La vraie vie
Celle où la valise roule entre les feuilles nues,
Où les pieds hésitent entre une pluie acide
Et un pseudo-transit qui n’en finit plus
La reine vieillit, casée au damier du convenu
Celle où l’envol s’arrête cul sec
Cheveux mouillés et joie perdue
Le froid conserve l’échec
Cavalier est ce pion qui ne me regarde plus
Celle où le regard vide n’écoute déjà plus
Les paroles lourdes éventent notre vide
L’attention, c’est encore le temps perdu
A cheval sur le travail et le tête à tête,
L’ennui prend peur pour que le fou éternue
A la santé des foules et des raisons toutes faites
Celles des amants maudits et des petits poètes…
A cheval sur la Tour qui manque
Et au tournant d’une faillite
Elle a faibli, la tourterelle
Celle dont la vraie vie transige pour le transit
Celle dont la cage est carrossée d’or nu
La reine a failli entre deux fous, s’enfuir
Mais revient, défaite, à la case attendue.
Celle dont la vraie vie transige
Ne rêve plus de feuille vertes
De sève hyperactive
Et de feux malicieux
Le carrosse des journées nues
Plonge le vertige dans une potion-vertu
Et le ventre de Paris devient portion congrue
Laissant place aux boulevards bourgeois
Et au ciel bas des ambitions perdues.
Celle dont la vraie vie transige
S’éclipse à petit feu
Coincée dans le carrosse
Elle prie
– Elle se prépare aux Adieux.
Tags: Poème
26 septembre 2013 à 19:11
Ah, ah ! De la vraie, de la virtuelle ou de la vie professionnelle – qu’aucun n’eut lisse – je ne sais quelle est la plus à cheval des trois ! 🙂
Sinon j’adore ceci :
“La reine a failli entre deux fous, s’enfuir
Mais revient, défaite, à la case attendue.”
Et cela :
“Et le ventre de Paris devient portion congrue
Laissant place aux boulevards bourgeois
Et au ciel bas des ambitions perdues.” (ça me ressemble énormément…)
Alors je t’amplifie en criant :
“A la santé des foules et des raisons toutes faites
Celles des amants maudits et des petits poètes…” dont je suis partie.
Bises l’amie, belle et poétesse.
26 septembre 2013 à 23:06
http://grooveshark.com/s/The+Promise/4KogE4?src=5
5 octobre 2013 à 21:56
Ô lâches, la voilà ! dégorgez dans les gares !
Le soleil expia de ses poumons ardents
Les boulevards qu’un soir comblèrent les Barbares.
Voilà la Cité belle assise à l’occident !
Allez ! on préviendra les reflux d’incendie,
Voilà les quais ! voilà les boulevards ! voilà
Sur les maisons, l’azur léger qui s’irradie
Et qu’un soir la rougeur des bombes étoila.
Cachez les palais morts dans des niches de planches !
L’ancien jour effaré rafraîchit vos regards.
Voici le troupeau roux des tordeuses de hanches,
Soyez fous, vous serez drôles, étant hagards !
Tas de chiennes en rut mangeant des cataplasmes,
Le cri des maisons d’or vous réclame. Volez !
Mangez ! Voici la nuit de joie aux profonds spasmes
Qui descend dans la rue, ô buveurs désolés,
Buvez ! Quand la lumière arrive intense et folle,
Foulant à vos côtés les luxes ruisselants,
Vous n’allez pas baver, sans geste, sans parole,
Dans vos verres, les yeux perdus aux lointains blancs,
Avalez, pour la Reine aux fesses cascadantes !
Écoutez l’action des stupides hoquets
Déchirants ! Écoutez, sauter aux nuits ardentes
Les idiots râleux, vieillards, pantins, laquais !
Ô cœurs de saleté, Bouches épouvantables,
Fonctionnez plus fort, bouches de puanteurs !
Un vin pour ces torpeurs ignobles, sur ces tables…
Vos ventres sont fondus de hontes, ô Vainqueurs !
Ouvrez votre narine aux superbes nausées !
Trempez de poisons forts les cordes de vos cous !
Sur vos nuques d’enfants baissant ses mains croisées
Le Poète vous dit : ô lâches, soyez fous !
Parce que vous fouillez le ventre de la Femme,
Vous craignez d’elle encore une convulsion
Qui crie, asphyxiant votre nichée infâme
Sur sa poitrine, en une horrible pression.
