Rentrée littéraire : les moires tissaient des cubes
Premier roman géométrique, « Cube » retrace le destin d’un jeune homme sans qualités à l’ombre ensorcelée de grands cubes de verres érigés par un milliardaire en son jardin. Quand l’amitié, l’amour et la carrière tiennent dans des boîtes translucides, la tragédie de la mise en bière n’est pas loin…
Le narrateur a huit ans quand il fait intrusion avec son meilleur ami, Alexis dans le jardin bien gardé d’un milliardaire local, le Duke, pour percer le mystère des grands cubes translucides qui viennent décorer son jardin. Il se font prendre, vertement tancer par leurs parents, et la série des malheurs commence : la mère d’Alexis meurt peu après d’un cancer fulgurant, celui-ci déménage avec son père, et le narrateur se retrouve très seul. Mais les cubes magiques du Duke n’ont pas fini de le poursuivre… Aussi bien à vingt ans, alors qu’il rate deux fois médecine, qu’à quarante, quand il est devenu un financier à succès heureusement marié, les cubes continuent le lui dicter sa vie.
Un fantastique de province à la Alain Fournier vient épicer l’histoire d’un petit garçon aventurier devenu un homme bien banal. Artefacts de forme très humaine, oeuvres d’art, vivarium à serpents ou encore boules magique où l’on tourne en carré, les cubes de Yann Suty interpellent : plus l’on s’approche d’eux et du Duke, plus leur mystère échappe. Anti- peau de chagrin, ils s’étalent dans l’espace et dans la vie du narrateur qui frôle une folie toute géométrique et tombe dans l’indifférence des pires catastrophes de sa vie quotidienne.
Yann Suty, Cubes, Stock, 18,50 euros.
« A vingt ans, je me présentais en effet sous la forme d’un grand tout mou dégingandé menaçant de s’envoler au premier coup de vent. Je ne savais que faire de mes mains. Les laisser pendre au bout de mes bras me paraissait tout sauf naturel. Aussi je les dissimulais dans les poches de mes pantalons ou mes manteaux. Tous mes vêtements s’en trouvaient du coup déformés. Sur le nez, j’avais chaussé des lunettes à lourde armature noire. La longue mèche graisseuse qui me couvrait le front donnait à croire que je portais un casque en permanence ; elle me faisait également ressembler à un Playmobil ; elle avait cependant le mérite de masquer une acné que les traitements les plus féroces ne parvenaient pas à éradiquer » p. 28
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