Pivot sans écharpe

Sur le flanc jaune écrasé

Sur la pointe des mots crachés

La moiteur a pris son pied levé

Sur le côté du volcan

L’œil, attentif, est fermé.

L’angle est fixé,

Et pourtant j’attends, pourtant j’entends

Le son remixé d’une mauvaise saccade,

Et j’étrangle l’air, à peine assagie

Ventre bombé d’indices, entre les dents.

L’immobilité a des ratés

De grands avions dans le soleil

Et des tunnels auxquels on évite de penser,

Paralysé par les visages des absents

Il y a des géographies d’humilité

Où la liberté garde son cil pendant

Où il est digne de quitter le français

Quitte à brosser le ciel en échappée,

Quitte à griffer d’astreintes le mécontentement.

La fermeté assignée sonne étourdiment

On crie quand l’étoile sort du casier

Et brise silencieusement la vitre du cabaret;

Les vieux automates se réveillent, rasés en biais

Et grincent tout près, tout doucement.

Fautive, il faut tourner le flanc

Au passé annoncé

Fabriquer le coffre du répit

Et verrouiller la fermeté.

Et pourtant, j’ai bien envie de rester,

Revenir fumer nue dans la pluie

Me glisser, chevillée aux plis rassurants

D’une nuit où il fait bon aimer à Paris.

Je voudrais frotter l’été adouci

Et supporter le flou de l’angoisse, précisément.

A force d’attendre, attentive

J’ai accueilli la peur, exactement.

Là où d’autres l’avaient laissée.

Forcée de penser comme avant

Je la retrouve à peine maquillée,

Comme une amie de soixante-dix ans.

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3 commentaires pour “Pivot sans écharpe”

  1. Micha dit :

    (ça marche mieux avec cette adresse)
    Troublant comme l’eau qui prévaut à ce reflet, et d’une musicalité qui me transporte.

  2. Micha dit :

    Écris nous vite encore ; nous sommes comme des soldats dans des tranchées, en attente d’une file de mots de Toi.

  3. Fred dit :

    Singulièrement troublant

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