Archive pour mars 2010

Comme si de rien

Samedi 27 mars 2010

Dis moi ce que tu veux

Quand les volets ont roulé

Sur une longue natte de papiers

*

Dis moi ce que tu veux

Avant de le prendre,

-A moitié-

Et que tes tâtonnements si peu tendres

Me décrochent les paupières en “v”.

***

Je retire encore un triangle

A l’arche triste des vieux jouets

Dis moi ce que tu veux de mes cendres,

J’inventerais un peu de gaité.

***

J’ai envie de si peu :

Quelques océans dans mon ventre

Et tes amarres sous mes pieds

Le désir étranger fait peur

Mais deux bras peuvent aussi apaiser.

***

D’une lèvre rouge,

Espérante, j’avais apprêté ma main

Pour te caresser.

Mais la douceur est une sœur fuyante

Quand je crains mon allemand qui s’évente

Et tes silences si bien référencés.

***

Dis moi ce que tu veux

En l’absence de toute intimité.

Moi, je sais :

Patiente, l’œil fermé

Je guette la douleur toujours ramifiée

Des ombres brinquebalantes

Et je veux que ce soit terminé.

***

Tout ce que j’ai coupé et qui manque,

Tes mots maladroits s’en sont rappelés.

J’attends encore un peu

Il faut que je te mente

T’envoie vers un repos qui m’est refusé.

La tempe sur le sol frisé, je  veux

Un brun lâcher de rides emprises

Et les grandes chevauchées de passé.

J’appelle la venue d’une fin blanche,

Et le début du secret pour m’effondrer.

***

Je ne veux plus être rassurante,

Je veux continuer de briser

Chaque os de tristesse

Et les dents abimées de penser.

***

Je sais qu’il faut cesser

De vouloir retrouver la pente

De l’empathie sur sommier

Je suis marquée, grinçante,

En mon sein tiraille un ogre blessé,

Un monstre sans enfant à couver.

Une ballade dans le panthéon littéraire de François Bott

Vendredi 26 mars 2010

Ancien directeur du Monde des Livres, auteur d’une trentaine de livres et Membre du jury du prix Roger Vailland, François Bott propose avec “Ecrivains en robe de chambre” (La Table Ronde, “collection la petite vermillon”) une promenade littéraire dans son panthéon d’auteurs du XXe siècle. Une invitation à lire et à relire des auteurs connus ou oubliés, français, italiens ou américains du siècle dernier…

Certains sont immortels (André Breton, Blaise Cendrars, Jean Cocteau, Albert Cohen, E.M. Cioran, Léon-Paul Fargue, Jean Genet, Jean Giono, Jean Giraudoux, Jospeh Kessel, Valery Larbaud, Michel Leiris, Jacques Prevert, Paul Valéry, Boris Vian). D’autres sont des auteurs français catholiques (François Mauriac, Jean Pauhlan), hussards (Jacques Laurent, Roger Nimier), mythiques en leur temps et un peu moins lus récemment (Marcel Aymé, Emmanuel Berl, André Beucler, Antoine Blondin, Henri Calet, Michel Déon, Jean Dutourd, Elie Faure, Jean Follain, Simon Leys, Paul Morand, Raymond Radiguet, Raymond Roussel, Claude Roy, André Suarès, Léon Werth). D’autres enfin sont étrangers et eux-aussi souvent trop oubliés par les lecteurs français : Raymond Chander, Flannery O’Connor (seule femme de ce panthéon) et Umberto Saba.

Chaque petite histoire littéraire de François Bott fait quelques pages, dans lesquelles l’auteur est abordé par une anecdote : par une donnée biographique, le témoignage d’un ami ou un extrait de correspondance. Le lecteur est donc amené par ce détour de flâneur à entamer l’ascension d’un monument littéraire. Sur un ton intimiste qui oscille entre le cours de littérature tel qu’il était enseigné sous la 4 e République et la confidence sur des plaisirs secrets. Parfois d’un chapitre à l’autre ces écrivains en robes de chambre se croisent et se font signe dans de grandes amitiés littéraires dans lesquelles le lecteur se sent presque inclus. On sort de ce précieux livre de poche avec l’envie d’aller redécouvrir le XXe siècle littéraire. Et coup de chance : la plupart des auteurs cités sont encore imprimés, volontiers dans la collection “L’imaginaire” chez Gallimard… Bonnes lectures!

