Regrecillements

L’amer est en dedans
Dans le jour lunaire
Dans les insomnies s’avançant
L’éther des vieilles chairs
N’est qu’un bouclier finissant.

Penchée spectaculaire,
J’ai mangé la sueur
Et le sel écœurant
D’une angoisse sincère.
Sur un corps trop pesant
J’ai pleuré encore hier
Etouffée de non-sentiment.

Dans le matin vert
Un bruit écœurant
Evoque la prière
D’un deuil très salissant.
Je cherche la manière :
Une cuiller ou un pansement
Pour creuser ce port mortifère
Pour échouer l’étranglement.
Je veux déporter les reliquaires
Et les dépôts encombrants.

Où est l’embarcadère ?
Je veux le détachement.
De pouvoir être mère
Porter l’ébouriffant
Et broder ma pierre
Dans le pire mort, terrifiant.
Mais l’ancre est solitaire
Et le pont trop pressant.

Encore une traversée du désert
Calcinée pour mille ans.
A trop jouer les sorcières
Dans un petit jeu de cure-dents,
Je me vide lentement
Fatiguée des corollaires
Agglutinés à l’apaisement
Et du mal qu’il faut faire
Pour grignoter le moment.

J’ai tout gravé, en femme entière
Le texte, la chaux, et les serments.
Et je pleure comme à la guerre
Quand je presse le semblant.
Où se vident en cathéters :
Le sens, le sain et le sang.

J’écris « vogue la galère ».
Mais ne sais plus vraiment
Ce que je dois faire
Pour me libérer des cerfs-volants
Et autres pantins de bière
Je ne sais plus comment
En qui, en quoi j’espère
Qui vit droit et humainement.

Je suis trop enfant et trop fière
Pour pouvoir vivre, simplement.

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3 commentaires pour “Regrecillements”

  1. fred dit :

    Un texte sombre qui ne manque pas d’une certaine suavité mélancolique et dont je me délecte toujours avec énormément de plaisir

  2. Fred dit :

    Un texte plein d’une étrange suavité mélancolique qui chaque fois me surprend absolument.
    Un inconditionnel patient

  3. Yael dit :

    Merci Fred pour ta patience et ton attention.
    je t’embrasse
    Y

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