre qu’une grande tristesse. La tristesse du masque. En compagnie comme dans la solitude le même masque des collants filés et des yeux noirs. L’éternelle adolescente alourdie par son tonneau de Saint Bernard quand la douleur est inutile. Et sans mortification et sans calme, Clairvaux est de plus en plus trouble. Vision myope de ce qui est beau. De certains textes qui passent encore derrière une carapace mal façonnée. Une carapace qui ne protège ni de la manipulation, ni des rencontres inutiles et encore moins de la paresse d’être soi, encore et malgré tout. Soi, ce que les autres attendent. A force d’être déçue, je ne veux pas à  mon tour décevoir. Et l’illusion prend la plupart du temps. L’habitude est un alcool fort. Même au moment où je ne m’y retrouve pas. Je joue donc à être, être moi, de plus en plus faux. Faux les élans de non-compromis, les dons encore possibles, et les secondes d’intimité volées. Fausses les nuits blanches branchées, angoissées ou confidentes, fausse la proximité d’un corps étranger, fausse même l’indifférence vers laquelle je dérive. Je fais tout mal, même et surtout quand je ne le fais pas à moitié. Et quand l’infini n’est plus dans la souffrance de l’amour, seule demeure une peur que la fatigue même efface. La peur, la vraie, avec son théâtre de fantômes qui réclament leur dû, moins fort qu’avant parce que je n’ai peut-être plus rien à donner. Mais leurs yeux impérieux réclament et même le découragement n’est pas un asile. La peur est là, quand tous les masques se taisent. Et elle est si effrayante qu’il me faudrait une épaule où m’appuyer. Et elle est si forte et il n’y a tellement personne, que toute seule dans la rue ou dans mon lit, je répète comme une chanson ancienne, une chanson d’avant Barbara et Monteverdi : je veux mourir. J’ai des visions de sang, de poignets écarlates, Parfois j’utilise juste un marqueur : pour souligner, pour la violence symbolique. J’imagine la mort comme une grande violence inutile avant un calme terrifiant. Et là aussi, je me dis que j’imagine faux, qu’au XXI e siècle, la mort arrive lentement; une longue et douloureuse dégradation de tous les sens.  Je le sais, je les vois, et aprfois je les accompagne dans cette longue défaite, puisque c’est tout ce que je peux faire.  Un long naufrage de médicaments, de mémoire trouée et défection de ceux qu’on a aimés. Jusqu’à parfois passer des années sans une caresse ou un baiser. La peur encore, pire peut-être, une peur de noyée. Alors je plisse fort les paupières et j’oublie. J’oublie aussi très faux. J’oublie parce qu’il le faut. Il faut. J’ai un petit rôle, on m’attend là et donc là, il faut que j’y sois. A défaut d’être tout simplement, je suis au bon moment et au on endroit. Là où l’on m’attend, à défaut de vouloir. Il faut. Mais il faut quoi quand tout sonne faux, quand la mélodie se tait, et les mots ne viennent plus. Il faut, c’est dérisoire. Il faut mais la fatigue est de plus en plus forte, et les épiphanies de peur de plus en plus fréquentes. J’essaie de conjurer, j’essaie de répondre à l’appel du “il faut”. Mais même mes essais sont hors de portée, en deçà de la la note. Et l’objectif qui semblait trois octaves trop haut, une fois dépassé, ne vaut plus rien. 700 pages, le dons de soi, des passades enterrées. Tout cela n’était qu’artefact.  Ni fait, ni art, juste un peu plus de faux qui rajoute des heures aux jours pour raccourcir les nuits de pleine lune. Essoufflée, suffoquée, je pleure dans un silence de cendres. Et je prie parfois encore en mécréante, tout, plutôt que de crier. Tout plutôt de créer, je pense parfois. Infertile travailleuse, veinarde petite fille née avec une cuiller de miel dans la bouche, je ne sais pas comment continuer l’amour platine d’une famille-cocon. Je ne suis peut-être pas faire pour cela. Grave me dit-on. Belle dans la tristesse. Alors je fauche un peu de neutre, je fausse les cartes, je suis pleine de fautes. Et de regrets face à l’intranquille non-facilité de tout. Il faudrait un scaphandre pour plonger, il faudrait un ailleurs, mais il n’y a que le bout de mon faux-nez. Le passé est un trompe l’oeil minéral, et l’avenir une illusion déjà démodée.