François Bott, “Ecrivains en robe de chambre, Histoires littéraires”, La Table Ronde, collection “la petite vermillon”, 8.50 euros.

Et voici un élégant auteur en robe de chambre :

Daniel Glattauer écrit une romance électronique

Vendredi 26 mars 2010

Journaliste pour der Standard, Daniel Glattauer est devenu le chouchou de la critique et du public allemands et autrichiens avec son livre “Quand souffle le vent du nord” (750 0000 exemplaires vendus). Un roman épistolaire et romantique où les deux protagonistes se rencontrent au hasard des erreurs d’Internet et se disent les choses les plus intimes de derrière leur écran. Enfin disponible, 5 ans après sa sortie viennoise, “Quand souffle le vent du Nord” paraît chez Grasset le 1er avril.

Emma alias “Emmi” envoie par hasard un e-mail à un certain monsieur “Leike” en voulant résilier son abonnement au magazine “Like”. L’erreur se serait soldée par une simple réponse “ce n’est pas moi que vous cherchez à joindre”, si, le soir de Noël, Emmi n’avait pas inclus l’adresse mail de Leo Leike dans les destinataires de ses voeux. Les deux étrangers commencent alors un dialogue qui passe rapidement du jeu de devinettes à des discussions très intimes. Celles-ci n’empêchent pas les deux interlocuteurs touchés par Cupidon de laisser quelques zones d’ombres très étudiées. Or, Emmi est mariée et heureuse avec son homme et leurs deux enfants; elle se demande ce qu’elle cherche dans ces conversations essentielles avec Leo. De son côté Leo sort d’une histoire physique et impossible avec la froide Marlene, et comme c’est un type plutôt moral et plutôt sûr de ce qu’il vaut, l’idée de jouer le rôle de l’amant lui est simplement insupportable. Emmi sait être cynique et inconstante, Leo peut être dur et silencieux, mais tous deux savent se montrer extrêmement tendres. Pendant 348 pages, le lecteur se ballade au coeur de leur correspondance éléctronique. Et il y trouve le plaisir du voyeur non omniscient, puisqu’il n’en sait pas plus que ce que chaque amoureux veut bien dire à l’autre.”Quand souffle le vent du nord” est plus qu’une badinerie, mais reste léger comme du whiskey.

Daniel Glattauer, “Quand souffle le vent du nord”, Grasset, trad. Anne-Sophie Anglaret, 348 p., 18 euros, sortie le 1ier avril.

Non Leo, j’ai tout simplement le béguin pour vous. Vous me plaisez. Beaucoup, même! Beaucoup, beaucoup, beaucoup! Et je ne peux pas croire que vous ne vouliez pas me voir. Cela ne veut pas dire que nous devrions nous voir. Bien sûr que non! Mais par exemple, j’aimerais savoir à quoi vous ressemblez. cela expliquerait beaucoup. Je veux dire, cela expliquerait pourquoi vous écrivez comme vous le faites. parce que vous auriez exactement l’apparence de quelqu’un qui écrit comme vous. Et que j’aimerais bien savoir à quoi peut ressembler quelqu’un qui écrit comme vous. Ceci expliquerait cela.” p. 47


Daniel Glattauer – Quand souffle le vent du nord (Trailer)
envoyé par hachette-livre. – Découvrez plus de vidéos créatives.

Un 30 e édition sans sel pour le Salon du Livre

Vendredi 26 mars 2010

Jeudi soir, le monde de l’édition et du journalisme s’était donné rendez-vous porte de Versailles pour une avant-première du 30 e salon du livre de Paris. Si l’alcool était bien présent, l’ambiance oscillait entre fatigue et léthargie.

