Archive pour 26 mars 2010

Une ballade dans le panthéon littéraire de François Bott

Vendredi 26 mars 2010

Ancien directeur du Monde des Livres, auteur d’une trentaine de livres et Membre du jury du prix Roger Vailland, François Bott propose avec “Ecrivains en robe de chambre” (La Table Ronde, “collection la petite vermillon”) une promenade littéraire dans son panthéon d’auteurs du XXe siècle. Une invitation à lire et à relire des auteurs connus ou oubliés, français, italiens ou américains du siècle dernier…

Certains sont immortels (André Breton, Blaise Cendrars, Jean Cocteau, Albert Cohen, E.M. Cioran, Léon-Paul Fargue, Jean Genet, Jean Giono, Jean Giraudoux, Jospeh Kessel, Valery Larbaud, Michel Leiris, Jacques Prevert, Paul Valéry, Boris Vian). D’autres sont des auteurs français catholiques (François Mauriac, Jean Pauhlan), hussards (Jacques Laurent, Roger Nimier), mythiques en leur temps et un peu moins lus récemment (Marcel Aymé, Emmanuel Berl, André Beucler, Antoine Blondin, Henri Calet, Michel Déon, Jean Dutourd, Elie Faure, Jean Follain, Simon Leys, Paul Morand, Raymond Radiguet, Raymond Roussel, Claude Roy, André Suarès, Léon Werth). D’autres enfin sont étrangers et eux-aussi souvent trop oubliés par les lecteurs français : Raymond Chander, Flannery O’Connor (seule femme de ce panthéon) et Umberto Saba.

Chaque petite histoire littéraire de François Bott fait quelques pages, dans lesquelles l’auteur est abordé par une anecdote : par une donnée biographique, le témoignage d’un ami ou un extrait de correspondance. Le lecteur est donc amené par ce détour de flâneur à entamer l’ascension d’un monument littéraire. Sur un ton intimiste qui oscille entre le cours de littérature tel qu’il était enseigné sous la 4 e République et la confidence sur des plaisirs secrets. Parfois d’un chapitre à l’autre ces écrivains en robes de chambre se croisent et se font signe dans de grandes amitiés littéraires dans lesquelles le lecteur se sent presque inclus. On sort de ce précieux livre de poche avec l’envie d’aller redécouvrir le XXe siècle littéraire. Et coup de chance : la plupart des auteurs cités sont encore imprimés, volontiers dans la collection “L’imaginaire” chez Gallimard… Bonnes lectures!

François Bott, “Ecrivains en robe de chambre, Histoires littéraires”, La Table Ronde, collection “la petite vermillon”, 8.50 euros.

Et voici un élégant auteur en robe de chambre :

Daniel Glattauer écrit une romance électronique

Vendredi 26 mars 2010

Journaliste pour der Standard, Daniel Glattauer est devenu le chouchou de la critique et du public allemands et autrichiens avec son livre “Quand souffle le vent du nord” (750 0000 exemplaires vendus). Un roman épistolaire et romantique où les deux protagonistes se rencontrent au hasard des erreurs d’Internet et se disent les choses les plus intimes de derrière leur écran. Enfin disponible, 5 ans après sa sortie viennoise, “Quand souffle le vent du Nord” paraît chez Grasset le 1er avril.

Emma alias “Emmi” envoie par hasard un e-mail à un certain monsieur “Leike” en voulant résilier son abonnement au magazine “Like”. L’erreur se serait soldée par une simple réponse “ce n’est pas moi que vous cherchez à joindre”, si, le soir de Noël, Emmi n’avait pas inclus l’adresse mail de Leo Leike dans les destinataires de ses voeux. Les deux étrangers commencent alors un dialogue qui passe rapidement du jeu de devinettes à des discussions très intimes. Celles-ci n’empêchent pas les deux interlocuteurs touchés par Cupidon de laisser quelques zones d’ombres très étudiées. Or, Emmi est mariée et heureuse avec son homme et leurs deux enfants; elle se demande ce qu’elle cherche dans ces conversations essentielles avec Leo. De son côté Leo sort d’une histoire physique et impossible avec la froide Marlene, et comme c’est un type plutôt moral et plutôt sûr de ce qu’il vaut, l’idée de jouer le rôle de l’amant lui est simplement insupportable. Emmi sait être cynique et inconstante, Leo peut être dur et silencieux, mais tous deux savent se montrer extrêmement tendres. Pendant 348 pages, le lecteur se ballade au coeur de leur correspondance éléctronique. Et il y trouve le plaisir du voyeur non omniscient, puisqu’il n’en sait pas plus que ce que chaque amoureux veut bien dire à l’autre.”Quand souffle le vent du nord” est plus qu’une badinerie, mais reste léger comme du whiskey.

