Un samedi ordinaire
En rentrant ce matin après 4 heures du Black Calavados, la brume était si épaisse qu’on ne voyait pas le quart de la Tour Eiffel. L’humidité entre jusque dans mon lit et c’était bien la peine de raidir mes cheveux au fer à lisser : ils étaient plus bouclés que jamais 10 min après. Étrange, la conjonction de la bruine et du bruit des corbeaux, m’a rappelé le Winterreise de Schubert et l’odeur des la cour de mon lycée m’est revenue comme un fantôme. Belle journée, gym, déjeuner au fumoir, bref entretien de travail, et un long coup de fil à un ancien enfant caché que j’avais gardé proche de mon cœur mais à qui je n’avais plus parlé depuis nos trois jours de discussion à Vienne. Puis je suis sortie faire un truc fou : acheter des CDs, je sais, plus personne fait ça, surtout pas moi qui en reçoit un paquet à chroniquer, et dans la queue pour payer je me suis dit que j’étais vraiment une poire de ne pas fébrilement acheter sur i-tunes. Mais m’arracher les ongles (qui sont désormais noirs because fashion oblige, rien à voir avec mes deuils et mes illusions perdues) pour ouvrir les objets hors de pris (23 euros pour Lady & Bird, faudrait-il faire une thèse sur l’attitude suicidaire des maisons de disques, à moins que ce soit juste du défaitisme?) est un plaisir enfantin. Et paf, dans la vieille chaîne hi-fi pour m’endormir avec mes nouveaux amis (et Hector, mon ours en peluche dans les bras).
Après, soirée classique de la Yaël, mais haute en couleurs tout de même : verre au Flore où R et moi avons désormais une table “habituelle”, autre verre dans un bar du 11e où un ami mixait : le “Motel” a tout du bar est-berlinois, underground, rock, mais propre!! Le vin blanc était quand même moins bon qu’au Flore, mais quel bonheur de papoter seule avec E. avant qu’il ne commence à passer les disques, et même luxe de danser seule dans le bar au début de son set. Puis retour à St germain des près pour dîner, en terrasse, et manger une glace; eh bien oui faire semblant que c’est l’été remonte le moral. Ensuite soirée mystère, près de la rue Mouffetard, invitée par un ami universitaire italien, rencontré dans une soirée féérique dans le marche, et qui enseigne désormais à Brest. A même la rue, appart bohême, et tout le monde parlait russe. Andrei, notre hôte est philosophe des mathématiques (à moins que ce soit mathématicien de la philosophie?) et vit comme un éternel étudiant d’Ulm. Sauf qu’il a une fille qui paraît mon âge. Je veux vraiment apprendre le Russe. Discussion endiablée de cinéphiles, et mon ami italien doit me faire découvrir un réalisateur russe. Puis j’ai sauté dans un métro pour rejoindre mes amis noctambules au Ritz, trop tard, direction un nouveau bar de la rue de l’arc de triomphe (je ne savais même pas qu’une rue portait ce nom à Paris) – évidemment un ancien bar à hôtesses : le Roxane. J’ai retrouvé tout le monde pas mal éméché, et en fait je n’aime pas ce caractère autodestructeur des oiseaux de nuit, quand c’est pas la coke, c’est l’alcool en quantités ridicules; du coup fausses jalousies, fausses bagarres, et prises de tête. Ce m’énerve… Heureusement une amie était là heureuse nouvelle célibataire, avec envie de “racoler”, comme elle dit (ça sonne trop bien dans sa bouche parce que pour tout le reste, elle est d’une élégance qui frise le snobisme et que j’apprécie comme un bijou précieux). Nous avons donc racolé des jeunes de 19 ans, pas e état de nous raconter leur vie, mais assez gentlemen pour nous offrir un verre. Puis avons fait la fermeture du bar dont le propriétaire est un ami du groupe. Fermeture plutôt joyeuse et moins glauque que le reste de la soirée, qui a donc fini au BC au milieu de joyeux déguisés pour Halloween; un de nos amis était si ivre qu’il a brisé le nouveau magnum de vodka qui venait d’arriver à la table. Voir ces jeunes gens beaux et chouettes dans un tel état m’a un peu écœurée et je me suis esquivée.
Programme de demain, gym, expo, et tentative de cuisiner un pot-au-feu pour mes amis (acheté tous les ingrédients) = journée de retraitée, he oui je m’ennuie à mourir depuis que j’ai fini ma thèse.