Pas de pays à l’honneur pour “fêter” ce 30 e anniversaire, mais 90 auteurs français et étrangers “invités” par le salon du livre. Par conséquent, les “étrangers” sont parqués au fond à droite du Hall. Heureusement, année de la Russie et fin d’année de la Turquie obligent, vodka et auteurs russes étaient très bien présentés et tout au fond du Hall, un grand étalage de livre permettent aux plus curieux de partir à la conquête de la littérature turque.

Cette décision de ne pas fêter la littérature d’un pays en particulier évite l’habituelle scission entre gratin parisien et auteurs étrangers invités, mais  l’absence de “découverte” souligne la vraie nature du salon du livre : non pas une réunion de passionné mais un évènement économique dans un parc d’exposition un peu glauque où les livres qui s’empilent valent -pour quelques jours- plus pour la maison d’édition qu’ils représentent que pour leur contenu.

Mais dès vendredi, le grand supermarché de la porte de Versailles s’est aussi ouvert au public en lui proposant de rencontrer ses auteurs préférés lors de signatures. Ne manquez pas, entre autres, Paul Auster, chez Actes Sud, samedi 27 mars au stand d’Actes Sud (E47), et Edouard Glissant à 15h chez Galaade (R65) dimanche 28 mars. Pour voir le programme des nombreuses signatures, cliquez ici.

Dans les débats :

– Vendredi 26 mars, à 16h, les 10 ans du Diable Vauvert avec Pierre Bordage, Nicolas Ray, Catherine Fradier et Regis de Sa Moreira et à 18h, un débat sur l’écriture féminine avec Valentine Goby, et Véronique Ovaldé. Place des livres, C 68.

-Samedi 27 mars, à 11h, une table-ronde Sartre avec Annie Cohen-Solal, Blandine Kriegel et Philippe Petit. A 12h, un débat sur l’e-book, et un autre sur la fiction historique à 16h. Place des livres, C 68. Dans le Pavillon des 30 ans (U86), à 12h30, l’influence de la religion dans l’écriture avec Jean-Luc Nancy et Nedim Gursel, . Et à 17h, rencontre avec Imre Kertesz

– Dimanche 28 mars,  à 13h, rencontre avec Völker Schlöndroff autour de son nouveau film, “Le neuvième jour”, Salle Nota Bene (Y 71), à 15h, spécial Haïti avec entres autres Dany Laferrière, Place des livres, C 68 et à 17H30, à l’initiative de la Fondation France-Israël et de la Casa Sefarad Israël George Semprun établira un pont entre l’Espagne, la France et Israël et participera à un débat sur Léon Blum. Salle Nota Bene (Y 71).

– Lundi 29 mars, à 11h, débat sur le droit d’auteur, à e18h, t les traducteurs sortent de l’ombre, Place des livres, C 68. Dans le Pavillon des 30 ans (U86), Jean d’Ormesson et Antonio Lobes Antunes s’offrent un tête à tête à 17h.

– Mardi 30 mars, à 10h30 on parlera sexe avec Eric Fassin et Pierette Fleutiaux, lace des livres, C 68. Dans le Pavillon des 30 ans (U86), à 19h, c’est au tour de Dany Lafferière et de Eric-Emmanuel Schmitt de se retrouver en un tête à tête.

– Mercredi 31 mars, 13h30 lecture de Jacques Roubaud, salle Julien Gracq, N86. Dans le Pavillon des 30 ans (U86), à 15h, hommage à Bashung.

Le Salon du Livre de Paris, du 26 au 31 mars, 10h-19h (nocturne jusqu’à 22h le mardi 30 mars), Parc des expositions, Pavillon 1, Porte de Versailles, Paris 15e, m° Porte de Versailles,9 euros.