Transition

Jeudi 29 octobre 2009

Back to a very parisian life after a last new-york intermezzo. Art fairs and long nights at the baron, the néo, or tonight, the magnifique, bumping into nightowls I had not seen in ages, many press projections, and sometimes, to keep in touch with my old american habits I am attending an opera alone. The last cd by Benjamin Biolay is out, overall disapointing, but I listen to “ton héritage” walking in Paris by night with my new wonderful high boots. The sun is there, and I love working with my brother. A few good scenes : friday, at maison rouge, one of the employee was happy to actually see someone at the press opening (9 in the morning) and tried to talk to me. Obviously he was not in charge of the conceptualization of the exhibit about a veru very referential revolutionnary artist from the 60′, cause he spent ten good minutes asking what I thought about what was shown (which I loved) and rolling his eyes to tell me  the previous exhibit about comics was soooo much better. Yesterday, Michael and I met a movie freak who would complain that movies are no events but a cross, a two hours long prison, and that you should not talk about it unless you are officially hired by “les cahiers du cinéma” but still wanted to talk with us for one hour and a half about the services in event planning and blogger relations we had to offer… The best was when he told my brother how much he paid each he mail his institution sent. For this price, the message could be delivered by the french version of Fedex 🙂

Découvrez la playlist November avec Benjamin Biolay

Dimanche 30 août 2009

All the friends are back in town, and my days are so busy, that I can’t sleep at night… or I have nightmares about my thesis. I should be happy though, as the articles I publish are read and appreciated, our firm and my brother’s name appear in today’s “Madame Figaro”, I managed to gather a team for our website,  and I get to devour again current french culture to review it day after day. Also I had some heartwarming encounters, last week : a long and deep lunch with the doctor who  saved my grandpa, 15 years ago, nighttalks with my brothers, a great “poulet aux écrevisses” cooked by a friend, a long conversation  place des Vosges, and I even played the guide yesterday for the people who welcomed me so well in Buenos Aires, long ago.

Paris will always be Paris, drinks at the Flore, Catherine Deneuve as my neighbour in a movie theater,  the urge to whisper the names we quote in restaurants, real talks and complicated explanations about the simplest facts, real optimism behind the appearance of being blasé, and days booked until they explode, from breakfast with a friend to the club with a merry crowd.

I feel like a princess, overprotected, with sometimes unexpected phonecalls. I read two books a day : in the subway, waiting for late friends at the café, and  during my sleepless nights. My readings range from  wonderful Franz Werfel to the empty contemporary French writers. And the movies I get to see are as differents as 1950’s japanese rare works and funny comedies. Musically too it is a messy melting pot : Between Arctic Monkeys, Captain Beefheart, Lady gaga at the gym, Beethoven and Tchaïkovsky  while writing,  jazz at the Trois maillets with musicians and composers, and new french songs to review, the choice is broad.

Why does perfection give me the drive to be even more perfect than my life?

Le poète

Il a beau plonger sa main dans les ténèbres
sa main ne noircit jamais. Sa main
est imperméable à la nuit. Quand il s’en ira
(car tous s’en vont un jour), j’imagine qu’il restera
un très doux sourire en ce bas-monde,
un sourire qui n’arrêtera pas de dire “oui” et encore “oui”
à tous les espoirs séculaires et démentis.

Yannis Ritsos(1909-1990), Tard bien tard dans la nuit, traduit du grec par Gérard Pierrat

La course à l’enfant

Mercredi 15 juillet 2009

Un couple néerlandais de professeurs vit heureux et de manière classique, jusqu’au jour où la femme, Julia ,réalise qu’elle veut un enfant.

eho_meer3cCe désir de maternité arrive soudainement, à la vue d’une chaise d’enfant sur une bicyclette. Mais la barre de la quarantaine est proche et Julia et son mari Max n’arrivent pas à procréer. C’est donc sur les sentiers escarpés de l’adoption que le couple s’élance, Julia en tête, et Max à contre-coeur. Le chemin les mène par des voies peu légales dans un Pérou que Julia veut immortaliser pour raconter à son enfant d’où il vient. Après mille péripéties, Julia rejoint son mari aux Pays-Bas avec un être humain à charge, mais ce n’est pas forcément le nourrisson de leurs rêves.