Daniel Glattauer, “Quand souffle le vent du nord”, Grasset, trad. Anne-Sophie Anglaret, 348 p., 18 euros, sortie le 1ier avril.

Non Leo, j’ai tout simplement le béguin pour vous. Vous me plaisez. Beaucoup, même! Beaucoup, beaucoup, beaucoup! Et je ne peux pas croire que vous ne vouliez pas me voir. Cela ne veut pas dire que nous devrions nous voir. Bien sûr que non! Mais par exemple, j’aimerais savoir à quoi vous ressemblez. cela expliquerait beaucoup. Je veux dire, cela expliquerait pourquoi vous écrivez comme vous le faites. parce que vous auriez exactement l’apparence de quelqu’un qui écrit comme vous. Et que j’aimerais bien savoir à quoi peut ressembler quelqu’un qui écrit comme vous. Ceci expliquerait cela.” p. 47


Daniel Glattauer – Quand souffle le vent du nord (Trailer)
envoyé par hachette-livre. – Découvrez plus de vidéos créatives.

Un 30 e édition sans sel pour le Salon du Livre

Vendredi 26 mars 2010

Jeudi soir, le monde de l’édition et du journalisme s’était donné rendez-vous porte de Versailles pour une avant-première du 30 e salon du livre de Paris. Si l’alcool était bien présent, l’ambiance oscillait entre fatigue et léthargie.

Pas de pays à l’honneur pour “fêter” ce 30 e anniversaire, mais 90 auteurs français et étrangers “invités” par le salon du livre. Par conséquent, les “étrangers” sont parqués au fond à droite du Hall. Heureusement, année de la Russie et fin d’année de la Turquie obligent, vodka et auteurs russes étaient très bien présentés et tout au fond du Hall, un grand étalage de livre permettent aux plus curieux de partir à la conquête de la littérature turque.

Cette décision de ne pas fêter la littérature d’un pays en particulier évite l’habituelle scission entre gratin parisien et auteurs étrangers invités, mais  l’absence de “découverte” souligne la vraie nature du salon du livre : non pas une réunion de passionné mais un évènement économique dans un parc d’exposition un peu glauque où les livres qui s’empilent valent -pour quelques jours- plus pour la maison d’édition qu’ils représentent que pour leur contenu.

Mais dès vendredi, le grand supermarché de la porte de Versailles s’est aussi ouvert au public en lui proposant de rencontrer ses auteurs préférés lors de signatures. Ne manquez pas, entre autres, Paul Auster, chez Actes Sud, samedi 27 mars au stand d’Actes Sud (E47), et Edouard Glissant à 15h chez Galaade (R65) dimanche 28 mars. Pour voir le programme des nombreuses signatures, cliquez ici.

Dans les débats :

– Vendredi 26 mars, à 16h, les 10 ans du Diable Vauvert avec Pierre Bordage, Nicolas Ray, Catherine Fradier et Regis de Sa Moreira et à 18h, un débat sur l’écriture féminine avec Valentine Goby, et Véronique Ovaldé. Place des livres, C 68.

-Samedi 27 mars, à 11h, une table-ronde Sartre avec Annie Cohen-Solal, Blandine Kriegel et Philippe Petit. A 12h, un débat sur l’e-book, et un autre sur la fiction historique à 16h. Place des livres, C 68. Dans le Pavillon des 30 ans (U86), à 12h30, l’influence de la religion dans l’écriture avec Jean-Luc Nancy et Nedim Gursel, . Et à 17h, rencontre avec Imre Kertesz

– Dimanche 28 mars,  à 13h, rencontre avec Völker Schlöndroff autour de son nouveau film, “Le neuvième jour”, Salle Nota Bene (Y 71), à 15h, spécial Haïti avec entres autres Dany Laferrière, Place des livres, C 68 et à 17H30, à l’initiative de la Fondation France-Israël et de la Casa Sefarad Israël George Semprun établira un pont entre l’Espagne, la France et Israël et participera à un débat sur Léon Blum. Salle Nota Bene (Y 71).