Le Voisin insupportable et libérateur de Tatiana de Rosnay

Vendredi 26 mars 2010

L’auteure d’ “Elle s’appelait Sarah”, “La mémoire des murs” et de “boomerang” ressort chez Héloïse d’Ormesson un livre épuisé depuis 2000. Ccomme d’habitude thriller et fine psychologie sont au rendez-vous. Tatiana de Rosnay n’a donc pas besoin de la moto d’Angèle Rouvatier pour séduire ses lecteurs.

Colombe Barou ne s’habille pas en cuir, ne fait pas de moto et elle ne se préoccupe pas des cadavres, mais de la bonne tenue de sa petite famille : ses deux fils et son mari, bien trop souvent en voyage. Quand les enfants sont à l’école, elle fait un mi-temps comme nègre dans sa petite ville de province. En vrai, Colombe est une grande femme sensuelle et qui se rêve écrivaine; par habitude elle se tient voûtée,  se cache dans l’ombre de sa pétillante sœur Claire, et des auteurs dont elle écrit les livres. Mais un déménagement et un nouveau voisin qui la réveille en pleine nuit à grands renforts de Mick Jagger va pousser “bobonne” à se rebiffer. Si la nouvelle Colombe en pleine crise d’insomnie n’ose pas encore frapper à la porte du voisin pour lui dire combien il la dérange, elle s’offre des guêpières pour séduire à nouveau son mari et se faufile dans l’appartement du gêneur…

On retrouve dans “Le Voisin” la patte de Tatiana de Rosnay : suspense, fantômes, et intrusion fine dans la psychologie d’une jeune femme de bonne famille. De quoi nous tenir en haleine et nous donner à nous aussi l’envie de se révolter contre la tyrannie de l’aspirateur et de l’anonymat. Entièrement concentré sur la figure de Colombe, “Le Voisin” est peut-être moins subtil que d’habitude sur les motivations de ceux qui l’entourent : les enfants sont quasi inexistants et interchangeables sauf pour remarquer les transformations de leur maman, le mari est un boulet infidèle, la sœur une apparition un peu énervante, et même le voisin est bien pâle face à la force de caractère en plein chamboulement de Colombe. Colombe et c’est tout, mais cela suffit pour remplir un cahier des charges volumineux sur le travail harassant, silencieux et méconnu de toutes les discrètes mères de famille de France.

Tatiana de Rosnay, “Le Voisin”, Editions Héloïse d’Ormesson, 236p., 18 euros.

Vers deux heures du matin, Stéphane se met à ronfler. Colombe subit. La gamme complète est à sa disposition; elle reconnaît les longs, anticipe les courts, ceux ponctués d’un grognement, d’autres d’un râle. Comment a-t-elle pu passer plus d’une décennie auprès d’un homme qui ronfle autant? Il n’y a rien de pire que vouloir dormir à côté de quelqu’un qui, lui, dort profondément et le montre” p. 90.

Artparis + Guests investit le Grand Palais

Jeudi 18 mars 2010

Du 18 au 22 mars, la foire parsienne d’art contemporain Artparis prend ses quartiers de printemps sous la nef du Grand Palais.  En tout vous y trouverez 114 galeries venues du monde entier. Et Artoaris en rajoute sur sa dimension  internationale en créant 7 plateformes sur les écultures du monde”. Par ailleurs,la foire met en avant le dialogue de l’art avec d’autres disciplines selon le principe de “Crossover” avec 30 galeries qui s’adjoignent des “guests”  venus de la musique, de la gastronomie, ou de l’architecture.

Sol en béton sans tapis et murs blancs sont de mise pour cet Artparis 2010. Pas de moquette ou autres chichis inutiles : juste les stands des galeries et leurs artistes. L’influence du nouveau directeur stratégique a Lorenzo Rudolf, qui a dirigé la prestigieuse foire de Bâle de 1991 à 2000, se fait sentir dès l’entrée : les deux scultpures de l’Atelier Van Lieshout (Jousse entreprise) et de Douglas White (Nuke), ainsi que l’installsation vidéo canine du sulfureux Oleg Kulik (Rabouan Moussion) donnent une tonalité plus “créative” que marchande à l’expo. Tonalité qu’on retrouve  avec les gigantesques peluches fluo dee Tokyo Konan à l’Acte 2  galerie, le vis à vis sympathique de la belle (Françoise Petrovitch) et la bête (Fabien Verschaere) chez RX,  les minsi écrans insérés dans des médicaments de Samuel Rousseau chez Aeroplastics, ou encore le tout jeune Venice Projects qui propose des sculptures en verre de Murano signées Jan Fabre, Koen Vanmechelen, ou Jaume Plensa.

