Archive pour 31 août 2009

Hystery Road

Lundi 31 août 2009

Inspiré par l’auteur américain Richard Brautigan, la lumière des tableaux de Edward Hopper, la mélancolie de Cassavetes, et trop de référence musicales pour qu’on puisse les citer, le premier roman de Arnaud Le Guilcher plonge profondément dans le désert d’un jeune homme qui loose son american way of life. Une belle trouvaille des éditions Stéphane Million.

Parti en aller simple sur les origines mythiques de son père soldat américain ayant libéré Paris, le jeune héros du livre quitte vite New-York pour s’enterrer dans des bleds du fin fond des Etats-Unis. Il s’offre la vie de « Dude » qui va avec : bière avec les potes, pas d’avenir et un boulot miteux dans un pressing tenus par un couple de vieux japonais. Jusqu’au jour où il rencontre la superbe Emma. Ils ne parlent pas beaucoup et passent si bien leur vie à l’horizontale qu’ils finissent par se marier. Ne croyant pas à son bonheur, le nouveau marié emmène sa femme en Greyhound par un beau mois d’octobre dans un club sur une plage désertée de Floride. Mais il reste assez d’hommes perdus au bar du club pour qu’il oublie de passer sa nuit de noce avec Emma. Celle-ci disparaît. Poussé par ses nouveaux amis, et noyé dans des litres d’alcool le héros se lance dans une quête mi-romantique, mi-pathétique pour retrouver celle qu’il aime et dont il ne sait rien.

Portrait décalé d’une jeunesse désoeuvrée, et qui ne croit plus vraiment en elle-même, avec une touche d’esprit sundance, des références malignes et une poésie qui ne se prend pas au sérieux, En moins bien est un roman américain écrit par un français. Et en plus, il est réussi, sa forme hachée menue en petits paragraphes laissant place à beaucoup de rêverie. Si bien qu’on se laisse prendre et laisse passer même certaines grosses ficelles comme les interruptions oniriques ou le coup du roman dans le roman. Un joli livre autour du sordide.

Arnaud Le Guilcher, En moins bien, Stéphane Million éditeur, 17 euros


« Ma mère était belle. Mon père avait raté le coche, j’aurais pu être beau. Pas beau et intelligent. Non, faut pas charrier, mais au moins présentable… Le jour de la giclée fatidique, il a du penser à une vieille tante moustachue, et pan, un spermatozoïde blindé de gènes de thon a conquis le saint Graal. Bilan des courses : ma gueule. Merci du cadeau » p. 61

Ravalec : l’auteur est de retour

Lundi 31 août 2009

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Pour son 37  e  livre, Vincent Ravalec remet le couvert dans les coulisses du monde de l’édition. 14 ans après son roman caustique, l’Auteur, voici le Retour de l’Auteur.

ravalec1Lorsque Vincent Ravalec remporte le très tendance prix de Flore, en 1994, pour Cantique de la racaille, il devient comme l’a nommé avec a propos l’éditrice François Verny un « petit quelqu’un » dans les milieux littéraires parisiens. Il décide alors sous forme d’essai détaché de peindre les coulisses d’une ascension qu’il sait d’autant moins fulgurante qu’elle risque à tout moment de pencher vers la dégringolade. En 1995, avec l’Auteur, il avait si bien peint les volées de champagne au Flore et les volées de bois vert légèrement régressives des collègues lors de salons et de colloques en Province, qu’il avait ravi tous les critiques littéraires. Quinze ans plus tard, et pas mal de livres et de scénarios plus tard, l’Auteur est de retour et embringué dans une histoire un peu louche de société secrète des lettres. On lui fait miroiter l’Académie Française, mais il s’agit surtout de messes noires inquiétantes et conservatrices pour sauver l’objet livre du spectre du e-book…

Se plaçant au centre avec son éternel verre de Perrier, Ravalec séduit quand il fait une satire où il se moque aussi de lui-même, et où il ne fait pas vraiment d’autobiographie puisqu’il se peint « de profil ». Son point de vue faussement posé aiguise la caricature des hystéries collectives du monde de l’édition. Rien de très nouveau sous le soleil de Saint-Germain-des-Prés depuis quinze ans… Mais s’il n’y a pas de second souffle dans la vie d’un auteur qui continue son bonhomme de chemin, ce retour publié par le Dilettante permettra à ceux qui aiment Ravalec de rire encore avec lui, et à ceux qui n’ont pas lu le premier volet d’en redécouvrir les pages.

Vincent Ravalec, Le Retour de l’Auteur, Le Dilettante, 17 euros.

« – L’important c’est que vous admettiez une certaine rigueur métrique. Vos livres sont fagotés comme l’as de pique.

Comme l’as de pique ? je bredouille, piqué au vif. Vous êtes sûr ?

Absolument.

Cet ‘absolument’, sec et sans forme, m’envoie dans les cordes sans que j’aie la présence d’esprit de trouver une repartie. J’ai juste la vision de mes livres affublés d’un fagot et piquetés de cartes à jouer, d’as de piques sournois et rigolards » p. 226


Vincent Ravalec
par auteursTV

Couverture : Joost Swarte

Dvd : Un père, une fille et 35 rhums

Lundi 31 août 2009

Claire Denis transpose les relations de sa mère à son grand-père vers un conducteur de RER et sa fille étudiante. Une intrigue familiale simple et touchante sur fond de rails parisiens disponible le 9 septembre chez Arte vidéo.

Lionel, conducteur de RER et sa fille Joséphine, étudiante, vivent en harmonie fusionnelle dans leur appartement de la banlieue parisienne. Autour de Lionel, les autres employés de la RATP commencent à prendre leur retraite, tandis que les hommes commencent à s’intéresser à Joséphine qui n’est plus une petite fille… Malgré la force et le bien être que leur procurent leur relation exclusive, il est peut-être temps de se séparer et pour Lionel de prendre la cuite des grandes occasions : celle des 35 shots de rhum.

35 Rhums Claire DenisRetrouvant Alex Descas pour le rôle de Lionel et nous faisant découvrir la toute jeune Mati Diop, Claire Denis s’est inspirée de son histoire familiale pour peindre avec pudeur la force intérieure d’une relation si forte qu’elle voudrait figer le temps. Sur la douceur d’un son sonore composé par Tindersticks, et au rythme lancinant des images de rails de RER signées Agnès Godard, la réalisatrice dépeint autour du couple fusionnel mais pudique tout un monde inconnu et pourtant si proche de nous : les voisins de Lionel et Joséphine s’entraident, les conducteurs de RER se posent de questions existentielles, dansent et boivent du rhum au café, et les étudiants d’anthropologie de Nanterre manifestent pour que leur discipline perdure. La capacité de Claire Denis à filmer sans intrusion les relations les plus fortes et à transfigurer la vie de ses personnages par l’image donne lieu à une poésie lancinante, et d’autant plus poignante qu’elle se tisse sans la brutalité de l’appropriation. Un voyage initiatique et onirique vient clore le film comme il avait commencé : en beauté. Avec en invitée divine l’hypnotisante Ingrid Caven.

Dans les bonus du Dvd, les interviews réalisées par Olivier Bombarda lors de la dernière Mostra de Venise permettent d’en savoir plus sur la modestie et le bel engagement de Claire Denis derrière sa caméra.

35 rhums, de Claire Denis, avec Alex Descas, Mati Diop, Nicole Dogué, Grégoire Coli et Ingrid Caven, 2008, 1h40, Arte éditions, 20 euros.