Chapelet sans histoire

L’écrevisse vissée aux sels du devoir

Est pendue par les pieds

Et lacérée aux nageoires

***

Branché au fil des continuités

L’écrou est un rutilant bavoir

Le courant est bien passé

Dans la cour carrée

Où les rois ont caressé l’ivoire

***

Il faut que l’ouvrier ait cessé de croire

Qu’il croise l’impasse rapiécée

Des jetées sans miroir

***

L’eau est rouge craché

Paralysez! Il n’y a rien à choir

***

L’hameçon poinçonne

L’estomac sans lavoir

Le courant glace, empesé,

La nausée des yeux noirs

***

Comment bien ranger

Des draps muets et sans gloire?

***

La folie sans filets casse

Un coquillage giratoire

Extase sans après

Je voudrais bien vous y voir !

Frétiller n’est pas créer

***

Crucifiés aux mémoires

Les morts sont encore frais

Et les vivants biens empressés

D’abandonner leurs douleurs dérisoires

***

L’angoisse a encore sonné

Du matin jusques au soir

Un cri dans l’oreiller

Puis le retour au fossé

Où l’envie fait le trottoir

***

Frémissement du laid

Mépris ostentatoire

Des quelques pages arrachées

***

Faut-il une bonne fessée

Ou se remettre à boire

Le lait fané des balançoires?

***

La trace de l’aube a crié

Un mot troué

Que rien ne laissait prévoir

***

La naïade marche seule et de biais

Elle piétine pour mieux sauter

Antennes et torse liés

Par la vieille fée du désespoir

Elle boit l’amer à grandes goulées

***

Jeune-fille dérangée

Je cherche un havre bon marché

Où les ordres s’armoirent

***

Je cherche où aller

Pour conjurer la chute

D’une décharge évidée

***

Je voudrais seulement un peu de paix

Pour enfin pouvoir m’asseoir

Enfiler les pages en collier

Autour de mon coupable sautoir

***

Je cherche sans trouver

Ni génie, ni amusée

La meilleure échappatoire.

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2 commentaires pour “Chapelet sans histoire”

  1. Christophe Borhen dit :

    ” Frétiller n’est pas créer ”

    Cette phrase mériterait de figurer au frontispice de mon bureau.

  2. frédéric dit :

    J’aime particulièrement quand tu es dans cet état d’esprit littéraire. J’imagine que ta pensée est rapide et claire car sont tes mots sont fluides et puissants. J’aime te lire

    Frédéric

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