Autre tendance, mais plus attendue, de Artparis : beaucoup de photos très grands formats, et d’oeuvres papier.

Dans la catégorie onr man-show, on notera les dessins de Jérôme Zonder chez Eva Hober et Nicolas Panayotou chez Valentina Volchlova.

Les grandes galeries parisiennes présentent souvent de manière classiques leurs maîtres ( par exemple Meese,Garouste, Adami…chez Templon).  D’autres jouent le jeu sympathique du + guest (Le cabinet d’architecte Jean de Gastines chez Jean Brolly ou Marie darieussecq chez Valérie Bach). Enfin, dans les aires géographiques, la plateforme géographique “Afrique” situé au fond de la nef est extrêmement intéressante. On notera notamment la douce violence de la Tour Eiffel décapitée du Mozambiquais Gonçalo Mabunda.

Et comme d’habitude, en final, les coups de coeur de la boîte à sorties :

– Les pastels oniriques de Irving Petlin inspirés par les images des livres de Sebald chez Ditesheim

– Les enfants pervers du finnois Jarmo Mäkila chez Heino

– Les compositions abstraites de Judith Reigl chez Kálmán Makláry

ArtParis + Guests,  du  18 au 22 mars, 10h-22h, (lun : 18h), Grand Palais, avenue Winston Churchill, Paris 8e, m° Champs-Elysées Clemenceau, 20 euros (artistes et étudiants 10 euros).

Ô Carmen au Théâtre du Rond Point, un opéra comique de génie

Mercredi 17 mars 2010

Toutes les voix de l'”Opéra clownesque” qui se donne jusqu’au 3 avril au Théâtre du Rond-Point sont interprétées par le géniam Olivier Martin-Salvan. Accompagné au piano par Aurélien Richard. Tout y est : jeu de mime, de clown, qualité musicale, l’opéra, les coulisses de l’opéra, et le rêve de recréer à deux sur scène le plus célébre opéra du répertoire français. Ah on allait oublier l’ingrédient principal : le public par 1h20 à hurler de rire. A voir absolument quitte à partir du bureau pour être au Rond-Point à 18h30.

Olivier Martin-Salvan, Anne Reulet-Simon et Nicolas Vial ont décidé de plonger en apnée dans les rouages d’un opéra donné dans une ville Française dont on n’arrivera jamais à entendre le nom. Et cet opéra, c’est pas n’importe lequel, puisqu’il s’agit DU Carmen de Bizet. En suivant le long chemin de croix de la doublure de Don José, “Ô Carmen” rend compte des efforts et des travers (sur scène et à la maison) de toutes l’équipe qui monte ce Carmen original. Les solistes bien sûr, mais aussi le chef d’orchestre qui marmonne en anglais, le metteur en scène hispanique qui a la brillante idée de transposer carmen dans une fête foraine (du coup l’usine de cigarre se transfore en usine de barbe à papa, c’est plus politiquement correct sauf quand il faut remplacer les cigarières du livret de livret de Meilhac et Halévy par des “barbapapères), la secrétaire de l’opéra, le costumier qui parle en franglais sous sa frange, et bien sûr les réactions des critiques à l’émission de Evi Ruggiera après la générale. Finalement, il ne manque que le public, mais celui-ci semble trop occupé à se tordre de rire.