Syphilitiques, fous, rois, pantins, ventriloques,
Qu’est-ce que ça peut faire à la putain Paris,
Vos âmes et vos corps, vos poisons et vos loques ?
Elle se secouera de vous, hargneux pourris !
Et quand vous serez bas, geignant sur vos entrailles,
Les flancs morts, réclamant votre argent, éperdus,
La rouge courtisane aux seins gros de batailles,
Loin de votre stupeur tordra ses poings ardus !
Quand tes pieds ont dansé si fort dans les colères,
Paris ! quand tu reçus tant de coups de couteau,
Quand tu gis, retenant dans tes prunelles claires
Un peu de la bonté du fauve renouveau,
Ô cité douloureuse, ô cité quasi morte,
La tête et les deux seins jetés vers l’Avenir
Ouvrant sur ta pâleur ses milliards de portes,
Cité que le Passé sombre pourrait bénir :
Corps remagnétisé pour les énormes peines,
Tu rebois donc la vie effroyable ! tu sens
Sourdre le flux des vers livides en tes veines,
Et sur ton clair amour rôder les doigts glaçants !
Et ce n’est pas mauvais. Tes vers, tes vers livides
Ne gêneront pas plus ton souffle de Progrès
Que les Stryx n’éteignaient l’œil des Cariatides
Où des pleurs d’or astral tombaient des bleus degrés.
Quoique ce soit affreux de te revoir couverte
Ainsi ; quoiqu’on n’ait fait jamais d’une cité
Ulcère plus puant à la Nature verte,
Le Poète te dit : « Splendide est ta Beauté ! »
L’orage a sacré ta suprême poésie ;
L’immense remuement des forces te secourt ;
Ton œuvre bout, ta mort gronde, Cité choisie !
Amasse les strideurs au cœur du clairon lourd.
Le Poète prendra le sanglot des Infâmes,
La haine des Forçats, la clameur des maudits :
Et ses rayons d’amour flagelleront les Femmes.
Ses strophes bondiront, voilà ! voilà ! bandits !
— Société, tout est rétabli : les orgies
Pleurent leur ancien râle aux anciens lupanars :
Et les gaz en délire aux murailles rougies
Flambent sinistrement vers les azurs blafards !
Arthur Rimbaud – Mai 1871
De tous les poèmes du monde – avec “Une charogne” de Baudelaire – il est mon préféré !
8 octobre 2013 à 23:51
merci micha, je vins de voir tes beaux textes, tu es un amour!!!
13 octobre 2013 à 18:31
cette histoire d’échecs, de reine, de pion, cela me rappelait une chanson qui me trottait dans la tête Chava Alberstein, peut être??
14 octobre 2013 à 17:44
c est vraiment un plaisir de feuilleter votre blog plein de poesie
ah la poesie ca me fascine surtout qd il s agit d une femme sensible aux malheurs des autres
18 octobre 2013 à 21:19
Je suis juste dans le même trip que toi. 😉
18 octobre 2013 à 22:44
Et Maïakovski, ne l’oublie pas ! C’est sublime. J’ai retrouvé le sens de l’écriture à cause de lui.
30 octobre 2013 à 0:24
@tayka : bienvenue
@miriam : je vais aller chercher la chanson!
@micha : bien sur maiakovski, tu lis en russe?
@all désolée pour le temps de réaction !
13 novembre 2013 à 21:20
J’ai lu en russe mais sans comprendre, juste pour les sons dans ses escaliers… une magnifique intégrale en bilingue qui fit de moi son éternel abonné.
Du coup, j’ai l’impression d’être un peu seul au monde avec ma passion maïakovskienne.
9 janvier 2014 à 0:32
T’es tu perdue l’amie
Dans les labyrinthes de la “vraie” vie ?
9 janvier 2014 à 0:33
http://annaondu.blogspot.fr/2014/01/vois-ya-age.html
Pour que tu réécrives
9 janvier 2014 à 0:42
Merci Micha, c’est très beau et la musique aussi, et ton message me touche beaucoup
pas d’humeur poème ce soir, mais je vais faire un effort… promis
je t’embrasse
29 janvier 2014 à 23:21
tu vois, c’était la bonne musique : celle de la liberté vécue.
29 janvier 2014 à 23:42
http://grooveshark.com/s/A+Paris/3tw9AA?src=5
Souviens-toi 😉