Les baies liées de l’avant

Les ficelles tressent à l’envers

Une voix salée pour demain.

Les dents brossées de verre

Grincent sur de vieux parchemins.

***

La peur est un fruit toujours vert

Qui plante futilement ses pépins

Dans l’écriture qui rouille des sept fers

Vieillie par le sang de l’ange malsain.

***

C’est après-guerre que je serre

Le corps ployant la mort du lien

Soulagée, je place dans mes vers

Une tendresse conjuguée aux sucs de la fin.

***

Puisqu’il n’y a plus rien à faire

Reste à savourer l’antédiluvien

Et c’est bien après le dessert

Que je serre mes points de cumin.

***

Plus d’encre-glace, plus de mystère

Quelques espaces pour passer le chagrin

La déception est le plus haut conifère

Quand on s’est niché au sommet du sapin.

***

Le crachoir des rejets est un cancer

Et la solitude, un collier de chien

La guêpe s’affole quand elle s’avant-terre

Son bélier collera toujours aux fours anciens.

***

Derrière le rogue d’une agitation de serre

Pousse un coquelicot levantin

Son cœur noir bride tout somnifère

Et c’est rouge qu’il bannit l’en-sain.

***

Toi qui peut-être parrain-flaire

La détresse au-delà du venin

Je voudrais te dire mes vrais adultères :

Je crève la nuit de longs jours trop certains.

***

Je voudrais mourir, mais la dernière

Après avoir assez tendu la main

Quand je serai sûre que l’enfer

Est l’œil sourd de celui qui étreint.

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2 commentaires pour “Les baies liées de l’avant”

  1. S. dit :

    Chère Y.
    Je vous suggère de les enregistrer vos poèmes, de nous les faire lire et entendre ainsi, sur une piste audio, avec le texte écrit en écho. De façon à sentir la voix, l’émotion, et la musique.
    Je ne veux pas parler pour les autres, mais c’est ainsi que j’aimerais parfois, moi… En avoir les clefs en quelque sorte.
    S.

  2. fred dit :

    J’aime surtout quand ton texte aborde les abysses les plus sombres et les plus noires. C’est là me semble-t’il que ton imaginaire se déploie le plus librement.

    Bon courage yaël

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