Simple et juste sur les affres des ceux et celles qui veulent un enfant sans y parvenir, « Le voyage de l’enfant » ne s’appesantit pas lourdement sur les diverses méthodes médicales et légales de parvenir à ce but quand la grossesse ne se fait pas naturellement. On suit le personnage de Julia dans sa quête obstinée, qui la mène à apprendre l’espagnol, à espérer malgré tout, et à revoir ses attentes, en reformulant à chaque étape le sens de son puissant instinct maternel. La fin surprend, et apporte une touche de surréalisme presque bunuelien au roman.

Depuis la « Maison dans les dunes » (Eho) alias « Les invités de l’île », Vonne van der Meer nous a habitué à chercher en douceur les traces vivante du temps qui passe dans la tension que son écriture tisse entre ses descriptions et ses ellipses. Elle recommence avec succès dans son odyssée de la maternité où l’île n’est qu’un point de départ pour un bien long périple.

Vous pouvez lire le point de vue du traducteur en Français de Vonne van der Meer, Daniel Cunin, sur le blog des éditions Héloïse d’Ormesson.

Vonne van der Meer, « Le Voyage vers l’enfant », trad. Daniel Cunin, Eho, 176 p., 17 euros

« Descendre un chemin entre les dunes, sentir la mer avant même de la voir -rien n’est comparable à cette sensation. Voilà pourquoi elle venait ici ou sur l’une des autres îles de wadden au moins deux fois par an. Mais en ce jour, la seule odeur qu’elle sentait, c’était celle du cadeau d’anniversaire de mariage. Elle l’avait dans les narines, emballée, avec une faveur. » p. 13

Attaque ad feminam

Vendredi 15 mai 2009

Bien étrange monde que celui des blogueurs et du net. Il a fallu qu’un ami me prévienne pour que je me rende compte

1) Que mon intreview d’Harold a été repris sur le Blog des éditions Eho.

Gilles, avec une touchante maladresse, a  intitulé son post restituant l’itw : “Très bel article de la non moins belle   Yaël”. Je prends ça pour un compliment de galant homme, ma féminité ou ma beauté n’ayant rien à voir avec l’article.

2) Qu’une de mes anciennes camarades d’hypokhâgne au stylo très amer me dénigre comme “une jolie femme a(yant) la bonne idée d’écrire un article de complaisance sur un livre récemment sorti chez Eho”.

J’ai longuement hésité à traiter par le mépris. Finalement je réponds chez moi à cet article, assez rigolo en fait, parce qu’il met complètement à côté de la plaque.

Chère  Lise-Marie, alias Wrath,

1) Merci de décorer ainsi ton blog d’une vieille photo de moi (aux côtés de Mandor). Mais celle-ci a été prise il y a plus d’un an à l’avant-dernier anniversaire de la maison d’édition Eho, qui est, je ne le cache pas, une de mes préférées à Paris. Cette année, je suis bien loin des milieux journalistiques et de l’édition. Je vis à New-York où j’enseigne et  écris tranquillement ma thèse de sciences-politiques  dans une solitude monacale, à mille lieues des intrigues et condescendances que tu imagines

2) Il se trouve que j’ai été très émue par le livre d’Harold. Que le livre a été longtemps sans éditeur malgré ses qualités et les liens qui pouvaient attacher Harold à d’autres maisons d’édition. Et que j’ai été à la fois soulagée et admirative de savoir qu’une maison comme eho avait su reconnaître la beauté simple et forte de ce texte, et décidé de l’éditer et de se battre pour qu’il soit lu.

