Clés de si

Les yeux se regardent en miroir

Et la solitude a des chiens tendres

A genoux, mêlés, muselés

Donnez moi la morphine surannée

D’un mielleux paquet de cendres.

 

Les rimes en damier,

Et des larmes à vendre,

Le fou grime ma mémoire

Dans les bras d’un oreiller.

La tête a tant de plaies à gratter

Que les jambes saignent de se tendre

Au grand galop des mâchoires serrées

 

Les rêves sont des pieux à damner

Et je n’ai plus rien à attendre

Que l’encre noire sur le cahier

Le dossier illisible de l’entonnoir

Cette chaise qui s’est pliée

En meule de craie sur le peinoir

Où cinq ans doivent descendre

 

Je damne les vieux cachets

Et les maigres marrons de septembre

Je me pends à l’ivoire des jamais

Murmure quelques banalités

Je suis là, morte, présente au manoir,

Familière de la moue moirée

 

 

-Endeuillée sans métier,

Incompétente mouchetée-

Je crache sur tes coupes papiers

Tu m’étouffes après m’avoir blessée

Je veux dire que tu me manques.

 

J’oublie sans enterrer l’anis déjà fané

Je ne veux plus voir l’irritante

La renaissance est un mythe gay

Et la gloire pourrit quelque part, en paquets

J’aimerais mordre, je me tais

Et laisse choir une autre banalité :

 

 

Le temps est une patinoire

Où l’idéal creuse la plaie.

 

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2 commentaires pour “Clés de si”

  1. Silvère dit :

    Aussi,
    Peut-être en septembre,
    Au sanglot long des…
    Glisserez-vous à nouveau
    Vers un coeur qui vous sera tendre,
    Ici, là, ici encore.
    Mordez donc!
    Il y a tant à mordre,
    Attendez sans attendre,
    Ne savez-vous pas la chance d’être en vie?
    Morte, à vous entendre,
    Mais entourée de ce qui vit.
    Cendres ivoire anis fané,
    En vos poèmes il y trop de matière,
    Tous ces corps effondrés,
    Ou pas assez,
    Vous demeurez sans visage.

    Dix plaies, dix larmes,
    Plusieurs cieux,
    Entre deux villes,
    Entre deux pieux,
    Entre deux salles obscures,
    Où vous cachez vos rimes tristes,
    Ici, là, ici encore,
    A vous suivre on se perd,
    Poétesse, et chroniqueuse à bulles,
    Une plume pour chaque jour,
    Un ton, ce masque, mais vous,
    Dix talents,
    “Endeuillée”, j’aimerais connaître ce deuil,
    Cette nudité affreuse,
    “Sans métier”, celui de vivre non?
    Thésarde, mais par la grâce de Dieu,
    à vous entendre,
    A vous entendre.
    Puis belle et sans visage.

    Mordez!
    Mordez donc!
    De rage, de mépris,
    De folie, de démence,
    D’éxaltation!
    Il y a tant à mordre.
    Tant à sanctifier-terrible privilège.
    Arbres d’hiver vous connaissez?
    D’autres avant vous ont soufflé sur les cendres,
    Quelle chanson de misère!
    Ces destins arrêtés,
    Ces pas qui se figent devant
    Un mur.
    Toujours ce vieux mur.
    Ce vieux mur en vous,
    Il y a tant à entendre.
    Je me tais.

    (très banalement je vous envoie toute mon amitié. Je ne sais pas bien ce que je voulais vous dire, j’ai lu et écrit, du tac au tac. J’aimerais vous savoir heureuse. C’est peut-être ça. Mais vous l’êtes, non?)

  2. Chr. Borhen dit :

    “Le temps est une patinoire
    Où l’idéal creuse la plaie.”

    C’est beau et c’est vrai.

    (Vous (me) manquez Silvère…)

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