Voyage à Metz et au Luxembourg
Lundi 30 juillet 2012Si j’étais une héroïne d’opéra Romantique, quitte à aller à l’est j’irais à Reims. Mais nous sommes au 21ème siècle, je suis marquée au fer rouge par Toute La Culture et quand mes vacances tombent à l’eau, je pars sur un coup de tête à …Metz.
Accueillie avec une gentillesse et un cœur qui m’ont faite fondre par S & G dans leur superbe maison-usine qu’ils redécorent avec tant de goût et d’amour à eux seuls, j’ai été à la meilleure école messine possible : rencontre avec un échantillon du staff du Centre Pompidou dès mon arrivée et mise au parfum avec l’importance que la nuit blanche revêt dans la ville de Moselle, prospère grâce à sa centrale électrique privée mais moins intello que Nancy, étudiante. Surtout, aussi bien en design qu’en architecture, cela fuse de références et de passion, je prends note, pour étude plus tard et pourrais déjà passer aux travaux pratiques avec le bivouac des frères Bouroullec exposé et prolongé comme pour ma venue au Centre. Puis nuit calme éclairée par les grandes lucarnes resculptées par mes amis dans leurs façade dans des draps et sur un sol d’un blanc plâtre immaculé. Et… luxe plus grand que chez moi, la prise pour l’i-phone était à portée de main.
Le lendemain, départ sur les chapeaux de roues pour la gare et direction Luxembourg pour revoir le Mudam, sur invitation de son formidable et énergique directeur. Le musée m’avait agréablement marquée, lors d’un voyage presse, il y a deux ans et demie, mais je ne me rappelais pas le bâtiment de Pei aussi lumineux et beau. J’écrirai probablement sur l’exposition autour de la polémique Gelle Fra alias Rosa Luxembourg de la croate sanja ivekovic, que j’avais déjà vue au MOMA en février dernier. Même si je ne suis pas sûre de suivre ses performances politiques un peu faciles et que je préfère les années 1970 et sa video sur ses “personal cuts” qui m’avait déjà marquée à beaubourg aux promesses du passé.
Au-delà de la grande rétrospective Ivekovic, et de ses collections réarrangées en fonction de la question de l’abstraction, le Mudam mettait à l’honneur 4 autres artistes contemporains. Dont les véhicules fous de Steven C. Harvey et surtout les vidéos réflechissant sur le passé récent du Portugal de Filipa César. Et le vrai moment de grâce de ce voyage a été de “surprendre” tout au fond de l’exposition, alors que défilaient les images d’un projet architectural de logement à loyer modéré dans un quartier de Porto, le gardien qui a vécu la fin de Salazar expliquer l’œuvre de Filipa César à deux messieurs belges d’un certain âge qui se trouvaient au Congo et donc non loin de l’Angola au moment de la guerre de décolonisation (qui a quand même duré 13 ans). Un moment suspendu dans le temps où ce gardien merveilleux remettait les oeuvre dans le contexte historique, mais avait TOUT appris également de l’artiste pour mêler l’histoire, sa biographie à lui au projet jamais dévoyé de celle qu’il commentait. Tout juste magique et interrompu par l’arrivée souriante du directeur du musée qui m’a littéralement promenée tout l’après-midi au Mudam même puis au musée des 3 glands au casino et dans Luxembourg. J’ai appris en quelques heures une bonne partie de l’histoire si complexe de ce petit pays. Au Casino, qui est un lieu important ans un livre écrit par mon cicérone, je me suis risquée jusque dans les combles. Un brillant architecte vivant à New-York nous a accompagnés une partie du chemin. Quand mon amie S, toujours aussi prévenante, est venue me chercher en voiture de Metz, nous avons tous bu à des terrasses et marché à travers la verdure et les ministères de la vivante et très chic ville de Luxembourg. Soirée plus calme à Metz avec un presque monopoly et un passage nocturne mais pas noctambule par deux bars messins.
Le lendemain, avant d’attraper mon train, j’ai eu l’occasion d’enfin visiter de Centre Pompidou. Qui est à la hauteur de sa réputation : l’architecture est sublime : Le directeur brièvement croisé avec S semble absolument brillant, et l’exposition 1917 est formidable. Même si j’ai dû un peu m’endurcir pour ne pas me laisser toucher comme c’est toujours le cas par les gueules cassées, la mémoire de la fraternité du front et même si certains effets de la révolution russe et certaines sources littéraires ou cinématographiques avaient été sciemment mises de côté. Un petit tour en ville, centre commercial, boutique médiocres et plus classe ainsi que tour chez Damart compris. Un yaourt au soja, passage par le FRAC Lorraine et une installation végétale dans une église où je me suis transformée en inclusion de noël et il était temps de rentrer. Épuisée (comme d’hab’) mais bien plus riche…