Réalisant sans chiqué mais en grands professionnels le fantasme de jouer tout Carmen en 1h20 à un piano et une voix, Olivier Martin-Salvan et Aurélien Richard tranforment l’opéra de Bizet en grande comédie humaine. Pour ceux et celles qui n’ont pas encore vu le phénomène Martin-Salvan sur scène, soit dans l’Acte inconnu de Valère Novarina, soit dans le Bourgeois Gentilhomme, mis en scène par Benjamin Lazare, “Ô Carmen” sera une révélation. Bruiteur, clown, basse, soprano, ténor, mime, et surtout comédien qui pousse sont art à de tels sommets que cela en devient poétique, Olivier Martin-Salvan donne dans cette pièce un performance étourdissante. Il est et continuera à être l’un des plus grands acteurs français de notre époque.

Mégalo mais tout en humour, extrêmement technique mais tout en souplesse, “Ô Carmen” réunira ceux qui veluent rire, et ceux qui sont en quête d’extrême sur les planches. Quant à ceux qui sont à la recherche des deux sensations, qu’ils se précipitent au Théâtre du Rond-Point avant le 4 avril.

Ô Carmen”, mar-ven 18h30, sam 15h, jusqu’au 3 avril, Théâtre du Rond-Point, 2bis avenue Franklin D. Roosevelt, Paris 8e, m° Franklin-Roosevelt, réservation : 01 44 95 98 21.

Le dirigeable volé à Mains d’Oeuvres, chronique d’un festival coloré

Samedi 13 mars 2010

Alors que le festival “Du son dans les feuilles” a été annulé cette  année, une partie de la programmation s’est trouvée concentrée en une soirée magique à Mains d’oeuvres vendredi 12 mars. Une soirée généreuse et colorée, où 4 groupes et 3 performances nous ont emmené très haut dans le ciel, dans ce joli “Dirigeable volé”.

Afin de concentrer les 7 groupes d’artistes réunis sans avoir à se soucier du temps de changement de plateau, deux scènes accueillaient le public : l’une plongée dans l’obscurité intime qui est familière aux afficionados de concerts et l’autre, en pleine lumière dans la salle conviviale aux fauteuils défoncés et tables de cantine. Avant de passer de l’une à l’autre, le public pouvait faire un petit détour dans les “coulisses”, qui sont aussi un fumoir des plus sympathiques.

C’est le parisien Jason Edwards qui ouvrait le bal, côté ombre. Le groupe folk, aux trompettiste, clarinettiste et batteur en costumes très années 1930 a commencé tout en douceur, avec les voix intimistes et légèrement éraillées de Jason Edwards et d’Emmanuelle Kistner. Ambiance seventies, à la Bob Dylan ou Leonard Cohen parfaitement  maîtrisée, avec un soupçon d’instrumentalisation orientale qui donnait un côté “biblique” au concert.

Vous pouvez retrouver Jason Edwards le 15 mars sur la scène du réservoir.

Blonde colère sous les spotlights, et très inspirée par le slam, La Fonta s’est accrochée envers et contre tous les hics techniques à ses mots. Une violence en talons hauts, mini-short rouge qui écrit dit-elle des “chansons d’amour” et des “chansons connes”, ces dernières étant surtout le descriptifs d’une génération suicidaire et perdue. Mais la violence se calme quand La Fonta tombe amoureuse de son homme la portant comme un solide “arbre”. Elle glisse alors dans le souvenirs de “La douceur de nos nuits”.

Après un petit intermède divinement grotesque d’une jolie japonaise déchirant ses vêtements d’une blancheur immaculée et sortant de scène enfermée dans une valise, Declan de Barra a fait retentir son chant déchirant de marin irlandais. Sa voix haute à la Antony and the Johnson, accompagnée par sa guitare râpeuse et le violoncelle de son comparse néerlandais a été la véritable révélation du dirigeable volé. Declan de Barra  plonge dans le folklore irlandais avec toute son âme, parfois même juste a cappella, pour être plus à fleur de peau.Un grand voyage dans les flots déchaînés qui portent les âmes errantes.

