Un point commun?

Étrange soirée hier, pour clôturer une belle semaine parisienne, si pleine d’énergie que je me suis écroulée vendredi à 18h. Il faut bien dire que rentrer à 2h, écrire encore un ou deux articles pour ouvrir grand les yeux à 7h et corriger des copies n’est pas un rythme tenable, mais le jeu en vaut la chandelle : pas mal de publications en cours, des heures passionnantes à écrire, d’anciens étudiants qui reviennent me voir, une vie – qui même limitée dans mon quartier- est toujours trépidante, un petit site qui grimpe, qui grimpe, et bien évidemment de très belles choses dans les yeux, les oreilles et parfois même sur le bout de la langue.

Samedi donc, soirée béante de vide, et désir de calme. Grasse matinée et correction de la 45e copie de la semaine, quelques chroniques, et surtout invitation à dîner avec ma garde rapprochée à Saint Germain des Près. Je dis oui, exactement ce dont j’ai besoin : du proche, du familier, chanter Barbara à tue-tête devant un grand verre de vin, discuter cinéma et de notre voyage à Rome de la semaine prochaine. Bref de l’intime, pas de rôle à jouer ou l’habituel, je peux garder mes horribles lunettes rouges ou même fermer les yeux : je connaitrai tout le monde par cœur, du monde que j’aime. Nous arrivons. Petit comité, chaleureux. Les enfants de notre hôte batifolent encore devant le feu de cheminée, quand soudain ma seule alliée féminine de la soirée me fait remarquer que la noble assemblée…réunit TOUS mes exs des sept dernières années. L’un est bientôt papa, l’autre se remet à peine d’un grand chagrin d’amour causé par ma meilleure amie, et ils n’ont absolument rien à voir. Pas le même âge, pas la même activité, pas le même style, pas le même point dans la vie. Et pourtant si, moi. J’ai une fâcheuse tendance à estimer que si j’ai passé plusieurs mois avec un homme, c’est qu’on avait des choses à se dire, à rester proche et à présenter tous mes amis. Si bien que mon club des exs se réunit souvent sans moi, et que désormais… ils travaillent ensemble sur Internet. A peine ma copine a-t-elle remarqué l’intéressante coïncidence qu’une ambiance virile s’appesantit sur la salade et le pain frais. Comparaisons, qui m’a le plus aimée, qui a le plus vu de pièces de théâtre ou de concerts avec moi, qui est plus grand, plus fort, plus fraternel, plus tout. Grand malaise de ma part, qui me retrouve à la fois sur le devant de la scène derrière mes affreuses lunettes rouges, et en même temps  totalement exclue de cette bataille d’egos, bien après la guerre. Surtout, le glas sonne pour une soirée que je croyais tranquille.  Ma vie est un mauvais Desplechins. Quelle morale en tirer? Aucune idée, il faudrait que j’apprenne à cloisonner hermétiquement, et en même temps, je crois que je ne saurai jamais faire… Plutôt demander à mes hôtes d’éviter d’inviter  tous mes exs au même dîner…

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