Archive pour 12 mars 2010

Sainte Russie, l’art russe avant Pierre le Grand au Louvre

Vendredi 12 mars 2010

Alors que nous fêtons toujousr l’année de la Russie, le Louvre a ouvert son Hall Napoléon aux trésors russes d’avant le 18 e siècle. “Sainte Russie” peut passer pour une exposition fleuve qui noit un peu son visiteur sous 7 siècles d’Histoires de l’art. Mais les pièces exceptionnelles qu’elles montre et son effort de pédagogie évitent cet écueil.

En effet, le message central de la commissaire de l’exposition, Tamara Igoumva, est clair : même avant Pierre le Grand et les fastes européens de St Petersbourg, la Russie a connue de nombreuses influences occidentales. Il ne faudrait pas croire que son art et son artisanat du XI e au XVIII e siècle sont unanimement inspirés de la tradition Byzantines. On trouve de fortes influences occidentales dans l’art venu de villes comme Kiev où est née au XI e siècle la Rous,’ ancêtre de la Russie que nous connaissaons, comme Souzdal, rivale de Kiev à la fin du XII e siècle,  ou plus encore, comme Novgorod, ville hanséatique (donc faisant du commerce avec d’autres villes portuaires d’Europe) et rayonnante aux XIV e et XV e siècle (jusqu’à ce qu’elle tombe face à Moscou en 1478). On trouve également dans l’art russe d’avant le XVII e siècle des influences asiatiques, venues de l’invasion de Ghengis Khan en 1223.

‘Sainte Russie” permet également de revisiter certaines pages de l’histoire russe, comme l’affirmation de l’hégémonie de la Moscovie sous Ivan IV, dit ” le terrible” (le premier à se faire couronnr tsar en 1547). Elle permet de recontextualiser certains “mythe” comme celui du moine peintre d’icônes Andreï Roublev (XIVe siècle) qu’elle sort de son aura tarkovskienne pour le confronter à la tendance historique du renouveau monastique dans la région de Moscou au début du XIV e siècle.

On verra bien sûr des pièces maîtresses des collections et des galeries majeures de Kiev, Moscou et Novgorod : notamment l’icône du XIV e siècle présentant les Saints russes Boris et Gleb, les portes d’or de la catédrale de la nativité de la Vierge à Souzdal (XIII e siècle), le St Georges terrassant le Dragon de Novgorod (XVe siècle), l’Oklal de la Trinité d’André Roublev, la sainte face de Simon Ouchakov (Moscou, XVII e siècle). Les manucrits enlumiénés de la Rous’ moyennageuse sont également à couper le souffle.

Sainte Russie, l’art russe des origines à Pierre le Grand“, jusqu’au 24 mai, Hall Napoléon, Musée du Louvre, de 9 h à 18 h et jusqu’à 20 h le samedi, nocturnes jusqu’à 22 h les mercredi et vendredi, Tarif pour l’expo : 11 euros.

crédits photos

1) “portes d’or” de la cathédrale de la nativité de la vierge à Souzdal, copyright Musées d’Etat Vladimir Souzdal

3) Oklad de la Trinité d’André Roublev, copyright Musée d’art et d’histoire, Serguiev-Possad

Livre : Si la cour du mouton est sale, ce n’est pas au porc de le dire, de Florent Couao-Zotti

Vendredi 12 mars 2010

Après Le Cantique des cannibales (2004), Florent Couao-Zotti est de retour au Serpent à Plumes avec un roman inspiré par les ratés masculins et féminins de policiers, de prostituées et de gagnsters évoluant dans la région de Cotonou. Variations d’une cruauté vivante autour d’une petite malette de poudre blanche…

Au coeur du nouveau roman de Florent Couao-Zotti, il y a tout d’abord trois femmes : Saadath, l’ancienne reine de beauté déchue après la mort de son vieux caïd de mari, Sylvana l’aventurière féline et Rockyana, la femme “Fanta-Coca” (ie qui se déclore le visage, lui donnant une couleur orangée de Fanta, tout en conservant un corps couleur Coca). Leur point commun : elles vendent leur corps pour vivre. Mais monnaient leurs services fort cher, et n’hésitent pas à écraser la concurrence. Le sproblèmes arrivent après le meurtre de Saadath, qui a traffiqué de la drogue dans le sillage des anciens amis de son gangster de mari. Sylvana vole la malette de cocaïne que Saadath avait confiée à Rockyana pour tenter de la revendre aux anciens boss de Saadath. A la tête de cette pyramide de fabricants : Smaïn, alias “L’Arabe” qui après avoir perdu u bras par amour a décidé de devenir vraiment dur à cuir…

