L’amant, d’Harold Pinter au Café de la Danse
Jusqu’au 30 décembre, la Compagnie Bord Cadre présente une version lisse et lounge de la pièce de Harold Pinter : « L’amant ». Une plongée dans les zones d’ombre et de perversion du couple.
Sarah et Richard sont un couple de la moyenne bourgeoisie anglaise. Après dix ans de mariage, sans enfant, ils sont encore très tourtereaux amoureux. Le matin et le soir, quand il sort du travail, Sarah s’occupe très bien de son mari. Mais dans l’après-midi, deux à trois fois par semaine, elle reçoit chez eux son amant, Max. Richard est très compréhensif : il sait que l’amant est un élément important de l’équilibre de Sarah. Et de la jalousie serait une preuve d’inélégance. Lui-même est régulièrement infidèle à sa femme adorée, avec une prostituée. Tout va pour le mieux dans le plus poli des mondes, donc, jusqu’au jour où l’amant décide que le mensonge et l’adultère ne peuvent pas continuer…
Les mots d’Harold Pinter nous font entrer dans les coulisses des après-midis de jeux érotiques de Sarah, et dans la cordialité tendre d’un couple qui a duré sans s’éroder. La traduction française, laisse parfois un peu à désirer (mais comment traduire la première phrase « Is your lover coming today ? », “coming “voulant dire à la fois venir et jouir ?). Surtout, malgré une scénographie « pure » et lounge aux tons blancs, gris et rouges, la mise en scène de Cécile Rist étale le texte dans le temps (2h20 !) jusqu’à l’éclater et le faire tomber en morceaux. En mari, comme en amant, Guillaume Tobo n’estpas très crédible ; peut-être parce que l’on sent qu’il n’est pas très sensible à la sensualité de la sublime Dounia Sichov, même quand elle enlève sa culotte rouge de dessous son caraco rouge. Bref on s’ennuie vraiment dans cette version longue et lente de l’ « Amant », malgré certaines idées intéressantes dans la mise en scène, comme le fredonnement de mélodies en guise de B.O. ou l’utilisation de la vidéo. Et même ces dernière s’essoufflent sur la longueur… jusqu’à porter sur les nerfs.
« L’amant », de Harold Pinter, Cie Bord Cadre, mise en scène Cécile Rist, avec Dounia Sichov, Guillaume Tobo, Robert Hatisi, jusqu’au 30 décembre, 20h30, Café de la danse, 5 passage Louis-Philippe, Paris 11e, m° Bastille, 19 euros (TR 12 euros).
Tags: café de la danse, l'amant, Pinter, Théâtre