Archive pour mai 2011

Milosz encore

Jeudi 19 mai 2011

Tandis que je prépare ma double conférence pour Prague, la semaine prochaine, je me replonge dans l’écriture de mon poète polonais favori.

Voici, sans conteste, son poème le plus habile.

RIEN DE PLUS

Il faudrait que je dise un jour
Comment j’ai changé d’opinion sur la poésie
Et pourquoi je me considère à présent
Pareil à l’un de ces artisans du Japon impérial
Qui composaient des vers sur les cerisiers en fleur,
Les chrysanthèmes et la pleine lune.

Si j’avais pu décrire comment les courtisanes vénitiennes
Avec un roseau taquinent un paon dans la cour
Et du brocart mordoré, des perles de leur ceinture,
Délivrent leurs seins lourds, si j’avais pu dépeindre
La trace rouge de la fermeture de la robe sur leur ventre
Tels que les voyait le timonier de la galère
Débarqué au matin avec son chargement d’or,
Et si, en même temps, j’avais pu trouver pour leurs os,
Au cimetière dont la mer huileuse lèche les portes,
Un mot les préservant mieux que l’unique peigne
Qui, dans la cendre sous une dalle, attend la lumière,

Alors je n’aurais jamais douté. De la matière friable
Que peut-on retenir ? Rien, si ce n’est la beauté.
Aussi doivent nous suffire les fleurs des cerisiers
Et les chrysanthèmes et la pleine lune.

Un mois de vie culturelle parisienne

Dimanche 15 mai 2011

Les journées filent bien vite et j’écris si peu… Ceci ne m’empêche pas de continuer à profiter pleinement de ma belle capitale et d’y voir de très belles choses.

Commençons par l’actu brûlante, toujours un peu apaisée par l’angle culturelle, en livres je chronique parfois des essais (eh oui!, selon un concept que j’ai développé et qui repose sur la formule mathématique : eh oui ! = existentiel + technique light). je me suis donc penchée sur les hauts faits de DSK au FMI… Sinon côté livres j’ai continué dans la veine érotique, avec le livre-somme de Pauvert chez Lattès (chronique à venir) et la fraîche vie sexuelle de blanche neige; j’ai continué à suivre Nicolas Fargues sur lequel j’avais présenté un papier en colloque à Amsterdam en 2008, Nina Bouraoui et le délicieux André Makine. Fan de Jonathan Safran Foer, j’avais eu un peu de mal avec le premier opus de sa dulcinée, Nicole Krauss, mais ai beaucoup aimé le dernier. J’ai aussi fait une belle cure de classiques, à commencer par Pierre MacOrlan, mais étant donné que je parle de Milosz et Varian Fry la semaine prochaine à Prague, je me suis également relancée dans les oeuvres complètes de mon poète polonais préféré et suis également en plein dans “Transit” d’Anna Seghers (marseilles pendant la Deuxième Guerre). Toujours dans les classiques, j’ai adoré le journal de guerre de Koestler que Tony Judt m’a encouragée à dévorer. Sinon, cinquantenaire oblige, je viens de commencer un lourd pèlerinage dans l’antisémitisme de Céline, Peillon pas du tout convaincant mais je vais forcément trouver quelque chose de mieux écrit.Mais mon coup de cœur est vraiment le récit “Mensonges”de Valérie Zenatti que je dois interviewer. Trop de prix littéraires en ce moment, je n’ai pas le temps de les écumer tous, mais jeudi dernier, j’ai eu la joie de retrouver l’équipe du prix de l’inaperçu en fête (obligés de boire sur le sympathique trottoir du petit café de l’industrie étant donné la généreuse affluence). J’étais un des jurés de la première édition et cela fait du bien de revenir à certaines bases, et de voir que depuis, c’est vraiment devenu un évènement important.

Côté théâtre, c’est la catastrophe, au point que je pense désormais être maudite, il suffit que je m’assoie dans une salle pour que la pièce soit vraiment ratée. C’était le cas pour Noli me tangere de Sivadier (qui a égratigné MA Salomé) à L’odéon (article de Christophe), et de diptyque Strindberg de Schiaretti à la Coline. Même douleur devant tant d’effort pour mettre à côté de la plaque (article d’Amélie). Même mon fief préféré, la maison de la poésie m’a déçue avec une chute de la maison usher hilarante magré elle. Heureusement, l’athénée ne ment jamais surtout sur un des textes de Broch que je n’ai pas lus. La servante Zerline incarnée par Marliu Marini est juste formidable, sans aucune réserve.

Côté ciné, même médiocrité, avec un film sur l’euthanasie avec Isabelle carré et Sergi Lopez (chronique à venir), un 6e panorama du maghreb décevant malgré une sympathique ouverture et une expédition à St Denis, et quelques dvds  sympa dont “le choix de luna” et mike Leigh, et un terrible mais très beau documentaire sur le rwanda.

Côté art de très belles choses dont AES +F à la galerie du royal monceau, de jolies photos de Geppetti à la NM galerie,  les derniers jours d’une expo à la fondation vuitton, l’épée au musée Cluny que j’ai vue presque aux côtés de robert hossein à l’occasion de la conférence de presse d’excalibur, et le génial Pavillon de Zaha hadid au coeur de l’IMA. Mais aussi du médiocre, avec desgrandschamps au MAM.

Côté musique, assez  calme, malgré le tube de notre été “odile” de l’énergique nadeah, vue sur scène, et le retour de zaza fournier que je n’ai pas vue au 104, faute de réponse de l’attachée de presse. découverte d’un nouveau groupe de filles, sympas, au bus, également et très beau concert de angus & julia stone.

Côté PR, bonne nouvelle, toutelaculture était invité en tant que média culturel national par F. Mitterrand à sa conférence de presse du printemps, rue de Valois; j’ai aussi une belle et grande soirée dans un lieu prestigieux sur le feu au  non de l’agence. J’ai également fait un petit tour au Fouquet’s la semaine dernière pour la présentation de nouvelles marques de beauté, et ai été séduite par des vaporisateurs, des crèmes bio pour le visage et l’énergie de la fondatrice des produits officinea (interview à venir).Enfin, l’appli i-phone créée par notre agence pour universcience est tellement canon, qu’elle se télécharge à 7 000 exemplaires par jour. 🙂

J’en oublie certainement, notamment quelques belles soirées, au Raspoutine, au Planète Mars, ou juste chez moi à repasser les vieux tubes des années 1990 et à danser comme des ados, mais, après ce long listing, il est grand temps d’aller dormir. Peut-être aurai-je un peu plus de temps à prague pour raconter ce séjour qui s’annonce très sympathique.