– Lundi 29 mars, à 11h, débat sur le droit d’auteur, à e18h, t les traducteurs sortent de l’ombre, Place des livres, C 68. Dans le Pavillon des 30 ans (U86), Jean d’Ormesson et Antonio Lobes Antunes s’offrent un tête à tête à 17h.

– Mardi 30 mars, à 10h30 on parlera sexe avec Eric Fassin et Pierette Fleutiaux, lace des livres, C 68. Dans le Pavillon des 30 ans (U86), à 19h, c’est au tour de Dany Lafferière et de Eric-Emmanuel Schmitt de se retrouver en un tête à tête.

– Mercredi 31 mars, 13h30 lecture de Jacques Roubaud, salle Julien Gracq, N86. Dans le Pavillon des 30 ans (U86), à 15h, hommage à Bashung.

Le Salon du Livre de Paris, du 26 au 31 mars, 10h-19h (nocturne jusqu’à 22h le mardi 30 mars), Parc des expositions, Pavillon 1, Porte de Versailles, Paris 15e, m° Porte de Versailles,9 euros.

Le Voisin insupportable et libérateur de Tatiana de Rosnay

Vendredi 26 mars 2010

L’auteure d’ “Elle s’appelait Sarah”, “La mémoire des murs” et de “boomerang” ressort chez Héloïse d’Ormesson un livre épuisé depuis 2000. Ccomme d’habitude thriller et fine psychologie sont au rendez-vous. Tatiana de Rosnay n’a donc pas besoin de la moto d’Angèle Rouvatier pour séduire ses lecteurs.

Colombe Barou ne s’habille pas en cuir, ne fait pas de moto et elle ne se préoccupe pas des cadavres, mais de la bonne tenue de sa petite famille : ses deux fils et son mari, bien trop souvent en voyage. Quand les enfants sont à l’école, elle fait un mi-temps comme nègre dans sa petite ville de province. En vrai, Colombe est une grande femme sensuelle et qui se rêve écrivaine; par habitude elle se tient voûtée,  se cache dans l’ombre de sa pétillante sœur Claire, et des auteurs dont elle écrit les livres. Mais un déménagement et un nouveau voisin qui la réveille en pleine nuit à grands renforts de Mick Jagger va pousser “bobonne” à se rebiffer. Si la nouvelle Colombe en pleine crise d’insomnie n’ose pas encore frapper à la porte du voisin pour lui dire combien il la dérange, elle s’offre des guêpières pour séduire à nouveau son mari et se faufile dans l’appartement du gêneur…

On retrouve dans “Le Voisin” la patte de Tatiana de Rosnay : suspense, fantômes, et intrusion fine dans la psychologie d’une jeune femme de bonne famille. De quoi nous tenir en haleine et nous donner à nous aussi l’envie de se révolter contre la tyrannie de l’aspirateur et de l’anonymat. Entièrement concentré sur la figure de Colombe, “Le Voisin” est peut-être moins subtil que d’habitude sur les motivations de ceux qui l’entourent : les enfants sont quasi inexistants et interchangeables sauf pour remarquer les transformations de leur maman, le mari est un boulet infidèle, la sœur une apparition un peu énervante, et même le voisin est bien pâle face à la force de caractère en plein chamboulement de Colombe. Colombe et c’est tout, mais cela suffit pour remplir un cahier des charges volumineux sur le travail harassant, silencieux et méconnu de toutes les discrètes mères de famille de France.

Tatiana de Rosnay, “Le Voisin”, Editions Héloïse d’Ormesson, 236p., 18 euros.

Vers deux heures du matin, Stéphane se met à ronfler. Colombe subit. La gamme complète est à sa disposition; elle reconnaît les longs, anticipe les courts, ceux ponctués d’un grognement, d’autres d’un râle. Comment a-t-elle pu passer plus d’une décennie auprès d’un homme qui ronfle autant? Il n’y a rien de pire que vouloir dormir à côté de quelqu’un qui, lui, dort profondément et le montre” p. 90.