Alors que le violoncelle d’Automne Lajeat semblait faire écho depuis l’autre salle avec celui qui accompagnait Declan de Barra, le passage sans transition d’une salle à l’autre a été aussi brutal que joyeux. Sur un rythme  de cabaret endiablé, avec petits bibis et talons rouges, le quatuor de Little Ballroom a emporté l’assemblée dans un bal un peu sorcier aux textes aussi magiques que noirs. Et l’ambiance fête foraine a atteint son comble quand le gracieux maître manieur de yoyos, Yukki Yoyo s’est lancé dans une danse “expressionnante” pendant que Little Ballroom variait entre messe, enfance mal élevée et cercueil clouté sur le thème de la mort.

Le Cd de Little Ballroom “Cravale” sort le 25 mars, et le groupe fête cet évènement le 2 avril à la maroquinerie.

Très attendu, JP Nataf n’a pas déçu son public et a fini la soirée en toute beauté. Lunettes assorties à sa guitare rouge, l’ancien innocent maîtrisait un son parfait, malgré les “avanies” de la semaine. Accompagné d’une violoniste talentueuse, le groupe de JP Nataf a repris les chansons de son dernier album, “Clair”. Et l’émotion a atteint son comble quand deux chanteurs guests sont montés sur scène pour aider “Jipé” dans sa course contre la montre et le dernier métro.

JP Nataf est actuellement en tournée dans toute la France. Il sera sur la scène de la Cigale le 15 mars, et présent au festival Chorus le 30 mars, puis au Printemps de Bourges le 14 avril.

Après cet envol du dirigeable volé, le retour à Paris juste avant les 12 coups de minuit, nous a fait penser à un chemin des écoliers ramenant d’un très long voyage.

Sainte Russie, l’art russe avant Pierre le Grand au Louvre

Vendredi 12 mars 2010

Alors que nous fêtons toujousr l’année de la Russie, le Louvre a ouvert son Hall Napoléon aux trésors russes d’avant le 18 e siècle. “Sainte Russie” peut passer pour une exposition fleuve qui noit un peu son visiteur sous 7 siècles d’Histoires de l’art. Mais les pièces exceptionnelles qu’elles montre et son effort de pédagogie évitent cet écueil.

En effet, le message central de la commissaire de l’exposition, Tamara Igoumva, est clair : même avant Pierre le Grand et les fastes européens de St Petersbourg, la Russie a connue de nombreuses influences occidentales. Il ne faudrait pas croire que son art et son artisanat du XI e au XVIII e siècle sont unanimement inspirés de la tradition Byzantines. On trouve de fortes influences occidentales dans l’art venu de villes comme Kiev où est née au XI e siècle la Rous,’ ancêtre de la Russie que nous connaissaons, comme Souzdal, rivale de Kiev à la fin du XII e siècle,  ou plus encore, comme Novgorod, ville hanséatique (donc faisant du commerce avec d’autres villes portuaires d’Europe) et rayonnante aux XIV e et XV e siècle (jusqu’à ce qu’elle tombe face à Moscou en 1478). On trouve également dans l’art russe d’avant le XVII e siècle des influences asiatiques, venues de l’invasion de Ghengis Khan en 1223.

‘Sainte Russie” permet également de revisiter certaines pages de l’histoire russe, comme l’affirmation de l’hégémonie de la Moscovie sous Ivan IV, dit ” le terrible” (le premier à se faire couronnr tsar en 1547). Elle permet de recontextualiser certains “mythe” comme celui du moine peintre d’icônes Andreï Roublev (XIVe siècle) qu’elle sort de son aura tarkovskienne pour le confronter à la tendance historique du renouveau monastique dans la région de Moscou au début du XIV e siècle.

On verra bien sûr des pièces maîtresses des collections et des galeries majeures de Kiev, Moscou et Novgorod : notamment l’icône du XIV e siècle présentant les Saints russes Boris et Gleb, les portes d’or de la catédrale de la nativité de la Vierge à Souzdal (XIII e siècle), le St Georges terrassant le Dragon de Novgorod (XVe siècle), l’Oklal de la Trinité d’André Roublev, la sainte face de Simon Ouchakov (Moscou, XVII e siècle). Les manucrits enlumiénés de la Rous’ moyennageuse sont également à couper le souffle.