Harold est un très cher ami. Je  l’ai découvert comme auteur et comme être humain avec son premie roman. Et je sais quelles richesses il a en lui. Ce qui fait que si son texte avait été mauvais, j’aurais été encore plus sévère car  déçue dans de grandes attentes. Or “Un hiver avec Baudelaire” m’a émue, ravie et aussi étonnée : je ne m’attendais pas à quelque chose d’aussi grave aussi vite chez mon libertin du XXIe siècle préféré. Je crois que je rends bien compte de cette suprise heureuse dans l’entretien, tel que nous l’avons publié dans la boîte à sortie.

3) Je crois profondément que mon travail, en tant qu’enseignante et en tant que journaliste, repond à un impératif d’enthousiasme. Je refuse de perdre du temps à rendre compte de livres qui n’en valent pas la peine. Je refuse ton amertume paralysée et paralysante.

La colère face à une deception oui! mille fois oui! et cela m’arrive. Mais descendre pour le plaisir un livre d’un jeune auteur me semble obscène.

Je préfère “regarder ce qu’il y a de beau”, comme le chantait Barbara, d’après un texte de Brel. Et heureusement, félicitons-nous!, nos contemporains nous donnent à lire et à voir du beau. Le roman de Harold est l’une de ces belles choses qui m’ont emerveillées. En tant que courroie de transmission j’ai voulu partager cette beauté avec mes lecteurs.

Dans l’attente de pouvoir écrire complaisamment quelque chose de positif sur ta prose, si elle est bonne,

Bien à toi,

Yaël

Les montagnes escarpées du nouveau monde

Dimanche 5 avril 2009

New-York calmement et si longtemps est vraiment une expérience très étrange. Je crois que je n’ai jamais été aussi posée et aussi sage depuis le lycée, et pourtant… Au long fleuve tranquille des journées passées devant mon ordinateur et des soirées à lire des vieux rabats-joie sur la sécularisation et le christianisme, des pics vifs de vie viennent me griser. Ces derniers jours j’ai eu le temps d’être follement gravement amoureuse, et d’un instant à l’autre de sauter dans un taxi pour retrouver un “date” assez platonique mais tendre, tout en parlant avec Paris dans la voiture où un homme que j’ai vraiment aimé m’a demandé en mariage “out of the blue” trois ans après. J’ai dîné avec un couple improbable et touchant : lui japonais chrétien, elle juive française avec l’accent du sud dans ma langue, elle ancienne enfant cachée et psy, et lui travaillant dans les assurances. Ils se parlent en anglais, aiment cecilia bartoli, se sont rencontrés sur une île où l’on médite sans électricité et s’aiment depuis des années. Le moment le plus mignon a été quand elle a voulu m’apprendre à remercier en japonais pour le dîner divin et m’a dit de dire “toda raba”… J’ai aussi réussi à être malade, à me réveiller dans des sursauts d’angoisse à 4 heures du matin, à me mépriser de travailler lentement, ce qui n’est pas mon habitude, à me laisser impliquer dans les histoires sentimentales compliquées de trois amis (objectivement, il faut soit que j’arrête de donner des conseils de coeur vu ma situation déplorable, soit que je fasse carrière comme journaliste à cosmo), je me suis mise à cuisiner, j’ai bu du champagne tous les soirs, à la maison et dans des bars branchés du lower east-side et du west-village. J’ai fait la queue pour l’ouverture du très vulgaire “top-shop” de Soho (yaelestunemidinette.com). J’ai essayé des perruques. je suis allée voir Rigoletto qui est vraiment un opéra parfait, aussi loin soit-il de ma sensibilité et j’ai adoré DANSER. J’en sors et c’est fou comme c’est bon, sans aucun “paradis artificiel” et même sans alcool (mais peut-être étais-je shootée aux antibiotiques) de bouger, de sentir son corps et d’y prendre du plaisir. J’aime cela depuis l’enfance et ne le fais pas assez, le tango étant vraiment une discipline. Bref, si je n’arrive pas à briser la cage de verre, au moins avec le recul, je pourrai dire que 1) j’ai vraiment essayé d’être heureuse à la Pascal en restant en repos dans une chambre 2)Que j’ai vu pas mal de morceaux étrange d’un new-york éviscéré par la crise 3) Que j’ai peut-être failli m’oublier dans tout ça.