Kazanière

Reprise des activités, après avoir retenu mon souffle lundi et mardi : yoga, pilates, Kultur mit grössem Löffel et soirées inattendues perchée sur mes talons. Thèse aussi : hier je n’ai littéralement pas bougé de mon ordinateur de 8 heures du matin à 8 heures du soir et me suis surprise à rentrer “tôt” de boîte pour pouvoir fournir ce matin. Le club donc était enfin une vraie belle boîte hétéro, à la néo ou baron. Comme il se doit la porte était bien gardée et il a fallu passer par une sympathique case habillage entre filles (bon comme il me faut dix minutes bain compris pour me préparer, je ne comprends pas trop les subtilités du fer à lisser et de la peinture faciale mais j’apprends) et un sitting dans un appartement digne du plus mauvais goût de Saint-Tropez ou Miami (avec un record battu quand la limousine est venue nous chercher, tous les vingt pour nous emmener). The Oak (19 st et 10e av) est comme son nom l’indique un endroit vert boisé où l’on ne se cache même pas pour fumer et où hier la musique était R’n’B très fragmentée). J’ai dansé avec grand plaisir et grande liberté pour la première fois depuis des mois.
Ce matin réveil en douceur vers 8 heures, oeufs brouillés (ah je deviens une pro des oeufs brouillés, à rajouter sur mon cv), préparation d’un retour en douceur avec commande de livres pour la rentrée littéraire et accreds pour Paris Cinéma qui me paraît encore plus prometteur que d’habitude (bon j’ai un faible pour ce festival dont j’ai été jury du prix paris d’avenir il y a deux ans).
Gym puis direction le lower east side dans le SEUL cinéma de la ville qui passe le nouveau Coppola, arrivé tout frais aujourd’hui sur les écrans. Le NYT pense de “Tetro” que c’est un film de transition d’un réalisateur de 70 ans. Je ne sais pas trop ce que ça veut dire…
En revanche, je sais que j’ai aimé. En mal d’Elia Kazan, j’ai été touchée par ces retrouvailles de deux frères, par les dessous de Buenos Aires (ah La bocca!), trouvé un côté James Dean littéraire à la veste en cuir et aux yeux translucides de Vincent Gallo, une innocence rondement menée au personnage du petit frère (prometteur Alden Ehrenreich), et un visage marqué et bon à la psy danseuse parfaite au grand coeur (Maribel Verdú). La cerise sur le gâteau : “Alone” (Carmen Maura, fille de l’homme politique, qu’on avait vu dans Volver), sorte de Oprah sud-américaine assez grande dame. Et bien sûr la figure écrasante du père génial chef d’orchestre, Chronos dévorant ses enfants, parfaitement incarné par l’ex-méphisto, Klaus Maria Brandauer. Bref, casting parfait, argentin coulant, un soupçon de Tango, dialogues simples et directs et belles images (mais pas aussi truquées que le happy together de Wong Kar Wai) : noir et blanc franc pour le présent, couleurs seventies pour le passé et les rêveries poético-traumatiques dansées de Vincent Gallo alias Angelo alias Tetro. La dernière scène effarante sur la large avenue 9 de Julio m’a aussi convaincue. Un peu long comme d’habitude… je me demande pourquoi les bons films américains cuvées 2008-2009 pensent qu’une heure trente c’est pour les touristes et qu’il faut au moins de heures d’attention du public pour être une graaaande oeuvre (Milk, Benjamin Button…)
C’est sur cette question existentielle + celle de savoir ce que je vais mettre sur mon dos, que je pars de ce pas voir un ballet.

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