La caverne

Coagulée en éventails placides
La honte se réveille par les yeux
Des semaines de sagesse aride
Silonnent l’amer, en grands jets bleus

Je frappe consciencieusement sur la coquille
Perce le nacre frais du poul douloureux
Les chaînes ont un goût de vanille
Je les prend trop au sérieux.
L’apitoiement, les fausses béquilles, le silencieux
– Un rien m’habille-
Avec mon corps trop grand pour deux.

Je frappe, m’étale le long d’un trottoir dentiste
Où le lait irrigue des fragments câgneux
Où le pain sale étend ses entrailles racistes
En grands perchoirs et boucliers laborieux.
L’artiste flanche avec la femme
Mime l’éveil sur la piste
Mais tout dort, ancêtral
Aux thèmes cannibales de l’adieu.

Ressasser fait si mal, et je frappe un fantôme aux cils très vieux
La mémoire triste est un marais d’offenses toujours trop pâles
Petits dénigrements et grands contentieux
La mémoire gaie est encore plus brutale
Moyens moments volés et vin précieux
La mémoire vive, mauve, infernale
Roule sa nostalgie en morceaux vicieux…

Je frappe mon ombre de carnaval
Sans repères, ongles noirs, et vase aux yeux,
Je veille une ombre médiévale
Qui n’en finit pas de fêter le sourcilleux.

Le doute éplore les entailles
De la méfiance envers son voeu
Toujours, la plaie se dépenaille
Au reflet des miracles infructeux

La honte se réveille par les yeux
Elle évide tous les sérails
Ses bras d’épouvantail
Etranglent le miraculeux.

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Un commentaire pour “La caverne”

  1. Michel dit :

    Je suis arrivé sur votre site en cherchant l’image d’une toile de Gauguin en Finistère… Le hasard fait donc parfois bien les choses, car j’y ai aussi trouvé ce poème magnifique. Je vais fouiller un peu. Au plaisir !

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