Révélant l’intriguepar fragments à la manière d’un tableau cubiste, Florent Couao-Zotti donne à chaque chapitre de son roman un titre en forme de proverbe béninois. Et tous sont aussi savoureux que le titre. Un glossaire en fin de texte vient renseigner le lecteur sur l’usage de mots locaux : l’on aporend avec intêrét qu’à Cotonou, le Gaou est le dindon de la farce, la Go une petite copine, et que tous les blans sont par extension “Lissa”, c’est-à-dire Albinos; sur fond de Magic System survolté, l’auteur nous traine dans un éboulement de métaphores dans des taxis défoncés, des bars mal famés, et des piaules de gangsters; il nous entraîen dans un monde où tous les coeurs sont frelatés, et où il n’y a pas vraiment de victime. Juste des gagnants et des perdants, des personnages nés beaux et dotés ou mal servis par la vie. Mais tous dégagent une folel énergie, cherchant sans scrupules à améliorer un quotidien frénétique. Une belle dose d’énergie pas très morale…

Florent Couao-Zotti, “Si la cour du mouton est sale, ce n’est pas au porc de le dire”, Le Serpent à Plumes, 208 p., 14 euros.

Elle ne regrettait nulelment d’avoir allongé le couteau dans le ventre de Mouf. Lui voulait se faire vent, épouser la courbe de l’horizon, cette nuit même, alors qu’elle souhaitait se faire éclater le corps des heures durant, toute la nuit, comme s’il ne restait que ec dernire festin à s’offrir. Oui, elle avait bien besoin des e donner de la jouissance, après l’exploit réalisé, en attendant de voir comment se lèverait le soleil. De toutes façons, le sort du jeune-homme était déjà scellé. Elle voulait l’utiliser juste pour l’opération, en soutirer du plaisir jusqu’à plus rassis, puis après, le jeter sur les décharges. “ p. 115

Les désemparés, un trésor de Max Ophuls avec James Mason enfin disponible en Dvd

Vendredi 12 mars 2010

Max Ophuls a passé peu de temps aux Etats-Unis, entre ses années allemandes et françaises. Le réalisateur de “La ronde” a réalisé 3 films pour Hollywood : Lettre d’une inconnue (1948), Caught (1949) et les désemparés (“The Reckless moments”, 1949). La copie restaurée de ce dernier film, à l’écran le 31 mars, et disponible en Dvd le 7 avril, fait mentir l’idée fixe que “Lettre d’une inconnue” est le chef d’oeuvre américain de max Ophuls. Film noir vantant l’amour maternel dans un village bourgeois de la côte ouest, les désemparés est une oeuvre un peu oubliée. Plus pour longtemps.

Alors que la plupart des maris américains sont revenus de la guerre, celui de Lucia Harper (Joan Benett) est reparti pour Berlin afin d’y superviser al construction de ponts. La jeune maman est donc seule dans sa jolie ùaison de Balboa (banlieue de LA) avec son beau-père, son fils un peu mécano et très débraillé, et sa fille Bea, 17 ans. Cette dernière, romaniques étudiante d’arts fréquente un jeune homme mal famé, Ted Derbyet Lucia tente de mettre fin à cette liaison. Or Derby est retrouvé mort. Un type étrange (James Mason) vient alors voir Lucia chez elle. Il est en possession de lettres d’amourde Bea à Derby et veut la faire chanter. Peu à peu la mère de famille et son maître chanteur développent une relation qui dépasse les simples affaires…

Film noir déjà infléchi par un certain retour au réalisme, “Les désemparés” place immédiatement ses spectateurs au coeur d’une bonne famille américaine d’après-guerre. Portée par la grâce de Jona Benett, qui était égalemnt la femme du producteur du film, Walter Wagner, et surtout par le génie élégant d’un James Mason ravi de travailler avec un cinéaste culte mais n’ayant pas encore trouvé son public à Hollywood, l’intrigue garde en haleine du début à la fin. A la direction de la photographie, Burnett Guffey sublime les deux personnages principaux, et transforme leurs brèves rencontres incohérentes des jeux d’ombres troublants.

“Les Désemparés”, de Max Ophuls, avec Joan Benett, James Mason, Geraldine Brooks, Henry O’Neill, USA, 1949, 79 min + 62 minutes de bonus, dvd master restauré HD, Carlotta films, 19.99 euros, sortie le 7 avril 2010.

Sortie en salle en copie restaurée le 31 mars.