Sainte Russie, l’art russe des origines à Pierre le Grand“, jusqu’au 24 mai, Hall Napoléon, Musée du Louvre, de 9 h à 18 h et jusqu’à 20 h le samedi, nocturnes jusqu’à 22 h les mercredi et vendredi, Tarif pour l’expo : 11 euros.

crédits photos

1) “portes d’or” de la cathédrale de la nativité de la vierge à Souzdal, copyright Musées d’Etat Vladimir Souzdal

3) Oklad de la Trinité d’André Roublev, copyright Musée d’art et d’histoire, Serguiev-Possad

Livre : Si la cour du mouton est sale, ce n’est pas au porc de le dire, de Florent Couao-Zotti

Vendredi 12 mars 2010

Après Le Cantique des cannibales (2004), Florent Couao-Zotti est de retour au Serpent à Plumes avec un roman inspiré par les ratés masculins et féminins de policiers, de prostituées et de gagnsters évoluant dans la région de Cotonou. Variations d’une cruauté vivante autour d’une petite malette de poudre blanche…

Au coeur du nouveau roman de Florent Couao-Zotti, il y a tout d’abord trois femmes : Saadath, l’ancienne reine de beauté déchue après la mort de son vieux caïd de mari, Sylvana l’aventurière féline et Rockyana, la femme “Fanta-Coca” (ie qui se déclore le visage, lui donnant une couleur orangée de Fanta, tout en conservant un corps couleur Coca). Leur point commun : elles vendent leur corps pour vivre. Mais monnaient leurs services fort cher, et n’hésitent pas à écraser la concurrence. Le sproblèmes arrivent après le meurtre de Saadath, qui a traffiqué de la drogue dans le sillage des anciens amis de son gangster de mari. Sylvana vole la malette de cocaïne que Saadath avait confiée à Rockyana pour tenter de la revendre aux anciens boss de Saadath. A la tête de cette pyramide de fabricants : Smaïn, alias “L’Arabe” qui après avoir perdu u bras par amour a décidé de devenir vraiment dur à cuir…

Révélant l’intriguepar fragments à la manière d’un tableau cubiste, Florent Couao-Zotti donne à chaque chapitre de son roman un titre en forme de proverbe béninois. Et tous sont aussi savoureux que le titre. Un glossaire en fin de texte vient renseigner le lecteur sur l’usage de mots locaux : l’on aporend avec intêrét qu’à Cotonou, le Gaou est le dindon de la farce, la Go une petite copine, et que tous les blans sont par extension “Lissa”, c’est-à-dire Albinos; sur fond de Magic System survolté, l’auteur nous traine dans un éboulement de métaphores dans des taxis défoncés, des bars mal famés, et des piaules de gangsters; il nous entraîen dans un monde où tous les coeurs sont frelatés, et où il n’y a pas vraiment de victime. Juste des gagnants et des perdants, des personnages nés beaux et dotés ou mal servis par la vie. Mais tous dégagent une folel énergie, cherchant sans scrupules à améliorer un quotidien frénétique. Une belle dose d’énergie pas très morale…

Florent Couao-Zotti, “Si la cour du mouton est sale, ce n’est pas au porc de le dire”, Le Serpent à Plumes, 208 p., 14 euros.

Elle ne regrettait nulelment d’avoir allongé le couteau dans le ventre de Mouf. Lui voulait se faire vent, épouser la courbe de l’horizon, cette nuit même, alors qu’elle souhaitait se faire éclater le corps des heures durant, toute la nuit, comme s’il ne restait que ec dernire festin à s’offrir. Oui, elle avait bien besoin des e donner de la jouissance, après l’exploit réalisé, en attendant de voir comment se lèverait le soleil. De toutes façons, le sort du jeune-homme était déjà scellé. Elle voulait l’utiliser juste pour l’opération, en soutirer du plaisir jusqu’à plus rassis, puis après, le jeter sur les décharges. “ p. 115